Pardon. . .

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Je selle mon cheval et le sors dans la cour interne du château, où mon jumeau m'attend pour me donner mon sac, en me souhaitant :

- Bon voyage, Robert. Fais bien attention à toi et reviens-nous en un morceau, d'accord ?

- T'en fais pas, va ! On en a connu d'autres, toi et moi ! Ce n'est pas un simple aller-retour en ville qui va nous inquiéter.

- Les routes sont de moins en moins sûres par ces temps de guerre. . . Je tenais juste à te le rappeler pour que tu ne baisses pas ta garde.

- Merci, frangin ! dis-je en lui tendant mon poing.

Il esquisse un sourire et cogne le sien contre le mien. Je lui administre ensuite une tape affective sur l'épaule en déclarant :

- Je compte sur toi pour veiller sur nos maîtres et Aurélie durant mon absence.

- Il ne leur arrivera rien tant que je serai vivant, me promet-il.

- À bientôt, Robin ! dis-je en montant sur mon cheval.

- À bientôt !

Je lance ma monture au trot et nous quittons l'enceinte du château, puis nous engageons dans la forêt qui a revêtu son habit d'automne.

*

J'atteins la ville à la tombée de la nuit. Je descends de cheval et commence à marcher entre les maisons en bois des quartiers pauvres, avec pour seul éclairage celui de la lune. Les odeurs de saleté qui me parviennent me rappellent l'existence misérable que je menais avec Robin avant que nous ne décidions de vivre dans la forêt. Ici, les rues ne sont pas pavées et je devine sans même le voir que mes bottes sont recouvertes de boue. Je commence à accélérer le pas, dans le but de quitter au plus vite ces quartiers misérables afin d'atteindre les riches demeures où j'aurai bien plus de chances de trouver un médecin, mais j'entends bientôt des bruits de pas dans mon dos et comprends aussitôt que je suis suivi. . .

J'administre deux tapes sur la croupe de mon compagnon de route et il s'éloigne aussitôt au galop. Je porte ensuite la main à mon épée, prêt à la dégainer au moindre souci et je fais bien car au moment où je tourne dans une autre ruelle, je vois un individu en bloquer la sortie. En me retournant, je constate que deux autres hommes m'empêchent de repartir d'où je viens. Je leur dis aussitôt :

- Je vous préviens que je suis un expert au maniement de l'épée et que je n'hésiterai pas à utiliser ce talent contre vous. C'est à vous de choisir entre me laisser tranquille et vivre ou vous en prendre à moi et mourir.

- On en a déjà terrassé des dizaines comme toi, rétorque l'un d'eux en ricanant.

- Je doute qu'ils étaient comme moi, dans ce cas. Vous êtes sûrs de votre coup ?

- Absolument ! s'exclame un autre en fondant sur moi.

J'effectue un bond sur le côté et constate au même moment qu'il tient un couteau à la main. Il a failli me poignarder ! On dirait bien que ces trois là ne plaisantent pas, mais j'en ai déjà affronté plusieurs. Ils ne me font pas peur.

Je dégaine mon épée et la place devant moi à la fois comme une protection et un avertissement. Ça ne semble pas les dissuader car ils sont deux, cette fois, à se jeter sur moi. Je fonce à mon tour dans leur direction pour les contrer, mais je sens quelque chose entourer mon poignet et me tirer en arrière ! Je tombe sur le dos et ce n'est que lorsque mon regard tombe sur ma main que je comprends ce qui s'est passé : celui qui me bloquait la sortie de la ruelle s'est servi d'un fouet pour me jeter au sol ! Je serre les dents et m'apprête à reprendre mon arme, qui est tombée par terre lors de ma chute, lorsque je sens une lame s'enfoncer dans ma côte et l'autre dans ma jambe ! Je laisse échapper un hurlement de douleur ! Ces deux lâches ont profité du fait que j'étais au sol pour me poignarder en même temps !

Je porte une main à la blessure se trouvant sur mon abdomen et sens un liquide chaud et épais en couler. Je tente de me relever en gémissant de douleur. J'entends alors l'un des brigands dire sur un ton ironique :

- Ne t'en fais pas, nous ne sommes pas de mauvais bougres. Nous allons t'aider en abrégeant tes souffrances !

Sur ces mots, il brandit son couteau, prêt à me l'enfoncer dans la poitrine ! Mes yeux s'écarquillent lorsque je réalise que je vais mourir d'un instant à l'autre ! Non. . . Je ne peux pas. . . Je ne peux pas mourir ! J'ai promis à mes maîtres de leur apporter un médecin et j'ai juré à Robin de rentrer vivant ! Le village tout entier compte sur moi ! Il est hors de question que je meurs maintenant, sans avoir accompli mes serments !

Je roule sur le côté pour échapper à l'attaque de mon adversaire et en profite pour récupérer mon épée. Je me remets aussitôt debout en poussant un cri de guerre et plante ma lame dans la gorge de mon assaillant. Ce dernier crache un filet de sang avant de s'écrouler au sol. Je profite du choc des deux autres pour trancher la tête du second d'un coup sec avant de me retourner pour lancer mon épée sur le dernier individu, qui se la prend en plein coeur.

L'odeur métallique du sang vient se mêler à la puanteur qui régnait déjà dans la ruelle. Je reste debout pendant quelques secondes encore, haletant, avant que la chute de l'adrénaline ne laisse à nouveau place à la douleur de mes blessures. Je lâche un long gémissement et tombe à genoux, puis me retrouve totalement affalé dans la boue. Ma vision se brouille et les larmes me montent aux yeux, tandis que je pense :

"Pardon, Robin. . . Pardon, monsieur le duc, madame la duchesse. . . Pardon, Aurélie. . . Pardon à tous nos amis villageois. . . Pardon à tous. . ."

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