Chapitre 5
Arkes avait ramené le garçon jusque chez lui. Oh il n’avait pas pris de décision définitive, mais avait demandé un délai d’un mois pour se décider réellement. Au pire, le Maître Loodmeyer le récupèrerait à ce moment-là et le garçon aurait bénéficié d’un mois de dressage gratuit, ce qui était une bonne affaire. Au mieux, il s’en serait débarrassé. Il était gagnant dans tous les cas alors Loodmeyer avait accepté.
Depuis l’elfe dormait, recroquevillé sur lui-même et Arkes se maudissait. Prévoir un programme d’entraînement digne de ce nom pour ce garçon allait être particulièrement difficile. C’était un défi de dressage. Même en étant payé, il n’était pas sûr qu’il aurait accepté le contrat… mais ici, l’échec n’était pas réellement un problème. Il n’y aurait pas de clients mécontents. Il n’y aurait que son propre égo qui pourrait être froissé et c’était quelque chose qu’il pouvait risquer.
Il passa une partie de la matinée à réfléchir au programme des prochains jours et à voir comment l’inclure à sa clientèle. En soi, le soumis était bien assez discret pour qu’il puisse l’emmener de partout sans soucis, si ce n’était son apparence misérable qui était une véritable honte dont il devrait s’accommoder de son mieux.
Quand le garçon s’éveilla, Arkes était là, en train de l’observer. Il nota sa première routine. L’elfe ne semblait ni surpris ni perdu d’être dans un environnement inconnu. Il s’agenouilla tranquillement dans une position qui avait sans doute été répétée des centaines de fois.
- Bonjour, dit tranquillement le Maître.
Le léger sursaut pathétique fit grimacer Arkes mais il n’y avait rien de mieux à attendre d’un soumis n’ayant pas atteint sa zone depuis aussi longtemps. Ça ne pouvait être qu’une boule de nerf.
- Bonjour, Maître.
- Aujourd’hui, j’aimerais que l’on parle de ton contrat avant tout autre chose. Tu as été cédé à Maître Loodmeyer avec un contrat qui lui permet de te prêter ou de te vendre sans effectuer de nouveau contrat et donc, sans avoir besoin de ton accord. Est-ce exact ?
Le garçon sembla hésiter un moment, le regard dans le vide avant d’acquiescer et de murmurer un petit « oui, Maître » presque inaudible. Il n’était sans doute pas en état de se souvenir exactement de son propre contrat, après tout, il avait oublié ses propres mots de sécurités.
- J’aimerais que tu signes ce contrat, mais tu es libre de le refuser. Il dit que je te garderais pour un mois maximum puis je te rendrais à Maître Loodmeyer ou je te libèrerai si tu en fais la demande ou je te garderai pour moi ce qui entraînera la signature d’un nouveau contrat.
Demander à un soumis dans un tel état de signer un contrat n’était pas très fair-play, le garçon n’était pas en état de décider pour lui-même, mais il aimait partir sur ce genre de base et ainsi, il incluait la possibilité d’une libération même si elle n’était sans doute pas en la faveur du soumis. Il observa attentivement l’elfe prendre la plume qu’il lui tendait pour faire quelques traits là où il le lui demandait. Des traits vacillants, tout juste une croix.
- Merci beaucoup. Allez, on va manger maintenant.
Il remballa le contrat et d’un sort le fit disparaitre avant de se lever et d’attendre que le soumis le suive. Il se tenait naturellement à presque deux pas derrière lui, s’effaçant dans son ombre. C’étaient autant d’habitudes qu’il pourrait corriger s’il le désirait, mais il ne pouvait pas vraiment dire que le soumis anticipait ses demandes. C’était plutôt que, faute de demandes, il agissait de manière routinière.
- Je te veux à genoux à ma gauche.
Il lui montra l’endroit exact du bout du doigt dès qu’il le vit hésiter. Ce serait une véritable problématique à prendre en compte, l’elfe n’arrivait pratiquement plus à réfléchir. Par magie, Arkes fit venir la totalité des mets qu’il aimait consommer au petit déjeuner et il prit son temps pour nourrir son soumis à la main.
