Chapitre 10

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Il fait grand soleil en cet après-midi de septembre. Sur les terrasses des cafés, des couples, des amis, des familles, profitent de leur weekend.

Je suis les deux amis sans résister. J'attends le dessert depuis que nous avons quitté le restaurant. Mon cornet de Stracciatella et Mandorla à la main, j'observe les passants pendant que mes amis commandent.

Je m'amuse à observer leurs tenues, j'essaye de deviner les relations qui lient chaque personne en étudiant leur langage non-verbal.

  • Hum, eux deux en couple. Là elle est amoureuse et lui non. Mariage heureux, plusieurs enfants.

Mon regard glisse sur les clients attablés au grand air, protégés par de grands parasols de teintes variées.

Des yeux, je fais ainsi le tour de la place. Attirée par un détail intriguant, je reviens en arrière. J'ai remarqué un sac violet que je suis sûre d'avoir déjà vu quelque part.

Lorie toute pimpante sirote son soda sans quitter du regard son vis-à-vis. Légèrement dans l'ombre, je ne parviens pas à voir le visage de ce dernier.

Soudain, le garçon se penche en avant et je retiens un cri de surprise : Nash. Le jeune homme sourit à notre nouvelle colocataire, un peu gêné. Ses oreilles rougissent et je le vois assez pour remarquer qu'il caresse son pouce. Il a l'habitude de la faire quand il est nerveux.

  • ... na ? Adrianna ?
  • Hein ?

Andrew me regarde, inquiet.

  • Tu vas bien ? Tu es toute blanche.
  • Ça va. Partons d'ici.
  • Déjà ? Tu ne voulais pas visiter l'autre côté de la ville ?
  • Je suis fatiguée.

Mélody s'approche.

  • Qu'est-ce qu'il se passe, tous les deux ?
  • Anna ne va pas bien, mais elle ne veut pas m'expliquer.
  • Allons chez moi. Je vous offre à boire.

La jeune fille m'attrape par le bras sans un mot de plus. Elle a senti que quelque chose m'avait touchée.

Elle traverse la place à grands pas, toujours en me tirant, s'engouffre dans une ruelle avec Andrew à sa suite. Ce dernier a l'air accoutumé à cette façon de faire.

Elle s'arrête devant une grande maison. En pierre de taille, cette dernière semble avoir été rénovée récemment. Plusieurs boîtes aux lettres indiquent qu'il y a ici plusieurs appartements.

  • Il n'y a pas d'ascenceur, je te préviens. Ma famille vit au deuxième étage. Ca ira ?
  • Pas de souci, vraiment.

Quelques minutes plus tard, Mélody pousse la porte et me fait entrer.

  • Bienvenue chez moi Adrianna ! Maman !
  • Oui, chérie ?
  • Andrew et Anna sont là.
  • Entrez-donc.

Un petite dame au sourire accueillant entre dans la salle de séjour. Brune comme sa fille, elle respire le calme et la sérénité.

  • Bonjour Andrew, comment va ta soeur ?
  • Très bien, merci Clarisse.
  • J'en suis soulagée.

Elle se tourne vers moi.

  • Bonjour madmoiselle. Vous êtes Adrianna, n'est-ce pas ? Ma fille ne cesse de me parler de vous depuis la rentrée. Elle m'a même demandé si on pouvait visiter l'Italie cet été.
  • Haha, je ne saurais vous conseiller que d'accepter. Je vous guiderais volontiers. Tutoyez-moi et appelez-moi par mon prénom, je vous en prie. Après tout, Mélody et moi avons le même âge.
  • Certes, je te fais la même demande pour moi dans ce cas.
  • Merci beaucoup, madame. Clarisse.
  • Voilà qui est fait. Je vais vous laisser, les enfants, je retourne à mon travail. N'hésitez pas si vous avez besoin de quoi que ce soit.
  • Merci maman. Ne t'inquiète pas et concentre toi donc sur ton manuscrit.

Clarisse Evergarden disparaît dans son bureau. Mélody me tend une bière et m'indique le canapé couleur crème derrière moi.

  • Ma mère est écrivain. Tu comprends mieux tout ça.

Elle écarte les bras. Les murs de la pièce sont littéralement des étagères remplies d'ouvrages de toutes sortes. Il y a des livres sur la table, d'autre sur le meuble de télé ou encore sur le sofa.

  • J'adore cette atmosphère.
  • Vraiment ? Mon père pense à transformer une des chambres en bibliothèque. Tu peux emprunter n'importe quoi quand tu veux, Adri.
  • Bref, c'est pas tout ça, mais on attends les informations.

Andrew s'impatiente. Jambes croisées, il me jette un regard interrogateur et teinté d'inquiétude.

  • Tu n'est pas comme d'habitude.
  • Je m'en veux, vous savez.

Mel me rejoint sur le divan et entoure mes épaules de ses bras. Je me blottis contre elle et prends une grand inspiration avant de continuer.

  • Voilà. Je vous ai parlé de Lorie, ma nouvelle coloc.
  • Celle qui est intéressée par Nash ?
  • Yep. Eh bien, ils étaient ensemble. Ils buvaient un verre.
  • Ok.

Les deux amis se lancent un regard complice. Andrew peine à retenir un sourire et Mélody rit franchement.

  • Qu'est-ce que j'ai dit ?
  • Anna, réfléchis un peu. À ton avis, pourquoi tu es dans cet état ?
  • Je n'aime pas cette fille !
  • Et pourquoi ?
  • Dililing !

Le portable d'Andrew sonne. Il décroche et s'éloigne et nous fait signe de continuer.

  • Ne sois pas si naive, ma chérie. Cette fille ne t'a rien fait de particulier, n'est-ce pas ? Simpement, tu n'aimes pas qu'elle soit avec Nash.
  • Je ne sais pas, je ...
  • Et si, tu sais. Regarde-toi.

Rougissante, je plonge dans ses bras pour cacher ma gêne. Mélody rit et me tapote gentiment le dos.

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