Le commencement
Il faisait un froid glacial dans les bois d'Ashdown. La neige scintillait à la lumière de la lune alors que les animaux nocturnes vaquaient à leurs occupations. Tout était silencieux et rien ne semblait pouvoir perturber le calme qui régnait sur la forêt. Seulement, cette nuit-là, des bruits de pas pouvaient être entendu. Les animaux fuyaient sur le passage d'une petite fille qui courait dans la nuit. Elle avait de long cheveux noirs et des yeux pourpres. Sa peau était pâle comme si elle n'avait jamais été touchée par les rayons du soleil. Cependant, des traces violacées étaient visibles sur ses poignets, son cou et ses chevilles. Plusieurs plaies recouvraient ses bras et ses jambes. Elle courait comme si sa vie en dépendait et on pouvait lire de la terreur dans ses yeux. Elle était vêtue d'une simple robe blanche. Elle courait pieds nus dans la neige fraîchement tombée, mais elle ne semblait pas se préoccuper du froid ou de la douleur. Lorsqu'elle fut à bout de souffle, elle s'arrêta et se cacha derrière l'arbre le plus épais qu'elle put trouver. Elle essayait de reprendre son souffle le plus rapidement possible tout en restant à l'affût du moindre petit bruit. Plus elle attendait, plus elle sentait la mort, sa mort, se rapprocher. Elle expira aussi silencieusement que possible afin de calmer les battements de son cœur qu'elle sentait cogner contre sa poitrine. Plus aucun son ne se faisait entendre à présent. Une pointe d'espoir apparut dans le cœur de la petite fille mais elle disparut vite lorsqu'elle vit quelque chose qui lui glaça le sang. Elle reprit sa course effrénée à travers les bois. Elle ne fut cependant pas assez rapide... Elle ne vit pas une racine dissimulée par la neige et tomba. La chose qui la poursuivait se tenait maintenant derrière la jeune fille qui paniquait de plus en plus. La créature était immense. Sa peau était couverte de verrues purulentes ainsi que d'un liquide visqueux, lui donnant un aspect bleuâtre. Ses yeux étaient semblables à ceux d'un poisson et étaient d'une couleur jaunâtre. Son corps avait une apparence humanoïde mais ses membres étaient disproportionnés. Il mesurait deux mètres. Ses bras étaient très longs et finissaient en de longues griffes acérées. La créature toisait la fille d'un air mauvais alors que celle-ci cherchait désespérément un moyen de s'enfuir. La dernière chose qu'elle vit fut des dents semblables à des couteaux.
Il faisait froid et humide et le fait que nous nous trouvions en dehors de la ville n'arrangeait rien. J'étais mentalement entrain de maudire ceux qui m'avaient fait me déplacer jusque dans cette maudite forêt quand mon cocher me signala que nous étions arrivés. Je soupirai et sortis du fiacre avant d'aller voir ce pourquoi j'étais là. Un jeune homme, qui n'était visiblement pas habitué au froid, m'attendait à l'entrée de la forêt d'Ashdown. Il avait des cheveux blond coupé court avec des yeux verts. On lui avait surement demandé de me guider afin que je ne me perde pas et cette pensée m'agaça légèrement. Le regard du garçon s'illumina quand il me vit, mais j'ignore s’il s'agissait d'admiration ou de gratitude pour être enfin arriver. Il se présenta dans les règles de l'art et m'expliqua pourquoi il était resté planter à l'entrée de la forêt. Je n'étais pas vraiment d'humeur alors je ne l'ai écouté que d'une oreille. Quand il eut fini son discourt, je lui demandai de me conduire à la scène de crime. Nous avons marché pendant une bonne dizaine de minute avant de rejoindre un groupe d'homme. Ils étaient tous pencher sur un cadavre de ce qui devait être autrefois une enfant. En réalité, le corps était tellement mutilé et déformé qu'il était difficile d'imaginer que ça avait été un être humain. Cependant, le médecin qu'on avait dépêché m'a formellement stipulé qu'il s'agissait d'un humain. Je réfléchissais à ce qui avait bien pu se passer quand quelqu'un vint m'aborder.
- Excusez-moi, vous êtes bien Van Helsing? Oswald Van Helsing?
