Chapitre 42

5 minutes de lecture

Date : 12 mars 2027

Heure : 23h30

La nuit enveloppait la maison dans un silence presque étouffant. Seul le bruit du vent, sifflant doucement à travers les fenêtres, rompait cette quiétude fragile. Mariana était allongée dans son lit, les yeux fixés sur le plafond, incapable de trouver le sommeil. Depuis quelques jours, un sentiment de malaise grandissait en elle, mais ce soir-là, il était plus intense. Quelque chose clochait. Elle le sentait.

Soudain, un murmure brisa la tranquillité nocturne.

« Maman... » La voix de Violette, douce mais étrangement distante, venait de sa chambre. Mariana se redressa aussitôt, son cœur battant la chamade. Elle jeta un coup d'œil à Arnold, qui dormait à côté d’elle, ses traits marqués par la fatigue et la colère qui l’habitaient depuis des semaines. Mariana savait qu’il était contre tout ce qu’elle faisait avec la Confrérie, mais elle ne pouvait ignorer cet appel.

Elle se leva discrètement, sortant de la pièce en silence, avant de se diriger vers la chambre de Violette.

Heure : 23h45

La porte de la chambre de Violette était entrouverte. Mariana entra doucement, son cœur battant à tout rompre. La petite fille était assise dans son lit, le regard perdu dans le vide. Mais contrairement à d’habitude, ses yeux n’avaient pas cette lueur glaciale, cette absence terrifiante qui marquait souvent son visage. Violette semblait... plus présente.

« Maman… aide-moi, » murmura-t-elle, sa voix tremblante et emplie de terreur.

Mariana sentit une vague d’émotion l’envahir. Depuis des semaines, Violette était comme une étrangère, sous l’emprise de Céleste, mais là, elle la reconnaissait, sa fille, telle qu’elle était avant.

« Ma chérie… tu es là ? » demanda-t-elle, presque incapable de croire ce qu’elle voyait.

Violette hocha doucement la tête, les larmes coulant sur ses joues.

« Elle veut m’emmener… Céleste veut m’emmener. »

Ces mots glaçaient le sang de Mariana, mais elle serra sa fille contre elle, incapable de retenir ses propres larmes.

« Non, je ne la laisserai pas te prendre, je te le promets. » Les sanglots de Violette résonnaient dans la petite chambre, brisant le silence de la nuit.

Mariana resta avec elle, lui murmurant des mots doux, lui promettant qu’elle la sauverait, qu’elles trouveraient un moyen. Pendant un moment, le temps semblait suspendu, et elle eut l’espoir fugace que tout allait s’arranger. Violette était là, avec elle, consciente, réceptive.

Mais le moment fut aussi bref que terrifiant. Soudain, les épaules de Violette se raidirent, et son regard redevint vide. Ses larmes s’arrêtèrent brusquement, son corps semblant se figer sous l’emprise invisible de Céleste.

« Maman, aide-moi, » répéta-t-elle, mais cette fois, sa voix était monotone, dénuée de l'émotion précédente.

Mariana sentit la terreur revenir. Elle savait que Céleste avait repris le contrôle. Elle embrassa le front de Violette, ses larmes se mêlant à celles de sa fille. **Elle avait eu un aperçu de la vérité** : Violette était encore là, quelque part à l’intérieur. Elle n’était pas perdue. Pas encore.

Heure : 00h15

Mariana se dirigea rapidement vers le salon, ses pensées tourbillonnant. Elle devait appeler Lucas. La Confrérie devait savoir ce qui s’était passé. Elle croyait enfin que leurs méthodes avaient commencé à fonctionner, qu'ils avaient réussi à affaiblir l'emprise de Céleste, même si ce n'était que temporaire.

Elle composa le numéro de Lucas d’une main tremblante. Il répondit après quelques sonneries, sa voix calme et posée contrastant avec l’agitation intérieure de Mariana.

« Mariana, que se passe-t-il ? » demanda-t-il, sentant son stress à travers la ligne.

