Sanctuaire de Khyal

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PDV Achlys

Je me réveillai en sursaut lorsque je sentis quelque chose bouger avec ferveur derrière mon dos. Je me retournai et vis la Reine victime de violents soubresauts. Je sautai hors du lit et courus jusqu’à la porte, je l’ouvris et hurlai à pleins poumons pour que quelqu’un vienne m’aider, n’importe qui ferait l’affaire. Je retournai auprès de la Reine en attendant une personne, qui ne tarda pas. On me tira en arrière alors que je secouais de toutes mes forces notre souveraine, mais rien n’y faisait et je ne pouvais continuer car j'étais déjà dans le couloir, tirée par quelqu’un qui m’emmenait loin de cette chambre. Je me débattais pour essayer de lui faire lâcher prise, mais ce dernier était bien plus fort que moi. Je ne faisais que m’épuiser pour rien. Un cri de désespoir jaillit de ma gorge juste avant que je ne me retourne. Mes yeux se posèrent sur Selwyn. Lui-même avait le visage grave.

- Selwyn, je ne comprends pas ! Elle dormait et puis… et puis après-

- Calme-toi Achlys, respire. Me coupa-t-il. Voilà, maintenant suis moi, on doit te faire partir immédiatement. Me pressa-t-il.

- Quoi ?! Non hors de question ! Et puis je n’ai même pas eu le temps de faire mes bagages ! Je ne suis définitivement pas prête à partir. Cela prendra au moins une heure avant que je ne le sois. Tu n’as pas le droit de me chasser comme cela. Comme une malpropre, une pestiférée. Lui rappelai-je, en pointant son torse du doigt, le visage rouge de colère.

- Nous n’avons plus le temps pour ça! Grogna-t-il. Nous allons dans ta chambre et tu prends juste une tenue pour dormir et pour monter à cheval, est-ce que tu as bien compris ?

- Je- d’accord. Me résignai-je, impuissante.

Nous nous retournâmes et tombâmes sur un jeune homme que je crus reconnaître comme étant :

- Owein, as-tu préparé les chevaux comme je te l’ai demandé ? Questionna Selwyn.

- Oui père c’est fait, ils n’attendent plus que nous.

- Bien, alors suis nous. Nous allons chercher quelques affaires pour Achlys et puis vous partirez tous deux.

Owein hocha la tête tandis que je restai perplexe. Je n’eus pas le temps de questionner les hommes face à moi car une nouvelle fois Selwyn tirait sur mon bras pour me faire avancer, pour m’éloigner de mon douloureux passé.

Nous nous sommes vite retrouvés devant la porte de mes appartements et sommes rentrés dans ces derniers avec un grand fracas. Nous nous sommes tous figés lorsque nous avons vu que Loraevere se tenait dans ma chambre, des bagages à ses pieds.

- Je me suis dit que tu n’aurais peut-être pas le temps de prendre des affaires alors je les ai préparées pour toi. Nous expliqua-t-elle, le rouge lui montant aux joues.

Je lui courus dans les bras et la remerciai une bonne dizaine de fois, ce qui accentua la couleur de son visage. Je finis par lui dire qu’elle m’avait indéniablement sauvé la vie. Je lui offris un immense sourire qu’elle me rendit sans perdre de temps, avant de me retourner vers Selwyn. Je lui annonçai être fin prête physiquement pour partir.

- Très bien alors allez-y, maintenant ! Qu’est-ce que vous attendez, bon sang ? Commença-t-il à s’énerver face à notre lenteur.

- Père, savez-vous au moins qui hérite du trône et de la couronne ? S’enquit Owein.

L’Eynon se tourna vers moi pour que je réponde à cette question à sa place. Je lui répondis par une petite mine désolée, ce qui le fit soupirer.

- Achlys tu es celle qui devrait être sur ce trône désormais, tu le sais.

- Mais je ne suis plus la Princesse depuis longtemps! J’ai perdu ce titre et mon droit d’héritage lorsque je suis devenue différente. Vous le savez pertinemment. Et me mettre sur le trône ne ferait que semer la zizanie dans le royaume. Il faut donc que vous soyez celui qui trouvera la nouvelle Reine ! M’exclamai-je, paniquée à l’idée de devoir monter sur le trône et de porter la couronne.

- Certes mais quoi qu’il arrive il faut que quelqu’un prenne les décisions maintenant pour maintenir le royaume en paix et empêcher une quelconque invasion de la part de pays voisins peu commodes. (Il fit une pause) Nommez au moins un régent, je dirais au peuple que la Reine avait pris cette décision. Personne n’osera me contredire.

