5 : Replay
« Parfois je me demande à quoi sert le temps de la nuit. Il n’existe pratiquement pas pour moi – tout paraît comme un long jour sans fin, horrible. »
Marilyn Monroe, Fragments
Meythet (74)
le 17 mars 2008
8:03
Un vacarme assourdissant déchire le silence et me réveille en sursaut.
Une déflagration.
Celle d’un revolver.
Le même cauchemar, depuis sept ans.
Comme si j’étais condamné à revivre cet instant où tout a basculé.
« Pardon ».
Je scrute la pénombre, je suis en nage, j’ai froid.
Finalement, j’ai dû m’assoupir.
Vingt minutes, à tout casser !
Ces putains de minutes qui suffisent à me replonger dans le rouge de ton sang.
Éternel recommencement…
Je me lève, attrape mon peignoir éponge et file dans la salle de bains.
Je me laisse aller sous le jet brûlant de la douche.
Dix, quinze, vingt-cinq minutes.
Je dessine les lettres de ton prénom sur la vitre embuée de vapeur d’eau.
« Solenn ».
Puis, d’un geste rageur, j’efface.
Merde.
J’erre dans l’appartement à la recherche d’une contenance.
Un paquet de Gauloises blondes.
Blondes comme toi.
Tu es toujours là, devant moi.
T’effacer m’est impossible, les gestes pour le faire n’existent pas.
Je me saisis de mon téléphone portable, le mets sous tension, y découvre un message vocal de Margaux.
***
« Salut Zack. Je suppose que tu es déjà au courant : l’autre enflure rempile pour un deuxième mandat. Je n’ai appris la nouvelle que ce matin, en parcourant le Dau-Bè (2). Aujourd’hui comme hier, j’ai honte d’être annécienne… Zack, ne reste pas tout seul dans ton coin à broyer du noir. Moi aussi j’ai une pensée pour Solenn. Elle était mon amie, ma meilleure amie. Et elle n’aurait jamais voulu ça, que tu lâches prise… Passe à la galerie, ou va rendre visite à Guillaume à son atelier. Ça te fera du bien. Mina est inquiète, tu sais. Nous le sommes tout autant qu’elle. Rappelle-moi… »
***
Margaux, ton passé.
Celle que tu n’es plus.
A mille lieues de ce que Paris a fait de toi…
(2) : Surnom du Dauphiné Libéré, le journal local.
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