Je me retournai et détaillai l'homme qui venait de m'adresser la parole. Il s'agissait d'un homme relativement âgé. Ses cheveux blancs et son air fatigué semblaient être la preuve que cette homme avait vu des choses que le commun des mortels n'est pas sensé voir. Malgré tout, il avait un visage aimable qui inspirait confiance.
- C'est moi. Et vous êtes?
- Mon nom est Redshade, Samuel Redshade. Je suis moi aussi membre de l'ordre des Templiers.
Je hochai la tête alors qu'il alluma une cigarette. Pendant qu'il tirait quelque fois sur sa cigarette, je repensais à l'ordre. En effet je suis membre d'un ordre censé avoir été dissous il y a des siècles de ça. Cependant, nous étions toujours là mais pas pour les même raison. Aujourd'hui nous avons pour mission de superviser les relations entre les humains et les créatures de l'ombres, ou, en d’autres termes, toutes les créatures qui sont considérée comme n'étant que des légendes.
- Comme c'est malheureux... En 40 ans de carrières, je n’ai jamais vu un massacre pareille.
Redshade soupira avant de tirer une dernière fois sur sa cigarette. Je tournai mon regard une fois de plus sur le cadavre de la victime.
- Vous dites que vous n'avez jamais vu une scène pareille?!
- C'est ce que je viens de dire.
- Alors pourquoi on m'a demandé de venir si même un membre expérimenté comme vous ne sait pas ce qui a pu se passer...
- Sans doute grâce à la réputation de votre famille.
Je soupirai à son allusion et me rapprochai du corps mutilé afin de chercher des indices. Il y avait étonnement très peu de sang autour de la victime, comme si ce qui l'avait attaquée l'avait vidé de son sang. Un débutant aurait tout de suite pensé à des vampires mais les traces de lacération sur le corps ne correspondaient pas à leur manière d'attaquer. De plus, contrairement aux idées reçues, les vampires n'attaquent que très rarement les humains. Quelque chose attira mon regard: les mains de la victime étaient recouvertes d'une substance visqueuse. Je me retournai vers le médecin.
- Vous savez ce que s'est? Demandai-je en pointant la substance du doigt.
- Non. C'est quelque chose que je n'avais jamais vu avant.
- Je vois.
Je pris un échantillon de cette substance pour l'analyser une fois que je serai de retour en ville. Je vis le médecin hésiter un instant avant de continuer.
- Il y a autre chose qui diffère des meurtres habituels...
Il ne dit rien comme s'il attendait que je lui pose une question. Je me contentai de le regarder fixement. Il hésita une fois encore avant de continuer avec une expression de dégout et d'incompréhension.
- Ses organes vitaux ont tous pourris...
Je lui lançai un regard incrédule. Redshade avait lui aussi l'air perplexe face à la révélation du médecin. Je me souvins d'un être qui avait le même mode opératoire que la créature qui avait perpétré ce massacre. Seulement cette espèce est éteinte depuis des siècles. Je devais avoir une expression étrange car Redshade et le médecin me fixaient du regard.
- Vous avez une idée de ce qui a pu se passer?
- Oui mais J'espère me tromper... Vous avez déjà entendu parler des Urong?
Le visage de Redshade s'assombrit d'un coup. Il passa sa main dans ses cheveux alors que son regard semblait se perdre dans le néant. Il savait clairement de quoi je parlais tandis que le médecin, lui, ne semblait pas connaitre quoi que ce soit des créatures antiques. Nous restâmes ainsi pendant quelques minutes sans que rien ne se passe. Un détail attira mon regard. Sur un bout de chair miraculeusement rester intacte était graver un espèce de sceau. Il représentait un œil avec une pupille de serpent au centre d'une lune. Je sortis un carnet et reproduisis ce symbole.
- Vous pensez qu'il s'agit... D'un Urong?
- Le mode opératoire correspond parfaitement. Le hic c'est qu'ils sont censés avoir disparu.
- Comment est-ce possible?
- Je ne sais pas... Vous connaissez ce symbole? Je lui demandai en pointant le sceau du doigt.
