acte 2
Acte II
scène 1 (Titus seul, il boit)
Titus
Par le ciel ! Tant de nuits, tant de jours que je fuis
Et tant d'heures solitaires distillent le fiel de l'ennui ;
De ma reine je n'ose affronter les regards ;
Maintenant elle attend que j'explique ces retards...
Je ne peux plus d'un deuil me faire une excuse
Pour cette longue abstinence qui à la longue nous use
Instant tant attendu mais aussi redouté,
Où je téterai sa figue au doux parfum sucré ;
Ô ! Beau fruit délicieux tant de fois dégusté
Ô ! Jus frais savoureux tant de fois désiré...
Je l'avoue en secret que ces longues nuits de deuil
Ont vu plus d'une fois ma bite sous le cercueil
Se dresser sans que j'eusse pour cela nulle pensée.
Je m'étonnais alors de ce sexe dressé
Et mes mains – intrépides guerrières – s'accrochant
A ce membre tremblant, comme un petit enfant,
Tout penaud, excité de précoces érections,
Je me frotte le prépuce discrètement aux fanions
Ornant les contours de la demeure dernière
De ce père que j’adore ; car nulle autre manière
Pour se calmer l'esprit, il n'y a nulle raison
Que la raison commande nos furieuses passions.
Il me semble que ce manque qui envahit mon corps
Ne pourra à lui seul expliquer tous les torts ;
Et d'amers regrets en tous sens m'agitent
Lorsque je laisse chanter la voix rude de ma bite.
À cette heure me voici maître de l'univers
Et je veux des regards à tout prix me soustraire.
Je ne sais point quels doutes me dévorent en ce lieu :
Si je dois redouter les élans de mon pieu,
Où ma charge d'empereur qui m'accable des fureurs
De la plèbe qui redoute les viriles ardeurs
Qu'à la reine je dois. Mais quoi ? Quelles certitudes ?
Quels doutes ? Pourquoi donc changer mes habitudes ?
On dirait que peut-être je semble être certain
Je sais sans certitude ce que sera demain,
Un soleil nouveau sur ma vie se lève...
(Antiochus entre en titubant, il boit).
Scène 2 (Titus, Antiochus)
Titus :
Et bien !
Antiochus à ma vue daigne paraître enfin !
Viens près de moi partager la joie importune
De mes titres nouveaux que me fait la fortune.
Car dans tous ces respects d'inutiles longueurs
Je recherche un ami qui me parle du cœur ;
Cet ami que je vis constant dans mes travers
Suivre d'un pas égal mes errances diverses.
Aujourd'hui que le ciel semble me présager
Un bonheur qu'avec lui je prétends partager,
Que redoute cet ami qui se cache à mes yeux,
Qui s'apprête, m'a-t-on dit, à rompre tous nos nœuds,
Qui prépare en secret une prompte retraite ;
Faut-il croire qu'à l'heure où ma gloire s'apprête,
Où mille feux illuminent tous les temples romains :
Je doive craindre la traîtrise d'une si chère main ?
Antiochus
Je viens vous donner mes éternels adieux.
Titus
He ! Quoi donc !? Quel langage !
Antiochus
Puisque tels sont mes vœux ;
Mes états me réclament et appellent leur roi
Ne vous mettez donc pas dans de tels émois.
Je règne sur la Corse et vous régnez ici,
Nos états sont voisins nous resterons amis.
Titus
Mais ce brusque départ me laisse un peu stupide,
Toute mon âme en pâlit et reste bien livide
Aujourd'hui que j'espère recevoir vos conseils,
Et je veux que dans Rome, vous soyez mes oreilles.
Car de mes desseins la plèbe encore incertaine
Attend que deviendra le destin de la reine.
Les secrets de son cœur et les tourments du mien
Sont de tout l'univers devenu l'entretien.
Voici le temps enfin qu'il faut que je m'explique :
De la reine et de moi, que dit la voix publique ?
Antiochus
J'entends de tous côtés publier vos vertus
Et parler de la reine selon de nobles vues :
Partout en ce palais elle est portée aux nues,
Et la foule ne se lasse d'admirer son beau cul
Dont la blanche rondeur...
