Chapitre 20

5 minutes de lecture

Date : 20 mars 2025

Heure : 22h30

La maisonnette était silencieuse, enveloppée par l'obscurité tranquille de la nuit. Seuls le murmure lointain des vagues et le craquement occasionnel des vieux murs de bois trahissaient le calme environnant. Arnold se tenait debout, immobile, dans l'embrasure de la porte de la chambre de Violette. Sa silhouette se découpait à peine dans la pénombre, éclairée faiblement par la lumière tamisée de la veilleuse placée près du berceau.

Cela faisait deux semaines que sa perspective sur Violette avait commencé à changer, deux semaines que des doutes nouveaux étaient venus se mêler à son insatiable besoin de comprendre. Il observait Violette, qui dormait paisiblement, ses petites mains blotties contre sa couverture. Sa peau violette, toujours aussi étrange et fascinante, brillait doucement sous la lumière de la veilleuse, donnant l’impression qu'elle appartenait à un autre monde. Et peut-être était-ce vrai.

Arnold fronça légèrement les sourcils. Il avait toujours refusé d'accepter ce que Mariana disait, cette idée que Violette faisait partie d’un univers qu’il ne pouvait ni comprendre, ni contrôler. En tant que médecin, il s'était toujours appuyé sur des faits concrets, des explications rationnelles. Mais voilà que quelque chose en lui s'était mis à changer.

Il y avait eu un moment, il y a quelques jours, où il avait tenu Violette dans ses bras alors qu’elle était agitée, ses pouvoirs incontrôlables. Des objets avaient commencé à trembler dans la pièce, une légère brise s’était levée sans aucune explication. Il avait alors senti une étrange connexion entre eux. Violette s’était calmée en sentant sa présence, ses petites mains s'étaient accrochées à sa chemise, et l’agitation dans la pièce s’était apaisée.

Depuis ce jour, Arnold n’avait pas cessé de penser à cet instant. Etait-ce possible qu’il ait, lui aussi, un rôle à jouer dans cet équilibre entre Violette et ses pouvoirs ? Avait-il un lien avec elle qu'il avait refusé de reconnaître jusque-là ?

Il ferma les yeux un instant, cherchant à comprendre ce qui se passait en lui. Depuis qu’il avait ressenti cette connexion, il avait l’impression que son rôle de père et son rôle de médecin s’opposaient plus que jamais. Le médecin en lui voulait encore analyser, comprendre, disséquer chaque phénomène autour de Violette. Mais le père… Le père commençait à sentir que tout ne pouvait pas être expliqué. Ce lien, cette sensation qu’il avait eue en tenant sa fille, ne relevait pas de la science. C’était quelque chose d’autre, de plus profond, de plus instinctif.

Date : 21 mars 2025

Heure : 09h00

Le matin suivant, Arnold était dans son bureau, entouré de livres de médecine, d'articles imprimés sur les phénomènes paranormaux, et de notes qu'il avait accumulées au fil des semaines. Des schémas de corps humains, des études neurologiques, des images de scanners et d’électroencéphalogrammes s’étalaient devant lui, mais rien de tout cela ne faisait sens. Chaque théorie qu'il avait explorée semblait échouer à expliquer ce que Violette était capable de faire. C’était frustrant. Non, c’était bien plus que ça. C’était un échec personnel pour lui.

Il se leva, laissant les documents en désordre sur son bureau, et se mit à marcher nerveusement dans la pièce. Son esprit était en ébullition, déchiré entre son devoir de médecin et son devoir de père. Il se revoyait tenir Violette dans ses bras, sentant ce calme étrange qui s’était installé entre eux. C’était comme si son propre corps avait réagi à ses pouvoirs, comme s’il pouvait l’aider à les contrôler, sans avoir à chercher de réponses dans les livres.

Mais ce sentiment le troublait profondément. Comment pouvait-il abandonner des années de croyance scientifique, de dévouement à la médecine, pour une impression aussi intangible ? L’idée même lui semblait absurde, presque irrationnelle. Et pourtant…

« Peut-être qu’il y a une part de vérité là-dedans, » murmura-t-il, les poings serrés.

Ses pensées revenaient sans cesse à ce moment avec Violette, mais aussi à Mariana. Elle semblait comprendre quelque chose qu’il ne saisissait pas, comme si elle avait déjà accepté cette dualité qu’il se refusait à embrasser. Il se sentait coupable de l’avoir critiquée pour sa confiance en des explications mystiques, en des croyances qui échappaient à la logique.

Arnold passa une main sur son visage, épuisé par cette lutte intérieure. Depuis toujours, il avait cru que la médecine détenait toutes les réponses. Mais maintenant, face à Violette, il se rendait compte que certaines choses échappaient à la science. Que peut-être, l’instinct et l’amour jouaient un rôle bien plus grand qu’il n'avait voulu l’admettre.

Date : 23 mars 2025

Heure : 18h00

Arnold se trouvait dans le salon, une tasse de café à la main, observant Mariana qui jouait doucement avec Violette sur le tapis. Il ressentait un étrange mélange d’admiration et d'envie en la regardant. Elle semblait si en paix avec tout ce qu’il rejetait, comme si elle avait depuis longtemps accepté cette nouvelle réalité qui les entourait.

Mariana leva les yeux vers lui, un sourire doux sur ses lèvres.

« Tu viens jouer avec nous ? »

Arnold hésita un instant, puis déposa sa tasse et s’assit à côté d’elles. Violette tendit immédiatement ses petites mains vers lui, et sans qu’il ne sache pourquoi, il ressentit cette même sensation familière, celle d’un lien invisible mais puissant. Il posa une main sur la tête de Violette, et cette fois, il se laissa envahir par cette émotion qu’il avait tenté de fuir pendant des semaines.

« Tu sais, » dit doucement Mariana, rompant le silence, « tu n’es pas obligé de comprendre tout. Parfois, il suffit juste d’être là. Violette n’a pas besoin que tu sois un médecin avec toutes les réponses. Elle a juste besoin que tu sois son père. »

Arnold tourna la tête vers elle, la gorge serrée. C’était si simple, dit comme cela. Et pourtant, pour lui, cela restait une bataille intérieure, une lutte entre deux parties de lui-même qui ne voulaient pas s’abandonner l’une à l’autre.

« J’essaie… » murmura-t-il. « J’essaie vraiment, Mariana. Mais c’est difficile. Tout ce que j’ai appris, tout ce que je suis… ça va à l’encontre de ce que je ressens parfois. »

Mariana hocha la tête avec compréhension.

« Je sais. Mais tu as déjà fait le premier pas. Tu es ici, avec nous. Et c’est tout ce dont Violette a besoin pour l’instant. »

Arnold baissa les yeux vers Violette, qui jouait maintenant tranquillement avec un petit jouet en bois. Le calme de cette scène, aussi simple soit-elle, résonna en lui avec une force inattendue. Peut-être que Mariana avait raison. Peut-être que tout ce qu’il avait à faire était d’être présent, d’accepter que certaines choses échappaient à son contrôle.

Pour la première fois depuis longtemps, il se sentit un peu plus en paix avec cette idée.

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