Chapitre 37

4 minutes de lecture

Date : 1er mars 2027

Heure : 18h00

Le vent hurlait à travers les arbres, soulevant la neige en tourbillons qui flottaient dans l’air glacé. Mariana et Arnold avaient pris une décision difficile quelques heures plus tôt : ils avaient emmené Violette chez son grand-père. La situation était devenue trop tendue à la maison, et il leur fallait retrouver Matheo sans l'inquiétante présence de leur fille, qui devenait de plus en plus énigmatique. Ils avaient confié Violette à son grand-père, espérant que cet environnement plus calme serait temporairement suffisant pour éloigner l'influence de **Céleste**.

Maintenant, seuls au milieu de la forêt, leurs pensées étaient entièrement focalisées sur Matheo. La cabane que Violette avait mentionnée – entre les bois de Gradendo et la rizière de Clanqueya – se trouvait dans un coin reculé de la région, un endroit qu’aucun d’eux n’avait jamais visité. Ils devaient retrouver leur fils avant qu’il ne soit trop tard, mais l'inquiétude grandissait à chaque pas qu’ils faisaient.

« J’espère qu’on le retrouvera rapidement, » murmura Arnold, serrant la lampe torche dans ses mains. « J’ai un mauvais pressentiment. »

Mariana hocha la tête, les traits tendus. « Moi aussi… mais on n’a pas le choix. Violette a dit qu’il était là-bas. »

Le poids des mots de leur fille pesait lourd sur leurs esprits. Comment Violette pouvait-elle savoir où se trouvait son frère, et surtout, comment pouvait-elle parler de lui avec un détachement si troublant ?

Heure : 19h30

Ils avaient finalement atteint la cabane décrite par Violette. Enfouie dans les profondeurs de la forêt, elle semblait abandonnée depuis des décennies. Ses murs de bois étaient noircis par le temps, et le toit penchait dangereusement sous le poids de la neige. L’endroit respirait la solitude et l’abandon, mais il y avait quelque chose de plus profond, un malaise qui les prenait à la gorge.

Arnold se figea devant la porte, hésitant à l’ouvrir. Le bois craquait sous ses pieds alors qu’il posa la main sur la poignée rouillée. Mariana, juste derrière lui, sentait son cœur battre plus vite à chaque seconde qui s’écoulait. Ils ne savaient pas ce qu’ils allaient trouver à l’intérieur, mais la peur ne cessait de croître en eux.

Il ouvrit la porte lentement, dans un grincement aigu et sinistre. L'intérieur de la cabane était plongé dans une obscurité profonde. La lampe torche d'Arnold balaya la pièce, révélant un espace petit et délabré. Le sol était jonché de poussière, les meubles, vieux et cassés, semblaient figés dans le temps. Rien ne laissait supposer que quelqu’un avait vécu ici récemment.

Puis, dans un coin sombre, une petite silhouette se dessina. Matheo.

Mariana laissa échapper un cri de soulagement mêlé de panique et se précipita vers lui. Il était assis calmement sur une chaise, ses petites mains posées sur ses genoux, les yeux rivés sur le sol. Son visage était serein, mais il semblait étrange, absent.

« Matheo ! » s’exclama Mariana en le prenant dans ses bras, mais son corps resta rigide, comme s’il ne réagissait pas.

Elle s'écarta légèrement pour le regarder dans les yeux, cherchant un signe de vie, une étincelle de la part de son fils.

« Matheo, tu vas bien ? Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Matheo leva lentement la tête, son regard était lointain, détaché, comme s'il voyait quelque chose d'invisible aux autres. Sa voix, lorsqu'il parla enfin, était douce, presque détachée. « La dame en blanc s’est occupée de moi. Elle m’a dit que tout irait bien. »

Arnold fronça les sourcils.

« La dame en blanc ? Matheo, qui est cette dame ? »

Matheo tourna la tête vers son père, mais ne répondit pas immédiatement. Il semblait réfléchir, puis murmura doucement :

« Elle m’a dit que Céleste s’occupe aussi de moi maintenant. »

Mariana sentit une vague de froid parcourir son corps. Céleste. Ce nom, prononcé par son propre fils, la glaça d’effroi. Céleste, cette entité qui avait envahi la vie de Violette, qui semblait la contrôler de plus en plus… Comment était-il possible que Matheo soit aussi impliqué ? Cela devenait trop, trop rapidement.

Arnold essaya de masquer son inquiétude, mais le tremblement de sa voix trahissait ses émotions. « Viens, Matheo, on rentre. On va tout arranger, d'accord ? »

Matheo se leva, mais quelque chose dans ses mouvements était étrange, presque mécanique. Mariana le regardait, une boule d’angoisse grandissant dans son ventre. C’était son fils, et pourtant, il semblait différent, comme s’il était revenu… changé. Les paroles de Violette lui revinrent en mémoire :

« Ils s’occupent bien de lui. » Qu’avait-elle voulu dire exactement ?

Heure : 21h00

De retour chez eux, Mariana et Arnold s’efforcèrent de recréer une ambiance chaleureuse, mais l’atmosphère dans la maison restait glaciale. Matheo était assis près de la cheminée, silencieux, ses yeux fixés sur les flammes dansantes. Il ne semblait pas réellement présent, son regard vague et absent, comme perdu dans un autre monde.

Mariana tenta de lui parler, de le rassurer, mais chaque tentative de conversation se heurtait à une réponse monotone et sans émotion.

« Je vais bien, maman. La dame en blanc a dit que tout irait bien. » Ces mots, répétés en boucle, devenaient de plus en plus inquiétants.

Arnold, de son côté, regardait son fils avec une inquiétude croissante, cherchant désespérément une explication logique à ce qu’ils vivaient. Il jeta un coup d'œil à Mariana, mais aucun d'eux ne savait quoi dire.

C’est alors que Violette rentra de chez son grand-père. Dès son entrée, une tension palpable envahit la pièce. Son regard violet se posa immédiatement sur **Matheo**, l’observant avec une intensité troublante. Elle s’avança vers lui, s’accroupit à ses côtés, et murmura doucement : « Céleste m’a dit qu’il est à nous maintenant. »

Mariana, qui se tenait à quelques pas, sentit ses jambes vaciller.

« À nous ? » murmura-t-elle, sa voix tremblante.

Violette hocha lentement la tête, ses yeux violets brillant dans la lumière tamisée du feu. Elle se tourna vers ses parents, un sourire énigmatique se dessinant sur ses lèvres. Matheo, lui, ne réagit pas.

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