Chapitre 4

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Le temps est mauvais. C'est dommage. Matteo est pressé de partir.

  • Alors, on y va ?
  • Si tu veux, Adrianna, mais où est Nash ?
  • Dans sa chambre.

Braoum !!! Un second coup de tonnerre plus fort que les autres nous fait sursauter.

  • La vache, j'ai eu peur, s'exclame Julia.
  • Attends, Nash ! crié-je.

L'éclair qui a traversé le ciel vient de me rappeler que c'est justement une des peurs paniques de Nash. L'orage le terrifie.

Médusés, le frère et la sœur s'écartent rapidement pour me laisser passer et je me précipite à l'étage. La chambre de Nash est à l'autre bout de l'étage. Je ne l'ai jamais trouvée aussi loin. La porte est fermée. Je frappe. Pas de réponse.

  • Nash, je me permets de rentrer.

C'est bien ce que je craignais. Le jeune homme est recroquevillé sur lui-même, tremblant, en position du foetus. Il souffre de crise d'angoisse. L'un des déclencheurs est le bruit trop intense. Il a arrêté ses calmants depuis qu'il est arrivé à Butterfly. Il se sentait assez bien dans cette maison pour prendre cette décision.

Heureusement, ce n'est pas la première crise auquelle j'assiste. Je serre le poing pour maîtriser mon inquiétude et respire profondément. Doucement, sans un mot, je m'asseois par-terre et me rapproche de celui qui est comme un frère pour moi. Je m'allonge et me place de telle façon que nos dos se touchent. La chaleur humaine est le meilleur soutien dans ses instants.Il frissonne. Je sens tout son corps trembler. Je m'efforce de calmer mon inquiétude pour lui transmettre et ferme les yeux.

Seconde après seconde, je sens que les battements de son coeur se calent sur les miens et que son état se stabilise. La crise est passée, comme l'orage : je n'entends plus que le doux crépitement de la pluie.On reste encore comme ça un long moment. J'attends qu'il se lève par lui-même. Alors, je me lève à mon tour et je lui ouvre les bras. Je suis à un mètre de lui. Son visage est rougi par les pleurs. Il est calme. Je lui souris.

  • Calîn ?

Il m'attrape comme un naufragé s'empare d'un bouée de sauvetage. Désepérément. Avec force. Je sens les larmes couler, salvatrices. Je lui tapote le dos.

  • Ca va mieux ?

Il s'écarte et s'essuie le visage. Un pauvre sourire, arc-en-ciel après l'averse, fleurit. Il m'émeut : je vois ce grand garçon de 22 ans, étudiant en médecine, qui me regarde, fort et faible tout ensemble, et je me sens toute petite.

Je m'éloigne, un peu gênée d'être aussi proche. Je me suis promis que je ne dépasserai pas les limites avec lui : ce qui signifie ne pas violer son espace vital. Je croise les bras pour me donner une contenance.

  • Tu veux parler ? Je sais que ce n'est pas facile mais je suis prête à t'écouter si tu as besoin.
  • Ca ira. C'est juste que la semaine a été compliquée.
  • Oui ? Tu peux me dire, tu sais.
  • Mon père a essayé de me contacter.

Je serre les dents. Cette ordure a osé. Je n'aime pas la violence mais je lui collerai bien mon poing dans la figure et mon pied dans l'entrejambe. Il a fait suffisamment de mal sans en rajouter maintentant que son fils peut enfin faire sa vie.

  • Ce connard, murmuré-je, si je le croise ...
  • Hé, ho, calme-toi. Je vais bien.
  • Mais non ! Il n'a pas le droit de faire ça !
  • Ne t'inquiète pas.

Nash est sérieux, il ne veut pas en parler plus, alors je n'insiste pas plus, de crainte de lui faire de la peine. Je reste silencieuse. Il doit nous attendre en bas. J'ai failli les oublier. Il me lance un regard interrogateur.

  • Comment est ma tête ?
  • Passe-toi de l'eau sur le visage et ce sera très bien. Tu viens avec nous au resto ?
  • ... Oui.
  • Je t'attends.

Un signe de tête approbateur me répond. Je rejoins le couloir pour le laisser finir de se changer. Tant d'émotions m'ont un peu déstabilisée. Je me laisse glisser au sol contre le mur. Je me frotte le visage et souffle doucement. Je dois évacuer tout le trouble et l'inquiétude qui m'ont envahie.

La pression retombe. Ça va mieux. L'eau cesse de couler dans la salle de bain. Il devrait bientôt arriver, juste le temps de me reposer et de reprendre mes esprits.

Je tire mes écouteurs de ma poche sentant la nécessité d'un peu de musique pour m'aider à vraiment me reprendre. Je lance mes favoris et me laisse porter par mes titres préférés de rock et de K-pop.

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