« Violette... elle est revenue à elle, même si ce n’était que quelques instants. Elle m’a parlé. Elle avait peur, Lucas. Elle m’a demandé de l’aide, » dit-elle, incapable de contrôler l’émotion dans sa voix. « Je crois que vos séances commencent à fonctionner. »

Un silence se fit entendre à l’autre bout du fil, puis Lucas parla doucement.

« C’est un signe positif. Cela montre que l'emprise de Céleste peut être affaiblie. Mais vous devez rester vigilante. Ce ne sont que les premiers signes, et ce sera un long chemin. »

Mariana hocha la tête, même si Lucas ne pouvait pas la voir. « Merci, Lucas. Je crois en vous. Je crois que la Confrérie peut nous aider. »

Heure : 08h00

Le lendemain matin, Mariana se réveilla avec un brin d’espoir dans le cœur, un sentiment qu’elle n’avait plus ressenti depuis longtemps. Elle s’était levée tôt, préparant le petit déjeuner avec une énergie nouvelle. Ce bref moment de lucidité chez Violette avait tout changé. Elle croyait maintenant que sa fille pouvait être sauvée.

Mais quand Arnold descendit, les choses prirent une autre tournure.

Il la regarda, méfiant, ses traits marqués par la fatigue et la frustration.

« Tu as encore appelé Lucas, n’est-ce pas ? » demanda-t-il, sa voix froide, presque cassante.

Mariana se tourna vers lui, les mains encore tremblantes d’excitation.

« Arnold, écoute-moi. Violette est revenue à elle cette nuit, même si ce n’était que pour quelques instants. Elle m’a parlé. Je crois que la Confrérie fait des progrès. »

Arnold éclata d’un rire amer.

« Des progrès ? Mariana, ils manipulent Violette. Ils la plongent dans cet état pour te donner de faux espoirs. Je te l’ai déjà dit, ils ne veulent pas la sauver, ils veulent la contrôler ! »

Le visage de Mariana s’assombrit. Elle savait qu’Arnold ne faisait plus confiance à la Confrérie, mais ses paroles la blessaient profondément.

« Comment peux-tu dire ça ? Tu n’étais pas là. Tu n’as pas vu son visage. Elle avait peur, elle m’a suppliée de l’aider. C’était notre fille, Arnold. Elle était là. »

Arnold secoua la tête, les mâchoires serrées. « Non, Mariana. Ce n’était pas elle. C’était Céleste qui te jouait un tour. Et maintenant, tu es piégée par leurs mensonges. »

Un silence tendu s’installa entre eux. Mariana sentit une fissure se former entre eux, une fracture qui semblait irrémédiable. Elle voulait croire en la Confrérie, croire qu’ils pouvaient sauver Violette, mais Arnold ne voyait en eux que des prédateurs, prêts à exploiter leur douleur.

« Je ne te reconnais plus, » murmura Arnold, avant de quitter la pièce, sans un regard en arrière.

Mariana resta seule dans la cuisine, le souffle court. Elle savait que leur relation s’effritait, que Violette les déchirait plus que jamais. Mais elle n’avait pas le choix. Elle ne pouvait abandonner l’espoir. Même si cela signifiait s’éloigner de l’homme qu’elle aimait.

Heure : 10h00

Assise près de la fenêtre, Mariana observait ses enfants jouer dehors. Violette semblait si normale, et pourtant elle savait qu’à tout moment, Céleste pourrait reprendre le contrôle. Mais elle refusait de se laisser submerger par la peur. Elle croyait que Lucas et la Confrérie étaient sa seule chance.

Le téléphone dans sa main vibra. C’était un message de Lucas :

« Nous avons de nouveaux protocoles pour Violette. Cela pourrait accélérer le processus. »

Mariana sentit un nouvel espoir naître en elle, même si au fond, une petite voix lui disait qu’Arnold n’avait peut-être pas complètement tort.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Podqueenly ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0