Il secoua la tête après avoir jeté un coup d'œil à la marque. Je me relevai et manquai de tomber à cause de la neige. Je vis un subordonner étouffer un rire mais il se calma immédiatement après avoir vu le regard noir que je lui lançai. Je terminais de retranscrire mes observations et rangeai les échantillons que j'avais pris. Puis je saluais mes collègues avant de me diriger vers l'entrée de la forêt. Le vieil homme me proposa de me raccompagner à mon fiacre et j'acceptai comme je n'avais pas vraiment envie de marcher seul. Je n'avais plus qu'une envie, retourner dans un endroit chaud et sec. Je sentis que quelqu'un me fixait du regard mais quand je me retournai, il n'y avait personne. Ou du moins il n'y avait personne me regardant. Redshade me lança un regard interrogateur. Je lui répondis que ce n'était rien et nous reprîmes la route. Nous marchions depuis 4 minutes quand mon collègue s'arrêta à son tour. Je me retournai et me contentai de l'observer. Il fixait dans le vide comme s’il venait de se souvenir de quelque chose.
- Je peux vous demander quelque chose?
Je haussai un sourcil et hochai la tête pour lui signifier qu'il pouvait continuer.
- Qu'avez-vous l'intention de faire maintenant?
- Mon boulot quelle question.
- Ce n'est pas ce que je veux dire, et vous le savez.
Je lui lançai un regard blasé avant de me retourner et de reprendre ma route. Nous restâmes silencieux durant le reste du trajet. Quand nous fûmes enfin arrivés au fiacre, je saluai une dernière fois Redshade avant de monter dans le fiacre. Le vieil homme s'excusa pour je ne sais quel raison. Nous étions sur le point de repartir quand le jeune homme qui m'avait attendu à l'entrée de la forêt vint à notre rencontre. Il était essoufflé dû à une évidente longue course. Redshade se décala légèrement pour que je puisse mieux voir le garçon qui était toujours en train de reprendre son souffle. Quand le garçon fut enfin en état de parler, il se redressa brusquement et me fixa du regard.
- E-excusez-moi monsieur... O-on m'a ordonné de vous assister dans votre enquête.
Le garçon me tendit un papier sur lequel se trouvait un ordre signé. Je relus l'ordre avant de soupirer et d'ouvrir la porte du fiacre. Le garçon monta et s'assit en face de moi avec un sourire naïf alors que je refermai la porte. Nous quittâmes enfin cette forêt. J'observai discrètement le garçon alors qu'il semblait s'émerveiller de tous ce qu'il voyait. C'était comme s’il n'était jamais sorti de chez lui avant de venir avec moi. Le garçon a dû sentir mon regard car il arrêta son admiration pour me fixer d'un air à la fois gêné et interrogateur. Nous sommes restés un moment à nous regarder ainsi avant que l'un de nous ne se décide à parler.
- Hum... Ma présence vous dérange-t-elle? Me demanda le garçon avec un air triste.
- Non ce n'est pas ça...
- A-alors quel est le problème?
- Tu agis bizarrement...
- Pardon... ?!
Les yeux du garçon s'agrandirent mais je ne saurais dire si c'était parce qu'il était choqué ou vexé.
- Tu agis comme un enfant qui découvre le monde extérieure. C'est étrange.
Je vis le garçon rougir et baisser les yeux. Je ressentis une pointe de culpabilité et essayai de trouver un autre sujet de conversation. Je me suis souvenu que je ne connaissais pas son identité complète. Sur l'ordre, il était écrit que le nom du garçon était Wilandsung mais je ne connaissais rien d'autre de lui.
- Quoiqu'il en soit, comment t’appelles-tu?
- Mmh... Wilandsung, monsieur.
- Je le savait déjà ça. Je te demande ton prénom. Ton nom est difficile à retenir et si nous devons travailler ensemble, je veux pouvoir t'appeler par quelque chose d'autre que "hey toi" ou "hey petit".
Le garçon me lança un léger sourire mais resta silencieux comme s'il hésitait à me le révéler. Il ouvrit la bouche pendant un instant puis la referma quand il me vit me pencher. Je soupirai et me recalai dans mon siège avant de fermer les yeux. Une minute ou deux sont passées durant lesquelles le garçon semblait peser le pour et le contre. J'ignore pourquoi, soit dit en passant. Ce n'est pas comme si j'allais le jeter en dehors du fiacre si j'apprenais son prénom...
- Gabriel...
