voyage et machination

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Le voyage durait depuis quatre jours maintenant et la bonne humeur faisait partie intégrante de cette aventure. Je discutais énormément avec Loraevere de ce qu’il s’était passé depuis notre première rencontre, parfois parlait-on de notre enfance mais c’était rare, je n’aimais pas trop parler de cette période, qui, jusqu’à maintenant avait été la plus belle période de ma vie. En effet, depuis plusieurs semaines je vivais, je n’étais plus prisonnière, je n’avais plus à me cacher et c’était tellement agréable que je ne voulais pas me remémorer de durs instants.

Bien sûr, je n’oubliais pas de passer du temps avec Lume, je lui consacrais du temps lors des repas mais surtout lors de nos entraînements quotidiens le soir, juste avant le repas. C’était devenu un rituel avec elle, Llion et Owein. Mon entraînement se faisait surtout avec EÒghan mais j’étais tout de même présente, près d’eux. EÒghan ne me faisait pas de cadeaux, je finissais très souvent, trop souvent, épuisée et avec beaucoup de nouvelles ecchymoses. Cela ne plaisait pas beaucoup à Owein mais il ne pouvait rien y faire, d’autant plus que l’on commençait à voir un net progrès du côté de ma magie. Je ne pouvais pas me ramollir maintenant. J’irais jusqu'au bout de ces affreux entraînements et en ressortirais plus grande encore.

Le moment que je préférais était sans aucun doute le repas du soir, justement après ces horribles entraînements. Je retrouvais Loraevere et son père, ainsi que les autres Gardiens à qui je ne parlais plus vraiment, et nous discutions de tout et de rien durant tout le repas. Ce dernier s’éternisait souvent, nous ne voulions jamais aller nous coucher, car cela signifiait qu’une journée de plus s’était écoulée sans encombres mais qu’en serait-il de la prochaine? Nous n’étions jamais sûrs de ce que nous pourrions croiser dans la journée. Ces longues journées étaient angoissantes comparées à ces nuits d'insouciance. Le repas était fait de beaucoup de rire, cela emplissait l’air de bonne humeur, nous laissant dans le calme et la joie. Nous étions tous ensemble et c’était la seule chose qui importait réellement. Nous devions rester unis pour pouvoir en ressortir vivant.

Le soir du quatrième jour, nous atteignîmes enfin la forêt de la Lune. Cette forêt était sublime, tous les arbres ici étaient argentés sous les rayons de l’astre, c’est pourquoi, il y a un millénaire, mon ancêtre l’avait nommée ainsi. Il me semblait n’avoir jamais mis les pieds ici, pourtant j’avais l’impression d'être venue des centaines de fois. Nous continuâmes un peu, cette fois-ci à pieds pour soulager nos chevaux épuisés.

La forêt, comme toutes celles en Efeilliad, était comme vivante et apportait vie et prospérité au pays sans que l’on y fasse attention. J’aimais ce genre de lieu, la nature m'apaisait comme la berceuse que chantait ma mère il y a de cela longtemps. J’allais continuer d’avancer mais le groupe s’arrêta et lorsque je me tordis le cou pour comprendre pourquoi je vis que nous étions arrivés au Bassin de Corail. Je lâchai mon cheval pour me rendre devant cette eau pure et limpide, cela me donnait envie de m'y baigner. Cependant, EÒghan ne m’en laissa pas le temps car, déjà, il était en train de donner des ordres au groupe. Je me joignis donc à eux pour savoir quelle serait ma tâche pour ce soir.

Je m’avançai vers mon mentor et celui-ci me fit signe de le suivre à l’écart du groupe. Une fois loin des oreilles indiscrètes, EÒghan me conseilla d’aller faire un tour pas trop loin, pour “méditer”. Je le regardai bizarrement avant de faire ce qu’il m’avait plus ordonné que conseillé.

Je ne comprenais pas bien pourquoi il m’avait envoyé ailleurs mais j’en profitai pour découvrir ce majestueux paysage. Très vite, je sentis une présence qui m’observait, je m’arrêtai donc et me retrouvai nez à nez avec ce loup. Toujours le même depuis le Sanctuaire de Khyal, pourtant, de mon côté j’avais évolué, du moins c’est ce que je croyais, c’était mon impression.

