Date : 10 décembre 2024
Heure : 07h30

Le vent froid soufflait doucement à travers les volets de la maisonnette en bord de mer, apportant avec lui l'odeur salée des vagues qui s’écrasaient au loin. La lumière douce du matin pénétrait à travers les rideaux, illuminant la pièce d’une lueur argentée. Mariana, déjà réveillée depuis un moment, regardait la mer, une tasse de café entre ses mains. Ce moment de calme avant que les enfants ne se lèvent était devenu une routine pour elle, un bref répit avant que les questions et les inquiétudes du jour ne reviennent.

Violette, âgée de seulement deux mois, dormait paisiblement dans son berceau près de la cheminée. Son visage angélique était encadré par de fines mèches brunes, et sa peau violette reflétait légèrement la lumière tamisée de la pièce. Mariana la regarda avec amour, mais aussi une pointe de peur. Depuis quelques jours, des phénomènes étranges s'étaient produits autour de sa fille. Des objets semblaient bouger par eux-mêmes lorsque Violette pleurait ou même simplement lorsqu’elle dormait. Cela n’était pas qu’un simple jeu de lumière ou un courant d’air, Mariana en était maintenant certaine.

Le grincement des planches de bois sous des petits pieds l'avertit de l'arrivée de Matheo, qui traînait encore ses pieds sur le sol, les yeux à moitié fermés. Ses cheveux ébouriffés et son pyjama froissé lui donnaient un air adorable. Mariana sourit en le voyant entrer dans la pièce, sa petite silhouette se dirigeant instinctivement vers elle.

« Bonjour, maman, » murmura-t-il, la voix encore alourdie par le sommeil.

Mariana posa sa tasse sur la table, se penchant pour l’accueillir dans ses bras. Matheo grimpa sur ses genoux et posa sa tête contre sa poitrine, son corps se détendant immédiatement sous l’étreinte réconfortante de sa mère.

« Bonjour, mon cœur, » murmura-t-elle en caressant ses cheveux, son regard se perdant un instant dans les flammes dansantes du feu.

« Bien dormi ? »

Matheo hocha la tête doucement, puis, après quelques secondes de silence, il leva les yeux vers sa mère, l’air pensif.

« Maman, hier, j’ai rencontré des enfants à la plage, » dit-il, brisant le silence matinal.

Mariana se figea un instant. Elle avait toujours su que les enfants du village voisin jouaient parfois sur la plage, mais elle n’avait pas réalisé que Matheo les rencontrerait si vite.

« Oh, vraiment ? » demanda-t-elle, essayant de garder un ton neutre.

Matheo hocha la tête avec enthousiasme.

« Oui, ils sont gentils. Ils m’ont demandé si j’avais des frères et sœurs, et je leur ai parlé de Violette. »

Le cœur de Mariana se serra immédiatement. Elle ferma les yeux un instant, son esprit cherchant désespérément à contenir l’angoisse qui montait en elle. Elle prit une profonde inspiration avant de répondre, gardant sa voix calme.

« Tu leur as parlé de ta sœur ? » demanda-t-elle, en posant ses mains sur les épaules de Matheo pour capter son attention.

Matheo, sentant le sérieux de sa mère, fronça les sourcils, visiblement confus par la tension dans sa voix.

« Oui, je leur ai dit que j'avais une petite sœur. Ils ont dit qu’ils ne l’avaient jamais vue, alors je leur ai dit qu’elle était encore très petite. »

Mariana sentit une vague de panique monter en elle. Elle ne pouvait pas blâmer Matheo ; il ne comprenait pas encore l'importance de garder ce secret. Mais cela compliquait les choses.

« Qu’est-ce que tu leur as dit d’autre ? » demanda-t-elle doucement, ses doigts se resserrant légèrement sur les épaules de son fils.

Matheo haussa les épaules, visiblement perplexe par la réaction de sa mère.

« Rien d’autre. Juste qu’elle s’appelait Violette et qu’elle était spéciale. »

Le mot spéciale résonna dans l’esprit de Mariana comme une alarme.

« Spéciale, hein… » répéta-t-elle, essayant de ne pas montrer son inquiétude. « Matheo, écoute-moi bien. Je t'ai dit qu'il valait mieux ne pas trop parler de ta sœur, tu te souviens ? »

Matheo hocha la tête, mais son visage restait marqué par l'incompréhension.

« Mais pourquoi, maman ? Elle est gentille, Violette. Pourquoi je ne peux pas parler d’elle ? »

Mariana prit une profonde inspiration et fit asseoir Matheo plus près d’elle, le regardant droit dans les yeux. Elle savait qu’elle devait être honnête avec lui, tout en évitant de l’effrayer. « Matheo, c’est vrai que Violette est gentille et très spéciale, mais certaines personnes ne comprendront pas. Tu te souviens de ce que je t’ai dit sur les gens qui ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas ? »

Matheo fronça les sourcils, essayant de se rappeler.

« Oui… tu as dit que parfois, les gens peuvent être méchants quand ils ne comprennent pas quelque chose. »

Mariana hocha la tête, soulagée qu'il se souvienne.

« C’est exactement ça. Les gens ne connaissent pas Violette comme nous. Ils pourraient poser beaucoup de questions et ne pas comprendre à quel point elle est merveilleuse. C’est pour ça que je préfère que, pour le moment, tu ne parles pas trop d’elle. Tu veux bien faire ça pour moi ? »

Matheo resta silencieux un instant, ses petits yeux marron cherchant à comprendre le dilemme de sa mère. Finalement, il hocha la tête, même s’il ne comprenait pas entièrement pourquoi sa sœur devait rester un secret.

« D’accord, maman. Je ne dirai plus rien à personne. Promis. »

Un poids sembla se soulever du cœur de Mariana, bien que l’inquiétude restât ancrée. Elle serra Matheo dans ses bras, déposant un baiser sur son front.

« Merci, mon grand. Je savais que je pouvais compter sur toi. »

Matheo sourit, heureux de l'approbation de sa mère, puis sauta de ses genoux pour retourner jouer à l’extérieur. Mariana le regarda courir vers la plage, son esprit toujours troublé. La simplicité avec laquelle Matheo avait parlé de Violette lui avait fait réaliser à quel point il serait difficile de cacher sa fille à jamais. Les enfants parlaient, les rumeurs se propageaient, et il ne faudrait pas longtemps avant que des questions plus directes ne commencent à émerger.

Elle se leva lentement, berçant doucement Violette dans ses bras. Son cœur battait la chamade à l’idée que le secret de sa fille puisse être révélé. Mariana s’approcha de la fenêtre, observant son fils qui jouait près de l’eau, la petite pierre qu'il avait trouvée dans sa main. Le vent froid caressait doucement son visage, mais elle ne sentit pas le froid. Sa seule préoccupation était la protection de Violette et l’avenir incertain qui les attendait.