Chapitre 8.2 : Tini
Présent…
Je refermai mon journal intime, puis je descendis de la balustrade avant de retourner dans notre chambre. Je me figeai en apercevant Crow assis sur le lit. Ce dernier avait croisé ses doigts à l’arrière de sa tête et semblait perdu, fixant silencieusement le sol. Je m’approchai en douceur de lui, posant mon journal au passage.
Je fourrai mes doigts dans ses cheveux et le serrai dans mes bras. Ce dernier enroula ses bras autour de moi et posa sa tête sur mon ventre.
- Salut toi, tout va bien ?
- Tout va bien, j’ai effectué ma mission et j’ai été grassement payé pour cela.
- Crow…
- Je ne veux pas me mettre en colère et cette conversation va me rendre furieux.
- Hum, mais sans cette conversation, on ne pourra pas avancer.
- Je sais, souffla-t-il.
Je pris sa tête entre mes mains, caressant silencieusement sa barbe de trois jours, effleurant tendrement les marques que le temps commença à peine à imprimer aux coins de ses yeux. Ses pupilles noires et brillantes m’ensorcelèrent aussitôt.
L’alchimie fut évidente entre nous. Nous nous complétâmes parfaitement. Sa force, son calme olympien et sa brutalité contre ma nervosité sans fin, mon impatience et ma douceur. Son expérience et ma curiosité. Sa volonté de me dominer pour être le maître de mon plaisir, et ma capacité à me soumettre à lui pour lâcher prise et me libérer entièrement. Seuls mes appréhensions et mes peurs pourraient nous diviser.
Cela devrait pourtant être si simple… S’attendre, se désirer, se manquer, se retrouver, se toucher, s’embrasser, se caresser, baiser, baiser encore et encore, et cela jusqu’à en oublier tout le reste, nos vies, nos quotidiens, nos emmerdes, nos priorités, nos responsabilités…
Plus rien n’eut d’importance quand d’un regard il me fit baisser les yeux, quand il me murmurait de me livrer à lui, quand enfin il posait la main sur moi. Mais je ne cessais sans cesse de me poser des questions dont celles qui ne cessaient de tourner dans ma tête.
« T’acceptera-t-il toujours quand il sera qui tu es vraiment ? Te voudras-t-il quand tu lui expliqueras ta vision de ses envies. Comprendra-t-il tes craintes, tes doutes et toutes ses questions qui te hantent ? »
- Je sais que tu es en colère parce que tu penses qu’en déclinant ta proposition, je ne t’accepte pas tel que tu es, mais c’est faux. Je suis différente, je sais que ma partie sombre résonne avec la tienne, qu’elle te plaît plus que moi et tu voudrais qu’elle soit totalement libre. Mais je ne peux pas, parce que je sais que ce n’est pas une bonne idée et qu’un jour, elle sera ta perte. Tu penses pouvoir la contrôler, en lui offrant ce qu’elle désire, mais sa soif de sang et de vengeance ne se tarira jamais. Je ne peux pas tuer pour de l’argent, je ne peux manigancer des plans pour faire couler le sang. Je ne sais pas faire, et elle, elle ne pourrait pas suivre un plan, parce que qu’elle suit son instinct et peu lui importe les conséquences. Tu m’as demandé si nous étions capables de t’accepter et de te partager. Et toi, es-tu capable de nous accepter telles que nous sommes, différentes, dissociées l’une de l’autre et coincées dans un seul corps ? Il n’est pas question d’amour entre nous, ni de sentiments, bien que la haine en soit un, celui du revers de la médaille de l’amour. Tu me fais souffrir comme jamais personne ne l’a fait avant toi. Tu abuses de mon corps selon tes envies. Tu me tortures, tu me brises, et si j’étais une femme sensée, je devrais essayer de te fuir, or, j’en suis incapable. Je ne peux pas et je ne le veux pas. Je ne veux pas me demander ce que serait ma vie sans toi, maintenant que tu en as fait partie, parce que je sais que je serais incapable de faire l’amour à un autre que toi. Je sais qu’une vie normale n’est pas faite pour moi, parce que je ne suis pas normale. Je ne t’empêcherai jamais de faire ce pourquoi tu es doué, je ne t’empêcherai pas de m’utiliser pour apaiser ta colère, ta frustration et tes envies quelles qu’elles soient. Je suis un papillon à double face. La seule chose que je veux bien apprendre, c’est à nettoyer la merde que ton papillon de nuit mettra dans ta vie. Si ce que je viens de te dire, n’était pas ce que tu voulais entendre, alors tue-moi. Si je dois mourir, je veux que ce soit de ta main, lui révélai-je avant de le chevaucher et de poser ma bouche sur la sienne.