J'ouvris les yeux soudainement quand j'entendis le son de sa voix.
- Mon prénom est Gabriel... Monsieur.
- Et bien Gabriel, enchanté de te connaitre.
Je lui répondis en hochant la tête légèrement. Je lui offris également un bref sourire avant de refermer les yeux. Cependant je vis que le visage du garçon c'était illuminé.
- Malgré tout, j'espère que tu es courageux et que tu n'as pas peur de travailler. Parce qu'on a du boulot à faire.
- Ne vous en faites pas pour moi, je suis prêt à punir toutes les créatures de l'ombres qui ne nous respectent pas!
Je lui lançai un regard dubitatif avant de continuer.
- Donc selon toi, notre travail est de châtier les créatures de l'ombres?!
Cette fois, c'est lui qui me lança un regard dubitatif avant de hocher la tête.
- Désolé de te le dire, mais tu te trompes lourdement. Notre rôle est de veiller sur nos deux peuples. En d'autres termes nous sommes une sorte de, police. Nous châtions les humains tout autant que ces créatures quand ils brisent les lois.
- Je vois... Veuillez m'excuser pour mon attitude. Je me suis montré un peu trop zélé.
Le garçon se pencha vers l'avant comme pour s'incliner et je secouai la tête. Je tournai mon regard vers la vitre du fiacre. Nous étions en pleine campagne. La neige recouvrait les champs et quelque lièvres se baladaient à la recherche de nourriture. Bref, il n'y avait rien de bien transcendantale alors je fermai les yeux.
Je crois que je me suis endormi puisque quand j'ai rouvert les yeux, nous étions presque en ville. La tour de l'horloge était déjà visible et nous avons croisé plusieurs autres fiacres. Quand j'ai regardé ou était le garçon, je le vis avec la joue et le nez collés à la vitre. Ses yeux pétillaient comme ceux d'un enfant le jour de noël. Cependant je ne dis pas un mot et l'observai en silence. Plus je l'observais et plus je me disais que le garçon n'avait pas dû sortir très souvent de son village. Notre fiacre s'arrêta au bout de 2 minutes. Je m'étirai et sortis avant de lever les yeux sur ma résidence. Nous étions en fin de journée et le temps se rafraichissait encore plus si toutefois c'était possible. Je résistai à l'envie urgente de foncer à l'intérieur du bâtiment. Cette envie devait être encrée sur mon visage parce que le garçon me fixait avec un regard interrogateur.
- Gabriel, je te présente ma maison.
Je pointais ma maison du doigt alors que ma sœur sortait. Elle me fit signe de la main en souriant avant de se diriger vers nous. Lorsqu'elle fut à ma hauteur je décidais de la détaillé comme à mon habitude. J'ignore pourquoi mais faire ça me permettait toujours de retrouver ma sérénité. Elle avait de long cheveux noirs et les yeux rouge caractéristique de la famille Van Helsing. Son visage était raffiné et doux, tout comme celui de ma mère. Lorsqu'elle fut assez proche, je la pris dans mes bras.
- Je suis rentré petite sœur.
- Tu as mis trop de temps pour revenir.
Sa réflexion me fit rire alors qu'elle m'offrit une moue boudeuse. Elle se tourna vers le garçon qui nous fixait avec des yeux globuleux... En fait, je crois qu'il regardait ma sœur avec des yeux globuleux et ça ne me plaisait pas du tout.
- Et qui est-ce garçon?
- Mon coéquipier pour ma nouvelle affaire. Gabriel, je te présente ma sœur, Silina.
J'insistai inconsciemment sur le mot sœur et le garçon pâlit légèrement. Cependant, cela fit sourire Silina qui s'approcha du garçon avant de lui prendre une main.
- Ne fait pas attention à mon frère, il est un peu trop protecteur et énormément maladroit. Mais dans le fond il est très gentil.
Cette fois, ce fut mon tour de faire la moue. Elle adore me taquiner en disant que je suis maladroit ou distrait. Je haussai les épaules vexé et me dirigeai vers la porte d'entrée. J'entendis ma sœur rire discrètement puis j'entendis leurs pas qui me suivaient. Nous préparâmes la chambre d'amis pour le garçon. Le reste de la soirée se passa paisiblement.
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