Chapitre 5

5 minutes de lecture

Date : 1er novembre 2024

Heure : 10h00

Le soleil d'automne perçait à travers les rideaux légèrement tirés du salon, baignant la pièce d'une lumière douce et dorée. Le feu dans la cheminée crépitait doucement, répandant une chaleur réconfortante qui contrastait avec la fraîcheur matinale. Le salon, décoré avec goût par Mariana, mélangeait des touches modernes et des éléments classiques : des meubles en bois sombre, des tapis moelleux aux tons neutres, et des coussins colorés qui ajoutaient une note chaleureuse à l'ensemble.

Mariana était assise dans un fauteuil près de la cheminée, un livre ouvert sur ses genoux. Elle caressait machinalement la couverture en cuir violet du livre, son esprit absorbé par les révélations qu’elle venait de lire. Le silence apaisant de la maison était seulement troublé par les petits bruits de sa fille, endormie dans la pièce voisine.

Soudain, un coup discret à la porte brisa cette tranquillité. Mariana sursauta, sentant son cœur s’accélérer. Elle savait qui se trouvait de l'autre côté, et une vague d’appréhension la submergea. Elle ferma rapidement le livre, le déposant sur la table basse, puis se dirigea vers la porte, essayant de calmer l’agitation qui montait en elle.

Elle ouvrit la porte pour découvrir sa belle mère, qui se tenait là avec un sourire chaleureux. Louise, une femme aux cheveux grisonnants soigneusement coiffés en un chignon, était toujours impeccable dans son apparence. Elle portait un manteau en laine gris élégant, assorti à une écharpe en soie. Ses yeux, habituellement perçants, semblaient aujourd’hui remplis d’une douce anticipation.

« Mariana, chérie, » dit Louise en s’avançant légèrement. « Je suis venue voir ma petite-fille. Cela fait deux jours, et je n’ai pas encore eu la chance de la tenir dans mes bras. »

Mariana sourit, mais elle sentit ses lèvres trembler légèrement. Elle savait que Louise était observatrice et qu’elle ne manquerait pas de remarquer la couleur inhabituelle de la peau du bébé. Elle devait trouver une excuse, mais la vérité menaçait de s’échapper de ses lèvres tremblantes. « Oh, Louise, c’est que… elle dort en ce moment. Je préfère la laisser se reposer. Vous savez, les nouveaux-nés ont besoin de beaucoup de sommeil. »

Louise fronça les sourcils, son sourire s’effaçant légèrement. Elle avait ce don de percevoir quand quelque chose clochait, et elle n’allait pas abandonner si facilement.

« Bien sûr, bien sûr… mais je pourrais simplement l’observer un peu, même si elle dort. Je ne ferai pas de bruit, je te le promets. »

Le cœur de Mariana s’accéléra. Elle chercha désespérément une excuse qui pourrait convaincre sa belle-mère sans éveiller ses soupçons, mais chaque seconde de silence semblait aggraver la situation. « Je… je comprends, mais… elle est si délicate, et je suis encore très fatiguée. Peut-être demain matin, ce serait mieux ? »

Louise plissa légèrement les yeux, observant Mariana avec une curiosité mêlée de suspicion.

« Très bien, demain alors, » répondit-elle finalement, mais son ton trahissait une certaine méfiance. « Mais Mariana, si jamais tu as besoin d’aide, n’hésite pas à m’appeler. »

Mariana acquiesça, souriant faiblement, et Louise se tourna pour partir. Mais avant de franchir le seuil, elle jeta un dernier regard scrutateur à Mariana, comme si elle essayait de percer un mystère invisible. Lorsqu’elle fut partie, Mariana referma la porte avec un soupir de soulagement, mais une sensation de malaise persistait.

Elle retourna au salon, ses mains tremblantes alors qu’elle reprenait le livre. Le cuir du livre, autrefois doux et réconfortant, semblait désormais froid et étranger sous ses doigts. Les révélations qu’elle avait découvertes quelques minutes plus tôt résonnaient encore dans son esprit. Le texte parlait d'une naissance sous des auspices sombres, d'un enfant marqué par une teinte surnaturelle, destinée à accomplir des choses hors du commun, pour le meilleur ou pour le pire.