Beaucoup de soumis, utilisés trop rudement, finissaient par avoir des mouvements de craintes lorsqu’une main approchait de leurs visages. Beaucoup d’autres, trop avides de contact, se jetaient contre ses doigts en quête d’affection. L’elfe lui avait ce comportement idéal qu’il recherchait, il restait neutre et prenait sagement sans chercher à le fuir ou à l’atteindre. Il ne grimaçait pas devant les mets les plus acides, mâchait sagement et avalait sans faire de difficulté. Très vite pourtant, son estomac fut plein, mais il ne le montra pas en encaissant le fait de manger davantage comme il encaisserait sans doute une fessée. Il respirait profondément pour chasser la nausée et gardait son calme. Arkes l’observa un moment avant de conclure qu’il pourrait l’emmener jusqu’à le faire vomir sans qu’il ne se plaigne ce qui était à la fois excellent et très frustrant.
- Bien, passons aux réjouissances. Déshabille-toi.
Le garçon se redressa et se dénuda tranquillement sans essayer d’en faire un spectacle, simplement avec efficacité. Arkes détailla son corps nu, son petit estomac habituellement sans doute creux semblait un peu gonflé par le repas qu’il venait de prendre, pourtant frugal. Il n’avait que la peau sur les os et une ossature si fine qu’il semblait prêt à s’effondrer. Entre ses jambes à la pilosité très discrète se tenait son sexe, flasque, de petite taille reposant sur des testicules discrets. Arkes fit le tour de son corps, détaillant ses muscles et ses cicatrices. Il était surpris d’en trouver autant et un bon nombre d’entre elles étaient profondes comme s’il avait été torturé. Certains Dominants sadiques aimaient des pratiques extrêmes, mais tout de même. Il posa les doigts sur une marque particulièrement épaisse. Le soumis ne frissonna même pas et cela le fit frissonner, lui.
- Aujourd’hui, je vais te donner ta première leçon. Ce sera la plus difficile pour toi. Nous y travaillerons jusqu’à ce que tu réussisses pleinement malgré tout. Qu’en penses-tu ?
- Je ferais tout pour vous satisfaire, Maître.
L’elfe n’avait pas l’air sûr de lui, il semblait simplement fatigué, mais sincère.
- D’accord alors je suis vraiment très content de toi. Je vois que tu essaies vraiment de me plaire et je suis fier de tes efforts.
Arkes poussait les félicitations hors de sa bouche sans aucune difficulté, certains soumis en avaient vraiment besoin. L’elfe ne semblait pas y réagir particulièrement, mais il en userait jusqu’à ce qu’il ait la preuve formelle qu’elles n’étaient pas nécessaires.
- Pendant un certain temps, je serais ton Dominant. Tu feras ce que je te demande, n’est-ce pas ?
- Oui, Maître.
- Oui, tu le feras parce que tu es un très bon soumis. C’est très bien. Je vais te faire faire tout un tas de choses, mais j’aurais besoin que tu me dises, en échange, certaines choses. Hier, tu as évalué pour moi ta douleur pendant la punition. Tu t’en souviens ?
- Oui, Maître.
- C’était vraiment parfait. Vraiment, vraiment parfait. J’ai besoin que tu recommences. Je vais te toucher et tu vas me dire de 1 à 10, à quel point tu as mal. Est-ce que tu es prêt ?
- Oui, Maître.
Et Arkes posa ses doigts sur ses épaules.
- J’appuie et tu me réponds par ton chiffre.
Il mit une légère pression et un petit « 1 » fut annoncé et félicité. Lentement, le Djinn caressa son corps, passant d’une zone à l’autre sans aucune forme de logique. Appuyant à des endroits étranges comme le long de son cuir chevelu ou à la base de sa mâchoire comme à des endroits plus attendus comme le long de ses cicatrices ou sur sa peau bleuie par les coups. Il n’arriva pas à tirer le moindre frisson ou la moindre trace de désir au garçon, mais ce n’était pas vraiment surprenant.
- Je suis très content de toi. Ton travail, avec moi, ce sera ça. Tu vas devoir m’obéir, mais surtout évaluer ton corps et m’en faire un retour. Est-ce que tu comprends ?
- Oui, maître.
- Alors nous allons rentrer dans le vif du sujet. Je vais te frapper. Qu’en penses-tu ?
- Je suis là pour vous servir, Maître.
- En effet.
Arkes n’avait jamais été un grand adepte de la torture, il y préférait grandement la soumission libre et consentie. Néanmoins, quelques coups permettaient souvent de la mettre en valeur et il aimait beaucoup le léger rougissement d’une peau trop claire ou les frissons d’appréhensions qu’il parvenait souvent à obtenir. Il fit venir à lui une cravache, un peu longue, donc la pointe était une partie de cuir assez large pour limiter une partie du choc. Il ne laisserait aucune zébrure rouge sur sa peau à moins d’y aller extrêmement fort.
