Chapitre 14

6 minutes de lecture

Date : 25 janvier 2025

Heure : 15h30

Le ciel était bas et lourd, menaçant de pluie, lorsque Mariana quitta précipitamment la maison, son cœur battant à tout rompre. Elle sentait une angoisse sourde dans sa poitrine, une peur viscérale de ne pas arriver à temps. Les rues pavées, humides et glissantes, reflétaient les rares éclats de lumière qui filtraient à travers les nuages épais. Le vent sifflait doucement, mais son bruit semblait amplifié par le silence oppressant des ruelles désertes.

Arnold avait emmené Violette. Elle le savait. Matheo lui avait tout dit, et maintenant, une seule pensée résonnait dans son esprit : elle devait retrouver sa fille avant qu’il ne soit trop tard.

Elle jeta un coup d’œil rapide à sa montre. Chaque minute comptait, chaque seconde la rapprochait du point de non-retour. Elle devait retourner à la boutique de Karen, la seule personne qui semblait comprendre ce que Violette traversait. Ses chaussures claquaient contre les pavés mouillés, son souffle devenant irrégulier à mesure que la panique s'emparait d'elle. Le visage pâle de Violette, son souffle de plus en plus faible… Mariana sentait l’urgence la consumer.

Elle poussa enfin la porte de la boutique, la petite cloche résonnant dans l'air comme un signal d'alarme. À l'intérieur, l'odeur familière de papier vieilli, d'encens et d'herbes séchées l'accueillit. Karen était là, derrière le comptoir, son regard fixé sur Mariana comme si elle savait déjà pourquoi elle était revenue.

« Je savais que vous reviendriez, » dit-elle, sa voix douce mais pleine de gravité. Ses mains, calmes, se posèrent sur le comptoir de bois sombre. « Vous n’avez plus beaucoup de temps. »

Mariana s’approcha, évitant les politesses.

« Arnold… il a emmené Violette chez ce médecin. Je ne sais pas ce qu'il va lui faire, mais je dois l'arrêter. Elle s'affaiblit de jour en jour, Karen. Vous m'aviez dit que ces fioles pouvaient l’aider, mais je sens que c’est plus profond que ça. »

Karen hocha lentement la tête, ses yeux verts scrutant le visage de Mariana.

« Ce médecin ne comprendra jamais ce qu’est vraiment Violette. Il la verra comme une anomalie à diagnostiquer, à traiter. Mais ce qu’elle est… va au-delà de la médecine. »

La vendeuse fit le tour du comptoir et s'approcha d'une petite étagère où étaient disposées des fioles et des herbes.

« Il y a une ancienne légende, celle des enfants nés sous la lune. Ils sont liés aux cycles naturels, à la mer et à la lune. Votre fille n’est pas simplement malade, elle est en résonance avec des forces qui la dépassent. Ses pouvoirs s’amplifient, mais son corps est trop jeune pour les contenir. Si vous ne l'aidez pas à canaliser cette énergie, cela pourrait la détruire. »

Mariana sentit ses mains trembler.

« Mais comment ? Comment puis-je l’aider avant qu’il ne soit trop tard ? »

Karen se retourna avec une expression grave.

« Vous devez l'amener dans un lieu sacré, près de la mer, lors de la pleine lune. Là, vous pourrez canaliser son énergie avec l’aide de l’eau lunaire, des fleurs de lotus, et du miel. Ce n'est qu'ainsi qu'elle pourra retrouver un équilibre et ne plus être consumée par ses propres pouvoirs. Mais il vous faut la récupérer avant que ce médecin ne la pousse trop loin. »

Karen se pencha alors vers un petit coffret de bois sombre et en sortit une fiole transparente contenant un liquide argenté, légèrement scintillant sous la lumière des bougies.

« Cette fiole contient un élixir d’eau lunaire. Elle doit le boire pour apaiser temporairement les effets de ses pouvoirs et stabiliser son énergie avant que vous ne l’emmeniez au bord de la mer pour le rituel. »

Mariana attrapa la fiole comme si elle contenait la vie même de sa fille, son espoir renaissant.

« Et ensuite ? »

Karen lui tendit également une petite boîte contenant les fleurs de lotus et un pot de miel doré.

« Préparez un bain avec ces ingrédients lors de la pleine lune. L’eau de la mer et la lumière de la lune l’aideront à canaliser cette énergie. Mais vous devez agir rapidement. »

Les yeux de Mariana se remplirent de larmes de gratitude et de désespoir mêlés. « Merci… je vous en suis tellement reconnaissante. Je vais tout faire pour sauver ma fille. »

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Heure : 16h30

Mariana conduisait à vive allure, ses mains crispées sur le volant. Le talisman en forme de coquillage et la fiole argentée reposaient à côté d’elle, comme des trésors fragiles qu’elle devait protéger à tout prix. Le bruit sourd du moteur se mêlait à celui de ses pensées chaotiques, chaque instant lui rappelant l’urgence de la situation. Elle connaissait l’adresse du médecin, une clinique dans une rue isolée, loin de la ville. Il ne lui restait plus beaucoup de temps.