Mariana feuilleta les pages avec frénésie, à la recherche de réponses, d’une lueur d’espoir. Mais plus elle lisait, plus le poids de la responsabilité qui pesait sur ses épaules grandissait. Elle se demanda comment un simple conte pouvait-il avoir autant de résonance avec la réalité, comment il pouvait prédire avec une telle exactitude les événements qui se déroulaient sous ses yeux.

Alors qu’elle était plongée dans ses pensées, elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir. Arnold entra dans la pièce, son visage fermé, les traits marqués par une expression grave. Il la regarda un instant, comme pour évaluer son état, puis s’avança, ses pas résonnant sourdement sur le parquet en bois massif.

« Mariana, il faut qu’on parle, » dit-il, sa voix tendue.

Mariana leva les yeux vers lui, une vague d'inquiétude l'envahissant.

« De quoi s’agit-il, Arnold ? »

Arnold prit une profonde inspiration, ses mains se serrant en poings avant de les relâcher.

« Nous devons choisir, » commença-t-il, les mots lui coûtant manifestement. « Cette fille… notre fille… c’est l’enfant du conte, Mariana. Nous allons devenir la famille d’une… d’une erreur de la nature, d’une malédiction. »

Mariana sentit un frisson glacé parcourir son échine. Les mots d’Arnold résonnèrent comme un coup de poing.

« Comment oses-tu parler d’elle de cette façon ?! » s’exclama-t-elle, la voix tremblante de colère et de douleur. « Elle est notre fille, Arnold ! Peu importe sa couleur ou ce que cela signifie. »

Arnold, les yeux baissés, semblait lutter contre ses propres pensées.

« Tu ne comprends pas, » répondit-il, la voix brisée. « Bébé, elle est inoffensive, oui, mais imagine ce qui pourrait se passer plus tard. Si elle possède vraiment les pouvoirs dont parle ce livre, que ferons-nous ? Nous ne pourrons pas la contrôler. »

Les mains de Mariana se crispèrent sur le bras du fauteuil. Elle se leva brusquement, les larmes menaçant de couler.

« Je ne veux pas la contrôler, Arnold, je veux l’aimer ! C’est notre fille, pas une malédiction ! Comment peux-tu envisager de la rejeter simplement parce que tu as peur de ce que tu ne comprends pas ? »

Arnold serra les poings, luttant visiblement contre ses émotions.

« Ce n’est pas de la peur, Mariana, c’est du réalisme. Nous devons penser à l’avenir. À notre avenir, à celui de Matheo. Que se passera-t-il si elle devient dangereuse ? Que se passera-t-il si… »

« Si quoi ? » Mariana le coupa, ses yeux lançant des éclairs. « Si elle est différente ? Si elle est spéciale ? C’est notre devoir de la protéger, de l’aimer, et de lui apprendre à comprendre ce qu’elle est. Pas de la rejeter parce qu’elle ne correspond pas à nos attentes. »

Arnold, désemparé, n’avait plus rien à répondre. Le silence s’abattit sur eux, lourd et oppressant, seulement troublé par le crépitement du feu dans la cheminée. Finalement, Mariana tourna les talons, les larmes débordant finalement, et se précipita vers la chambre de leur fille.

Elle entra dans la pièce doucement éclairée, la lumière du jour filtrant à travers les rideaux de la chambre, peinte dans des tons de lavande. Le petit berceau blanc trônait au milieu de la pièce, entouré de peluches et de couvertures pastel. Mariana s’approcha, les yeux embués de larmes, et se pencha sur le berceau. La petite dormait paisiblement, ses petits poings serrés, son souffle doux et régulier. Malgré sa couleur hors du commun, elle était si belle, si innocente.

Mariana caressa doucement la joue de sa fille, ses larmes coulant silencieusement. Elle savait qu'elle ferait tout pour protéger cet enfant, quoi qu'il en coûte. Arnold pouvait bien avoir peur, mais elle, elle voyait au-delà de la différence. Elle voyait une petite fille à aimer, une vie à protéger, un avenir à chérir. Elle restait là, pensive, se demandant ce que l’avenir leur réservait, déterminée à ne jamais laisser la peur détruire leur famille.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Podqueenly ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0