PdV Achlys

Je voyais bien que Loraevere était plus concentrée à détailler Lume et cela fit naître un sourire malicieux sur mes lèvres. Plus encore lorsque je vis que Lume la détaillait aussi. Du moins, jusqu'à ce qu'elle parte brusquement vers la sortie. Vers la salle d'entraînement. Si j'avais pu la suivre pour lui demander ce qui n'allait pas je l'aurais fait mais le Général Hlapen voulait absolument me parler des dernières nouvelles qu'il avait reçues juste avant de quitter le palais.

J'insistai pour que lui et sa fille se reposent une petite heure mais il refusa catégoriquement. Je lui accordai donc sa discussion, et le fit monter dans ma chambre, sa fille sur nos talons. La montée fut rapide et silencieuse. Mon amie et son père admiraient les couloirs joliment décorés par les Gardiens de Terre depuis des siècles. Une fois devant ma chambre, j'ouvris la porte avant de les inviter à entrer. Je refermai la porte derrière moi et allai à la fenêtre pour chercher Lume du regard. Ma recherche fut interrompue par Amaël Hlapen qui se raclait la gorge. Je retournai vers eux et m'assis sur mon bureau.

- Je suis navré, je suppose que vous avez beaucoup de choses importantes à faire Majesté, mais je crois que je détiens une information qui pourrait vous être vitale. Commença le Général. Ma fille vous l'a sûrement dit, mais quelqu'un nous a tenu au courant de vos déplacements, de vos moindres faits et gestes. Cette personne nous a révélé son identité pour que le groupe à vos trousses puisse plus facilement le retrouver. Je ne suis plus très sûr de son nom malheureusement, je crois que cela commence par un C, ou non un S. Fichtre! Comment puis-je oublier quelque chose d'une telle importance. Pardonnez-moi… Dit-il accablé par la honte.

- Ce n'est rien de très important. Pour le moment nous ne pouvons pas quitter la Chapelle tant que Owein n'a pas fini d'apprendre les bases qu'un Gardien doit connaître et- Je fus coupée par le Général.

- Le Colonel Curaidh est Gardien?! Mais depuis quand? Me questionna-t-il

- Très peu de temps après que nous soyons arrivés à la Chapelle… Il y a eu une attaque de Celeanos et Owein à décidé de participer à la bataille, se faisant, il a été béni par le dieu Rekesis. Depuis il s'entraîne avec le Gardien qui dirige ce lieu. Nous partirons vers le nord lorsque nous serons sûrs qu'Owein maîtrise ses pouvoirs. Ça nous évitera bien des ennuis.

- Et bien… Il s'en est passé des choses! S’exclama-t-il, sûrement encore un peu secoué par cette nouvelle.

- Loraevere, ton père est-il au courant de ce qu'il s'est passé avec Connor? Demandai-je en me tournant vers mon amie.

- Oui, il l'est. Me répondit mon amie sans aucun doute.

- Ce nom me dit quelque-chose en effet, je ne saurais dire si je m'en souviens par rapport à ce que Lora' m'a raconté ou si c'est autre chose…Commenta le père de mon amie. Un temps passa avant qu’il ne s’exclame. Si! Je sais! Connor est le nom de notre informateur!

Mon visage se ferma instantanément. J’avais les sourcils froncés et les lèvres pincées, un regard noir et meurtrier. Voilà à quoi je ressemblais à cet instant précis. La colère bouillonnait au fond de mon être, je la sentais arriver dans mes mains. Je pris une inspiration lente et profonde puis expirai lentement, en utilisant mes mains pour éviter un malencontreux accident.

Mes yeux se fermèrent, cela m'apaisa quelque peu. Je les ouvris et vis qu'EÒghan était entré dans ma chambre et m'observait avec attention. Il m'adressa un bref signe de tête avant de s'adresser à nos nouveaux compagnons, leur demandant avec politesse de quitter la pièce car il devait absolument me parler. J'allais l'interrompre pour lui dire que nous n'avions pas fini notre discussion mais son regard me fit taire. Je n'aimais pas cette partie de moi qui se laissait faire, mais pour le moment il y avait plus grave que ma facilité à obéir.

- Que se passe-t-il pour que tu interrompes ma discussion avec le Général Hlapen? Questionnai-je, agacée.

- Je venais justement voir ce qu'il avait à dire. Cependant quand je suis rentré tu avais l'air sur le point d'exploser de colère. Me trompe-je?

Il eut pour seule réponse un grognement de ma part. Cela le fit sourire, et me fit plus enrager.

- Qu'a-t-il dit pour que tu sois à ce point énervée? Achlys cesse de faire ta tête de mule et dis moi bon sang! S'agaça-t-il.

- Connor.

- Quoi "Connor"? Demanda-t-il dans un soupir

- C'est lui qui balançait à la Cour où nous nous trouvions à chaque fois. Voilà comment ils ont su que nous étions aux abords du Bois Royal.

J'attendais de voir quelle serait sa réaction mais il restait de marbre, comme s'il attendait une suite à ma phrase. Il continuait de me regarder. Je fis les gros yeux en comprenant qu'il n'était absolument pas étonné ni enragé à l'idée de s'être trompé au sujet de cet homme qu'il avait accueilli dans le groupe.

- Tu n'es absolument pas étonné de cette révélation.

- En effet.

- Depuis quand t’en doutes-tu? Le questionnai-je, le ton de ma voix montant dans les aiguës, frustrée.

- Depuis que tu t’es blessée et surtout depuis que, grâce à Llion, nous savons que c'est lui qui t'as blessé le bras. Pire qu’il a tenté de te tuer.

- Tu aurais dû m'en parler! Cela me concerne moi!

- Baisse d'un ton Achlys. M'ordonna-t-il d'une voix calme mais tranchante.

Et c'est ce que je fis. Mieux. Je me tus et laissai le silence prendre place entre nous. Je bouillonnais rien qu'à l'idée qu'il ait pu se douter de la culpabilité de Connor et qu’il ne m'en ait parlé. Je savais que nous ne nous entendions pas comme des amis mais je pensais que nous étions des camarades, pourtant, il continuait de cacher des informations qui aurait pu me coûter beaucoup. Ma tête par exemple.

Nous nous regardions en chiens de faïence, attendant que l'un d'entre nous reprenne la parole. Cependant, les minutes s’égrenèrent et le silence était toujours roi. Ce fut, finalement, moi qui repris la parole pour dire une seule phrase.

- Entraîne moi. Dis-je de but en blanc.

La réponse tardait à venir, faisant monter la tension. J'appréhendais, surtout qu'EÒghan semblait se délecter de ma frustration face à ce silence.

- D'accord.

C'était la réponse que j'avais attendue depuis des jours que je m'entrainais, et cette réponse était enfin arrivée.