Prologue

3 minutes de lecture

Date : 12 octobre 2024

Heure : 20h45

La chambre de Matheo était plongée dans une douce pénombre, éclairée uniquement par la lueur dorée d'une lampe de chevet en forme de lune, posée sur une petite table à côté du lit. Les murs étaient décorés de peintures représentant des scènes de forêts enchantées, avec des arbres gigantesques, des animaux mystiques, et des cieux étoilés. Au-dessus du lit, une frise peinte à la main montrait un dragon majestueux volant au milieu des nuages. Les rideaux épais, d’un bleu profond, étaient tirés, coupant le monde extérieur et plongeant la pièce dans un cocon de chaleur et de sécurité.

Mariana était assise sur le bord du lit, une main délicatement posée sur son ventre arrondi, sentant les mouvements doux de la petite vie qui grandissait en elle. Matheo, son fils de six ans, était blotti sous sa couverture, les yeux grands ouverts et pleins de curiosité, fixés sur sa mère. Ses cheveux blonds ébouriffés lui donnaient l'air d'un petit aventurier fatigué, prêt à s'endormir dans le monde des rêves.

« Maman, tu peux me raconter l’histoire de Lavande ? » demanda-t-il, sa voix douce et presque suppliante, comme s'il craignait que le conte puisse disparaître s'il ne le demandait pas.

Mariana sourit doucement, caressant tendrement le front de son fils avant de commencer.

« D'accord, mon chéri. Mais souviens-toi, c'est juste une histoire, d'accord ? »

Matheo hocha la tête, ses petites mains agrippant la couverture avec anticipation.

Mariana prit une profonde inspiration, son regard se perdant un instant sur le ventre qui abritait sa future petite fille. Puis, elle commença à raconter, sa voix prenant un ton mystérieux et captivant.

« Il était une fois, dans un village lointain, une jeune fille appelée Lavande. Elle n'était pas comme les autres enfants. Dès sa naissance, sa peau avait une étrange teinte violette, et ses yeux brillaient dans le noir comme ceux d'un animal. Les gens disaient qu'elle se comportait comme une bête sauvage, qu'elle courait à travers les bois la nuit et chassait comme un loup. Tout le monde dans le village la craignait. Ils disaient qu'elle portait malheur, qu'elle était un mauvais présage. Alors, ils l'évitèrent, la chassèrent, et certains murmuraient même qu'elle ne devrait pas vivre parmi eux... »

Matheo, les yeux écarquillés, interrompit sa mère.

« Mais pourquoi, maman ? Pourquoi ils avaient peur d'elle ? Elle n'avait rien fait de mal ! »

Mariana soupira doucement, touchant instinctivement son ventre qui semblait remuer en réponse.

« Parce qu'elle était différente, mon cœur. Les gens ont parfois peur de ce qu'ils ne comprennent pas. Et dans cette histoire, ils ne comprenaient pas Lavande. Ils ne voyaient que sa différence, qui les effrayait. »

Le jeune enfant fronça les sourcils, pensant profondément aux paroles de sa mère.

« Mais c'est pas juste... »

« Non, ce ne l'est pas, » répondit Mariana avec un sourire triste. « Mais c'est pour cela que c'est une histoire, pour nous rappeler de ne jamais juger quelqu'un juste parce qu'il est différent. »

Elle continua à raconter comment Lavande, rejetée par tous, finit par vivre seule dans la forêt. Les légendes disaient qu'elle était devenue une sorte de créature mi-humaine, mi-animal, capable de parler aux esprits des bois et de contrôler les éléments. Mais personne ne s'approchait jamais d'elle pour vérifier ces histoires, car la peur était trop grande.

Matheo, en écoutant la fin du conte, sentait ses paupières devenir de plus en plus lourdes. La jeune mère, toujours assise à ses côtés, sentait les mouvements apaisés de sa petite fille à venir sous sa main.

« Alors, Lavande est restée toute seule pour toujours ? » murmura Matheo, la fatigue envahissant sa voix.

Mariana sourit, pencha la tête pour déposer un baiser sur le front de son fils et chuchota : « Personne ne le sait vraiment, mon ange. Peut-être qu'un jour, quelqu'un aura assez de courage pour aller la chercher, et découvrir qu'elle n'était pas si différente après tout. »

Matheo ne répondit pas, déjà emporté par le sommeil. Mariana resta là un moment, savourant la quiétude de la pièce, le souffle régulier de son fils endormi et les doux coups de pied de sa fille non encore née. Elle se leva lentement, éteignant la lampe de chevet, et sortit de la chambre, fermant la porte derrière elle avec un sourire pensif.

La nuit s'annonçait paisible, mais quelque part dans son cœur, elle sentait que quelque chose d'inattendu se préparait, une histoire bien plus grande que celle qu'elle venait de raconter.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Podqueenly ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0