Chapitre 46

5 minutes de lecture

Date : 17 mars 2027

Heure : 07h30

Le ciel était encore sombre lorsque Lucas arriva à la porte de la maison. La voiture noire de la Confrérie se tenait dans l’allée, silencieuse et intimidante. Mariana observait depuis la fenêtre de la cuisine, une boule d’angoisse se formant dans son estomac. Elle savait que le moment était venu, mais cela n’avait rien d’apaisant. Au contraire, c’était comme si chaque fibre de son être la suppliait de garder Violette près d’elle. Pourtant, la promesse d’une aide concrète, d’une possible guérison, la poussait à prendre cette décision.

Lucas toqua doucement à la porte, ses gestes mesurés, son visage grave mais respectueux. Lorsqu’elle ouvrit, Mariana chercha dans ses yeux quelque chose qui pourrait la rassurer, mais elle ne trouva qu’une détermination froide et professionnelle.

« Mariana, » commença-t-il d’une voix basse, comme s’il cherchait à ne pas briser la délicatesse du moment. « Vous savez que c’est la meilleure solution pour elle. Nous avons étudié son cas en profondeur, et nous sommes convaincus que le temps passé avec nous permettra de briser l’emprise de Céleste. »

Mariana hocha la tête, le cœur serré.

« Je le sais… Je veux juste être sûre que vous ferez tout pour qu’elle revienne à elle. Je… je ne pourrais pas la perdre, Lucas. »

Il posa une main réconfortante sur son bras.

« Nous sommes ici pour l’aider, Mariana. Nous avons vu des cas similaires, et même si Violette est unique, nous pensons que nous pouvons la libérer. Il faudra du temps, mais c’est une chance qu’il faut saisir. »

Mariana sentit ses larmes monter, mais elle les ravala. Arnold n'était pas là pour la soutenir, et elle se sentait terriblement seule face à cette décision. Lucas se tourna légèrement pour regarder la voiture, puis reporta son attention sur Mariana.

« Où est-elle ? » demanda-t-il doucement.

Mariana déglutit et recula légèrement, ouvrant la porte qui menait au salon. **Violette** était là, assise calmement sur le canapé, ses yeux d’un violet profond fixant le vide. Elle n’avait pas réagi à l’arrivée de Lucas, et Mariana réalisa que, malgré ses moments de lucidité, sa fille semblait de plus en plus détachée du monde réel.

« Violette, » appela Mariana, sa voix tremblante.

La petite fille tourna lentement la tête vers sa mère, un léger sourire aux lèvres.

« Je vais bien, maman. Je vais revenir. »

Ces mots, simples mais lourds de promesses, brisèrent le cœur de Mariana. Elle s'agenouilla devant sa fille, posant une main sur sa joue froide. « Je t’aime, ma chérie. Tu reviendras vite, n’est-ce pas ? »

Violette hocha la tête, mais ses yeux semblaient ailleurs. Lucas s’avança alors, s’accroupissant à côté de Mariana. « Violette, viens avec moi. Nous allons prendre soin de toi. »

Sans un mot de plus, Violette se leva doucement et suivit Lucas jusqu’à la porte d’entrée. Mariana resta figée, incapable de bouger, incapable de prononcer un mot. Elle sentit la porte se refermer derrière eux et entendit le bruit du moteur de la voiture qui démarrait.

Elle resta là, debout dans le couloir, le regard fixé sur la porte fermée, sentant une partie d’elle-même partir avec sa fille.

Date : 24 mars 2027

Heure : 08h30

Une semaine s'était écoulée depuis que Violette avait quitté la maison. Le vide qu’elle avait laissé était presque palpable, comme une présence invisible flottant dans chaque pièce. Les recoins de la maison semblaient imprégnés d’un silence pesant, presque oppressant. Les murs, habituellement si chaleureux avec leurs teintes crème, paraissaient ternis, et même la lumière qui entrait par les fenêtres avait perdu de sa chaleur. Tout semblait s'être figé depuis le départ de Violette, comme si le temps lui-même hésitait à avancer sans elle.

