Chapitre 12
- Je vais donc mourir deux fois, souffla t-il l’air contrarié. La vie est très ironique. Moi qui pensait pouvoir la défier, voilà qu’elle me jette au plus bas.
- L’idée de mourir ne te fais pas peur, constata t-elle.
- Et je ne mourrais pas. Tout le monde voit la mort comme une fin. L’obscurité, la noirceur d’une fin. Moi j’y vois des atouts, des possibilités innombrables. C’est une fin si on en a décidé ainsi. Les ignorants pensent que le mal se propage par les forces obscures et la noirceur. C’est tout le contraire, tout ce qui a vécu, vit toujours dans le néant de l’obscurité. C’est pour ça qu’il y a une telle force, une telle puissance de l’autre côté. La vie n’est qu’un début.
- Je croyais que les sorciers ne pratiquaient pas aux forces obscures ? demanda t-elle le ton neutre mais el regard pétillant de curiosité.
- Les lâches tu veux dire. La magie est partout en tout lieu, elle n’a pas de bon ni de mauvais côté. N’en manier qu’une facette est vide de sens. Pratiquer la magie noire est un crime chez moi c’est bien dommage.
Il semblait passionné, avide même. Elenwë n’avait jamais vu quelqu’un animé par une telle ferveur. Elenwë se sentit toute petite. Bien que Jedusor ne soit pas du bon côté du champ de bataille, il avait un but. Ce but guidait sa vie et ses choix. Elenwë avait un but, mais elle n’avait jamais eu le courage d’aller plus loin que d’en réver. Le sorcier avait choisit sa voie, Elenwë devait choisir la sienne. Mais par où commencer pour accomplir son rêve et briser ses chaînes ?
- Ca ne t’effraie pas ce que je dis ? lança t-il interloqué. D’habitude les gens se révoltent pour ce genre de propos et cherchent à m’enfermer.
- Connais-tu la légende de Morwën Qorwyn? lui répondit-elle en se penchant légèrement vers lui pour parler moins fort.
Jamais entendu parler.
C’est normal, personne ne parle de cette histoire, car mon peuple cherche à la dissimulé et l’étouffé.
« Morwën était une elfe de sang royal, descendante directe du Roi Manwë et de la Reine des Étoiles Varda. On raconte que lorsqu’elle était enfant, elle n’avait aucun pouvoir. Une hérésie pour une descendante royale. La cour lui infligeait les pires des châtiments, les prêtresses la purifiaient par des ensorcellements censés la libérer des démons qui l’habitaient. Morwën avait donc grandit dans les cachots du palais royal, comme un objet d’expérience. Son père et sa mère, les Grands souverains de l’époque l’avaient renié. Elle voyait ses frères et sœurs briller de puissance, des dons uniques et des aptitudes hors du commun. Tout ce qu’elle n’aurait jamais. Mais Morwën Qorwyn n’était pas envieuse, ni jalouse, et elle n’a jamais cherché à se venger. Elle réussit à s’enfuir grâce à un garde éperdue d’amour pour elle, mais les soldats la rattrapèrent. Elle arriva au lac d’Yfrendhour, aujourd’hui disparu, un lac si profond que même le jour l’eau y restait noire. Elle s’y jeta et nagea de toutes ses forces, pour vivre. Mais lorsqu’elle arriva au centre du lac elle ne voyait plus ses assaillants. Ils attendaient sur les berges qu’elle meure noyée de fatigue. Prise de panique elle commença à dépérir lentement. Entrainé vers le fond du lac par les créatures magiques marines, elle ne respira plus et perdit la vie. Les soldats attendirent des jours et des jours sans jamais revoir le corps de la princesse regniée. Mais un matin, les soldats, virent le lac à sec et toutes les créatures pourrissants au creux du lac. Les frêres et sœurs de Morwën arrivèrent et cherchèrent le corps de leur sœur maudite. Elle sortit des roches du lac, marqué par la bénédiction du grand Eru. Ses pouvoirs s’étaient enfin réveillés. Emue et heureuse de pouvoir enfin retrouver les siens, elle les rejoignit et leur montra, le don que le Grand Eru lui avait offert. Ses marques brillaient d’un éclat noir anthracite, elle en était recouverte sur chacun de ses membres, montrant sa puissance et sa force. Elle était inégalable, bien plus puissante que les membres de sa famille. Elle remplit le lac d’eau, redonna vie aux créatures. On raconte que ce sont les larmes de son soulagement qui ont rempli le lac.
« Mais les membres de sa famille voyait un monstre, un parjure, une abomination. Elle était pâle, les yeux absents et le cœur arraché de sa poitrine. Elle était revenue de la mort, contre toute les croyances du peuple des elfes. Ils se déchainèrent contre elle. Prise au dépourvue, elle se laissa écraser par leurs attaques. L’un de ses frères la jeta dans le lac sans cérémonie, sans un mot et ils repartirent vers la capitale. Croyant retrouver les bras de la mort au fond du lac, son amant, l’amour de sa vie, celui qui l’avait libérer la sauva à nouveau. Ils se cachèrent dans la forêt, survivant comme ils le pouvaient mais leur amour les maintenait en vie. Hélas, la vie était contre la Grande Morwën. Le Roi et ses troupes s’étaient déployés autour de la forêt et commencèrent une battu pour tuer les amants maudits. Les villageois avaient rapportés au Roi qu’une sorcière hantait la forêt, semant la mort sur son passage. « L’amour de Morwën la protégea autant qu’il le pu, mais le Roi le domina et le tua devant sa fille. Cet instant déclencha en Morwën un vague de haine et de tristesse indomptable et insurmontable. Elle se déchaina, tua lentement chacun des soldats de son père, et enfin elle décapita son père, laissant son corps pourrir et être dévoré par les loups-garous. Elle s’endormie à côté du corps inerte de son amant. Pendant des jours elle resta à ses côtés à le pleurer, son désespoir et le manque de son bien aimé creusant un gouffre en elle. Elle lui offrit des obsèques digne d’un elfe, et parti secourir les tous les enfants maltraités, délaissés, abandonnés et mourants. Elle les recueillit et leur apprit à manier la magie noire. Elle créa la Confrérie des Ombres, son but était de sauver les opprimés contre les puissants grâce à la magie noire. Elle voulait faire comprendre à son peuple, lui qui l’avait rejeté pour ce qu’elle était, le pouvoir qu’elle détenait, que tout ce qui brille à une ombre tout aussi puissante. » acheva Elenwë.
Le sorcier l’écoutait avec intérêt. Elenwë avait sans doute parlé pendant un long moment. Gênée de l’avoir surement ennuyer avec son histoire elle se redressa et se rendit compte que la nuit était sur le point de tomber.
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