Chapitre 8

5 minutes de lecture

Date : 17 novembre 2024

Heure : 14h00

Cela faisait maintenant deux semaines qu’Arnold était parti, laissant derrière lui un silence lourd qui pesait sur la maison. Mariana avait dû continuer, pour Matheo, pour Violette, mais le vide qu’Arnold laissait dans leur quotidien devenait de plus en plus oppressant. Elle s’occupait de ses deux enfants avec toute la tendresse et la dévotion dont elle était capable, mais les nuits, lorsque tout devenait immobile, laissaient sa solitude se déverser sur elle.

Cet après-midi-là, Mariana se trouvait chez Louise. Elle était assise sur un canapé en face de sa belle-mère, dans ce salon si familier, avec ses meubles en bois sombre, ses bibelots soigneusement placés sur les étagères, et l’odeur persistante de thé et de lavande. Louise était là, dans son fauteuil habituel, son regard vide et triste, des traces de larmes visibles sur ses joues.

« Je suis tellement désolée, Louise, » murmura Mariana, baissant la tête. Elle voulait dire tellement plus, mais les mots restaient coincés dans sa gorge.

Louise hocha la tête, les yeux rivés sur ses mains qui tremblaient légèrement sur ses genoux. « Je ne comprends toujours pas… » Elle cligna des yeux, des larmes roulant silencieusement sur ses joues fatiguées.

« Pourquoi elle ? Pourquoi Violette ? » murmura-t-elle. Ses mains se crispèrent, serrant un mouchoir déjà imbibé de larmes.

Mariana ferma les yeux, une vague de culpabilité déferlant sur elle.

« Je… je suis désolée. C’est arrivé tellement vite… » Mais elle ne pouvait dire plus. Elle n’avait pas le droit de pleurer comme Louise le faisait, car son chagrin était teinté de mensonge.

Les sanglots de Louise remplirent la pièce. Mariana, elle aussi, pleura, mais ses larmes étaient celles de la culpabilité et du poids insoutenable de ce qu’elle avait fait. Le mensonge qu’elle portait devenait de plus en plus lourd, chaque jour un peu plus.

Date : 17 novembre 2024

Heure : 18h00

De retour à la maison, Mariana s’efforçait de maintenir la routine pour ses enfants. Matheo jouait sur le tapis du salon, ses petites voitures dispersées tout autour de lui, tandis que Violette, blottie contre elle, babillait joyeusement, ses grands yeux fixant le plafond. Elle caressait distraitement les cheveux soyeux de sa fille, perdue dans ses pensées, quand Matheo se redressa, abandonnant ses jouets pour s’approcher de sa mère.

Il s’assit en tailleur devant elle, l’air sérieux, comme s’il réfléchissait à une question qu’il hésitait à poser.

« Maman, est-ce que Violette… » Il fit une pause, cherchant ses mots. « Est-ce que Violette est spéciale ? Comme dans les histoires que tu me racontes ? »

Mariana releva la tête, surprise par la question. Elle regarda son fils, si petit et innocent, mais déjà si attentif. Elle hésita un instant, cherchant comment répondre sans tout dévoiler.

« Pourquoi tu dis ça, Matheo ? »

Le garçon haussa les épaules, jouant avec le bas de son pull.

« Parce qu’elle est différente. Elle est belle, mais… elle n’est pas comme les autres bébés. C’est comme Lavande, non ? »

Mariana sentit une boule se former dans sa gorge. Matheo était perspicace, bien plus qu’elle ne l’avait imaginé. Elle hocha lentement la tête.

« Oui… Violette est spéciale. Mais ce n’est pas parce qu’elle est différente qu’il faut en avoir peur. Elle est comme toi, Matheo, pleine de belles choses à offrir. »

Matheo plissa les yeux, pensif.

« Alors… elle ne va pas devenir… dangereuse, comme dans l’histoire ? » demanda-t-il, son ton doux et sérieux à la fois.

Mariana sourit faiblement et posa une main sur la joue de son fils.

« Non, mon cœur. Je ferai tout pour qu’elle ne devienne jamais une menace. Je te le promets. »

Matheo sembla satisfait de cette réponse, un léger sourire étirant ses lèvres.

« Je vais l’aider, moi aussi. Je vais veiller sur elle. »

Mariana sentit son cœur se gonfler de tendresse.

