Saïnathan
Le trajet lui avait semblé interminable. La première partie, ils l'avaient passée à se préparer en étudiant un peu l'histoire géopolitique de la région, pour avoir les tenants et aboutissants de la situation.
Travailler, être prêts et se reposer un peu. Elle avait quand même profité du paysage. ce n'était plus les Alpes qu'ils survolaient mais bel et bien l'Himalaya et ses immenses sommets que les avions évitaient. En effet, au fur et à mesure des escales la qualité des compagnies et des appareils se dégradait à vue d'œil. Le dernier coucou, car on pouvait l'appeler ainsi, était un petit bimoteur qui n'était réservé que pour eux mais qui ne leur avait pas inspiré une grande confiance.
Au moins, ils avaient pu s'adapter à la température qui les attendait.
Ce n'est d'ailleurs pas très frais qu'ils débarquèrent sur la piste de l'aérodrome.
Vanessa soupira en franchissant la porte de l'avion. Elle qui aurait aimé ressentir le petit picotement au bout du nez du froid de la montagne, elle prit le mur chaud et humide en pleine figure et la suée commença.
L'aéroport se résumait à des préfabriqués datant de Mathusalem certainement. À une petite cinquantaine de mètres de là des cuves à carburant auprès de qui était stationné un vieux pickup transformé en camion-citerne.
Ainsi quand ils descendirent de ce petit bimoteur, il n'y avait qu'une personne à attendre. Un jeune homme de relative petite taille vêtu d'une vieille tunique sobre avec des sandales aux pieds. Vanessa sourit en scrutant les pieds de cet homme car ça lui rappelait son enfance et ses vacances à la plage où beaucoup d'enfants portaient ces sandales méduses, les retrouver là au milieu de nulle part lui semblait plutôt cocasse.
Quand ils se rapprochèrent de lui, il s'inclina rapidement et dit :
- Miss Fourni, mister Dumulin ?
Vanessa et Robert se regardèrent amusés... Outre les noms écorchés c'était plus le fait qu'il demande leurs noms sachant qu'ils étaient les seuls occidentaux dans les parages et surtout les seuls à être descendus de l'avion qui n'avait fait le voyage que pour eux. Ah les affres de la bienséance !
- My name is Saïnathan I am your guider..
Après les discussions d'usage, il leur indiqua une espèce de vieux minibus et les aida à charger le matériel à l'arrière.
Bien sûr comble du luxe, absence de climatisation. Le top confort sous ces conditions climatiques. Le véhicule s'élança sur une petite route en béton, qui, ils ne le savaient pas encore, allait être la route la plus belle et la plus agréable de tout le trajet jusqu'à la frontière.
Saïnathan, leur expliqua qu'il avait de la famille de part et d'autre de la frontière. Son ethnie vivait dans la région bien avant le traçage de toutes ces lignes imaginaires et symboliques. Il leur decrivit la situation vue de l'intérieur. La guérilla Minji existait depuis bien longtemps et ne fut que l'excuse pour leur pays d'origine pour justifier la guerre qui n'était comme pour beaucoup de guerres que le résultats de grosses tensions économiques. D'un côté, il était rassuré car l'oeil du monde était enfin braqué sur cette région, de l'autre il était inquiet car le conflit prenait de l'ampleur et risquait de faire encore plus de victimes.
Il parlait sans haine, il priait pour la fin des hostilités pour qu'enfin ses belles montagnes retrouvent leur calme et que tout redevienne paisible.
Vanessa écoutait son guide parler tout en laissant son regard divaguer au loin. La plaine et ses rizières laissa petit à petit la place à la forêt. Les pistes devinrent plus difficiles et les grosses averses tropicales qui s'abattaient de temps à autre sur le van n'arrangeaient rien à l'affaire.
Elle était trempée de sueur, et sa chemise collait à son débardeur qui lui évidemment faisait complètement corps avec sa peau.
Bob, lui, semblait vraiment dans son élément, et dès qu'il le pouvait, dès que la piste cahoteuse le permettait, prenait des photos. Clichés pris du paysage et des gens croisés ou aperçus en chemin. Il faisait également des portrait de Vanessa et de Saïnathan.
Le sourire affiché par ce dernier, lors des prises de vues ou des moments cocasses dûs à cette communication aussi cahoteuse que la piste maintenant boueuse, s'effaçait au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient de la frontière Minji.
La tension gagnait.
Une tension presque palpable dans la nature environnante car même la jungle semblait s'être presque tue.
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