Date : 20 septembre 2025

Heure : 10h00

Dix jours s'étaient écoulés depuis la première rencontre avec Oliver, et pourtant, l'inquiétude grandissait chaque jour dans l’esprit de Mariana. Chaque visite d'Oliver semblait de plus en plus calculée. Il venait souvent à l’improviste, sous prétexte de laisser Liam jouer avec Matheo, mais Mariana n’était pas dupe. Il jetait toujours des regards furtifs vers Violette, comme s’il cherchait à capter quelque chose d’invisible. Elle sentait cette tension, ce poids qu’il faisait peser sur leur maison chaque fois qu'il était là.

Ce matin-là, Oliver était à nouveau venu, avec un sourire chaleureux et des biscuits faits maison. Mariana avait accepté poliment, mais une vague de méfiance ne cessait de monter en elle. Il passait du temps sur la terrasse pendant que Matheo et Liam jouaient à l’intérieur, mais elle sentait que ses yeux revenaient sans cesse vers le salon, là où Violette se trouvait.

« Comment va Violette ? » demanda-t-il, l'air nonchalant. Mais Mariana nota la pointe d’insistance dans sa voix.

« Elle va bien, merci, » répondit-elle, tentant de garder son ton léger. Mais elle savait qu'il cherchait à en savoir plus. « Elle a eu une poussée dentaire récemment, mais rien de plus. »

Oliver hocha la tête en silence, mais Mariana sentit qu’il n’était pas satisfait de sa réponse.

Heure : 12h00

Matheo et Liam étaient devenus inséparables. Les deux garçons jouaient tout le temps ensemble, explorant le jardin, inventant des histoires et des jeux. Mariana se réjouissait de voir son fils si heureux, mais une inquiétude sourde grandissait en elle. Elle savait que Matheo ne comprenait pas encore l’importance de garder certains secrets, notamment à propos de Violette.

En effet, cet après-midi-là, alors qu’elle s’affairait à préparer le déjeuner, elle entendit la voix de Matheo à travers la fenêtre ouverte. Il était en train de parler avec Liam, et ce qu’il disait fit tressaillir Mariana.

« Tu sais, ma petite sœur, elle peut faire des trucs bizarres, » confia Matheo, assis dans l’herbe avec Liam à côté de lui.

Liam, les yeux grands ouverts, se tourna vers lui.

« Comment ça, bizarre ? Comme quoi ? »

Matheo hésita un instant, mais continua.

« Eh bien, des trucs comme… elle brille parfois. Et quand elle pleure, des objets bougent tout seuls. »

Liam resta bouche bée.

« C’est vrai ? »

Mariana, qui avait écouté leur conversation à travers la fenêtre, sentit son cœur se serrer. Elle posa immédiatement le couteau qu’elle tenait, essuyant ses mains sur son tablier avant de se diriger vers la porte. Elle savait qu’elle devait intervenir avant que Matheo n’en dise trop.

« Matheo, Liam, venez vous laver les mains, le déjeuner est prêt, » appela-t-elle d'une voix douce mais ferme.

Matheo se redressa immédiatement, et Liam le suivit, encore sous le choc de ce qu’il venait d’entendre. Alors qu’ils passaient près de Mariana pour entrer dans la maison, elle posa une main légère sur l’épaule de Matheo, captant son attention.

« On parlera plus tard, d’accord ? » murmura-t-elle doucement.

Matheo hocha la tête, un peu confus par le sérieux dans les yeux de sa mère.

Heure : 14h30

Après le déjeuner, tandis que Liam et Oliver étaient partis, Mariana s’assit avec Matheo sur le canapé du salon. Elle savait qu’il fallait qu’elle explique la situation à son fils sans l’effrayer, mais aussi sans sous-estimer l’importance de garder certains secrets.

« Matheo, tu sais que Violette est spéciale, » commença-t-elle doucement, son ton chaleureux mais grave. « Ce que tu as dit à Liam tout à l’heure… c’était vrai, mais il faut faire attention à qui tu en parles. »

Matheo plissa les yeux, un peu confus.

