Date : 25 janvier 2025
Heure : 10h00

Le soleil hivernal peinait à percer les nuages gris qui s'amoncelaient au-dessus de la petite ville côtière. Mariana, emmitouflée dans un manteau épais, avançait rapidement dans les rues pavées, le vent froid fouettant son visage. Les bâtiments anciens, aux façades usées par le temps, se dressaient de chaque côté, leurs fenêtres étroites reflétant la lumière terne du jour. Elle serrait contre elle son sac à main, le cœur battant. Elle était déterminée.

Elle avait laissé Matheo et Violette sous la garde d'Arnold, une décision qui lui avait coûté, mais elle sentait qu'elle n'avait pas le choix. Violette s'affaiblissait de jour en jour, et Mariana refusait de rester impuissante. Elle était convaincue que la libraire, Karen, détenait des réponses.

La clochette au-dessus de la porte tinta doucement lorsqu'elle entra dans la boutique. L'intérieur était chaleureux, un contraste frappant avec le froid extérieur. Des étagères de bois sombre s'élevaient jusqu'au plafond, remplies de livres anciens aux reliures de cuir patiné. L'air était imprégné d'un parfum de papier vieilli et d'encens subtil.

Karen était là, derrière le comptoir, un léger sourire aux lèvres comme si elle attendait Mariana. Ses yeux verts pétillaient sous une frange de cheveux roux bouclés. Elle portait une écharpe colorée qui ajoutait une touche vive à son pull en laine.

« Je savais que vous reviendriez, » dit-elle d'une voix douce, ses mains délicatement croisées devant elle.

Mariana s'approcha, évitant les politesses. « Je crois que vous savez ce qui arrive à ma fille. Le livre sur Lavande... Il y a des choses qui se passent, des choses que je ne comprends pas. »

Karen hocha lentement la tête, son regard se faisant plus profond. « Votre petite Violette est spéciale, n'est-ce pas ? »

Mariana sentit un frisson la parcourir.

« Oui. Et elle s'affaiblit. Ses... capacités semblent la consumer. Je suis venue chercher de l'aide. »

La libraire contourna le comptoir et posa une main réconfortante sur le bras de Mariana.

« Suivez-moi. »

Elles traversèrent la boutique jusqu'à une petite pièce à l'arrière, éclairée par la lumière tamisée de plusieurs bougies. Sur une table ronde étaient disposés divers objets : cristaux, herbes séchées, fioles remplies de liquides colorés. L'atmosphère était paisible, presque mystique.

Karen s'arrêta devant la table, prenant une fiole contenant un liquide argenté. « L'eau lunaire, » expliqua-t-elle.

« Recueillie lors de la dernière pleine lune. »

Elle prit ensuite une petite boîte en bois qu'elle ouvrit pour révéler des pétales de lotus séchés. « Les fleurs de lotus symbolisent la pureté et l'éveil spirituel. »

Enfin, elle sortit un pot de verre contenant un miel doré qui reflétait la lumière des bougies. « Et le miel, pour la douceur et la guérison. »

Mariana observait chaque objet avec une attention fébrile.

« Comment cela peut-il aider ma fille ? »

Karen sourit doucement.

« Violette a besoin d'équilibre. Ces éléments, combinés, peuvent l'aider à canaliser son énergie sans qu'elle ne l'épuise. Préparez un bain avec ces ingrédients, et laissez-la se reposer. »

Elle tendit les fioles et le pot à Mariana.

« Prenez-les. C'est un cadeau. »

Les yeux de Mariana s'embuèrent de gratitude.

« Merci, Karen. Je ne sais pas comment vous remercier. »

« Prenez soin de votre fille. Et n'hésitez pas à revenir me voir si vous avez besoin de quoi que ce soit. »

Mariana hocha la tête, serrant les fioles contre elle.

« Je le ferai. Merci encore. »

Heure : 13h00

Le chemin du retour lui parut plus court, portée par l'espoir d'avoir enfin trouvé une solution. La maisonnette apparaissait au loin, ses volets bleus contrastant avec le paysage grisâtre. Elle poussa la porte avec empressement, son sac glissant de son épaule.

« Arnold ! Matheo ! J'ai trouvé une solution ! » s'écria-t-elle en entrant.

Le silence lui répondit. Elle fronça les sourcils, déposant les fioles sur la table de la cuisine.

« Arnold ? »

Elle parcourut la maison, chaque pièce vide accentuant le poids de l'inquiétude qui montait en elle. La chambre de Violette était vide, le berceau soigneusement arrangé mais sans sa petite occupante. Le cœur de Mariana s'emballa.

Elle se précipita vers la chambre de Matheo. Le petit garçon était assis sur son lit, les yeux rouges et les joues mouillées de larmes.

« Matheo ! Où est ta sœur ? Où est papa ? »

Il leva vers elle un regard empreint de tristesse. « Papa est parti avec Violette. Il a dit qu'il allait l'emmener chez le médecin pour qu'elle aille mieux. »

Mariana sentit ses jambes fléchir.

« Non... »

Elle s'assit à côté de son fils, le prenant dans ses bras.

« Je suis désolée, mon chéri. Je n'aurais pas dû partir. »

Matheo serra sa mère, sa petite voix brisée par les sanglots.

« J'ai essayé de l'arrêter, maman, mais il n'a pas voulu m'écouter. »

Mariana ferma les yeux un instant, essayant de maîtriser la tempête d'émotions qui la submergeait. Elle devait réagir, et vite.

« Ne t'inquiète pas, Matheo. Je vais ramener ta sœur. Je te le promets. »

Elle se leva, déterminée, son regard durci par la résolution. Elle attrapa son téléphone et tenta d'appeler Arnold, mais tomba directement sur sa messagerie.

« Arnold, rappelle-moi dès que tu as ce message. Ne fais pas ça. »

Elle raccrocha, le souffle court. Ses yeux tombèrent sur les fioles posées sur la table. L'espoir qu'elle avait ressenti quelques instants plus tôt s'était transformé en une angoisse profonde.

Karen avait peut-être la solution pour aider Violette, mais encore fallait-il qu'elle puisse la retrouver.

Mariana inspira profondément. Elle ne laisserait pas Arnold décider du sort de leur fille sans elle. Elle était prête à tout pour protéger Violette.