Chapitre 13

4 minutes de lecture
  • Adrianna !

Julia essaye de me rattraper en courant. Je me contente d'accélérer le pas. Je suis fatiguée. Les larmes coulent sans que je ne cherche à les essuyer et rougissent mon visage.

  • Adrianna, arrête-toi !

Je stoppe brusquement et me retourne vers ma cousine, lèvres serrées et poings fermés, prête à débattre.

  • Cosa ?
  • Qu'est-ce qui t'arrive, dis-moi ? Ce n'est pas ton genre d'être aussi sensible. Depuis que Lorie est arrivée, tu ne cesses de lui manquer de respect. Tu ne l'aimes pas sans réelle raison. Qui plus est tu te mêles de sa vie privée et de celle de Nash. Si et seulement si ils sortent ensemble, ils n'ont aucun compte à te rendre. Ils sont tous les deux adultes et parfaitement responsables.

J'observe ma cousine en silence, des larmes aux yeux, les poings serrés, au bord de la crise de nerfs. Je sens que je perd le contrôle et je suis d'autant plus énervé que je refuse d'accepter être jalouse.

  • Tu ne comprends absolument rien.
  • Oh si, je comprends parfaitement bien. Que représente Nash à tes yeux ? Un cousin ? Un frère ? Ou plus qu'un simple ami ?
  • Tu dis n'importe quoi ! Je suis juste inquiète ...
  • Pourquoi ? Il va très bien.
  • ...
  • Alors ?

Je refuse d'en entendre plus et tourne définitivement les talons. Ai-je vraiment tort ? Je ne fais rien de mal ! Je me contente d'essayer de le protéger.

Julia me laisse partir sans plus essayer de me retenir. Les larmes coulent sans s'arrêter en gouttes amères sur mon visage.

Ma course insensée me porte à travers la foule en fête jusqu'au parvis du Sanctuaire des Etoiles Brisées. Je me laisse tomber au pied de l'immense mur de pierres séculaires qui soutient le bâtiment, le souffle court.

J'essuie mes yeux humides du dos de la main. Un sanglot nerveux m'échappe et je serre les poings. Je suis vraiment pitoyable.

Je sursaute quand une main se pose sur mon épaule. La tête entre les mains, je n'ai pas vu arriver le garçon qui s'assoit à côté de moi;

  • Ça ne va pas ?

Estomaquée, je regarde le garçon comme si je voyais un vampire pour la première fois.

  • Nathan ?

Il lève les mains dans un geste de paix quand il voit mon mouvement de recul.

  • Je ne te veux aucun mal. Je peux même partir si tu préfères. Seulement, tu n'as vraiment pas l'air en forme, alors j'aimerais éviter que tu restes seule.

Les mots restent coincés dans ma gorge serrée. Je suis incapable d'articuler autre chose qu'un borborygme incompréhensible avant de m'effondrer en larmes.

  • Tout va bien, ne t'inquiètes pas.

D'un geste un peu maladroit, il tapote mon épaule dans une tentative réconfortante. Sans vraiment savoir comment, je me retrouve en larmes entre ses bras.

Doucement, il murmure des paroles apaisantes que je ne comprends pas mais dont le bourdonnement aide à me calmer.

Je sens mes respirations se caler sur les siennes, mon tremblement s'apaiser et mes larmes se tarir. Je me redresse et m'éloigne de quelques centimètres. 

  • Merci, articulé-je lentement.
  • Je t'en prie.

Il me regarde et je vois ses yeux pétiller alors qu'il se retient de rire.

  • Quoi ? m'exclamé-je acerbement.
  • Si tu voyais ta tête, pouffe-t-il.

Mi-amusée, mi-fâchée, je lui lance une bourrade dans l'épaule. Il grimace de douleur et je hausse le sourcil, intriguée.

  • Je t'ai fait mal ?

Il se masse l'épaule et secoue la tête.

  • Je vais bien.
  • Non ! Qu'est-ce qu'il y a ?
  • Rien.

Il se lève brusquement pour mettre fin aux questions et s'éloigne de quelques pas.

  • Tu devrais rentrer chez toi et te changer. Tu vas attraper froid avec tes vêtements humides et le vent du nord, dit-il sans me regarder.
  • Nathan ...
  • Ne t'inquiète pas pour moi. Et oublie cette journée.

Il se retourne vers moi et me regarde avec cet air habituel qu'il affiche au lycée : le beau dragueur garçon conscient de son charme.

Je perd mon sourire et comprend que ce n'est qu'un masque qu'il revêt et qu'il se cache derrière ce personnage de Casanova.

Je souris gentiment et son visage s'adoucit légèrement. Je me rapproche et pose une main sur son bras. Il sursaute et s'assombrit.

  • Pardon, je ne voulais vraiment pas ... bégayé-je.
  • Tout va bien. Ne me touche pas, c'est tout.
  • D'accord.

L'atmosphère s'alourdit et je danse sur un pied, embarassée.

  • Alors, euh ...
  • Tu veux venir boire quelque chose chez moi ? Je peux te prêter des vêtements aussi avant que tu rentres chez toi.

Je lui lance un regard surpris. Il rougit légèrement.

  • Je veux juste t'aider. Je ne te demande rien en échange.

Je hoche la tête.

  • Pourquoi pas.

Déconcerté, il rougit encore plus.

  • Tu pensais que j'allais refuser ? ris-je.
  • Sincèrement ? Oui.
  • Il ne fallait pas proposer alors, gloussé-je joyeusement.

Il s'esclaffe à son tour et je vois ses épaules se détendre.

  • Bon, tu m'emmènes ?

Il sourit et me montre le chemin. Je lui emboîte le pas sans un mot.

Annotations

Vous aimez lire Papillon Bleu ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0