Chapitre 2

5 minutes de lecture

Date : 28 octobre 2024

Heure : 13h00

Deux jours s’étaient écoulés depuis la discussion avec Arnold et Louise sur l’histoire de Lavande. Ce jour-là, Mariana avait décidé de profiter de l’après-midi pour se détendre un peu en compagnie de sa meilleure amie, Isadora. Le ciel, d’un gris clair et sans menace de pluie, était parfait pour une sortie en ville. Isadora, une femme pétillante aux cheveux roux flamboyants et aux yeux verts vifs, était toujours partante pour une petite virée shopping, surtout lorsqu’il s’agissait de découvrir de nouvelles boutiques.

Les deux amies se retrouvèrent devant une petite boutique récemment ouverte, nichée dans une ruelle calme du centre-ville. L’enseigne, en bois sculpté, portait le nom mystérieux de « Les Trésors Enfouis ». La vitrine était ornée d’objets insolites : des fioles colorées, des bijoux anciens, et des livres à la couverture usée qui semblaient tout droit sortis d’un autre temps.

« Tu es sûre que c’est ici ? » demanda Isadora, sceptique, en ajustant les manches de son manteau noir, un tic qu’elle avait lorsqu’elle se sentait mal à l’aise.

« Absolument, » répondit Mariana avec un sourire. « J’ai entendu dire qu’ils ont des choses fascinantes à l’intérieur. »

Elles poussèrent la porte de la boutique, une petite clochette retentit, annonçant leur arrivée. L’intérieur de la boutique était à la fois cosy et mystérieux. Les étagères en bois sombre étaient chargées de livres anciens, de bibelots en tout genre, et de bijoux aux pierres précieuses enchâssées dans des métaux patinés par le temps. Une odeur de bois, mêlée à celle d’herbes séchées, flottait dans l’air, donnant à l’endroit une atmosphère d’un autre siècle.

Alors qu’elles parcouraient les allées, Mariana s’arrêta brusquement devant une section consacrée aux contes et légendes. Ses yeux furent immédiatement attirés par un livre dont la couverture était d’un violet profond, presque hypnotique, avec des motifs dorés représentant des branches entrelacées. Le titre, « Les Légendes Oubliées : La Véritable Histoire de la Fille Violette », était gravé en lettres élégantes et anciennes. Le livre semblait à la fois précieux et mystérieux.

« Regarde ça, Isadora, » murmura Mariana en attrapant délicatement l’ouvrage. Le poids du livre dans ses mains, la texture de la couverture en cuir vieilli, tout suggérait une antiquité rare et précieuse. Le prix, noté en petits caractères, aurait été exorbitant pour une famille vivant au SMIC, mais Mariana, elle, pouvait se permettre ce genre de folie.

Isadora, qui fouillait dans un présentoir voisin, jeta un coup d'œil au livre.

« Tu es sûre que tu veux dépenser autant pour un vieux conte ? » dit-elle en souriant, bien que ses yeux trahissaient une légère appréhension.

« Pourquoi pas ? » répondit Mariana en haussant les épaules. « C’est une version différente de l’histoire de Lavande. Je suis curieuse de voir ce que celle-ci raconte. »

En continuant de parcourir les articles, son regard fut attiré par un collier délicat, exposé sous une cloche de verre. À l’intérieur du pendentif en forme de goutte, une fleur de lavande semblait emprisonnée dans une pierre transparente, figée dans le temps. Le bijou était d’une beauté singulière, simple mais captivant. Mariana se sentit étrangement attirée par ce collier, comme s'il résonnait avec elle d’une manière qu’elle ne pouvait expliquer.

Pendant ce temps, Isadora avait jeté son dévolu sur une bague en argent ornée de motifs serpentins et des boucles d’oreilles assorties, en forme de serpent enroulé.

« Je pense que celles-ci sont pour moi, » dit-elle en riant. « Elles iront parfaitement avec ma nouvelle robe noire. »

Elles se dirigèrent ensemble vers la caisse, où une femme d’un certain âge, aux cheveux argentés et aux yeux perçants, les attendait derrière le comptoir. Elle portait une robe longue aux motifs ethniques et un collier de pierres sombres qui cliquetaient doucement à chaque mouvement. Ses doigts fins, ornés de bagues, trituraient un bracelet en argent avec une certaine nervosité.