« Pourquoi, maman ? Liam est mon ami. Je pensais que c’était bien de lui dire. »

Mariana prit une profonde inspiration, cherchant ses mots.

« Je sais que tu fais confiance à Liam, et je suis heureuse que vous soyez amis. Mais certaines choses à propos de ta sœur… tout le monde ne comprendra pas. Des gens pourraient être effrayés par ce qu’elle peut faire, ou vouloir l’étudier pour de mauvaises raisons. »

Matheo fronça les sourcils, visiblement troublé.

« Mais pourquoi quelqu’un voudrait faire du mal à Violette ? Elle est gentille. »

Mariana posa une main sur son épaule.

« Parce qu’il y a des choses que les gens ne comprennent pas. Et parfois, ce qu’ils ne comprennent pas leur fait peur. Même des gens comme Oliver, qui semblent gentils, pourraient être curieux pour des raisons qui ne sont pas bonnes. »

Matheo hocha lentement la tête, bien qu’il ne comprît pas encore toute la complexité de ce que sa mère disait.

« Je ne le dirai plus à personne, promis. »

Mariana sourit et serra son fils contre elle.

« Merci, Matheo. Tu es un super grand frère. »

Heure : 21h00

Ce soir-là, alors que Matheo était endormi, Mariana s'assit dans la cuisine, un verre de vin à la main, réfléchissant à tout ce qui s'était passé. Le comportement d’Oliver devenait de plus en plus suspect, et elle se demandait jusqu’où il irait pour en savoir plus sur Violette. Il n’avait pas seulement un intérêt poli pour sa famille, il cherchait quelque chose. Et cela la terrifiait.

Arnold, qui était rentré tard du travail, entra dans la cuisine, fatigué mais toujours alerte.

« Tu as l’air préoccupée, » dit-il en s’asseyant en face d'elle.

Mariana hésita un instant avant de parler.

« C’est Oliver. Il pose beaucoup de questions sur Violette. Trop, même. Il parle souvent de sa peau, de sa santé… et je crois qu’il cherche à savoir si elle a quelque chose de plus… »

Arnold se redressa, son expression devenant immédiatement plus sérieuse.

« Tu penses qu’il a des soupçons sur… ce qu’elle peut faire ? »

Mariana hocha la tête.

« Oui. Je n’aime pas ça. Je crois qu’il sait que Violette n’est pas une enfant ordinaire. »

Arnold réfléchit un instant, passant une main fatiguée sur son visage.

« J’ai fait quelques recherches sur lui. Il a changé de nom plusieurs fois, Mariana. Il a travaillé pour des entreprises liées à la recherche scientifique… et certaines avaient des projets sur des sujets paranormaux. »

Mariana sentit un frisson glacial parcourir son corps. Elle posa son verre de vin, les mains légèrement tremblantes.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? »

Arnold se leva, commençant à faire les cent pas dans la cuisine.

« Ça veut dire qu’il n’est peut-être pas ici par hasard. Je pense qu’il surveille Violette. Et s’il en sait plus que nous ? »

Mariana se sentit soudain désemparée. Le comportement curieux d’Oliver, les questions qu’il posait… tout prenait un sens sinistre.

« Arnold, il faut qu’on protège Violette. On ne peut pas laisser Oliver s’approcher d’elle. »

Arnold s’arrêta, regardant Mariana avec une intensité rare.

« On va trouver un moyen de la protéger. Mais il va falloir être prudent. Très prudent. »

Heure : 22h00

Mariana, toujours angoissée, monta dans la chambre de Violette et s’agenouilla près de son berceau. Sa fille dormait paisiblement, sa petite poitrine se soulevant et s’abaissant doucement. Un mince éclat argenté entourait son corps, brillant faiblement dans la pénombre de la pièce. Mariana posa une main sur le bord du berceau, son cœur lourd d’inquiétude.

« Je te protégerai, » murmura-t-elle. « Peu importe ce qu’il faut faire. »

Mais au fond d’elle, Mariana savait que le danger se rapprochait. Oliver n’était pas là par hasard, et ce qu’il savait sur Violette restait un mystère qu'elle n'était pas prête à découvrir.