Titus
Cessez-là vos louanges !
Je connais les rumeurs que murmurent les anges
De ce vaste palais. Ce que je vous demande
Sont des secrets enfouis loin de la propagande
Que distillent les flatteurs, ces vieux rats de couloir,
Colporteurs de ragots qui courent les dortoirs,
Qui vivent des petits restes traînant dans les mouchoirs,
Publiant des torchons en guise d'abreuvoir
Pour de trop mous esprits avides des saloperies,
Pour ces foules délirantes et remplies de furie
Qui regardent la vie des autres qui s'étale
Au travers des yeux des faiseurs de scandales,
La gueule grande ouverte sur leurs langues baveuses
Et les lèvres bien nourries, et les dents bien crasseuses,
De sales chiens traînant au fond des caniveaux.
Ils transportent dans ces bouches les immondes ragots
De tout ce que les puissants tentent en vain de garder
D'humbles intimités afin de préserver
Les mensonges sur lesquels s'érigent les grandeurs...
Véritables foutaises de nos temps de malheur
Qui confient un seul homme responsable de ces heures
S'enfuyant dans l'oubli : ce véritable puits
Que nous creusons sans trêve, confiant notre ennui
De ce monde trop vaste pour nos petites vies
Avides d'éternité et d'horribles envies :
Celles qui font trembler ces foules à nos pieds,
Mangeuses de servitude, prêtes à toujours trembler.
En chaque homme sommeillent tous les cœurs des héros
Battant dans la poitrine de ce puissant troupeau
Bêlant fort pour que naissent les avides tyrans
ces grand rois de lumière,ces seigneurs de hauts rangs,
Fauchant les blés brillants des promesses d'un futur
Renouvelant ce monde si souvent trop obscur.
Indifférents, dévorant de vivants cadavres,
Puis mourant à leur tour comme poussière de poivre.
Un empereur se meurt et puis un empereur naît,
Un petit enfant naît, un vieillard disparaît ;
Les dieux eux-mêmes meurent pour laisser cette place
Au vide errant des nues, implacable vorace.
Oui ! La vie est absurde...
Antiochus
Oui, lente farce fugace
Qui parfois disparaît pour nous laisser en face
De ces troubles questions qui trépignent en nos têtes
Et nous font oublier tous ces désirs de fête.
Titus
Allons, mon noble ami, dites vite les pépites
Qu'à mille voix l'on murmure sur l'avenir de ma bite.
Antiochus
Vous savez comme moi le coût des lois romaines
Qui, pour les étrangers nourrissent de puissantes haines
Et ne peuvent souffrir le sang d'une barbare
Dans le lit d'un empereur pour lui pomper le dard.
Vous connaissez ce peuple, en de rares occasions,
Rassemblant son courage pour d'indignes raisons,
Envahissant les rues pour crier sa colère
Échauffé par les voix des révolutionnaires
Qui attendent tapis, depuis longtemps déjà,
Rêvent d'opportunités pour mettre l'empire à bas.
Hallucinés fantômes dans la brume laiteuse,
Errant d'incertitudes vaines et furieuses...
Il ne faut point attendre qu'une honorable amende
Vienne trahir cet émoi et votre honneur vous rendre.
Les puissants solitaires ne connaissent de ce monde
La marche impitoyable, furieuse, vagabonde,
Se blessant aux faiblesses de leur cœur ébloui
Par toutes ces hauteurs si vite évanouies.
C'est le drame des grands hommes, hors du temps, sans demain,
Sans lois et sans besoins : ils ne servent plus à rien !
Titus
Mais parmi ce tumulte des langues déliées
Voyons-nous les romains prêts de se soulever ?
Faut-il craindre ces cris de la plèbe, du Sénat ?
Faut-il s'attendre à voir la fin de nos États ?
Un si heureux hymen, ce serment éternel
Qui mettrait un terme aux soupirs d'une pucelle,
Peut-il faire trembler et vaciller l'empire ?
Antiochus
Monseigneur, je le crains : l'on peut s'attendre au pire!
