Chapitre 6
Une douleur aigue et un sentiment de faiblesse.
Voila ce que ressentait Tom Jedusor en cet instant précis. Le noir ne lui faisait pas peur bien au contraire, il était réconfortant pour lui. Seulement, cette noirceur là était différente. Il lui semblait qu’il ne pouvait pas s’en sortir à défaut de la maitriser comme il le souhaitait. Cette sensation le répugnait, il s’agissait d’une faiblesse répugnante.
Lorsqu’il ouvra les yeux, il se trouvait sous terre. Du moins c’est ce qu’il pensa au premier abord. Il tenta de se relever sur les coudes, ses poignés lui déchirant le visage de douleur. Il fût surpris de les voir bander, une forte odeur de menthe se dégageait de l’onguent à travers les bandages. Il se trouvait en réalité dans une grotte, l’humidité et la fraicheur emplissait la cachette. Du lierre et des rochers masquaient l’entrée de la cavité. Il était allongé à même la pierre mais des vêtements roulés en boule servaient d’oreiller de fortune. L’idée de ne pas avoir réussis s’empara de lui. Avait-il échoué ? Il avait sans aucun doute été secouru par quelqu’un. Il se promit de le tuer le plus rapidement possible. Dès qu’il aurait recouvré un minimum de force. Etre aider ne faisait pas partie de ses intérêts.
Après quelques secondes à se remettre de son profond sommeil, la panique le gagna. Il chercha du regard sa baguette. Sans elle il ne pouvait rien faire. Il ne la voyait nulle part. L’horreur lui arracha une grimace de douleurs à chaque mouvement qu’il faisait pour tenter de mettre la main sur sa précieuse baguette.
- C’est surement ça que tu cherches ? entendit-il derrière lui.
Il se retourna aussi vite qu’il le pu, pour faire fasse à son sauveur qu’il maudissait plus que tout.
Une elfe. Et elle brandissait sa baguette du bout des doigts avec le plus de mépris possible.
- Un vulgaire bout de bois pour canaliser votre magie j’imagine.
- Rend moi ça lui ordonna t-il avec hargne.
- Je ne crois pas non.
Le soulagement et la colère s’entremêlait. D’une part, il avait réussis à passer le fameux voile. Sa vie contre le passage avait suffit. Tants de sorciers se sont user à la tâche mais aucun d’entre eux n’avaient jamais vraiment voulu mourir. Mourir sincèrement pour pouvoir accéder à ce monde enchanté et puissant. Jedusor exaltait puis la colère assombrit ses traits. Il émanait une telle détermination du jeune elfe qu’il décida de remettre à plus tard son assassinat. Il tenta de se relever, et elle ne l’aida pas. « Tant mieux » pensa t-il. Elle l’observait avec une méfiance non dissimulée. Elle le jaugea de haut en bas.
- Tu récupères vite pour un humain.
- Personne ne ta demandé de m’aider.
- Venir en aide aux animaux en situation de faiblesse est l’un de mes plus gros défauts, lui répondit-elle nonchalante.
Intéressant. Jedusor jaugea également l’elfe. Elle devait avoir son âge peut être un peu plus jeune. Contrairement à l’elfe de Feu qu’il avait rencontré devant le Chaudron Baveur, elle n’était pas striée de tatouages et de marques magiques. Elle ne semblait pas avoir peur, bien au contraire elle dégageait une aura de force qui énerva encore plus le sorcier. Elle portait des vêtements près du corps de couleur terne, sans doute pour mieux se faufiler comme un vulgaire primate sur les branches des arbres. Ses cheveux étaient aubrun, sa peau caramel et ses yeux d’un vert transperçant. Tom Jedusor avait connu quelques femmes dans sa vie, des jeunes, des plus âgés. Elles lui servaient uniquement à assouvir un besoin primaire et il les considérait comme de vulgaire objet. Il n’avait pas besoin de faire quoique soit, elles venaient à lui, éperdues et folles de lui. Elles étaient vides, sans intérêts, sans force ni pouvoir. De vulgaires poupées. Heureusement, l’amour ne faisait pas partie de ses priorités, sauf pour l’exterminer. C’était une barrière à la magie et une faiblesse qu’il ne pouvait tolérer. D’autant plus que tout ce qui s’y rattachait le dégoutait au plus haut point.
