Chapitre 12

4 minutes de lecture

Date : 15 janvier 2025
Heure : 16h00

Le vent glacé soufflait sur la plage, chassant de fines particules de sable qui dansaient dans l’air avant de retomber doucement. La mer, d’un gris métallique, était agitée par de puissantes vagues qui se fracassaient contre les rochers à quelques mètres de la maisonnette. L’hiver avait envahi la côte, laissant une atmosphère lourde et oppressante.

À l'intérieur de la maisonnette, un feu crépitait faiblement dans la cheminée, projetant des ombres mouvantes sur les murs blanchis par le temps. La lumière qui filtrait à travers les petites fenêtres était grise et morne, accentuant l’impression de solitude qui régnait dans la maison.

Violette, âgée de trois mois maintenant, était blottie contre Mariana dans le vieux fauteuil en cuir du salon. La petite fille, si calme d’ordinaire, avait commencé à manifester des signes inquiétants de faiblesse ces derniers jours. Sa respiration devenait plus lourde à certains moments, et ses joues, habituellement pleines de vie, étaient maintenant d’une pâleur presque fantomatique, tandis que ses yeux violets semblaient perdre de leur éclat. Mariana caressait doucement sa joue, une boule d’angoisse dans la gorge. Elle sentait que quelque chose clochait, mais elle ne savait pas quoi.

Matheo, de son côté, jouait dans sa chambre. Mais depuis quelques semaines, il évitait de passer trop de temps près de Violette. Il avait vu des choses, des choses qu’un enfant de son âge ne pouvait pas comprendre. Un jour, une chaise dans le salon avait commencé à bouger doucement, lévitant à quelques centimètres du sol alors que Violette pleurait. Mariana avait assisté à la scène, terrifiée mais incapable de réagir. Matheo, lui, avait reculé, les yeux écarquillés de peur.

Depuis cet incident, Mariana avait remarqué que son fils devenait de plus en plus distant envers sa sœur. Il refusait de la tenir dans ses bras ou de jouer près d'elle. Chaque manifestation des pouvoirs de Violette renforçait son malaise, et Mariana voyait bien que Matheo commençait à la craindre, même s’il ne le disait pas ouvertement.

« Maman, je peux aller jouer dehors ? » demanda Matheo en apparaissant dans l’encadrement de la porte, tenant une petite voiture en bois entre ses mains.

Mariana, assise près du feu, hocha la tête, tentant de sourire malgré son inquiétude. « Bien sûr, mais reste près de la maison, d’accord ? »

« D’accord, » répondit-il, visiblement soulagé de s’éloigner de l’ambiance tendue qui régnait à l’intérieur.

Alors qu'il sortait, un nouveau bruit vint briser le silence : la sonnerie du téléphone résonna dans la pièce, provoquant un léger sursaut chez Mariana. Elle prit une profonde respiration avant de se lever doucement, Violette toujours dans ses bras, et attrapa le téléphone sur la table basse. Le nom qui s’affichait sur l’écran la fit hésiter un instant. Arnold.

Cela faisait maintenant un mois qu’il était parti. Ses contacts avaient été rares, distants, marqués par des conversations brèves où il exprimait à peine son inquiétude. Mariana savait qu'il avait du mal à accepter la réalité de leur fille, et chaque échange la laissait plus seule face à l'inexplicable.

Elle décrocha finalement, la voix basse et tendue. « Arnold… »

« Mariana, » répondit-il rapidement. « Comment vont les enfants ? » Il y avait une note d'inquiétude, mais aussi quelque chose de froid et calculateur dans son ton.

« Matheo va bien, » commença-t-elle, jetant un coup d'œil vers la porte ouverte par laquelle son fils venait de sortir.

« Mais Violette… Arnold, elle ne va pas bien. Elle est faible, elle… elle semble s’épuiser chaque fois que… » Elle hésita un instant avant de prononcer les mots. « Chaque fois que ses pouvoirs se manifestent. »

Il y eut un silence au bout du fil. Puis Arnold reprit, plus grave.

« C’est exactement ce dont je voulais te parler. Mariana, il est temps d’arrêter de prétendre que tout va bien. Je t’avais dit que cela finirait par devenir dangereux. Si elle perd de l’énergie, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec elle. Elle doit être soignée. »

Mariana serra Violette un peu plus fort contre elle, le regard rivé sur le feu crépitant dans la cheminée.

« Soignée ? Arnold, tu veux la traiter comme une anomalie. Je refuse de laisser quelqu’un faire ça à notre fille. »

Sa voix se brisa légèrement à la fin, la tension de ces dernières semaines pesant sur ses épaules.

Arnold poussa un long soupir.

« Mariana, écoute-moi. Je sais que c’est difficile à entendre, mais si nous ne faisons rien, elle pourrait devenir un danger pour elle-même et pour nous. Il y a un médecin spécialisé dans ce genre de phénomènes, quelqu’un qui pourrait l'aider. S’il te plaît, laisse-moi au moins l’emmener pour une évaluation. »

Mariana sentit son cœur se serrer. Elle savait que les paroles d’Arnold n’étaient pas complètement dénuées de raison, mais elle ne pouvait pas se résoudre à soumettre sa fille à une évaluation médicale. Elle savait que, dans le fond, Arnold voyait Violette comme une menace potentielle. Ce regard froid et distant qu’il avait adopté lorsqu’il parlait d’elle ne lui échappait pas.

« Arnold, je ne peux pas faire ça. Violette a besoin de moi, pas de tests ni d’un traitement qui la transformerait en sujet d’étude. »

Elle s’attendait à une réaction furieuse, mais à la place, Arnold resta calme, presque résigné.

« Très bien. Si c’est ce que tu veux… mais je vais revenir. Je veux voir les enfants et m’assurer que tout va bien. »

La perspective du retour d’Arnold ne rassurait pas Mariana. Elle savait que sa venue serait marquée par des confrontations, mais elle n’avait plus la force de se battre contre lui au téléphone. « D’accord, » murmura-t-elle.

« Reviens. »

Elle raccrocha, le cœur lourd, avant de retourner s’asseoir près du feu, Violette toujours blottie contre elle. Sa petite fille dormait, mais Mariana pouvait sentir la fragilité de son souffle, l’énergie qui semblait s’échapper d’elle. Les manifestations de ses pouvoirs devenaient de plus en plus fréquentes, et Mariana craignait que cela ne la détruise à petit feu.

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