Lorsqu’elle arriva enfin devant le bâtiment, une bâtisse grise et austère qui dégageait une impression de froideur et de stérilité, son cœur s’arrêta une seconde. Elle sortit précipitamment de la voiture, ses doigts serrant la fiole comme une bouée de sauvetage.

À l’intérieur, l’air était glacé, l’odeur de désinfectant trop forte pour ne pas être inquiétante. Mariana traversa la salle d’attente, ignorant la réceptionniste qui tenta de l’arrêter. Elle se dirigea directement vers le couloir où elle savait que Violette était retenue.

Elle ouvrit la porte de la salle d’examen sans réfléchir, son souffle court, les doigts toujours serrés autour de la fiole. La scène qui se déroulait sous ses yeux lui coupa le souffle.

Violette, allongée sur une table d’examen, paraissait plus faible que jamais, sa peau d’un gris inquiétant. Des électrodes étaient posées sur ses bras et son front, et le médecin était sur le point de commencer un examen plus approfondi.

Arnold se tenait à côté, l’air tendu mais persuadé qu’il faisait ce qu’il fallait pour leur fille. Il se tourna brusquement vers Mariana lorsqu’elle entra.

« Qu’est-ce que tu fais là ? » demanda-t-il, visiblement agacé. « Mariana, c’est pour son bien. Elle est de plus en plus faible, et ce médecin peut nous aider à comprendre ce qu’elle a. »

« Arnold, arrête ça, » répliqua-t-elle, sa voix tremblant.

« Ce qu’elle a ne peut pas être guéri par la science. Elle est spéciale, mais ces tests vont la tuer. Tu ne vois pas qu’elle est en train de s’effondrer sous ses propres pouvoirs ? »

Le médecin, impassible, regarda Mariana d’un air désapprobateur. « Madame, je comprends votre inquiétude, mais ces tests sont nécessaires pour comprendre ce qui se passe dans son corps. »

Mariana, les mains tremblantes, sortit la fiole et la tint devant elle.

« C’est ça qui va l’aider. Pas vos machines, pas vos tests. Elle a besoin de quelque chose de plus fort que vos explications médicales. »

Arnold fronça les sourcils, partagé entre son désir de faire ce qui est juste et sa foi en la médecine.

« Qu’est-ce que c’est ? »

Mariana s’approcha de Violette, posant une main douce sur son front brûlant. Elle lui murmura des mots rassurants tout en débouchant la fiole.

« C’est de l’eau lunaire. Elle doit la boire pour apaiser ses pouvoirs. Ça va l’aider. »

Violette ouvrit faiblement les yeux, ses paupières lourdes et ses joues pâles. Mariana la redressa doucement et approcha la fiole de ses lèvres. Le liquide argenté glissa dans la bouche de Violette, et aussitôt, quelque chose changea. Un léger éclat de lumière traversa la pièce, presque imperceptible, mais Mariana le sentit. Violette respira plus profondément, son teint, bien que toujours pâle, semblait retrouver un peu de vie.

« Tu vois ? » murmura Mariana, le regard tourné vers Arnold. « C’est ça, la vraie solution. »

Arnold, désemparé, regarda sa fille, plus calme, son souffle plus stable. Il ne pouvait nier l'évidence de l'effet apaisant de la fiole.

« Qu’est-ce que tu veux faire maintenant ? »

Mariana le regarda dans les yeux, sa détermination brûlant comme une flamme.

« Je dois l’emmener près de la mer, sous la pleine lune. Elle doit être en contact avec l’eau et la lumière lunaire. C’est là que je pourrai la sauver. »

Heure : 19h00

La nuit était tombée, et la pleine lune brillait haut dans le ciel, ses rayons argentés caressant doucement la mer agitée

. Mariana se tenait au bord de l’eau, tenant Violette dans ses bras, entourée par la mélodie apaisante des vagues. Elle avait déposé une couverture à quelques mètres de la rive, et sur celle-ci, elle avait préparé le rituel avec l’eau lunaire, les fleurs de lotus, et le miel doré.

Elle donna à boire une nouvelle petite gorgée d’eau lunaire à Violette avant de la poser délicatement sur la couverture. Les pétales de lotus, qu’elle dispersa autour d’elle, flottaient doucement sous la lumière de la lune, comme une bénédiction venue du ciel. Mariana se concentra, murmurant des prières et des mots apaisants, tandis que l’air autour d’elles semblait s’imprégner d’une énergie mystique.

L’eau de la mer montait légèrement, presque attirée par la présence de l’enfant, et sous les yeux de Mariana, Violette commença à briller faiblement, comme si la lune elle-même la bénissait. Les pouvoirs de la petite fille semblaient enfin se stabiliser, équilibrés par les forces naturelles autour d’elle.

Mariana savait qu’elles étaient sur le bon chemin. Violette était en train de guérir.

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