une routine épuisante
PdV Achlys
Suite à la révélation de Serxio, le dirigeant de la chapelle, tout le monde ressortit de la chambre d’Owein, nous laissant seuls. Une fois que la porte fut fermée, je me tournai vivement vers cet homme qui était désormais différent et qui ne m’avait pas parlé de son « problème ». Je devais être rouge de colère mais qu’importe, je voulais des explications, et des bonnes. Mais il me devança.
- J’allais te le dire, je te le jure. Seulement, je voulais aussi t’embrasser pour avoir un souvenir clair et merveilleux de tes lèvres douces. Je sais que cela n’excuse rien, mais, vraiment, crois-moi Achlys j’allais t’en parler. C’est la seule raison pour laquelle des Gardiens ont veillé sur moi toute la nuit… EÒghan leur a demandé de me maintenir en vie pour que je puisse t’annoncer ce qui m’attend, du moins, ce qui m’attendait. Visiblement, la mort n’est plus là pour m’emporter. Je peux donc continuer de veiller sur toi, et même de t’embrasser autant qu’il me plaira, dit-il, un sourire malicieux aux lèvres.
Il joignit le geste à la parole en scellant ses lèvres aux miennes. Au début, je ne répondis pas à son baiser, toujours énervée de son omission à sa mort prochaine. Bien que ce ne fût plus le cas, la colère bouillonnait toujours au fond de moi. Mais lorsque je sentis sa langue caresser ma lèvre inférieure je me laissai tenter par le désir que cela éveillait en moi. Nous n’étions pas pressés, nous profitions de la présence de l’autre. De temps à autre, il mordillait ma lèvre, me faisant lâcher un couinement de plaisir. Plus nous nous embrassions, plus je pouvais sentir une douce chaleur s’étendre dans l’entièreté de mon corps. Lorsque nous nous séparions pour reprendre notre souffle, nous nous regardions avec tendresse. Nos regards descendaient vers les lèvres de l’autre, attirés par le plaisir qu’elles nous procuraient. J’en voulais plus et avec un mouvement de bassin, le fit comprendre à cet homme devant moi qui me dévorait du regard. Il bascula, de sorte à être au-dessus de moi, et ce fut la première fois qu’un garçon, un homme, découvrait mon corps sans traces de dégoût mais avec un désir intense.
Plus tard dans la journée, nous descendîmes pour trouver de quoi satisfaire nos ventre qui réclamaient de la nourriture. Mais à peine avions-nous mis un pied dans la salle de déjeuner que Serxio se posta devant nous pour demander à parler à Owein. Ce dernier accepta avant de me laisser seule, mais je ne le fus pas bien longtemps, je pouvais déjà apercevoir Lume, EÒghan et Llion attablés.
Mon amie me faisait des grands signes de la main pour m’inciter à venir avec eux , ce que je fis avec empressement. Une fois assise, Lume commença à me parler de l'entraînement qu’elle m’avait préparé pour cet après-midi. Je lui fis un sourire avant de lui dire à quel point j’avais hâte de voir ce que cela allait donner. Llion, lui, restait le même, calme et souriant. Il discutait des prochains jours à venir avec son chef. Je ne les écoutais pas, trop concentrée sur le souvenir de ma matinée avec Owein.
Après une vingtaine de minutes il réapparut, le visage songeur et sérieux. Il s’assit à côté de moi avant de déposer un baiser sur mon front. Je l’observais, attendant une explication de ce qu’il s’était passé avec notre hôte mais il garda le silence jusqu’à la fin du repas.
Pas un seul instant, il leva le regard de son assiette. Absorbé par ses pensées, il ne m’entendit pas lui demander s’il voulait venir faire une promenade avec moi avant que je ne doive m’entraîner une nouvelle fois. Je dus le secouer pour au final recevoir une réponse négative. Cependant, avant que je ne quitte la table, il parla enfin pour nous donner une information qui changeait l’entièreté de nos plans : “Serxio m’a dit que je devais rester quelques jours ici, pour que je puisse apprendre les bases et donc apprendre à contrôler ces pouvoirs dont je ne sais pas me servir pour le moment.”. C’est sur ces mots que je me levai pour rejoindre ma chambre et enfiler une tenue adéquate pour la séance d’entraînement qui m’attendait.
