La révélation d’EÒghan
PdV Achlys
Les jours s’écoulèrent et le voyage était toujours sans réel encombre. Le groupe commençait enfin à se ressouder, Seimon et Cilistro m’ayant présenté des excuses par rapport à leur comportement envers moi lorsque Connor était avec nous. J’avais eu du mal à accepter leurs excuses mais je devais faire un pas vers eux comme ils l’avaient fait avec moi. J’avais décidé de leur pardonner et depuis aucun incident ne s’était produit.
Tout allait pour le mieux dans nos relations. Je passais toujours autant de temps avec mes deux amies mais surtout pendant le trajet, mes nuits étant consacrées à Owein. Notre relation était florissante, aucun problème n’était venu gâcher notre bonheur. Tout allait réellement pour le mieux, du moins pour notre petit groupe. Nous étions tous conscients que ce n’était pas le cas pour tout Efeilliad.
Ce soir-là, aucun de nous ne voulait s’arrêter mais EÒghan ne nous laissa pas le choix. La journée avait certes été longue et éreintante, mais pour la première fois depuis que nous avions quitté la Chapelle, nous étions plus proches que jamais de la Tombe d’Ignis. Nous ne savions pas encore à quel point nous aurions dû forcer EÒghan à continuer notre chemin.
En effet, le lendemain matin nous pourrions nous apercevoir que nous nous étions arrêtés alors que la Tombe se trouvait à l’horizon. En attendant, nous nous rassemblions tous car une nouvelle fois, certains allaient devoir chasser tandis que les autres allaient installer le campement. Dans mon cas, je m’entraînais avec Llion sur le combat au corps à corps, je venais de recevoir un joli crochet du droit dans la mâchoire. Cela laissa l’opportunité à Llion de me mettre K.O, son coup précédent m’ayant sonné.
Une fois mon entraînement terminé et mes blessures pansées, je me dirigeai vers EÒghan qui était assis autour du feu que Lume avait fait apparaître. Je m’assis aux côtés de cet homme qui, il y a des semaines de cela, m'avait paru froid et sans coeur. Je pensais toujours qu’il avait l'allure froide mais son cœur semblait aussi chaud que de la lave en fusion, seulement, il gardait tout pour lui. Je le voyais dans son regard, j’avais le même lorsque je l'avais rencontré, depuis j’avais laissé des gens s’approcher de moi et de ma vérité, avec gêne au début et maintenant avec soulagement.
Je ne disais rien, j’étais uniquement là, assis à côté d’une personne que je considérais presque comme un ami. J’attendais qu’il daigne ouvrir la bouche et éventuellement qu’il me dise ce qu’il avait sur le cœur s’il en avait l’envie et le courage. Je n’étais pas là pour le brusquer, j’étais là pour lui, pour l’aider. Après quelques minutes à regarder le feu danser, EÒghan ouvrit la bouche pour commencer une discussion qui n’aurait jamais dû exister.
- Que sais-tu de ton arbre généalogique? Me demanda-t-il sans préambule
- Et bien...Pas grand chose à vrai dire. Ma mère s'appelait Qhetheia Hildorae Erolwyn, née le 4 Agwo 4140 à Efeilliad. Elle était la Reine de notre royaume jusqu’à sa mort il y a quelques semaines et c’est tout. Je ne sais pas grand-chose de mes grands-parents non plus. Répondis-je, intriguée
- Qu’en est-il de ton père?
Je ne répondis pas, je le regardai simplement. Je ne comprenais pas bien pourquoi il me parlait de ma famille. Je savais seulement que c’était ma mère qui nous avait envoyés, Owein et moi, retrouver EÒghan. Du reste, je n’étais pas au courant du pourquoi ni du comment. Avant que je ne puisse l’interroger sur ses intentions, il reprit la parole.
- L’autre soir, je t’ai entendu discuter avec Owein. Je sais aussi que tu lui as demandé s’il savait qui était ton père. Ou si son père à lui, l’Eynon Selwyn, savait qui était ton père. Il t’a répondu qu’il n’était au courant de rien, et c’est la pure vérité. Cependant, je te parle de cela car je sais qui est ton père. et je suis tellement désolé Achlys…
- Pourquoi donc? Est-il mort? Ou pire, veut-il ma mort? Le questionnai-je, ma voix montant un peu plus dans les aiguës à mesure que l’angoisse montait. EÒghan répond moi au lieu de rester ainsi muet!
- Non rien de tout cela, mais…
- Mais quoi? Le coupai-je, la nervosité me rongeant le ventre.
- Pardon de ne pas avoir su être le père que j’aurais dû être pour toi et dont tu avais tant besoin pendant toutes ces longues années.
Je regardais l’homme face à moi qui m’était finalement toujours autant étranger après avoir passé tant de temps sur les routes ensemble. Depuis tout ce temps, mon père était à mes côtés et il ne me le disait que maintenant. La colère montait en flèche dans mon sang et avant même que je ne puisse l’insulter de tous les noms, le noir m’attrapa dans ses bras. Je plongeai dans l’inconscient, pour la première fois depuis quelque temps. Comme cet inconscient ne m’avait pas manqué...
*****
J’avais un mal de crâne horrible lorsque je me réveillai. Tout le monde semblait déjà levé au vu du bruit que je pouvais entendre autour de moi. J’ouvris les yeux et tombai nez à nez avec Lume qui semblait heureuse de me voir réveillée. J’allais l’interroger sur sa bonne humeur mais c’est à cet instant précis qu’EÒghan choisit d'apparaître dans mon champ de vision. Les souvenirs de la veille me revinrent en mémoire et j’eus la force soudaine de me lever et d'approcher cet inconnu. Des tonnes de questions me vinrent en tête. Pourquoi ne me le disait-il que maintenant? Savait-il à quel point j’avais eu besoin de lui étant jeune? Savait-il que je le haïssais d’avoir laissé ma mère m’enfermer? J’étais écoeurée de son comportement, scandalisée de son silence. Je me plantai devant lui avant de lui administrer un coup de poing dans la mâchoire. Tout le monde fut sous le choc, moi y compris, et cela pour deux raisons. La première, j’avais porté un coup à notre chef de groupe en dehors d’un entraînement. La deuxième, EÒghan avait fini une dizaine de mètres plus loin, laissant une aura rouge dans l’air. Ma force s'était servie de ma magie pour s’amplifier. J’avais perdu le contrôle pendant un bref instant. C’était un instant de trop.
Après cet incident, tout le monde avait décidé de faire comme si de rien n'était, ou alors ils n’osaient tout simplement pas en parler. Je ne voulais pas m’en préoccuper, j’avais déjà beaucoup de choses à penser et à remettre en ordre dans ma tête. Je laissai donc les autres faire ce qu’ils voulaient et même penser ce qu’ils voulaient. Je ne voulais pas en parler.
Ainsi, le voyage vers la Tombe d’Ignis qui était sous notre nez commença.
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