Lorsque Mariana posa le livre et le collier sur le comptoir, la caissière esquissa un sourire énigmatique.

« Très bon choix, » dit-elle en scannant le livre.

Mariana, intriguée par le commentaire, demanda en souriant :

« Et pourquoi ça ? Qu'est-ce qui rend ce livre si spécial ? »

La caissière haussa légèrement les épaules, mais ses yeux semblaient briller d’une lueur mystérieuse.

« La plupart des gens ont trop peur de s'approcher de cet ouvrage. Il raconte une version de l'histoire que beaucoup préfèrent ignorer. C’est une légende qui n’a pas été édulcorée par les années et qui contient des vérités que peu osent affronter. »

Mariana éclata de rire, légèrement amusée par le mystère que la caissière semblait vouloir instaurer autour du livre.

« Ce n’est qu’un conte après tout, » répliqua-t-elle avec un sourire, mais Isadora, à ses côtés, ne partageait pas son amusement. Elle restait silencieuse, fixant le livre avec une appréhension croissante.

« Peut-être, » dit la caissière en souriant doucement, « mais toutes les histoires ont un fond de vérité, n’est-ce pas ? Celle-ci est simplement plus proche de la réalité que ce que les gens veulent bien admettre. »

Mariana sentit un léger frisson lui parcourir l’échine, mais elle l’ignora. « Excentrique, pas bizarre, » pensa-t-elle en regardant la femme. Elle paya le livre et le collier, et Isadora fit de même pour ses bijoux, puis elles quittèrent la boutique.

Une fois installées dans la voiture, Isadora ne put s’empêcher de commenter :

« Cette femme était vraiment étrange… »

Mariana sourit en démarrant le moteur.

« Excentrique, Isadora, pas bizarre. Il y a une différence. »

Isadora accepta le terme avec réticence, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à ce que la caissière avait dit. « Tu sais, Mariana, je sais que tu ne crois pas à ces choses, mais parfois les superstitions existent pour une raison. Peut-être que ce livre n’est pas une bonne idée, surtout avec tout ce qui se passe en ce moment… »

Mariana laissa échapper un soupir.

« Isadora, c’est juste un livre. Je suis curieuse de lire une autre version de cette histoire, c’est tout. Rien de plus. »

Isadora se mordilla la lèvre, un tic qu’elle avait lorsqu’elle n’était pas convaincue.

« D’accord, d’accord… mais fais attention quand même. »

Elles continuèrent leur conversation légère en se dirigeant vers la maison de Mariana. Mais alors qu’elles arrivaient dans l’allée, Mariana sentit une douleur sourde l’envahir, comme une contraction légère mais bien réelle. Elle porta instinctivement la main à son ventre.

Isadora, immédiatement sur le qui-vive, se tourna vers elle, les yeux écarquillés de panique.

« Mariana, ça va ? »

Mariana serra les dents, la douleur s’estompant rapidement.

« Ça va… c’était juste une petite contraction, je crois. Rien de grave. »

Isadora, toujours anxieuse, sortit immédiatement son téléphone pour appeler Arnold. Mais après quelques sonneries, ce fut le répondeur qui répondit.

« Arnold, c’est Isadora. Mariana vient d’avoir une contraction. Ça pourrait être rien, mais… rappelle-moi dès que possible. »

Elle raccrocha, puis se tourna vers Mariana avec une expression d’inquiétude mal dissimulée.

« Tu veux qu’on aille à l’hôpital ? »

Mariana secoua la tête, essayant de rassurer son amie.

« Non, je suis sûre que ce n’est rien. Juste un signe que le moment approche. La petite va bientôt pointer le bout de son nez, c’est tout. »

Mais à l’intérieur, un mélange d'excitation et de légère appréhension commençait à monter. Le livre, le collier, les contractions… tout semblait s'aligner d'une manière étrange et inattendue. Mariana chassa ces pensées, préférant se concentrer sur l'arrivée imminente de sa fille, mais une part d'elle ne pouvait s'empêcher de repenser aux mots de la caissière.

Quelque chose, dans l'air autour d'elle, semblait changer imperceptiblement, comme un souffle ancien qui se serait réveillé.

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