Sans que je n’eus besoin de l’appâter, cet animal s’approcha de moi puis s’assit à mes pieds. Je le regardais faire, regardant autour de moi, me pinçant pour vérifier que je ne dormais pas. C’était bel et bien la réalité, ce loup s’était assis à mes pieds et me regardait fixement. J’hésitai un court instant et tentai de poser ma main sur sa tête, elle s’approchait doucement de lui et à ma grande surprise, il se laissa faire. Je le caressais depuis de longues minutes lorsque je le sentis bouger. Je baissai le regard et aperçus sa mine fatiguée. Il se relevait, me lécha la main et repartit sans un regard en arrière. Cet instant était des plus étranges mais je le savourais, je ne savais pas quand est-ce qu’un tel moment referait surface. Ainsi, je repris le chemin vers le campement, l’air rêveuse et détendue.

Une fois de retour au campement , j’étais résolue à garder cette rencontre pour moi, je le leur dirais plus tard peut-être mais pour le moment je voulais garder cet instant rien que pour moi. Je rejoignis les autres, déjà assis tous ensemble autour d’un feu en mangeant du poisson. Je m’assis à côté de Owein qui déposa un chaste baiser sur mes lèvres, je lui offris un sourire et un baiser sur la joue avant de prendre un morceau de poisson à mon tour.

Le repas s’était passé comme tous les précédents, dans la bonne humeur et la joie. Très peu de rire car nous avions pu observer toute sorte d’animaux qu’il ne fallait pas effrayer. Ainsi, nous avions pu voir des biches accompagnées de leurs faons mais aussi des renards et des lièvres. Parfois même des écureuils au-dessus de nos têtes qui sautaient de branche en branche sans jamais tomber. C’était après un long moment d’observation que nous avions décidé d’un commun-accord d’aller nous coucher, ici aux abords du Bassin de Corail.

*****

PdV Connor

Des jours entiers que nous voyagions et enfin nous y étions! La Tombe d’Ignis était là, devant nous, elle ne s’attendait cependant pas à notre arrivée si soudaine. Ses habitants n’avaient pas eu le temps de se préparer à une possible attaque de notre part, où alors pensaient-ils que leur vénérée Princesse arriverait avant nous. C’était un échec cuisant pour eux. Il se disait dans tout le pays que les Gardiens de Feu étaient les plus féroces et les plus durs à vaincre pourtant ils étaient là et ne semblaient pas au meilleur de leur forme. Je les regardais se démener, un sourire carnassier aux lèvres, le regard qui demandait que le sang soit répandu.

Nous avions tout prévu. Notre arrivée précoce et ce, durant la nuit, les prenant deux fois plus par surprise. Au début, nous nous étions dit que nous allions seulement désarmer les Gardiens puis les enfermer dans leur sous-sol miteux. Mais une fois aux abords de ce lieu sacré, j’avais décidé de le profaner. J’ordonnai donc qu’on tue presque tous les Gardiens. Lorsqu’on me demanda pourquoi pas tout le monde ma réponse fut concise. “Pour piéger le Princesse et son amie la Gardienne.”. Les regards étaient tournés vers moi, pour être sûrs d’avoir bien entendu. Je fermai les yeux un court instant avant de me tourner vers eux et leur expliquer le plan qui venait de se dessiner dans ma tête. Une fois cela fait, je les envoyai au combat.

C’est ainsi, que le massacre commença, moi en haut, observant la scène à l'abri et la vermine en bas, en train de se faire exterminer par une autre sorte de vermine. Je ne prenais pas part au combat car je devais mettre mon plan à exécution et écrire une lettre à une personne en particulier. Je m’affairai donc à l’écriture de cette bien triste nouvelle pour notre chère Lume. Comment réagirait-elle à l’annonce du massacre de ses pairs? Elle viendrait et la Princesse ne la laisserait pas venir seule, je pouvais le parier sans crainte de perdre. Bientôt, je pourrais me débarrasser de cette petite prétentieuse qui n’avait rien fait pour mériter le titre honorifique qu’elle possédait. Je prouverais au monde entier que c’était moi qui devrais être nommé Roi et personne d’autre.

Le combat ne dura pas longtemps, peut-être une heure, deux tout au plus. Cela m’avait laissé largement assez de temps pour finir la lettre et l’envoyer dans la foulée. Une fois que les soldats s’étaient assurés que le nombre de Gardiens encore en vie était, à vue d'œil, de un dixième je pus enfin utiliser le talisman autour de mon cou pour manipuler l’esprit de ces pauvres hommes et femmes épuisés par le combat qu’ils avaient lamentablement perdu.

Nous pûmes enfin nous reposer tranquillement, dans des chambres bien confortables. Les Gardiens restant étaient au sous-sol, profondément endormis. Leur subconscient était sûrement en train d’attendre l’arrivée de Lume et d’Achlys. Tout comme nous.

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