Il devait cependant reconnaitre que la jeune elfe qui se tenait devant lui était différente. Il émanait d’elle une force de caractère bien trempée. L’intelligence se reflétait dans ses pupilles. Cette information lui grisa davantage le moral. Il allait peiner plus que d’ordinaire pour lui ôter la vie. A moins qu’il ne puisse l’utiliser. Cette pensée lui fit ravaler sa colère l’adoucit.
- Heureusement pour toi je ne suis pas un animal.
- Non bien sûr. Le terme de boucher te conviendrais mieux.
- Heureusement pour moi je reste un animal civilisé et non reclus dans sa petite forêt comme un rat.
Elenwë compris qu’il ne se laisserait pas faire aussi facilement qu’elle l’espérait. Elle décida de changer d’angle d’attaque.
- D’où viens-tu petit étranger ? Tu sembles être une brebis égarée, lui répondit-elle son poignard dégainé.
Elle avait délibérément insisté sur le terme « petit » et « brebis », car son homologue semblait un tantinet narcissique et trop sur de lui. La vu du poignard ne l’apeura pas la moins du monde. Aussi, Elenwë décida d’approfondir son approche. En un clin d’œil, elle se retrouva devant lui et plaqua la pointe de sa lame au niveau de son cœur. Il eu un léger mouvement de recul mais il s’appuya légèrement contre la lame. Ils s’échangeaient un regard d’une colère réciproque et très intense. Celui du sorcier foudroyait l’elfe de dégout et de mépris. Celui de l’elfe transperçait le sorcier d’écœurement et de haine. Une goutte de sang perla le long du poignard. Il n’avait pas peur, et elle n’avait pas peur non plus.
- Enfonce le davantage je t’en prie. La mort ne me fait pas peur et ne constitue pas une fin en soi pour moi petite sauvageonne, dit-il la mâchoire serré.
Elle rengaina son poignard. Visiblement cette forme de menace ne fonctionnait pas. Elle se recula et repris la baguette qu’elle avait coincé dans son dos.
- Très impressions. Je suis la sauvageonne mais je parle à un humain qui a besoin d’un bâton pour pouvoir utiliser sa magie. Il me semble que c’est un objet d’une très grande valeur pour vous n’est-ce-pas ?
Jedusor déglutit. Elle avait changé d’approche et menaçait son seul point faible. Il ne s’était donc pas trompé, elle était intelligente et donc une nuisance qu’il fallait étouffer rapidement.
- Je te conseil de ne pas faire n’importe quoi avec, tu risquerais de le regretter amèrement.
- Oh je vois et comment compte tu me faire regretter si je la casse en deux ? Elle imita le mouvement en prenant la baguette entre ces deux mains en évidence devant le jeune homme.
Il perdit son sang froid et s’élança vers elle pour la plaquer au sol et lui arracher la baguette des mains. L’elfe ne lui laissa pas le temps d’arriver à quelque centimêtre de lui, elle se tomba en arrière et se faufila entre ses jambes et se retrouva dans son dos. La baguette dans une main.
- Si c’est comme ça que tu comptes la reprendre je pense que c’est peine perdue pour toi.
- Rend moi ça tout de suite, lui cracha t-il bouillonnant de colère.
- Se serait comme te rendre ton arme, je préfère que tu restes faibles à gesticuler dans tout les sens.
- Rend moi cette baguette ! son hurlement se heurtant dans toute la grotte.
Visiblement l’étranger était un colérique, narcissique et sans aucun doute un meurtrier compulsif. Elle s’élança et lui assena un coup de genoux dans l’abdomen. La jeune elfe avait croisé la route de beaucoup d’individus de cet acabits. La force du coup lui coupa le souffle et le propulsa en arrière. Il se rattrapa au dernier moment et la dévisagea, la haine suintait de chaque pores de sa peau elle le sentait.
- Je pense qu’il faut que tu comprennes mieux la situation. T’es crise d’autorité et tes hurlements ne me feront rien. Je ne te rendrais pas ta baguette, si tual veux il faudra réussir à me tuer.
