Chapitre 3

6 minutes de lecture


Date : 28 octobre 2024
Heure : 16h30

Le soleil commençait à décliner à l'horizon, baignant la maison de Mariana dans une lumière dorée, douce et apaisante. Les feuilles des arbres, teintes d’orange et de rouge, dansaient légèrement sous la brise automnale, créant des jeux d’ombres et de lumières à travers les fenêtres. À l'intérieur, l'ambiance était sereine, chaque pièce de la maison témoignant du goût raffiné de Mariana. Les murs du salon étaient d’un beige chaud, ornés de tableaux abstraits que Mariana avait choisis avec soin, apportant une touche de modernité à ce qui était autrement un intérieur classique.

Mariana, après avoir passé une journée tranquille en compagnie d'Isadora, était revenue chez elle avec une certaine excitation qu’elle n’avait pas ressentie depuis longtemps. Elle s'installa confortablement dans le salon, sur un grand canapé en velours crème, enveloppée dans un plaid moelleux. Devant elle, un feu crépitait doucement dans la cheminée en pierre, projetant une chaleur réconfortante dans la pièce. Elle posa une tasse de thé fumante sur la table basse en bois massif, à côté du livre qu'elle avait acheté plus tôt.

Le livre, « Les Légendes Oubliées : La Véritable Histoire de la Fille Violette », était posé là, attendant d'être ouvert. La couverture en cuir violet semblait absorber la lumière ambiante, les motifs dorés brillants comme s'ils avaient été récemment appliqués. Mariana se sentait irrésistiblement attirée par cet ouvrage, comme si quelque chose en elle la poussait à plonger dans ses pages.

Elle soupira doucement, caressant son ventre arrondi d'une main, sentant les mouvements légers de son bébé à l'intérieur. Elle se demandait si la petite fille ressentait elle aussi cette étrange anticipation. Mariana prit finalement le livre, le poids de celui-ci dans ses mains lui donnant une sensation de gravité, comme si elle tenait bien plus qu’un simple recueil de contes.

Elle tourna les premières pages, découvrant une préface qui évoquait des légendes anciennes, des récits oubliés depuis longtemps, et des vérités dissimulées sous des couches de mythes. Mais ce n’était pas une introduction ordinaire. Les mots semblaient étrangement familiers, comme si elle les avait déjà entendus quelque part, dans un rêve lointain peut-être. Une image de Lavande apparut rapidement, une jeune fille à la peau violette, mais cette fois, elle n'était pas représentée comme une créature à craindre. Non, elle était peinte comme une figure noble, presque tragique, entourée de symboles anciens et de runes mystérieuses.

Mariana était fascinée. Elle continua sa lecture, découvrant une version du conte très différente de celle qu’elle avait lue à Matheo. Cette histoire parlait d'une prophétie oubliée, où Lavande n'était pas une malédiction, mais un présage de renouveau. Elle était née dans un monde en déclin, où la magie et la vie étaient en train de s’éteindre. Sa peau violette, loin d’être une anomalie, était un signe de son lien avec les forces primordiales de la nature, un héritage ancien qui faisait d’elle la protectrice d'un équilibre fragile entre les mondes.

Plus Mariana avançait dans le livre, plus elle se sentait absorbée par l’histoire. Les descriptions étaient si vives qu’elle pouvait presque entendre le bruissement des arbres, sentir l’humidité de la forêt où Lavande se réfugiait, et percevoir la tension dans l’air lors des moments de confrontation. Le texte parlait d'un rituel ancien, un rite de passage que Lavande devait accomplir pour empêcher le déclin total de son monde. Ce rituel impliquait la naissance d’un enfant, porteur des mêmes marques que Lavande, qui devait achever ce qu’elle avait commencé.

C'est alors qu'une première contraction la fit sursauter. Mariana se redressa légèrement, le livre encore en main, sentant une douleur sourde dans le bas de son ventre. Elle inspira profondément, essayant de se calmer. « Ce n'est rien, juste une fausse alerte, » se dit-elle, tentant de se convaincre que c'était simplement dû à la tension de l'histoire. Mais une part d’elle ne pouvait ignorer la coïncidence étrange entre la lecture et la contraction.