- Bien...Alors nous sommes tous d’accord que vous êtes l’Eynon depuis des années maintenant et que vous connaissez toutes les affaires du royaume du passé et du futur. De plus, vous avez déjà pris des décisions avec la Reine alors soyez le régent en attendant, agissez comme elle l’aurait fait. Vous la connaissez sur le bout des doigts alors continuez son travail inachevé. Déclarai-je.

- Je ne suis pas certain que cela soit une bonne idée. Vous devriez nommer une femme…Tenta-t-il de me contredire, mais je ne lui laissai pas le temps de finir que je le coupai dans sa lancée.

- Non. Vous m’avez demandé de nommer quelqu’un. Je l’ai fait, maintenant respectez au moins cette décision.

Il hocha la tête, résigné à son tour. Il reprit la parole pour nous dire, à son fils et à moi, de prendre nos affaires pour que nous puissions enfin quitter l’enceinte du palais.

C’est ainsi que Selwyn nous montra un chemin presque oublié aux yeux de tous et non emprunté par les gens de la Cour. Cela assurerait ma protection pour quitter le palais en toute discrétion. Owein et moi marchions depuis un peu moins d’une dizaine de minute lorsque nous arrivâmes enfin dans les derrières du palais, là où deux majestueux chevaux nous attendaient. Owein ne perdit pas de temps et accrocha nos bagages sur le dos d’un étalon noir de jais tandis qu’il me faisait monter sur le deuxième, déjà scellé. Celui-ci aussi était un étalon mais il avait une éclatante robe gris pommelé. Ses gestes étaient rapides mais d’une précision certaine, on sentait aisément son expérience. Le visage d’Owein illustrait à la fois l’agitation mais aussi la sérénité, un mélange qu’on aurait pu croire peu gracieux mais qui, bien au contraire, faisait ressortir le côté harmonieux de cette douce opposition. Owein monta sur le cheval avant de lui donner un petit coup de talon ce qui le fit détaler au galop. Une fois les limites du palais franchies, le cheval se mit au pas et c’est ainsi que nous avons traversé la capitale : moi la redécouvrant sous les yeux curieux des Minteryens et Owein sans prêter attention au paysage. Il ne nous fallut qu’une petite demi-heure avant d’enfin quitter la capitale. Une fois les remparts derrière nous, Owein nous fit repartir au galop. C’est à ce moment-là que je me suis décidée à lui parler.

- Dis-moi, as-tu une idée de l’endroit où nous allons ? Ou bien n’allons-nous nulle part ? Et je t’en prie ne me donne pas le genre de réponse que les gardes ont l'habitude de donner. Je ne veux pas d’une réponse évasive et énigmatique. Le prévins-je.

- Nous nous rendons au Sanctuaire de Khyal. Nous arriverons approximativement dans une semaine si nos chevaux peuvent tenir le coup. Me répondit-il sans aucune émotion.

- Pardon?! Es-tu fou ou veux-tu simplement ma mort ? M’exclamai-je, outrée. Les Gardiens, s’il en reste, ne m’accepteront pas. Jamais ils ne me feraient entrer dans leur lieu si sacré. C’est impensable.

- Certes, ils auront du mal à t’accepter, au début. Mais au moins là-bas tu peux être sûre que personne ne pensera à venir te chercher. La preuve, même toi tu penses ne pas pouvoir y aller. Dit-il cette fois-ci en me regardant par-dessus son épaule.

J’aurais aimé lui répondre qu’il avait tort, mais il avait raison, personne n’y penserait puisque moi-même je trouvais l’idée inconcevable. Alors oui, je pensais que cela pouvait être une bonne cachette mais pas indéfiniment surtout si les personnes vivant là-bas n’étaient pas à l’aise avec l’idée de ma présence chez eux…

Très vite, je commençai à m’ennuyer car Owein n’était pas très bavard. De ce fait, je ne faisais rien, mis à part observer le paysage qui nous entourait. Celui-ci semblait intact depuis que nous étions sortis de Mintery, excepté notre passage dans la forêt Chuchotante. Depuis, ce n’étaient que plaines désertes. Lorsque le Soleil commença à disparaître derrière l'horizon, Owein fit arrêter nos montures. Ce qui signifiait qu’il était temps de nous reposer. Le repas se fit en silence, tout comme le coucher. Cela me laissa le temps de réfléchir à notre arrivée au Sanctuaire de Khyal. Je devais avouer craindre la façon dont nous allions être accueillis. Quoi qu’en y repensant il ne devrait y avoir aucun problème pour mon camarade qui était plus que normal à leurs yeux, mais quelle serait leur réaction face à moi? Accepteraient-ils vraiment de m’héberger une nuit ou deux? Je me décidai donc à lui poser ces questions.