- À quel point penses-tu que je te ferais mal ?
- Autant que vous le désirez, Maître.
- Bien, mais je veux que tu me donnes un chiffre. À ton avis, je vais te faire mal jusqu’à quel chiffre ?
- Je l’ignore, Maître.
- Une punition. Je te l’ai dit. Je veux que tu me donnes un chiffre. Alors, obéis-moi.
La tête de l’elfe partit légèrement vers l’avant, se baissant un peu avant qu’il ne se reprenne et ne murmure d’une voix un peu plus cassée qu’avant :
- 10, Maître.
- Bien, merci. Tu devras me dire « rouge », si tu as mal à 8, 9 ou 10. Est-ce que c’est clair ?
- Oui, Maître.
- Que signifie « rouge » ?
- Que j’ai mal à 8, 9 ou 10, Maître.
- Oui. Qu’est-ce que ça signifie d’autre ? Nous l’avons vu hier.
L’elfe hésita un long moment, puis murmura.
- Que la séance s’arrêtera.
- Oui, c’est vraiment très bien. Je vais commencer par ta punition.
Arkes fit venir une simple pince, il caressa la tête de l’elfe puis remonta le long de son oreille pointue qu’il caressa du bout du doigt. C’était une zone très sensible chez cette espèce. Il posa la pince sur sa pointe en écoutant sa respiration se faire un peu plus rapide.
- Je te la retirerai en fin de séance, pas avant. Si la douleur monte à 8, 9 ou 10, tu devras me le dire.
Lui qui détestait se répéter était servi avec un tel soumis, mais il avait besoin de graver un certain nombre de choses dans son esprit. Jouer de la cravache lui fit du bien. Pour une fois, il se laissait simplement aller, posant ses coups avec fantaisie, cherchant les frissons là où ils se trouvaient et évitant les zones les moins sensibles. Durant presque une heure entière, il s’amusa simplement sur le corps du soumis silencieux.
À chaque fois qu’il levait le bras, il pouvait sentir l’envie qui le traversait, mais nulle appréhension chez l’elfe. Chaque coup qui tombait faisait chanter la chair et le cuir dans un concerto des plus agréables à son oreille. Il n’arriverait pas à faire couler son soumis dans son espace, pas plus qu’il n’arriverait à grimper dans le sien, mais c’était néanmoins agréable de tenir une séance « pour rien », « juste pour le plaisir ». Il finit néanmoins par décider d’y mettre fin et pour cela, il voulait réussir à montrer quelque chose à son soumis. Il le fit se pencher pour dévoiler ses fesses déjà bien rougies et mit une série de coup particulièrement vicieux à la base de ses fesses, à la jonction avec ses cuisses. L’elfe partit légèrement vers l’avant et souffla, d’une voix pratiquement éteinte :
- Rouge.
Immédiatement, Arkes s’arrêta. Il aida le garçon à se redresser et retira la pince à son oreille.
- C’est bon, c’est fini. C’est fini, mon beau.
Il le serra brièvement dans ses bras et le cajola un instant avant de lui demander :
- Pourquoi la séance est finie, dis-moi ?
- Parce que vous l’avez décidé, Maître.
- Non, ce n’est pas pour ça. As-tu une autre idée ?
Il y eut un nouveau silence, bien plus long, durant lequel il continua de le cajoler tout à l’attirant vers le lit, non loin de là. L’appartement était assez petit pour que tout soit à portée de main. Il s’y assit, entraînant le garçon avec lui.
- Alors, une idée ?
- Je… j’ai dit « rouge », Maître.
- Oui, exactement. Tu as dit « rouge » et « rouge » signifie qu’on arrête la séance parce qu’on a dépassé ce qui était acceptable. Tu as vraiment très bien agi.
L’elfe ne répondit rien. Enserré dans les bras du Dominant, les yeux grands ouverts, il contemplait le calme qui l’entourait. Ses fesses pulsaient encore un peu, elles continueraient pendant un bon moment. Son oreille aussi lui faisait mal, mais il se sentait étrangement bien entouré par les bras du djinn. Il ferma doucement les yeux et bougea légèrement la tête, câlinant son Dominant sans y faire attention. Arkes continua à lui murmurer des félicitations. Il tira une couverture sur son corps pour éviter qu’il n’ait froid et ils restèrent là un long moment.
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