Le soleil continuait de décliner, plongeant la pièce dans une lumière plus douce et tamisée. Les ombres s'allongeaient, donnant au salon un aspect presque irréel, comme si la frontière entre le jour et la nuit s'estompait doucement. Mariana continua à lire, captivée par la progression de l’histoire. Lavande, dans le conte, se préparait pour le rituel, consciente que son destin était inéluctable. Les descriptions de la magie ancienne, de la préparation méticuleuse, résonnaient étrangement avec les mouvements de la petite fille dans le ventre de Mariana, comme si elle réagissait elle aussi au récit.

Une autre contraction, plus forte cette fois, la fit haleter. Elle posa une main sur son ventre, essayant de calmer l’agitation qui grandissait en elle. Les contractions n'étaient pas encore régulières, mais elles devenaient plus intenses. Mariana se leva lentement, posant le livre sur la table basse, et fit quelques pas dans la pièce, espérant que le mouvement soulagerait la tension. Pourtant, elle sentait que quelque chose était en train de se passer, quelque chose qu’elle ne pouvait plus ignorer.

Elle tenta d’appeler Arnold, mais son téléphone resta silencieux après quelques sonneries. Elle soupira, un mélange de frustration et d’inquiétude s’emparant d’elle. Les contractions continuaient, maintenant accompagnées de légères nausées et de vertiges. L’histoire du livre, les contractions, tout semblait lié d’une manière qu’elle ne pouvait comprendre.

Déterminée à ne pas céder à la panique, Mariana retourna au livre, comme si celui-ci détenait des réponses. Les pages suivantes décrivaient le moment où Lavande réalisait que le rituel n'était pas seulement un acte de magie, mais une transformation, un passage entre deux mondes. Le texte évoquait des chants anciens, des invocations en langues oubliées, et un symbole, gravé dans la pierre, qui marquait l'endroit où le rituel devait être accompli.

Mariana sentit une autre contraction, cette fois si forte qu'elle lâcha le livre, qui tomba sur le sol avec un bruit sourd. Elle se plia en deux, respirant profondément pour essayer de maîtriser la douleur. Son esprit était embrouillé, une partie d'elle essayait de se concentrer sur l'instant présent, tandis qu'une autre se perdait dans les images du livre, dans les visions de Lavande accomplissant son destin.

Les contractions se rapprochaient, devenant presque insupportables. Mariana réalisa que l’accouchement était peut-être imminent. Elle se traîna jusqu’à son téléphone, essayant de joindre Arnold une fois de plus, mais il ne répondait toujours pas. Désespérée, elle se laissa tomber sur le canapé, le souffle court, son esprit tournant autour de la possibilité que ce livre, cette histoire, soit plus qu’un simple conte. Et si Lavande avait réellement existé ? Et si son enfant était lié à cette ancienne prophétie ?

Le temps semblait ralentir, la maison autour d’elle devenant floue, presque irréelle. Mariana sentit une dernière contraction, violente, la secouer, la laissant presque sans souffle. Elle savait qu’elle devait se rendre à l’hôpital, mais une étrange force l’attirait vers le livre, comme s’il détenait une réponse, une clé pour comprendre ce qui se passait.

Avec un effort surhumain, elle parvint à dégager son téléphone de la table basse. Ses doigts tremblaient alors qu'elle composait le numéro des urgences, chaque chiffre entrant semblant résonner comme un écho dans le silence oppressant de la maison. La voix grave et rassurante d'un opérateur répondit rapidement.

« Service d’urgence, que puis-je pour vous ? »

Mariana, haletante, tenta de calmer sa voix.

« Bonjour, j’ai besoin d’une ambulance, c’est urgent. Je suis en train d’accoucher et je… je ne me sens pas bien du tout. »

L'opérateur répondit avec douceur, prenant note de ses informations rapidement. Pendant qu'elle donnait son adresse, Mariana sentit une dernière vague de douleur la submerger. Elle ferma les yeux un instant, cherchant à puiser dans ses réserves de force, avant de rouvrir les yeux déterminés.

« Merci, » murmura-t-elle, la voix tremblante mais résolue. « J’attends l’ambulance. »

Elle se recroquevilla sur le canapé, enveloppée dans son plaid, tandis que les premiers bruits de l'ambulance se faisaient entendre au loin, se rapprochant de plus en plus. Le crépuscule enveloppait la maison, et les ombres dansantes sur les murs semblaient presque se figer, comme témoins silencieux de ce moment crucial. Mariana prit une profonde inspiration, sentant l’espoir et la peur se mêler en elle, prête à affronter ce qui allait suivre.

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