Crow me laissa pour la première fois mener la danse. Je déboutonnai sa chemise en douceur avant de la lui retirai. Puis je le poussai contre le matelas et Crow croisa ses bras derrière sa tête avant de me lorgner avec appréhension. Je posai un chemin de baisers sur son torse et le tatouage qui ornait son pectoral gauche. Un joli corbeau tenant dans son bec une rose noire. Puis je me redressai et vins doucement poser ma bouche sur la sienne avant de sentir sa main plonger dans ma nuque. Il chercha alors à approfondir notre baiser et c’est avec beaucoup d’hésitation que j’y répondis. Quand on y mit fin, je déglutis et baissai la tête mal à l’aise.
- Continues, me dit-il en effleurant ma joue. Je t’offre ce moment, profites-en.
- Je… Je voudrais que tu me fasses l’amour, sans douleur, ni violence. Je voudrais juste une fois, essayer.
- Je ne sais pas faire.
- Tu veux bien essayer ?
- Oui, je le veux, juste une fois, dit-il en me renversant dans le lit.
Ses mains puissantes attrapèrent mes poignets et les plaquèrent au-dessus de ma tête sur le matelas. Je n'eus même pas le temps de réagir alors qu'il fondit sur ma bouche avant de me regarder, inquiet.
Tétanisée, je plongeai mes yeux dans son regard noir, et j'eus brusquement la sensation horrible d'étouffer comme si je me noyais. Il comprit sans un mot, à quel point j’avais peur de tout ça, être face à l’inconnu et surtout à quel point il comptait pour moi, même si je ne le lui avais jamais dit.
Je fus terrorisée à l’idée qu’il puisse décider de tout arrêter, de m’abandonner, de s’enfuir et disparaître de ma vie à jamais, à contrario, je n’avais pas peur de mourir sous sa main. L'étau dans ma poitrine se resserra. Je détournai la tête en me mordant violemment les lèvres pour les empêcher de trembler.
- Ne te mords pas les lèvres ! Tu ignores combien ça me rend fou ! m’ordonna-t-il dans un murmure avant de m’embrasser sous l’oreille.
La boule qui se forma dans ma gorge me donna envie de vomir. Je me sentis piégée. Je fus sur le point de craquer. Paniquée, comme au bord de l'asphyxie. Ma respiration devint rapidement incohérente. Mes larmes que je retenais se mirent à couler toutes seules et je me détestai pour cela. Je haïs ma faiblesse face à cet homme. J'abhorrai ma lâcheté dans tout ce que j'éprouvai pour lui, ma terreur de tout ce que je craignis de perdre depuis si longtemps. Je maudis mon impuissance et ma dépendance, cette putain de dépendance qui empoisonnait ma vie, mes pensées et mes instants sans lui, celle qui me transcendait dès qu'il me touchait ou pire encore, dès que son regard se posait sur moi.
- Eh Eh Eh! Calme-toi Petit Papillon. Je suis là, tu es à moi, pour toujours, fit-il d’une voix soudainement beaucoup plus calme.
Crow posa son front contre ma tempe tout en me caressant les cheveux.
- Tu m’entends ? Je suis là et tu es à moi.
La tension dans mon corps se relâcha brusquement. Il soupira et s’allongea contre moi avant de m’inciter à le chevaucher. J’essuyai mes joues du revers de la main.
- Tu veux bien m’embrasser ? S’il te plaît…, demandai-je timidement.
- Non, répliqua-t-il tout en effleurant ma joue.
Je baissai alors les yeux, mortifiée.
- Toi, embrasses-moi. C’est toi qui décides Tini. C’est à toi de me dire ce que tu veux, souffla-t-il contre ma bouche.
- Embrasse-moi, répétai-je.
Brusquement, sa bouche s’écrasa contre la mienne. Sa langue m’envahit, joueuse et agressive, alors que ses mains explorèrent mon corps sans aucune retenue. J’eus le souffle court quand il me relâcha enfin, puis il me jaugea d’un petit air satisfait. Mon cœur, lui, battait la chamade.
Lentement, Crow referma ses mains sur mes seins nus, les malaxa en douceur entre ses paumes. De façons hésitantes, je le caressai à mon tour, plongeant ma main dans son pantalon. Il jura contre ma gorge avant de la lécher, puis de la mordre et de l’embrasser, y laissant volontairement un joli suçon. Sa queue était tendue, entre mes doigts, à la fois douce et dure. Crow me guida dans mes caresses, grogna quand ce fut trop intense pour lui et m’arracha un couinement de surprise quand délicatement, il vint lui aussi poser sa main sur mon intimité. Mon front contre le sien, ses doigts caressant ma fente trempée, effleurant délibérément mon clitoris. Je fermais les yeux quand je sentis tout mon corps se tendre, mon ventre se serrer d’une sensation que je ne connaissais pas, enfin pas comme celle qui me saisit. Violent, mais obtenu dans la douceur, ce dernier me prit par surprise quand il explosa brusquement.