« Je sais que tu le feras, » dit-elle doucement, en passant une main dans les cheveux ébouriffés de son fils. Il lui sourit et se leva d’un bond, retournant jouer avec ses voitures, la conversation déjà oubliée.

Soudain, le téléphone sonna, brisant la tranquillité de la maison. Mariana sursauta légèrement, se levant pour répondre. Elle jeta un coup d’œil à l’écran, et son cœur fit un bond dans sa poitrine. C’était Arnold. Elle se figea un instant, puis décrocha d’une main tremblante.

« Arnold ? »

La voix d’Arnold était calme, mais distante, presque hésitante.

« Mariana… je voulais te parler de quelque chose. » Il fit une pause, et Mariana sentit l’air devenir plus lourd. « Jeremy a hérité d’une petite maison en bord de mer. Elle est dans une clairière, avec une plage juste à côté. C’est isolé, tranquille… et Jeremy est d’accord pour qu’on y vive. Je pense que ce serait un bon endroit pour Violette. »

Mariana resta silencieuse un instant, son souffle suspendu. Elle cligna des yeux, surprise. Arnold venait-il de lui proposer une solution pour protéger leur fille ?

« Une maison en bord de mer… » murmura-t-elle, sa voix tremblante d’émotion.

« Oui, » reprit Arnold, toujours aussi calme. « Je pense que c’est un endroit où on pourrait vivre en paix, où personne ne poserait de questions. Je veux que tu y ailles avec les enfants. Moi… » Il hésita. « J’ai encore besoin de temps pour réfléchir. »

Mariana sentit une vague d’émotions la submerger. Arnold avait finalement compris. Il voulait protéger Violette, mais il n’était pas encore prêt à revenir. « D’accord, Arnold, » dit-elle doucement, sa voix pleine de gratitude.

« Je vais y aller avec eux. Prends tout le temps qu’il te faut. »

Un long silence s’étira avant qu’Arnold ne murmure :

« Merci, Mariana. Je t’appellerai bientôt. »

Elle raccrocha doucement, restant immobile pendant quelques secondes, le téléphone toujours serré dans sa main. Elle cligna des yeux, essayant de comprendre ce qui venait de se passer. C’était peut-être leur chance. Un nouveau départ, un endroit isolé où Violette pourrait être elle-même, sans crainte. Peut-être même qu’Arnold finirait par les rejoindre là-bas.

Mariana ne perdit pas de temps. Elle se précipita dans les chambres pour commencer à préparer leurs affaires. Elle plia soigneusement les vêtements de Violette, rangea les jouets de Matheo dans une petite valise, et empaqueta tout ce dont ils auraient besoin pour ce voyage vers l’inconnu.

Matheo la suivit dans la pièce, intrigué par cette agitation soudaine.

« Maman, qu’est-ce qu’on fait ? On part en vacances ? »

Mariana sourit, bien que son cœur soit lourd de tout ce qu’elle ne pouvait pas encore lui expliquer.

« On va partir pour un endroit spécial, mon cœur. Une petite maison près de la mer. Tu vas adorer. »

Matheo sauta de joie.

« Violette aussi vient avec nous ? »

« Oui, bien sûr, » répondit-elle en riant doucement, touchée par l’enthousiasme de son fils. « On part tous les trois. »

Matheo l’aida à rassembler les affaires, son excitation palpable. Une fois les sacs prêts, Mariana habilla Violette avec soin et prépara Matheo pour le voyage. Elle jeta un dernier regard à la maison, à ces murs qui avaient abrité tant de secrets et de mensonges. Elle savait qu’elle ne reviendrait pas de sitôt.

Une fois dehors, le froid piquant du soir la frappa, mais elle n’y prêta pas attention. Elle installa les enfants dans la voiture, les enveloppant dans des couvertures douillettes pour qu’ils restent au chaud. Matheo s’installa à l’arrière, ses yeux brillants d’excitation, tandis que Violette, paisible, s’endormit doucement dans son siège auto.

Mariana prit une profonde inspiration en s’installant derrière le volant. Ses mains tremblaient légèrement, mais elle sentit une résolution nouvelle l’envahir. C’était leur chance de recommencer. Elle démarra le moteur, le ronronnement du véhicule brisant enfin le silence de la nuit.

Les lumières de la ville s’éloignèrent peu à peu, et Mariana sut qu’elle quittait le passé, se dirigeant vers un avenir incertain, mais plein d’espoir.

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