Chapitre 9 : Crow...

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Après trois heures passé au téléphone, je pus enfin souffler. Je venais de remporter le plus gros et le plus important contrat de ma vie. Obtenir l’émancipation de Tini afin de faire d’elle une adulte et ainsi obtenir le droit de faire d’elle ma femme sur les papiers. Vivre dans le péché ne me dérangea nullement, mais cette peur de la perdre ne cessait de me hanter et je voulus la faire taire une bonne fois pour toute. Scellant avec mon avocat mon contrat de mariage, je le laissai seul rédiger ce dernier pour rejoindre ma fiancée.

Traversant les couloirs de la maison, je me rendis dans notre chambre, mais de la musique dans le salon attira mon attention. Je m’y rendis et poussai la porte avant de m’adosser au chambranle de la porte. Je la vis, assise sur le banc, ses doigts galopant sur les touches en ivoire. Elle ne me vit pas, et semblait happée par la musique qu’elle jouait. Une représentation parfaite et sans erreur la sonate « Au claire de Lune, de Beethoven ».

Quand elle eut terminé, elle tourna la tête et je vis que son visage était couvert de larmes. Je fermai la porte derrière moi et m’adossai à la porte.

  • Tout va bien ?
  • Non.
  • Je croyais que sortir en ville te ferait du bien. Depuis que nous sommes rentrés, tu es distraite, renfermée sur toi, comme si revenir ici, ne te plaisait pas. La maison te déplait ? Tu veux déménager ? Retourner en Europe ?
  • Non, la maison n’a rien à voir.
  • Alors, c’est quoi le problème ?
  • Je…
  • Tini ?! Parle-moi, ou je t’arracherai moi-même la réponse, la menaçai-je.
  • Je suis enceinte, me révéla-t-elle avant d’éclater en sanglots.

Le silence se fit et je sentis mes jambes défaillir. Mon cœur rata un battement puis se mit à battre la chamade. Des millions de questions fusèrent dans ma tête, les mêmes qui devaient fusaient dans la sienne, enfin à peu près les mêmes.

Ce bébé ne fut pas prévu dans ma vie, mais je ne l’avais pas empêché, non plus. Avec le rythme de nos ébats, il y avait fort à parier que cela allait arriver. Je m’approchai de Tini et m’accroupis devant elle, cherchant son regard. Elle renifla et s’essuya le nez et le visage sans aucune grâce. Je caressai sa joue avant de la soulever dans mes bras. Tini enroula ses bras autour de mon cou et je l’entraînai jusqu’au sofa où je me laissai choir. Me chevauchant, Tini posa son front contre le mien et s’apaisa entre mes bras.

  • Je sais que tu crains ma réaction, mais je sais également que tu ne m’as pas piégé, ni trahi. Ce bébé qui grandit en toi n’était pas prévu. En réalité, je crois que je n’ai jamais aspirer à devenir père. Pas avec la vie que je mène, ni quand on connait la noirceur de ce monde. J’aurais pu l’empêcher, mais inconsciemment, je ne l’ai pas fait, peut-être parce qu’avec toi, je veux tout.
  • Tu n’es pas en colère ?
  • Tu ne l’as pas fait toute seule, ce bébé. Mais tu vas vivre un enfer. J’étais jaloux et possessif, je vais être pire que ça, protecteur. Je ne raterai rien de cette grossesse.
  • Et si…
  • Quoi ?
  • Et si elle lui faisait du mal ? Un jour, par jalousie, parce colère ? Tu y as pensé ?
  • Tu ne la laisseras jamais faire. Je peux apaiser sa soif, devenir la cible de sa rage, mais tu as raison, je ne pourrais jamais la contrôler mieux que toi.
  • Tu veux voir ?
  • Voir quoi ? lui demandai-je, intrigué.

Tini sortis de la poche arrière de son jean, une photo, enfin ce que je pris pour une photo. Je m’en saisis et dépliai le papier pour pouvoir admirer les premières échographies de cette dernière. Tini posa sa tête sur mon épaule et m’expliqua que mon bébé était la tâche blanche au milieu de la tâche noire. Elle m’annonça que sa grossesse datait de deux mois, soit lors de nos premiers rapports sexuels.

