Sisyphe à l'oeuvre
Nous regardons l'œuvre en train de s'accomplir et, avant même de commencer à l'analyser, d'exercer notre sens critique, nous percevons le symbole sous jacent, premier mot d'une sémantique en train de se constituer. Affiliés au Principe de Raison, nous regimbons à faire notre cette silhouette qui se présente à la manière d'un cosmos inversé, à savoir en tant que chaos en puissance. La quadrature de notre exister est tellement déterminée par les essentielles polarités d'un habiter sur Terre que nous sommes désemparés à la seule idée de retourner notre univers, de le viser différemment, à savoir d'en découvrir la perspective inhabituelle. Mais notre discours sur l'œuvre s'éclairera par le recours à l'analogie en nous déplaçant vers les toiles, étonnantes à première vue, de Georg Baselitz.
Cet Artiste se fait remarquer à partir des années 1968 - 1970 en peignant ses personnages tête orientée vers le bas. Voyeurs de l'œuvre, nous sommes ontologiquement questionnés jusqu'en notre tréfonds. Être-homme consiste-t-il, aussi bien à assumer la position verticale que le retournement du réel sans qu'une véritable interrogation se fasse jour de l'ordre d'une perte de valeurs ? Chez Barbara Kroll, tout au moins dans l'œuvre analysée, s'institue cette même proposition figurale qui nous met sens dessus dessous. C'est rien moins que notre configuration parmi le monde qui trouve sa propre remise en question. Si la gloire de l'exister au milieu des choses et des animaux se manifestait, jusqu'à présent, par cette éminente aptitude de l'homme à redresser sa silhouette et à la faire se hisser au-dessus de l'herbe de la savane - caractère insigne de la dimension anthropologique -, que reste-t-il de l'humain qui le différencie de la jungle mondaine dès l'instant où il semble basculer dans un genre de perdition ? Car notre vision des œuvres ne demeure pas simplement esthétique. Tout bouleversement de l'optique du monde, toute modification d'un état d'âme entraînent de facto l'ouverture d'une éthique. Notre naturelle esquisse ne saurait s'exonérer d'une histoire culturelle, morale, religieuse sans doute. Si l'homme rayonne et assure la transcendance de son cheminement, c'est, assurément, en raison de projections symboliques qui, toujours, s'effectuent dans notre manière d'être au monde. Épiphanie du visage, caractère sacré, puisque d'abord signe de sa propre reconnaissance, de la reconnaissance de l'Autre. Nous regardant dans le miroir, c'est de nous dont il s'agit, avec cette aptitude à nous élever vers plus haut que nous - notre propre transcendance - alors qu'au-dessus de notre tête se tient l'espace libre du ciel.
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