Le mariage
La jeune femme marche d'un pas assuré jusqu'à l'autel. Ses longs cheveux noirs sont relevés en un chignon et ornés d'odorantes fleurs d'oranger. Elle est habillée d'une longue robe blanche dénudant ses épaules. Les longues manches couvrent ses bras de fleurs en dentelle. Elle tient un bouquet de roses dans une main et le bras du duc dans l'autre.
Ce dernier vient s'asseoir à côté de moi au premier rang une fois qu'il a fini d"escorter sa soeur jusqu'à l'autel. Les deux promis se tiennent maintenant face à face devant tous les habitants du duché qui emplissent l'église. Le prêtre commence alors son long discours. J'ai l'impression de nous revoir le jour de notre propre mariage. Il y a pourtant de grandes différences entre nos deux cérémonies. . . L'édifice était vide le jour de mes noces. Il est maintenant plein. Les deux futurs époux s'aiment déjà. Il n'existait encore aucun sentiment entre Mathieu et moi. Notre seul contact fut celui de nos regards et de nos mains. Les désormais mariés échangent un tendre baiser pour conclure la cérémonie.
Je quitte ma place pour aller signer le registre des mariages en tant que témoin de Calista. Je passe par la même occasion devant Aurélie, qui essuie ses larmes d'émotion avec son mouchoir. Une fois ma signature inscrite sur l'énorme cahier, je passe la plume à Robin, dont le jumeau tenait à ce qu'il soit son témoin. Fidel nous observe faire en souriant, le coussin où se tenaient quelques minutes plus tôt les alliances toujours entre les mains.
Il est maintenant temps de partir. Calista tourne le dos à l'assemblée et lance le bouquet qu'elle tient en main. C'est une tradition amusante que je n'ai pas pu réaliser moi-même car la seule femme présente à mon mariage était une veuve déjà trop âgée pour se remarier. Toutes les jeunes filles célibataires tendent précipitemment les bras pour avoir l'honneur et la joie d'attraper le bouquet. Ce dernier heurte la main de l'une d'elles et repart en sens inverse pour tomber sur le coussin que porte encore Fidel. Le jeune brun fixe l'objet avec des yeux ronds d'étonnement. Quelques filles poussent des soupirs de déception, mais la majorité des personnes présentes éclatent de rire.
Nous quittons ensuite le bâtiment religieux pour fêter cette union sur la place du village. Elle est décorée de guirlandes de fleurs pour l'occasion. Tous ceux possédant un instrument commencent à en jouer. Les couples se lancent sur la piste de danse et les autres tapent dans leurs mains ou vont s'attabler pour déguster le banquet préparé la veille.
Mon mari me conduit jusqu'à un banc pour me permettre de m'asseoir. Je prends place à côté de Fidel et lui demande sur un ton taquin :
- Alors ? Qu'est-ce que cela fait d'être le premier homme à recevoir le bouquet de la mariée ?
- C'est juste surprenant. Je ne m'attendais pas à ce que ça m'arrive.
- Est-ce que tu penses à quelqu'un en particulier ? l'interroge Robin en nous rejoignant.
- Comment ça ?
- Celui qui reçoit le bouquet est le prochain à se marier. C'est la tradition. Qui est-ce que tu aimerais épouser ?
- Ce doit être celle qui reçoit le bouquet à la base. . .
- Aucune loi n'exclut les hommes de la tradition.
- Tu n'as pas tort.
- Alors ? insiste-t-il.
- Tu le saurais si j'avais rencontré quelqu'un. Je ne vous cache rien.
- C'est vrai. Bienvenue dans la FCV, mon frère.
- Qu'est-ce que c'est encore que cela ? lui demande Mathieu.
- C'est une fédération dont j'étais le seul membre ici. Fidel en fait maintenant officiellement partie jusqu'à nouvel ordre.
Le concerné le fixe avec des yeux ronds d'étonnement et mon époux roule des yeux. On dirait que le jeune rouquin ne cesse de les surprendre avec ses drôles d'inventions et son imagination débordante. J'éclate de rire. Que ferait-on sans ce brave Robin ? Il est une véritable bouffée d'air frais ! Notre quotidien serait bien morne sans lui.
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