  • Pourquoi tu ne m’as rien dit ? lui demandai-je.
  • Je te l’ai dit.
  • Je m’en souviendrai.
  • Je l’ai écrit dans mon journal, tu sais que je le laisse traîner partout et que tu peux le lire.
  • Je ne l’ai jamais lu, je me suis dis que tu méritais d’avoir ton intimité, comme tu me laisses la mienne.
  • Je te la laisse, parce que je sais que si je te posai des questions, tu ne me répondrais pas.
  • Tu marques un point. Tu as d’autre rendez-vous ?
  • Je dois me trouver un gynécologue obstétricien, et prendre rendez-vous pour qu’il suive ma grossesse et me dise quoi faire.
  • Je vais m’en occuper. Je vais changer de sujet, mais si je suis venu dans le salon c’était pour que tu viennes signer les papiers de notre mariage.
  • Ton avocat a trouvé un moyen ?
  • Oui. Il l’a trouvé. Une lettre de ton père, que mon avocat de Floride a retrouvé. Elle scellait notre accord et ce dernier avait écrit qu’il m’autoriserait à devenir ton mari, en cas d’émancipation ou à tes dix-huit ans.
  • Donc on va se marier ?
  • Oui, juste toi et moi.
  • Il ne nous faut pas un témoin ?
  • Mon avocat et Roberto suffiront.
  • Je sais que seule ma signature compte, mais, je reste une femme et j’aimerai avoir un souvenir de ce jour.
  • Tu as une heure, je dois passer un appel pour mon prochain boulot.
  • On part où ?
  • Si on part, ce sera en Roumanie. Et après ça, que dirais-tu qu’on aille s’installer dans une grande ville le temps de ta grossesse ? Tu seras plus près des médecins et tu pourras avoir un meilleur suivi.
  • C’est toi qui décides. Je dois aller me préparer, mon fiancé veut qu’on se marie aujourd’hui.
  • Je te laisse y aller. Tu trouveras un paquet dans le dressing, une boîte blanche avec un ruban noir en satin.

Tini posa un baiser sur ma joue et me laissa dans le canapé, seul. Je me redressai et admirai les échographies avant d’effleurer de mon pouce la petite tâche blanche en forme de grain de raisin.

Perdu dans mes pensées, je fus brusquement ramené à la réalité quand l’alarme de la maison sonna. Vivement, je me levai et attrapai un pistolet que je cachai sous le banc en cuir du piano. Orné d’un silencieux, je fis signe à Roberto d’aller se cacher. Tini, depuis la balustrade sur premier étage me demanda ce qui se passait.

  • Va te cacher !
  • Crow ?!
  • Fais-ce que je te dis ! dis-je en m’approchant d’une fenêtre.

Je réalisai alors que les fédéraux étaient en train d’encerclé ma maison. Je compris alors ce qu’il s’était passé. Je tournai la tête et vis mon avocat se figer net et écarquiller les yeux quand il m’aperçut. Sans remord, je lui tirai une balle en pleine tête. Il s’écroula, mais je ne m’en occupai point. Je montai à l’étage, et appelai Tini. Pénétrant dans la chambre, je sentis une ceinture s’enrouler autour de ma gorge. Elle tira dessus avant de réaliser sa méprise. Elle me relâcha et jura.

  • Désolée, je croyais que…
  • Je sais, je ne t’en veux pas. On doit partir, ceux sont des fédéraux.
  • Des flics ? Pourquoi, ils viendraient ici ?
  • Je ne sais pas, mais on doit fuir.
  • Va-t’en ! me dit-elle.
  • Quoi ? Non, tu viens avec moi !
  • Crow, va, si c’est toi qu’ils veulent, on doit savoir qui en a après toi. Je suis ta seule carte à jouer. Et puis je suis enceinte. Tu me retrouveras, je sais qu’entre nous, il n’y a pas de sentiments, mais je te hais, tu te souviens. Je te hais assez pour te protéger. Pars, je saurais te retrouver ou inversement.
  • Tu me le promets ? lui demandai-je.
  • Sur la tête de notre bébé, me promit-elle avant de m’embrasser.

Je retirai mon collier et le lui donnai, tout en lui donnant une adresse avec un numéro à mémoriser. Elle hocha la tête et m’ordonna de fuir, puis elle quitta la chambre après un dernier baiser. Je jurai et donnai un coup dans le mur avant de m’enfuir par une sortie de secours.

Tini avait raison, je n’allais pas l’abandonner. Elle descendit les escaliers en courant et ouvrit la porte d’entrée avant de supplier les fédéraux de ne pas tirer. Elle se mit à genoux, sur les marches du perron et fut menottée. Elle fut relevée et éloignée de la maison. Des hommes pénétrèrent dans la maison et je pris la décision alors de la faire sauter, détruisant ainsi toutes les preuves qui pourraient nous nuire.

Ma femme coincée entre deux agents, regarda avec fascination notre maison brûler. Des agents furent tués sur le coup, d’autres grièvement blessés et ma femme, serait reconnue comme une de mes victimes rescapées. Elle avait un plan et pour la première fois de ma vie, je décidai de faire confiance à une femme.

Je traversai la forêt jusqu’à un garage planqué, où je trouvais un sac avec des armes, du liquide et plusieurs passeports. Mon identité de Crow Quinton venait d’être cramée et j’ignorais encore comment et par qui, hormis mon avocat qui semblait faire partie du complot pour me faire tomber. Enfilant mon casque, je chevauchai ma moto et quittai le domaine.

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