Titus (soulagé)
Voici enfin l'excuse que j'espérais en vain!
Réjouissons-nous sur l'heure! Buvons jusqu'à demain!
Antiochus
Pardon?!... Quelle est cette méprise?!...
Titus
Hélas mon ami...
Je crains ne point pouvoir ma reine déflorer!...
Antiochus
Mais pour quelle raison?
Titus
L'on m'a vu soupirer
Pour cette femme humide au doux minou sucré,
Autrefois adulé, aujourd'hui délaissé
Pour la triste raison que je ne puis bander.
Mais je ne veux surtout exciter les ragots
Pour cette grande impuissance qui me frappe si tôt.
Malgré tous mes élans et mes fortes ardeurs,
Bérénice ne sait plus éveiller mes chaleurs.
Je ne reconnais plus ni ces fesses, ni ce cul,
Ma nouille reste pendante, molle, comme abattue...
Maintenant si je peux sans rumeur diffuse
Me soustraire à cette tâche par de solides excuses,
D'apaiser les humeurs de la petite boutique
De cette reine adorable qui fait dresser les triques
De tous les habitants de ce si vaste empire…
Moi seul, en cet état rassemble les faveurs
De ce si brûlant cul qui fit battre mon cœur,
Et moi seul, en ce lieu, ne puis rendre à cette dame
Les honneurs de ma bite : voici là tout mon drame!...
Mon ami, je compte bien sur votre discrétion
Pour que nul n'apprenne mes troubles d'érection,
Et pour conduire la reine dans un chaste couvent
Où elle pourra sans peine faire usage de son temps.
Elle devra préserver, tout en haut de ses cuisses,
Ce diamant embaumant qui sent un peu la pisse.
Cette pieuse retraite, la vigueur des prières,
Sauront la préserver d'un immonde adultère.
Antiochus
Mais!...
Titus
Ne contredisez les vœux d'un amant
Dont la bite ne possède plus aucun répondant!
Qui se languit de ne déflorer cette reine,
Porte en son cœur meurtri tout le fiel de sa peine
Antiochus
Bérénice de ma bouche a reçu mes adieux.
Il vous faudra maintenant vous en remettre aux Dieux.
Car je ne suis point fourbe, car je ne suis point lâche,
Je ne peux en mon âme me charger de la tâche
Mensongère et fort peu conforme à mon éthique:
Je suis prêt devant vous à me trancher la trique
Si je devais renier le serment que je fis
De ne jamais servir de mensonges si vils.
Lorsque je vous confiais ma totale amitié,
Je confiais à la reine la même solennité.
Je ne puis voir mon cœur brusquement se flétrir
A devoir devant elle, sournoisement la trahir.
J'aimerais mieux confier ma carcasse à la terre
Pour pourrir en silence, le corps troué de vers.
Devant l'obligation de servir vos desseins
Je préfère en mon âme, à mes jours mettre fin!
Et moisir dans ce ventre qui engloutit les hommes,
Cette terre...
Titus
Stop! Cessez! Ne troublez vos hormones!
Si ne pouvez porter ce si noble mensonge,
Si ne pouvez tromper ces remords qui vous rongent,
Songez à la disgrâce que je devrai porter
Si l'on devait crier la triste vérité.
La grandeur de la charge et le poids de la tâche
Soutenus par un homme qui ne peut être lâche,
L'oblige quelquefois à porter quelques masques:
Futiles accessoires puérils et fantasques,
Que les hommes se fabriquent pour déguiser les traces
De la médiocrité qui leur couvrent la face.
Maintenant me voici clown sur mes états,
Je n'ai aucun visage, plus qu'un vide d'apparat.
Hélas...Adieu…
(il sort)
Scène 3 (Antiochus seul)
Il boit
Antiochus
Hélas...Adieu... Que ces deux mots
Savent si bien décrire de la reine les fléaux.
Elle semble si triste, si seule, que même les oiseaux
Se penchent pour la voir. Lentement les barreaux
De sa cage se replient: larges lignes et cercles
Sur l'onde lisse sans instant, tombe le vide couvercle
Du tombeau écœurant des âmes solitaires;
Condamné à se suivre si près de l'ordinaire
Dans l'accablante marche des orphelins de cœurs.
