Chapitre 25 (a revoir)

7 minutes de lecture

Date : 15 octobre 2025

Heure : 08h30

Le soleil matinal perçait à peine à travers les épais nuages gris qui s’accumulaient à l’horizon, plongeant la maisonnette dans une lumière pâle et diffuse. Mariana était assise à la table de la cuisine, sa tasse de café tiède oubliée entre ses mains. Le bruit lointain des vagues s’échouant sur les rochers venait briser le silence pesant qui régnait dans la maison. La lettre était posée devant elle, les mots gravés dans le papier résonnaient encore dans son esprit.

Le père d’Arnold. Un homme qu'elle n’avait jamais rencontré, un nom à peine évoqué dans leurs conversations. Arnold avait toujours été évasif, et Mariana n'avait jamais insisté. Pourtant, là, sous ses yeux, se trouvait une lettre de cet homme mystérieux, pleine de promesses et de révélations inattendues.

Elle leva les yeux vers Arnold, qui se tenait face à elle, accoudé à la table, les yeux fixés sur le sol. Son visage était fermé, ses traits tendus par l’inquiétude et la colère mêlées. Il n’avait rien dit depuis qu’il avait lu la lettre, mais Mariana pouvait sentir que chaque mot résonnait lourdement dans son esprit.

Les traits fatigués d'Arnold semblaient plus marqués sous la lumière pâle de ce matin. Son front plissé, ses lèvres serrées, chaque muscle de son visage montrait la lutte intérieure qui le dévorait. Finalement, il leva les yeux vers elle, son regard empreint de méfiance.

« Il est sérieux, » murmura Arnold, la voix rauque. « Il pense vraiment qu’il peut nous aider. »

Mariana hocha doucement la tête, prenant la lettre dans ses mains pour la relire à voix basse, ses doigts glissant sur le papier rugueux, usé par le temps.

"Arnold,

Je sais que mon absence pendant toutes ces années a laissé des cicatrices, des blessures que je ne peux pas guérir. Je ne cherche ni pardon ni réconciliation, mais il y a des vérités que tu dois savoir. Les événements que tu vis actuellement ne sont pas un hasard, et ce qui arrive à tes enfants est la conséquence d’un héritage dont tu ignores l’existence.

Notre famille porte un don, un don que j’ai moi-même essayé d’oublier, mais qui se transmet de génération en génération. J’ai fui ce pouvoir, je l’ai rejeté, pensant qu’en disparaissant, je pourrais l’enterrer avec moi. Mais aujourd’hui, je sais que c’était une erreur. Ce don ne disparaît jamais, et maintenant, c’est ta famille qui en paie le prix.

Violette et Matheo possèdent ce qui m’a été transmis et ce qui a façonné nos ancêtres. Tu ne comprends peut-être pas encore l’étendue de leurs capacités, mais sache que des personnes dangereuses les recherchent. Ce ne sont pas de simples dons, Arnold. Ce sont des capacités que certains convoitent pour des raisons que tu ne peux même pas imaginer.

Ils viendront pour eux, et si tu ne pars pas, tu ne pourras pas les protéger.

Je peux vous aider. Je sais où aller et comment nous cacher, mais il faut que tu acceptes de me voir. Il ne reste plus beaucoup de temps. Ne fais pas la même erreur que moi, Arnold. Je veux réparer ce qui peut encore l’être.

Richard."_

Le silence qui suivit la lecture de la lettre était presque assourdissant. Chaque mot, chaque phrase semblait porter un poids écrasant sur les épaules d’Arnold. Mariana sentit une tension palpable dans l’air, un frisson glacé parcourant son échine alors que le sens des mots s’enfonçait dans son esprit.

Elle jeta un regard à Arnold, qui fixait toujours le sol, les mains crispées sur le bord de la table. Son visage, normalement si calme et rationnel, était marqué par une lutte interne violente.

« Je ne lui fais pas confiance, » murmura Arnold, sa voix tremblant légèrement sous l’effet de l’émotion contenue. « Il a disparu pendant des années, et maintenant il revient avec des réponses miraculeuses ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ne pas nous avoir avertis avant que tout ne dégénère ? »

Mariana, bien qu'elle partage une partie de ses doutes, se pencha légèrement en avant, les sourcils froncés.

« Peut-être qu’il avait peur. Il parle d’avoir fui ses propres dons… Peut-être qu’il a commis une erreur, une erreur qu’il essaie maintenant de réparer. »

Arnold soupira profondément, passant une main lasse dans ses cheveux bruns légèrement grisonnants, ses doigts tirant sur ses mèches, comme pour libérer un peu de la tension qui l’assaillait.

Le silence qui suivit était lourd, uniquement perturbé par les cris légers de Matheo et Violette qui jouaient dans le salon, leur insouciance contrastant cruellement avec la gravité de la situation.

