Vacances annulées

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"Smells like teen spirit" se mit à retentir dans la chambre...

Une main sortit de la couette pour venir tapoter sur le chevet à la recherche de la source de cette agression sonore.
- Putain ! C'est quoi ce bordel !
Vanessa toute ronchonne regarda sa montre qui indiquait 6H53... Qui pouvait bien l'appeler à cette heure-ci ?
Elle décrocha sans même regarder.
- Vaness' ma chérie, tu en as mis du temps pour répondre.
Elle a tout de suite reconnu la voix de Michel de la rédaction.
- Putain Mitch tu as vu l'heure ? Je suis en vacances je te le rappelle.
- Vaness', on est dans la merde, la guerre a éclaté au Minjikistan ! Faut y aller !
- Ce n'est pas Jean-Pierre qui doit y aller ?
- À la base, si, ma grande, mais il s'est planté en scooter cette nuit en venant au bureau. Il s'est pété la jambe ! Faut que tu le remplace...
- Meeeerde nooon, Mitch s'il te plaît, je rentre juste d'Afrique là... je suis en vacances...
- j'ai personne qui ne vaille le coup Vaness' ! Tu ne peux pas dire non. Viens ! Bob est en route. Tu en as, quoi ? Pour une semaine ou deux pas plus... pour ne pas rater l'exclusivité... Je te promets tu auras droit à tes congés après, plus une belle prime je te le garantis...
- Bon ok...
- T'es la meilleure ma belle !! Je t'envoie un taxi d'ici 20 min ok ?
- 30 minutes...
- Allez 25 minutes et il sera en bas de chez toi.
Et il raccroche.
Elle se leva, en se frottant les yeux... Machinalement, elle se dirigea vers son armoire, afin de prendre de quoi s'habiller...
Pour le coup, ses valises étaient déjà prêtes.

Elle se remercia intérieurement d'avoir pris le temps de faire une lessive juste avant de quitter Bangui . Elle avait ressenti le besoin de se nettoyer de tout ça, et cela passait égalementpar ses vêtements?
Le temps de se rafraîchir, s'habiller, boire un café en échangeant des SMS avec Bob le caméraman, et l'interphone sonna, le taxi.
Dans la voiture la ramenant au bureau, force était de constater que ni Bob ni elle ne connaissaient vraiment la région et encore moins le Minjikistan...

En ce matin d'hiver, le jour se levait à peine et les lumières de la ville encore allumées défilent sur le pare-brise de la berline roulant sur les boulevards. Le front contre sa vitre et le regard dans le vide, Vanessa n'était pas des plus sereines mais un conflit est un conflit,il ne faut pas prendre ouvertement partie, faire attention à éviter ceux identifiés comme les plus fanatiques et violents, et... Et ça devrait passer.
Ils se retrouvèrent avec Bob au siège de l'agence. Pendant qu'ils rassemblaient leurs dernières affaires et non des moindres : gilet pare-balles et casque estampillé PRESS, le briefing fut rapide : prendre contact avec Saïnathan leur guide à l'aéroport de Minquli une province neutre située à 3 jours de route de la frontière Sud. Saïnathan les acheminera et les mettra en lien avec un chef d'une tribus de montagnards qui pourra les rapprocher de la zone de conflit.
Plan simple apparemment, efficace. Saïnathan parle l'anglais et le dialecte. Parfait.
20 heures de vol pour la première escale puis des sauts de puces entre "aéroports" sur des lignes locales pendant une quinzaine d'heures sont à prévoir.
Vanessa se dit que cela lui laissera un peu de temps pour s'approprier un peu l'histoire des pays, les rudiments de la langue pour tenter de survivre.
Heureusement qu'ils sont équipés de portables avec chargeurs solaires et surtout téléphones satellitaires, dans la jungle ça peut servir.
Quelques heures plus tard, un autre taxi les dépose à l'aéroport international.
Voilà, elle qui à cette heure-ci devait juste émerger dans son lit, toute embrumée de sommeil. Et puis tranquillement se lever et prendre un café en écoutant de la musique pour ensuite défaire ses bagages et les faire passer du mode travail au mode vacances à la montagne.
Dans le désert africain, elle en avait rêvé de ses montagnes familiales, c'était devenu sa routine pour se détendre, s'endormir : le chalet, les montagnes, la neige, la mangeoire.
Même, secouée par les cahots de la piste dans leur vieux Land rover, fuyant la fureur des combats ces images l'avaient sortie d'une panique assurée.
Ses vacances... elle devait les passer à la montagne, certes, mais, oubliés neige, chalet et mangeoire. Au lieu de cela, lire : moiteur, combats et moustiques affamés... Autant dire que, bien sûr, soyons lucides : ce n'étaient pas des vacances qui l'attendaient.
Le temps de prévenir les siens. Ils avaient vu les informations, ils se doutaient au fond d'eux-même qu'effectivement, ses vacances allaient certainement être annulées...

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