Porteuse d'espoir
- Quelle journée ! s'exclame la duchesse de Westforest en se laissant tomber sur le lit.
- Elle fut en effet riche en efforts et en émotions, mais ça en valait la peine, ajouté-je en m'asseyant à côté d'elle.
Elle m'adresse un sourire, puis déclare :
- J'ai trouvé une solution pour permettre aux villageois de se nourrir convenablement et durablement.
- Oh, déjà ? m'étonné-je.
- J'ai passé tout le trajet du retour et le souper à y réfléchir, m'explique-t-elle.
- Voilà pourquoi vous étiez si silencieuse. . . conclué-je. En tout cas, vous ne perdez pas de temps.
- Il n'y a pas de temps à perdre quand des vies sont en jeu, affirme-t-elle, tandis que l'expression de son visage devient plus sérieuse.
- C'est vrai. Alors ? Quelle est cette solution ?
- C'est simple : les villageois cultiveront leurs propres fruits et légumes, comme vous le faites au château. Nous pourrions même créer des champs dans lesquels ils cultiveront du blé ou d'autres plantes et si les récoltes sont suffisamment bonnes, ils pourront en revendre une partie et se faire de l'argent, dit-elle avec un grand sourire et des yeux bleus brillants de rêves et d'espoir.
- Ce n'est malheureusement pas si simple, rétorqué-je avec une petite grimace de déception. Pour créer ces champs, il faudrait raser une bonne partie de la forêt, ce qui est formellement interdit par l'Église de notre pays. Les bois sont considérés comme des endroits sacrés ici car ils sont les territoires de la déesse Diane. Nous avons bien quelques terres agricoles dans nos contrées, mais elles se situent dans des endroits où les arbres ne poussent pas. En clair, votre projet de faire installer des champs est impossible à réaliser, mais les villageois pourront toujour cultiver des fruits et des légumes au sein même du village.
- C'est déjà une bonne chose. Seulement, ces plantes ne pousseront pas en une nuit, alors, en attendant, il faudra continuer à leur offrir de quoi se nourrire.
- J'y veillerai, lui prometté-je avec un doux sourire.
- Merci, me dit-elle en me le rendant.
- C'est à moi de vous remercier, rétorqué-je en prenant sa main dans la mienne. Merci d'être arrivée dans leur vie et dans la mienne. Merci de leur avoir tendu la main et d'avoir semé l'espoir dans leur coeur et dans le mien. Nous vous sommes tous reconnaissants de ce que vous faites pour nous aider.
- Je vous en prie, je ne fais que mon devoir, dit-elle en baissant la tête pour cacher le rouge qui lui monte aux joues. C'est mon rôle en tant que maitresse de ce ducher d'aider ses habitants.
- Vous faites une excellente duchesse !
- Est-ce que, par hasard, vous n'essaierez pas de me flatter ? me lance-t-elle sur un ton taquin.
- Est-ce que, par hasard, ça ne marcherait pas ? lui demandé-je avec un sourire en coin, en levant un sourcil.
Elle fait mine de réfléchir, puis avoue :
- Bon, peut-être que ça marche un peu. . .
Nous éclatons de rire, puis je déclare :
- Nous ferions mieux de nous coucher à présent, il est déjà tard.
Elle acquisce et se glisse sous les draps. Je m'allonge à côté d'elle et constate que, cette fois-ci, elle ne me tourne pas le dos. Elle est simplement allongée sur ce dernier.
- Bonne nuit, princesse Linaë.
- Bonne nuit, monsieur le duc.
- Mathieu.
- Comment ?
- Mathieu. C'est mon prénom et c'est ainsi que je veux que je vous m'appelez désormais.
Son expression d'étonnement se mue en un visage souriant et elle me souhaite :
- Bonne nuit, Mathieu.
Je lui rends son sourire et elle ferme les yeux. Je contemple son joli visage endormi pendant un moment et suis tenté de parcourir ses traits de mes doigts, de prendre sa main dans la mienne ou encore mieux : de la serrer contre moi, mais en me souvenant du malaise qu'elle a ressenti lorsque j'ai touché son bras hier soir, je n'ose pas l'importuner.
Je ferme donc les yeux et ne tarde pas à sombrer à mon tour dans le sommeil.
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