1er Octobre 2015,

Qu'est-ce que je fous ? J'écris un journal ? J'ai toujours trouvé le concept un peu niais. Mais j'ai besoin de réfléchir posément, et impossible de le faire sans coucher des mots tangibles sur le papier.

Alors voilà.

Problème = Ophélie.

Elle m'épuise. Franchement, j'en ai marre. Elle m'envoie des messages tous les jours. Et pour quoi ? Me raconter qu'elle va voir ses bons copains, qu'elle a recommencé le travail, et blabla.

Ta. Gueule.

Je me trouve affreux. Vraiment. J'aimerais ne pas réagir ainsi. J'aime Ophélie. C'est bien ça le souci. Je l'aime.

Sauf que c'est trop. Trop. Trop. Impossible, même.

Je suis marié, est-ce qu'elle le comprend ? M.a.r.i.é. A une femme que j'aime aussi. C'est ce qu'on appelle un bordel phénoménal. Je ne sais pas ce qu'elle veut, mais je dois m'éloigner. De toute urgence. Voilà. C'est ce que je voulais éviter de penser : m'éloigner. Aïe... Je n'ai pas envie de la perdre. Pas Ophélie, quoi ! Ma meilleure amie, cette personne. La personne qu'on ne rencontre qu'une fois dans sa vie. Celle avec qui tout est simple, tout est clair. Mais aujourd'hui, avec cette personne tout est noir. Douloureux. J'aimerais juste qu'elle arrête, mais je n'arrive pas à le lui dire. Ce serait long, et je sais que je finirais par craquer.

Lui dire d'une traite par message, j'y ai pensé. Lui demander d'arrêter. Que j'en ai trop sur le cœur, que j'ai une femme, que ça rend les choses trop difficile à surmonter. Mais que penserait-elle de moi, alors ? Un lâche qui n'ose même pas la regarder dans les yeux ? Boaf. Mon image ne doit déjà pas être très reluisante...

15 Octobre 2015,

J'avais complètement arrêté de lui parler pendant quelque temps. Il le fallait. Il le fallait vraiment. Pourquoi ?

Ma femme est enceinte.

Bordel. De. Merde.

Je ne dois pas déconner, maintenant. Lorsque j'ai vu qu'elle m'avait supprimé de tous les réseaux sociaux, bien sûr que j'ai eu mal. Mal de la faire autant tourner en bourrique. Mal de la faire souffrir. Ça me rend malade. Je crois que mon corps réagit physiquement à ce malaise, j'ai passé la nuit à trembler comme si j'avais de la fièvre. Et puis, ce matin, je reçois un message. Un putain de message.

Je ne lui ai pas encore répondu, j'attends. Elle me demande si on doit couper les ponts. Je suis censé dire : Oui, désolé Ophélie, je n'ai plus que ça à faire. Maintenant j'ai des responsabilités, et plus je suis près de toi, plus je m'enflamme.

Je te hais, Ophélie. Je te hais et pourtant je t'aime. Voilà, c'est clair. Tu ne le sauras jamais, et je brûlerais ce maudit tas de papiers. Mais je t'aime. Il fallait au moins que je le dise quelque part... J'aurais dû m'en rendre compte plus tôt. J'en sais rien. Mais je n'arrive pas à lui répondre. J'aimerais être méchant, mais c'est hors de ma portée. Ce que j'ai pu lui faire subir jusqu'à présent est déjà au-delà du supportable. Je sais qu'elle m'en veut, qu'elle m'en voudra toujours. Je sais que je l'ai terriblement blessée, attristée.

Rien que de le savoir me dégoûte. Je me dégoûte. Mais il faut que je réponde quelque chose. Quoi ?

Quoi ?