Dans la cuisine, Mariana fixait la fenêtre, une tasse de café refroidissant entre ses mains. Dehors, le vent soufflait doucement, faisant frémir les branches nues des arbres dans le jardin. Aucun son ne venait troubler la tranquillité pesante de la maison. Cette absence de bruit était devenue une source d'angoisse, chaque silence résonnant comme un écho de l’absence de Violette.

Arnold, quant à lui, était parti de la maison avant l’aube, sans un mot. Il s’éloignait de plus en plus, chaque jour, passant de longues heures loin de la maison, comme pour fuir la réalité qui les frappait. Ils ne parlaient presque plus, leurs conversations se réduisant à de simples phrases pratiques, dénuées de chaleur ou de réconfort. La fracture entre eux s’élargissait un peu plus à chaque moment d’absence.

Dans le salon, Matheo jouait distraitement avec ses blocs de bois, mais son regard était fixé au loin, au-delà des fenêtres, au-delà du monde tangible. Son visage, habituellement si vif, était maintenant marqué par une expression indéchiffrable. Mariana l’observait, le cœur serré. Matheo avait changé depuis le départ de Violette. Il semblait plus silencieux, plus distant, comme s'il partageait l’absence de sa sœur d'une manière que Mariana ne pouvait comprendre.

Heure : 14h30

Alors que la journée avançait, Mariana continuait à se perdre dans ses pensées, ses gestes devenant mécaniques, presque vides de sens. La maison, autrefois remplie de vie et de bruit, semblait maintenant se noyer dans cette atmosphère oppressante de solitude. Le temps semblait s'étirer, chaque minute devenant une épreuve.

Soudain, un fracas brisa le silence. Mariana accourut dans le salon, son cœur battant la chamade. Là, elle trouva Matheo, debout près de la table basse, fixant le sol où un vase s'était brisé en mille morceaux. Les éclats de céramique scintillaient à la lumière grise de l'après-midi, comme autant de fragments de normalité éparpillés.

Mais ce n’était pas le vase qui l’inquiétait. C’était le visage de Matheo. Son expression était figée, comme s'il venait de voir quelque chose d'invisible mais terrifiant.

« Matheo, qu’est-ce qui s’est passé ? » demanda-t-elle doucement, avançant lentement vers lui.

Il ne répondit pas tout de suite, ses yeux fixant un point invisible devant lui. Ses mains tremblaient légèrement, et ses lèvres bougèrent à peine lorsqu’il murmura, presque imperceptiblement :

« Elle est là… Violette est là… Elle m’a parlé, maman. »

Un frisson parcourut Mariana de la tête aux pieds. Violette n’était pas là. Lucas l’avait emmenée. Comment pouvait-elle être là ? Elle s’agenouilla devant Matheo, son cœur battant à tout rompre.

« Qu’est-ce que tu veux dire, mon cœur ? Violette t’a parlé ? »

Matheo hocha la tête, ses petits poings se serrant si fort que ses jointures blanchirent.

« Elle m’a dit qu’elle veut revenir. Mais elle ne peut pas… pas encore. Elle est coincée quelque part… c’est sombre, très sombre. »

Mariana sentit un nœud se former dans sa gorge. Les mots de Matheo étaient clairs, mais ils n’avaient aucun sens. Pourtant, une part d’elle savait qu’il ne mentait pas, qu’il ne jouait pas. Il parlait avec une sincérité déchirante. Elle le prit doucement dans ses bras, sentant son petit corps trembler légèrement contre elle.

« C’était vraiment elle ? » demanda-t-elle, la voix à peine plus qu’un souffle.

« Oui, » répondit Matheo, d’une voix faible mais certaine. « Elle m’appelle souvent… Elle dit qu’elle peut me voir. »

Les larmes montèrent aux yeux de Mariana. Ses mains tremblaient tandis qu’elle serrait son fils contre elle. Violette était-elle réellement en train de communiquer avec lui ? Ou était-ce Céleste, jouant avec leur esprit, les manipulant tous les deux ?

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