Pour un court moment ce visage plein de pleurs
A venir, apparaît à mes yeux incertains :
Tremblante vision, affreux, déchirant refrain...
Et pleurnichante, soumise, vulnérable,
Infiniment victime, infiniment coupable,
Si fragile et fuyante dans le vaste univers,
Intrépide pucelle dont la joie doit se taire
A jamais, et jamais ne connaître son amour.
Dans ce vaste désert, proie facile des vautours,
Elle devra reconnaître son unique secours:
Antiochus va paraître, dessinant les contours,
Dans des raies de lumière, précis et délicats,
D'un avenir heureux loin de tous ces éclats:
Les splendeurs de Rome paraîtront bien livides
Maintenant que Titus lui porte ce coup perfide.
Mais je crains les tourments de cette âme furieuse
Qui pour tant de chagrins deviendrait belliqueuse:
Elle pourrait s'aveugler de larmes sanguinaires,
Et ne point reconnaître ce noble téméraire
Qui languit à ses pieds, tout prêt de recevoir
Les trésors que Titus délaisse sur les trottoirs...
Ainsi le ciel s'apprête à me rendre justice.
Je partirai, grands dieux, mais avec Bérénice.
Loin de me la ravir, on va me la livrer.
Mon cœur prend ton parti, c’est assez de te plaindre,
Tu n'as plus rien à perdre et plus personne à craindre !...
Je dois vaincre ces doutes... Mais silence! La voici!
(bérénice entre, elle boit)
Scène 4 (Bérénice, Anthiochus)
Bérénice
Vous ici ?! Votre fuite n'est-elle pas accomplie?!
Antiochus
Je disparais de suite...
Bérénice
Non ! Demeurez un peu !
Antiochus
Je ne puis plus paraître à vos augustes yeux....
Adieu !
Scène 5 (Bérénice seul)
(Elle boit)
Bérénice
Je n'en peux plus! Que ces bruyants silences
Qui hantent ces couloirs excitent mon impatience!
Titus devra bien vite expliquer sa pensée
Avant que je n'explose dans ce vaste palais...
Ne serait-ce Antiochus, ce vilain scélérat,
Qui excitant les doutes de Titus, cet ingrat,
Aura su faire entendre de son délire les fruits
Et pousser mon amant vers d'horribles jalousies.
Mais ceci ne pourra contrecarrer mes vœux:
Si Titus est jaloux: Titus est amoureux!
(Heureuse subitement)
Mais quels sont ces pas qui semblent résonner ?
Ne serait-ce mon amour qui vienne m'annoncer
Les promesses que mon cul a longtemps espérées !
Ce monde va connaître Bérénice déflorée !!!
(Titus entre, il boit)
Prince! Vous voici enfin!
Scène 6 (Titus, Bérénice)
Titus
(il boit)
Hélas!
Bérénice
Dites un mot!
(Silence, elle boit)
Titus
Que ce silence apaise mon cœur de tous ses maux...
Bérénice
Quels maux?!... Dites!
(Silence, elle boit)
Titus
Vous me semblez troublée...
Bérénice
Bérénice soupire depuis tant de journées,
Attend, brûlante, inquiète que le jour vienne enfin
Où Titus reviendra au plus chaud de son sein.
Titus
Me voici...
(silence, il boit)
Ber
Et vous ne dites rien! Quel sujet
Tourmente cette belle âme que j'ai tant adorée?
Dois-je craindre...
Titus
Non! Ne vous tourmentez point! Je suis...
(Silence, il boit)
Je suis juste fatigué par ces trop longues nuits
Où mon cœur... épuisé...
Bérénice
Prince! Vous vous troublez!
Venez donc un instant dans mes bras apaisés...
Titus
Ce chant familier...
Bérénice
Oui!...
Titus
M'est pourtant inconnu...
Hélas...
Bérénice
Mon pauvre amour que vous semblez perdu...
