Un terrible dilemme
- J'ai juste fait ce qu'il y a de mieux pour mon royaume, affirme le monarque.
- Le mieux pour votre royaume aurait été de mettre fin à cette guerre en signant un traité de paix avec Fieldisle, par exemple, rétorqué-je.
- Et les laisser vivre impunément suite à leur rebéllion contre leurs souverains ? Si nous les laissons faire, les autres peuples les imiteront et ce serait la fin de notre monde. Pour le bien de ce dernier, je me dois de matter cette révolution, de punir ceux qui ont osé massacrer sans regret leurs seigneurs et de restaurer la monarchie sur ce territoire, mais pour cela, j'ai besoin de vous. En effet, si je veux avoir une légitimité en tant que roi de Fieldisle, je dois épouser sa princesse, ou plutôt sa reine, maintenant que les précédents monarques sont morts. Une fois cela fait, plus personne ne pourra contester ma légitimité à gouverner ce royaume.
- Ce ne sont que des excuses pour aggrandir votre pouvoir, réalisé-je.
- Vous êtes si perspicace, me complimente-t-il, mais aggrandir mon pouvoir, comme vous dîtes, est bénéfique pour le monde entier, car une fois que j'aurais la main mise sur toutes les couronnes de Trisle, plus personne ne connaîtra la guerre, puisqu'il n'y aura plus aucun pays ennemi pour nous la déclarer.
- Vous vous êtes rendu coupable de la mort de votre propre cadet juste pour assouvir votre soif de pouvoir ? Son sacrifice vaut-il vraiment tout cela ?
- Il est vrai qu'être contraint à se débarrasser de lui est vraiment fâcheux, j'aurais voulu ne pas avoir à en arriver là, mais un roi doit être prêt à tous les sacrifices pour garantir le bien de son royaume et, pour ma part, c'est le bien du monde entier que je vais assurer, mais au final, vous êtes fautive de ce qui lui est arrivé.
- Comment ? ! m'exclamé-je, outrée.
- Je n'aurais pas été contraint à me débarrasser de lui si ma fiancée était restée loyale à la promesse de mariage qui a été conclue entre nous, me lance-t-il sur un ton de reproche.
Je sens les larmes me monter aux yeux. Il n'a pas tort, mais d'un autre côté, je ne peux pas regretter d'avoir épousé Mathieu. Je n'ai jamais été aussi heureuse de toute ma vie qu'à ses côtés. Hélas, maintenant, c'est terminé. . . Je ferme les yeux. Peut-être aurais-je mieux fait d'épouser le roi de Forestisle. Je n'aurais sans doute jamais connu un tel bonheur aux côtés d'un homme aussi froid, manipulateur et calculateur, mais au moins, mon bien-aimé serait toujours en vie. . . Enfin, à quoi bon penser à cela maintenant ? Il est déjà trop tard. . .
Mes yeux se rouvrent brusquement en sentant quelque chose frôler ma joue. Je me retourne en sursaut pour voir un poignard se planter dans la manche de Calista, qui se dirigeait à reculons vers la porte, puis poursuivre sa trajectoire jusqu'à s'enfoncer dans le mur, retenant au passage la jeune femme. En regardant à nouveau en direction d'Éric, je constate que son bras est encore tendu et sa main grande ouverte, indiquant que c'est lui qui vient de lancer cette arme. Il ordonne à mon médecin, sur un ton froid et autoritaire :
- Toi, tu restes là.
Il se tourne ensuite vers moi pour me dire :
- Par votre faute, elle est au courant de tout. Je crains qu'on ne puisse la laisser repartir vivante. . .
- Je vous interdis de lui faire le moindre mal ! protesté-je en me levant prestement pour m'interposer entre les deux.
- Il ne faut pas vous agiter, madame. . . commence la jeune femme aux yeux indigo.
- Je sais, l'interrompé-je.
- C'est d'accord, déclare le maître des lieux en quittant à son tour le lit pour se placer juste devant moi. Je ne lui ferais pas le moindre mal, ni à elle, ni au reste de vos amis, à une seule condition. . .
- Je sais de quoi il s'agit.
- Quelle est votre réponse, dans ce cas ?
- Je. . . Je ne peux pas faire cela. . . lâché-je en cachant mon visage dans mes mains, obsédée par le souvenir de celui que j'aime. Ce serait le trahir. . .
- Vous vous êtes déjà rendue coupable de trahison envers moi, mais puisqu'il vous est impossible de m'épouser, je ne peux non plus laisser vivre votre amie, déclare-t-il en retirant le poignard du mur d'une main et en attrapant fermement Calista de l'autre.
- Non ! m'exclamé-je en me précipitant vers eux, mais je sais pertinemment, au fond de moi, que je ne pourrais jamais bloquer le bras de cet homme cruel avant que la lame n'ait atteint la gorge de la jeune femme. . .
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