Je pris quelques secondes pour retrouver mes esprits avant de m’installer à califourchon sur lui. Enlacés l’un contre l’autre, je m’assis lentement sur sa queue dressée qu’il guida pour que je puisse en douceur m’empaler dessus. Jouissant du plaisir de voir les traits de son visage changer à mesure qu’il s’enfonçait en moi. Ses pupilles noires et brillantes se dilatèrent sous l’emprise d’un plaisir brut et de tous les non-dits, ainsi que les sentiments qui m’ensorcelaient.
- Je te hais, me susurra-t-il une fois enfoncé en moi jusqu’à la garde.
Gardant les yeux clos de peur de le voir, je me laissai happer par la voix de Crow, par ses mots et ses caresses. Je me retirai et il plongea de nouveau au plus profond de mon intimité. Je gémis, le front posé contre sa bouche, en l’accueillant entièrement. Le soulagement m’envahit à mesure qu’il progressa et prit possession de moi. Ses doigts serrèrent fortement les miens. Corps contre corps, nous ne faisions plus qu’un. Il me mordilla l’oreille et les variations dans sa respiration semblèrent rapidement s’accorder aux miennes. Ses dents se pressèrent contre mon épaule. Ses mains lâchèrent les miennes pour venir fourrager dans mes cheveux et m’embrasser avec passion. Je répondis à son baiser avec passion et avidité. Son index et son majeur se glissèrent dans ma bouche tremblante. Il enserra ma gorge en intensifiant ses coups de reins. Je gémis, soumise au plaisir qu’il me procurait. Crow ne me baisa pas ! Non, bien au contraire, il me fit l’amour. Tendrement. Passionnément. Intensément. C’est ainsi, à ce moment précis que je sentis toute mes barrières tomber et que je réalisai l’ampleur de tout ce qui nous unissait et j’e fus encore plus terrifiée par cela, mais également rassurée de ne pas être seule dans ce monde pour l’affronter.
J’appuyai mon front contre le sien sans cesser d’onduler sur lui, guidée par ses mains fortes qui épousèrent les courbes de mes fesses. Sa bouche chercha la mienne. Je le serrai contre moi plus étroitement encore, comme pour l’empêcher de fuir. Sa tête lovée dans le creux de mon épaule, je l’entendis gémir à son tour avant de m’empaler jusqu’à la garde sur lui et de jouir violemment en moi, tapissant mon intimité de son foutre brûlant. J’entendis son râle de plaisir résonner dans la chambre et dans tout mon être. Impuissante, je m’écroulai terrassée par mon propre plaisir, un second orgasme qui me secouait encore.
On roula sur le lit et Crow me serra contre lui, enroulant ses bras tatoués et musclés autour de moi. Mon dos contre son torse, les larmes ruisselant sur mon visage, je murmurai dans un silence ces trois petits mots, trois putains de mots, huit lettres.
- Je te hais.
- Répète-moi ça ? demanda aussitôt CROW.
Je ne répondis pas. Il me retourna sur le ventre et s’allongea lentement sur moi. Ses bras puissants m’entourèrent, ses doigts se nouèrent aux miens. Je sentis ses baisers dans mon cou, sous mon oreille, le long de ma nuque. Son sexe à nouveau prêt et tendu pour un second round, s’insinua entre mes cuisses. Il s’imprégna de ma mouille et me caressa, langoureusement. Puis lentement, il me pénétra et ondula contre mes fesses, lentement, profondément, créant à jamais des souvenirs inoubliables.
- Je te hais, me dit-il tout en m’embrassant du bout des lèvres.
“Fais-moi l’amour ! Oui, fais-moi l’amour encore et encore. Fais-moi l’amour, encore et toujours. Car l’instant présent est notre seule certitude,” dis-je dans ma tête tout en rivant mon regard au sien et ondulant pour venir m’empaler moi aussi sur son membre qui allait et venait en moi, créant une délicieuse friction qui elle-même créa un joyeux feu d’artifice dans mon bas ventre.
- Je te hais Crow ! répondis-je avant de crier son nom dans un nouvel orgasme qui eut raison de moi.
Essoufflée, éreintée, fatiguée, je restais recroquevillée, entre les bras de ce dernier. Il avait enroulé ses bras autour de moi, son nez niché dans mes cheveux. Je m’accrochai à ce bras musclé et protecteur, et laissai les larmes ruisseler sur mon visage. J’étais foutue, condamnée à lui appartenir et à confier ma vie à son bon vouloir et ses envies quelles qu’elles soient. Il était devenu ma raison de vivre et cela malgré toute ma haine à son égard.
Annotations