*****
Les jours qui suivirent se ressemblaient. Le matin je m’entraînais avec Llion sur la maîtrise des armes et du combat au corps-à-corps et l’après-midi était consacré à Lume qui, elle, m’aidait pour maîtriser mes pouvoirs. Durant ces longues journées, je n’avais que peu de temps pour Owein, mais nous dormions tous les soirs ensemble. Je lui racontais ma journée, tandis qu’il m’écoutait. De son côté, c’était toujours un long silence concernant sa journée. Le premier soir, il m’avait fait savoir que ses entraînements devaient rester secrets tant que les bases n’étaient pas contrôlées. Je lui avais répondu que je ne chercherais pas à savoir ce qu’il faisait, il en fut de suite rassuré.
Voilà comment se déroulaient nos journées, encore et toujours des entraînements qui nous épuisaient autant l’un que l’autre. Lume et Llion me poussaient un peu plus à bout à chaque fois, ce qui avait des répercussions sur mon humeur et mon état mental. Owein, lui, était tout aussi épuisé moralement que moi, mais nous étions là quand l’autre en avait besoin, et c’est tout ce qui importait. Nous vivions notre amour sans aucun problème, même si nous savions que le calme finirait bien par être remplacé par des complications.
Au matin du sixième jour, je reçus des nouvelles de Loraevere, j’entamai avec empressement sa lettre, écrite d’une fine écriture, toujours aussi délicate que la première.
“ Votre Altesse,
J’ai été navrée d’apprendre votre blessure et espère de tout coeur que vous vous portez mieux. Concernant le fils de l’Eynon, je ne sais que vous dire. Moi-même je n’ai aucune connaissance en matière de relation amoureuse. Je prie pour que les choses aient avancé dans le bon sens entre vous.
J’avais fini ma lettre il y a deux jours et attendait pour vous l’envoyer quand mon père a reçu des nouvelles de l’armée partie à vos trousses. Ils sont en route pour rejoindre un homme près de la forêt d’Argent. De plus, les hommes de la Cour qui savent se battre se sont joints à l’armée. Mon père a donc pris la décision de vous rejoindre, moi y compris. Je suppose que vous aurez probablement changé de lieu entre votre réponse et notre arrivée. C’est pourquoi, je vous saurais gré de me communiquer un lieu que nous pourrions atteindre en même temps que vous et vos amis, ou presque.
J’aimerais tout de même finir sur une touche moins dramatique en vous parlant de ce qu’il s’est passé il y a deux jours alors que je prenais le thé dans le boudoir. Je buvais donc un thé provenant d’A-Kylean tout en lisant un recueil de poésie lorsqu’une jeune femme qui venait d’arriver à la Cour est venue me voir car je cite : “Vous êtes vraiment belle et cultivée comparée à ces Dames qui ressemblent plus à de vieilles mégères.”. Si vous saviez à quel point j’ai ri, c’était très inconvenant de ma part mais comment aurais-je pu faire autrement?
J’espère bientôt pouvoir partager tout ceci en face-à-face.
Votre dévouée, Loraevere Hlappen”
Sa lettre me fit bien rire également. Je voulais rencontrer cette jeune femme une fois que toute cette histoire serait terminée. Je pris un morceau de parchemin, une plume et de l’encre et commençai à répondre. Je lui expliquai que ma blessure se refermait correctement, qu’entre Owein et moi tout s’était arrangé et que c’était même bien mieux qu’avant. Je ne rentrai pas dans les détails, voulant garder un minimum d’intimité.
Je lui parlai aussi de Llion qui avait appris ce qu’il s’était passé avec Connor lorsque je lui rédigeais ma précédente lettre et que, depuis, Connor avait quitté le groupe sous l’ordre d’EÒghan.
Je lui indiquai que nous nous trouvions à la Chapelle Talamh et que nous ne pouvions quitter ce lieu avant encore quelques jours, elle et son père avaient donc le temps de nous rejoindre. Je finis ma lettre en lui exprimant toute ma joie de bientôt la revoir, et que j’avais encore beaucoup de choses à lui raconter et à lui montrer. Je signai au bas de la feuille et la pliai, posai le sceau de la Chapelle Talamh et partis vers la volière pour envoyer cette toute nouvelle lettre.
Annotations