- Owein, comment peux-tu être sûr que ces personnes tolèreront ma présence ?

- Tu sais, cela fait des années que notre souveraine cherchait une échappatoire pour toi si elle venait à mourir ou disparaître. Elle savait d’ores et déjà que tu ne pourrais pas résider éternellement à Mintery, entourée de gens qui te craignent et te méprisent. Elle espérait que ce soit mon père qui t’accompagne dans ce voyage mais elle ne pouvait pas se douter qu’il serait impossible pour lui de s’y rendre. C’est pour cela que mon père m’a informé de l’endroit où je devais t’emmener. Il a insisté sur le fait que nous ne devions aller nulle part ailleurs et aussi de ne parler qu’à une seule personne en arrivant, qu’il comprendrait et qu’il était certain que cette personne nous accueillerait, avec un peu de réticence au début, mais qu’il nous hébergerait tout de même. M’expliqua-t-il avec douceur et sincérité.

J'acquiesçai doucement pour être sûre d’avoir bien tout assimilé puis je recommençai à admirer le ciel étoilé.

Les jours passaient et je voyais le temps s’écouler à une lenteur effroyable. La lune, elle, montait docilement dans la voûte céleste chaque soir, nous offrant un merveilleux spectacle pour nous endormir. Nos chevaux galopaient de moins en moins vite à mesure que les jours défilaient. Nous ne faisions que peu de pauses depuis que nous étions partis. Nos chevaux finirent même au pas le dernier jour de voyage. Ils tinrent toute la journée ainsi jusqu’à s’arrêter devant un magnifique édifice blanc entouré d’un jardin fastueux. Owein descendit puis me tendit la main pour m’aider à descendre également. J'acceptai volontiers en glissant ma main dans la sienne délicatement. Une fois cela fait, je tournai sur moi-même pour mieux apprécier ce décor, ce lieu si enchanteur. Mais cela fut de courte durée lorsque je sentis que l’on m’observait d’un mauvais œil. Je suspendis ma contemplation et me tournai vers l’entrée du bâtiment. Je vis une personne encapuchonnée qui me fixait avant de poser son regard sur mon camarade. Ce dernier me fit signe d’approcher, ce que je fis sans poser de question. Il nous dirigea vers cette personne qui semblait étrange, mal à l'aise, et qui ne savait pas vraiment comment réagir face à notre arrivée.

- Jeune homme, que faîtes-vous ici en compagnie de cette-

Elle n’eut pas le temps de finir car Owein la stoppa dans son élan.

- Nous sommes venus voir le gardien chargé du sanctuaire. Et personne d’autre alors conduisez-nous auprès de lui. Ordonna-t-il fermement.

- Je suis navrée mais tant que je ne connais pas vos raisons ou bien-même vos noms je ne vous laisserai point entrer dans ce lieu sacré. Dit-elle en balayant d’un revers de la main l’ordre d’Owein.

- Je me nomme Owein Curaidh et je suis le fils de l’Eynon. Je suis là en mission pour la Reine Qhetheia. Elle nous a envoyé, ma camarade et moi-même, pour voir EÒghan Gorebrow, Gardien de Vent. S’il vous plaît , nous n’avons pas de temps à perdre, c’est urgent ! L’agacement commençait à apparaître dans la voix d’Owein.

- Bien alors suivez-moi, et plus vite que ça si vous êtes si pressés. Grogna notre interlocutrice.

A peine étions-nous entrés que la porte se refermait déjà derrière nous dans un bruit assourdissant. Je fus très étonnée de constater à quel point la décoration était à la fois moderne et obsolète. Le hall était d’une immensité déconcertante et le sol d’un blanc pur. En face de l’entrée se dressait un prestigieux escalier. Des colonnes antiques mais avant-gardistes étaient présentes aux quatre coins de la pièce, ce qui accentuait sa grandeur mais aussi le côté sanctifié. La dame qui nous avait fait entrer nous dirigeait désormais vers les escaliers. Nous dûmes traverser une dizaine de couloirs et monter plusieurs autres escaliers avant de nous retrouver devant une porte en bois de chêne relativement foncé, peut-être dû au peu d’éclairage qu’il y avait dans ce corridor. Notre accompagnatrice toqua doucement, sûrement pour déranger le moins possible la personne à l’intérieur.

- EÒghan, c’est Enfys, il y a deux jeunes qui veulent te parler et rien qu’à toi. Dois-je les faire entrer ou dois-je les jeter dehors ?

- Fais les entrer. Répondit une voix ferme et autoritaire.

Notre guide, qui se nommait donc Enfys, nous pointa de la main le bureau qui s’ouvrit sans que personne n’y touche et nous incita à y entrer de ce pas. Ce que nous fîmes.

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