Votre cœur s'agite en tous sens éperdu,
Vous vacillez, tremblant, telle une cruche fendue
Prête à rompre les barrages d'une pluie endiguée
Au profond de votre âme tellement fatiguée...
Titus
Une brume s'évapore sur de vastes étendues;
Je deviens, chancelant, ce que longtemps je fus:
Un fantôme brumeux dans l'ombre de son père.
Maintenant attendu dans l'empire de cette terre,
Cette plaine laiteuse où les oiseaux s'ennuient,
Où les heures s'envolent et où tombe la nuit...
Le courage me manque, pardonnez ma faiblesse:
Je ne puis dans l'instant vous combler de caresses.
Laissez-moi un moment!
Bérénice
Mais pourquoi?...
Titus
S'il vous plaît...
Bérénice
Quelles heures redoutables vous voulez m'affliger.
Je ne veux plus jamais à vos yeux me cacher;
Il faudra bien un jour que vous vous expliquiez!
Je m'enfuis tout de suite pour mieux vous retrouver
Et garde mon chagrin puisque tels sont vos vœux.
Titus
Ils seront à vous pour toujours...
Bérénice
Et bien adieu!
(elle sort, il boit)
Scène 7 (Titus seul)
(il boit)
Titus
Adieu!... Hélas... que dire?... Me voici seul encore...
Encore des mots pour rien, encore cette mort
Qui hante mon esprit... Plus rien, sinon demain,
Pareil à aujourd'hui... Pareil au lendemain,
Pareil au soleil, à la pluie, indifférent
Sur cette triste terre où même le temps nous ment...
Dehors est froid, qu'il neige, notre cœur balance,
Quand ces flocons fondront, restera le silence...
Je suis tout l'univers, hélas, à moi tout seul:
Le jour et la nuit, le lange et le linceul,
De tout bien l'abondance, puis la fange des restes,
Je ne suis pas humain mais un genre de peste
Tuant le seul amour que ce monde ait connu,
A la fin solitaire pour toujours disparu.
Il faut que je délaisse ce cœur tendre adoré
Toujours resté fidèle depuis de longues années :
Patience inflexible dans l'attente brûlante
De mille feux explosifs qui combleront sa fente,
Feront fondre ce corps d'albâtre blanc et pur,
Qui se tend jouissant sans honte et sans mesure;
Ces mains fraîches et tendres qui demandent à bercer,
Ces bras frêles de constance qui ne savent qu'embrasser;
Ces cheveux ruisselants sur ce visage pâle:
Blanc contour précieux sur des dehors d'opale.
Je ne peux avouer l'impuissance qui me frappe
A l'idée de devoir défoncer cette chatte.
Douce toison dorée qui devra oublier
Les attentes impudiques de son corps fatigué ;
Fatigué d'espérer et fatigué de croire
A l'amour qui se ment d'un empereur barbare.
Antiochus écouta mes tristes confidences,
J'ai cru voir dans ses yeux tout ce que la patience
D'un ami si fidèle sait comprendre en silence ;
Je connais ce cœur et je sais sa constance:
Il saura de la reine apaiser les souffrances,
Cette fleur souveraine perdue sans espérance,
Se consumant d'amour et brûlante d'espoir,
Pour toujours solitaire, à jamais dans le noir.
La solitude sera notre fardeau commun,
Notre amour finira avant qu'il soit demain...
Mais il faut avouer avant que de me taire,
Avant que se referment ces lourdes portes de fer,
Que je brûle d'amour, que je bande dur et ferme
Pour Antiochus mon ami... quel troublant dilemme:
Depuis cinq ans déjà je promets à la reine
Un bonheur éternel et un heureux hymen;
Et je confie à l'homme pour lequel je nourris
Cette brûlante passion de mon âme meurtrie
Les élans de mon cœur, les doux rêves de mes nuits,
Alors que ces ardeurs ne sont rien que pour lui.
Je ne sais si mon âme trouvera le sommeil
Il me faut de l'Olympe implorer les conseils.
Maître de l'univers, me voici sans secours:
Perdu dans ma puissance, me voilà sans amour.
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