« Et si ce qu'il dit est vrai ? » demanda Mariana, brisant enfin le silence, ses yeux cherchant ceux d’Arnold. « Si nos enfants portent ce don… et si des gens dangereux les cherchent vraiment, nous avons besoin de savoir comment les protéger. »

Arnold se leva brusquement, faisant les cent pas dans la pièce, ses mains crispées en poings. « J’ai toujours détesté l’idée qu’il puisse avoir une quelconque influence sur nos vies… mais tu as raison. Nous devons en savoir plus. »

Heure : 11h00

Dans un coin de la pièce, Mariana s’occupait de plier soigneusement des vêtements dans un sac, son esprit hanté par les dernières révélations de la lettre. **Un héritage caché. Des dons transmis de génération en génération.** Elle se demandait ce que cela signifiait réellement, et surtout, pourquoi cela les avait tous rattrapés maintenant. Sa main trembla légèrement en pensant aux dangers qui semblaient se rapprocher d’eux chaque jour un peu plus.

Non loin d'elle, Arnold rassemblait des documents dans une valise : passeports, argent liquide, tous les éléments essentiels pour une fuite précipitée. La voiture noire, toujours stationnée en bas de la colline, ne semblait plus les quitter des yeux.

Le crépitement doux de la cheminée résonnait dans le salon, mais aucune chaleur ne semblait apaiser les tourments qui bouillonnaient dans leur esprit. Ils devaient partir, cela devenait évident. Mais où aller ? Vers cet homme qu'Arnold n'avait pas vu depuis des décennies ? Mariana n’était pas certaine, mais elle savait que rester ici devenait une option de plus en plus dangereuse.

« Arnold, » murmura-t-elle soudain, sa voix hésitante. « Et si Richard avait raison ? Et si nos enfants portaient vraiment ce don depuis des générations ? S’il connaissait des choses que nous ignorons ? Nous devons le rencontrer, pour eux. »

Arnold s’arrêta net, la valise à la main, ses yeux plongés dans ceux de Mariana. « Peut-être… mais je n’arrive pas à lui faire confiance, » dit-il, les lèvres serrées. « Je ne veux pas que cet homme entre dans notre vie après tout ce temps et prétende pouvoir tout réparer. »

Mariana se redressa, posant délicatement les vêtements dans le sac. « Je comprends, mais nous devons penser à Matheo et Violette. Si ce qu’il dit est vrai, nous devons découvrir la vérité. »

Heure : 17h00

Alors que le soleil commençait à décliner, baignant le ciel d’une teinte orange pâle, un bruit de pas à l'extérieur attira leur attention. Mariana et Arnold échangèrent un regard, leurs corps se raidissant d'instinct. Les rideaux fins de la cuisine frémirent sous la brise légère. Puis, une ombre se dessina sur le pas de la porte.

Arnold s’avança lentement, le cœur battant, sa main prête à saisir la poignée de la porte. Lorsqu’il l’ouvrit, il se retrouva face à un homme qu’il n’avait pas vu depuis des décennies. Richard.

Le vieil homme se tenait là, dans l'encadrement de la porte, ses traits marqués par les années, mais son regard toujours perçant, comme si le poids des décennies n’avait pas altéré son esprit. Son visage émacié était encadré par des cheveux gris, et une légère barbe poivre et sel masquait sa mâchoire, accentuant l’aura d’une vie durement vécue.

Le silence entre eux était oppressant, chargé d'une histoire non dite. Richard posa doucement ses yeux sur Arnold, et une ombre de tristesse traversa son visage fatigué.

« Je suppose que vous avez reçu ma lettre, » dit Richard d’une voix grave mais étrangement calme, ses yeux se posant tour à tour sur son fils et sur Mariana.

Arnold resta figé, ses poings serrés le long de son corps. Chaque fibre de son être semblait tiraillée entre la colère et la méfiance.

Mariana, quant à elle, s’avança doucement, les bras croisés sur sa poitrine.

« Nous l’avons lue, » répondit-elle, sa voix froide mais curieuse. « Vous dites pouvoir nous aider. »

Richard hocha lentement la tête, plongeant son regard dans celui de Mariana avec une intensité calculée.

« Je sais ce qu'il arrive à vos enfants. Violette… Matheo… Ils ne sont pas les premiers dans notre famille à porter ces dons. J’ai fui mes propres capacités, pensant que cela suffirait à les enterrer à jamais, mais je me suis trompé. Aujourd'hui, ils viennent pour eux, et vous devez être prêts. »

Arnold s’approcha d’un pas, ses yeux fixés sur ceux de son père, sa voix chargée de colère et de douleur. « Pourquoi maintenant ? Pourquoi ne pas nous avoir avertis plus tôt ? »

Le visage de Richard se durcit brièvement avant de se radoucir en une expression de regret palpable.

« Parce que j’étais aveuglé par ma peur. J’ai voulu vous protéger en disparaissant, mais cela n’a fait qu’aggraver les choses. »

Mariana, toujours méfiante mais poussée par l’urgence, avança encore.

« Expliquez-nous. Pourquoi nos enfants ? Pourquoi maintenant ? »

Richard prit une profonde inspiration, son regard plongeant dans celui de son fils avec une gravité palpable.

« Ce n’est pas seulement votre famille, Arnold. C’est un héritage plus vaste, plus ancien. Et aujourd'hui, vos enfants sont la clé. Je veux les protéger, comme je n'ai pas su le faire autrefois. Mais vous devez me faire confiance, et nous devons partir avant qu'il ne soit trop tard. »

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