Elle s’était approché à chaque fin de phrase jusqu’à se retrouver nez à nez avec lui. Il était grand et longiligne, pour autant il n’était pas maigre ni faible physiquement. Il semblait robuste et plutôt fort. La première règle était d’observer son assaillant avant de combattre pour connaitre ses faiblesses, et il en avait énormément. Cependant, si elle baissait sa garde, il serait capable de la tuer même sans sa baguette. Il ne répondit pas, son visage crispé par la douleur et la colère suffisait.
- Comprends bien une chose, sans moi tu serais mort à te vider de ton sang dans la rivière. Et sans moi tu vas surement mourir, soit en te prenant les pieds dans une racine d’arbre soit en croisant la route des mauvaises personnes. Les humains ne sont pas les bienvenus ici, tu dois sans doute le savoir.
Il ouvrit la bouche pour répliquer mais elle ne lui laissa pas le temps de répliquer en s’approchant encore plus de lui son poignard tenu fermement dans sa main.
- Maintenant tu vas répondre à mes questions et arrêter tes petites crises. D’où viens-tu ? Il ne lui répondit pas. Elle lui attrapa le bras et appuya sur ses plaies. Il ne cria même pas, retenant la douleur en lui, mais il lui lançait un regard d’une telle fureur qu’Elenwë frémis légèrement. J’ai dis d’où viens tu ?
Tom Jedusor se promis une chose. Tuer cette elfe avec lenteur pour pouvoir se délecter de sa souffrance. Elle était à quelque centimètre de lui, elle sentait la fraicheur de la fôret avec une pointe de muguet. Lui qui appréciait dominer ses ennemies, elle faisait presque la même taille que lui. Bine plus grande que l’elfe qui l’avait déjà croisé. Elle n’avait pas franchement tord. Il avait besoin d’elle. La source de la magie primitive ne devait pas se trouver aussi facilement dans cette forêt. Et il ne connaissait pas les espèces qui pouvaient vivre ici. Aucunes informations n’avaient été données sur le monde des elfes. Il restait caché, on ne savait donc pas de quelles espèces il était peuplé ni combien. S’il arrivait à la manipuler il serait en sécurité au moins un certain temps. Jouer la comédie n’était pas un problème pour le sorcier. Il l’avait fait toute sa vie. Mentir et manipuler faisaient partie de ses qualités. A contrecœur il lui répondit.
- De l’autre côté du voile, d’Angleterre.
- Comment as-tu réussis à venir ici ?
- J’ai fais croisé une de tes semblables. Elle m’a tout raconté.
- Une elfe sortie du voile ?
- Visiblement elle y est parvenue. Nous nous sommes rencontrés et elle m’a expliqué comment venir ici.
- Pourquoi es tu venu ici ?
- Je recherche quelque chose qui n’existe qu’ici.
- Et qu’est ce que c’est ?
- Ca ne te regarde pas.
- Au contraire je pense que ça me regarde. Sinon je peux te laisser tout seul ici à mourir de faim et te faire dévorer par le premier dragon qui passe.
- J’en doute sinon tu l’aurais fais depuis le début, répliqua t-il la douleur lui brouillant la vue de plus en plus.
- J’ai aussi des plans dans lesquels tu pourrais m’être utile.
- Aucune chance que je t’apporte mon aide misérable sauvageonne.
- Attention à ce que tu dis l’humain, ici tu n’es supérieur à rien ni personne. Tu n’es qu’un moins que rien sans ton petit bout de bois. Et même si tu l’avais ta magie est des milliers de fois moins puissante que celle qui règne ici. Les impuretés ne font pas long feu par ici. Tu veux t’en rendre compte par toi-même en restant ici tout seul ?
Il ne répondit pas. Elle avait raison et cette vérité énerva le sorcier qui tremblait de douleur. Il se tenait à la roche comme à une boué de sauvetage. Sa propre faiblesse le dégoutait. Ils étaient si proche l’un de l’autre que Jedusor sentait la chaleur émanant de la peau de l’elfe. La fatigue et ses blessures pesaient sur ses épaules, il se sentit vacillé et tomber en arrière. Elle le rattrapa inextrémis.
Il n’eu pas le temps d’entendre ce que la jeune elfe lui disait car il sombra dans un noir profond.
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