Chapitre 7

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Le garçon nettoyait efficacement l’appartement au moins une heure par jour, parfois découpé en plusieurs moments distincts, de manière à ne jamais le déranger. Pas que ce soit facile de le déranger en réalité, Arkes aimait l’observer s’activer. Il avait l’impression que soudain, il prenait vie. En dehors de ça, le petit elfe semblait toujours plutôt éteint.

Chaque jour, ils faisaient une petite séance ensemble. Arkes était en train, patiemment, de le dresser à sa main. Le garçon disait de plus en plus facilement « rouge » et s’il ne s’attendait pas à ce que cela arrête réellement la séance, cela fonctionnait toujours. Pour qu’il saisisse bien la différence, il lui avait également appris un code « garçon ». L’elfe avait énormément de mal à l’utiliser, mais il faisait de son mieux pour le faire, car se taire était une désobéissance. Dire « Garçon » signifiait simplement qu’il avait faim, soif, sommeil ou envie d’aller se soulager aux toilettes. Lorsqu’il le disait, Arkes hochait simplement de la tête pour lui montrer qu’il avait entendu et poursuivait comme si de rien n’était. Le code semblait totalement inutile, il ne permettait pas d’interrompre une séance, mais à la première pause, Arkes veillait à ce que ces besoins soient remplis.

En faites, depuis que l’elfe vivait ici -il avait l’impression que cela faisait une éternité, mais ce n’était qu’une petite semaine qui s’était écoulée-, il n’avait jamais vraiment ressenti la faim : il était nourri trop régulièrement ou la soif : il avait à boire presque chaque heure ou la fatigue : Arkes réclamait qu’il dorme presque dix heures chaque nuit. Alors le plus souvent, il signalait le besoin de passer aux toilettes, le visage bas, honteux du fonctionnement de son propre corps. Mais ce que le garçon aimait le plus, c’étaient les félicitations qui ponctuaient chacune de ses obéissances. La majorité des Dominants qu’il avait fréquenté ne se donnait pas cette peine.

- Garçon ? demanda Arkes.
- Oui, Maître.
- Viens. Agenouille-toi contre moi.

Le garçon obéit, venant tout contre son maître et posant les mains contre sa jambe comme il lui avait montré la veille. Arkes replaça gentiment ses doigts tout en les caressant. Pour le moment ils étaient trop maigres, perclus de traces sombres -restes d’ecchymoses-, de cicatrices et rendus rêches par les produits ménagers. S’il le gardait avec lui, ils deviendraient plus épais, quoique toujours fins et doux. Il lui caressa la tête doucement, descendant jusqu’à sa nuque et remontant paresseusement. Il travaillait beaucoup à rendre son contact agréable et source d’envie, mais ce n’était pas une évidence, clairement.

- Tu te souviens de la séance avec Adia ?
- Oui, Maître.
- Je t’avais demandé de faire attention à tes émotions. Tu as dû avoir le temps de les digérer maintenant alors, dis-moi. Qu’as-tu ressenti pendant la séance ?

Sous ses doigts, il put sentir le garçon se tendre d’une peur presque palpable qui le surprit. C’était la première émotion franche qu’il le voyait émettre. C’était bien entendu involontaire, il n’avait pas voulu la lui faire ressentir et le garçon n’avait pas cherché à la lui montrer, mais elle était là. Il resta silencieux, attendant sa réponse qui ne le surprit pas vraiment vu l’angoisse qui flottait maintenant dans l’air.

- Je l’ignore, Maître.
- D’accord. Tu te souviens du moment où je suis allé le toucher ?
- Oui, Maître.
- Maintenant j’aimerais que tu y repenses vraiment. Adia est là. Tu peux voir ses fesses, son anus qui palpite et moi qui m’approche.

Le garçon lui fit la grâce de se détendre légèrement. Arkes en fut soulagé, sentir davantage de peur lui aurait déplu.

- Qu’est-ce que tu ressens dans ton corps ?
- J’ai chaud, en bas, Maître.
- Montre-moi avec ton doigt.

L’elfe s’écarta légèrement et posa son doigt sur son bas ventre.

- D’accord. Est-ce que tu dirais que c’est une bonne chose ou une mauvaise chose à ressentir ?
- Je l’ignore, Maître.

Arkes se pinça légèrement les lèvres, fulminant intérieurement. Pour abimer autant un soumis, il fallait le vouloir quand même ! Mais il se reprit, car les coupables de cette situation n’étaient pas là et sa colère n’aiderait absolument pas le soumis.

- D’accord. Passons à ma seconde demande. As-tu réfléchi à pourquoi je ne l’ai pas puni ?
- Oui, Maître.
- Très bien. Qu’en as-tu conclu ?

Il hésita un moment puis chuchota.

- Que vous n’aviez pas envie de le punir, Maître.
- Hum. Donc avec un autre soumis, dans les mêmes circonstances, tu penses que je le punirais ?
- Si vous le désirez, Maître.

Arkes hocha de la tête. Sur le fond ce n’était pas totalement faux, le Maître décidait et il ne doutait pas que le garçon avait vu son lot de Maître déraper et simplement laisser libre cours à leurs désirs. Mais les Maîtres avaient également d’autres rôles, surtout lorsqu’un soumis commence à enchainer les erreurs avant même de débuter une séance.

- Donc imaginons. Il vient. Il fait une erreur. Quelle était sa première erreur ?
- Il n’est pas rentré dans la salle à votre demande, Maître.
- Bien. Donc quoi ? Je l’attrape et le punis. À ton avis qu’aurait-il ressenti ?

Cette fois-ci, il n’y eut pas une once d’hésitation, l’elfe baissa la tête, se tassa sur lui, mais répondit qu’il aurait eu peur et mal. Arkes se fit la réflexion qu’il allait devoir lui montrer que toutes les punitions n’étaient pas forcément douloureuses, mais il rangea cette idée dans un coin de sa tête pour plus tard.

- Adia avait besoin de plonger. Il en avait vraiment besoin, tu sais. C’est pour ça qu’il est venu me trouver et ça a dû être très inquiétant et très dur pour lui. Si je ne l’ai pas puni, c’est parce que lui faire davantage peur ne l’aurait pas aidé.

Arkes lui caressa doucement les cheveux, le laissant réfléchir à ça. Il n’arriverait pas à le convaincre facilement, pas après ce qu’il avait vécu, mais l’idée ferait son chemin. Il tira jusqu’à lui un lot de dossiers épais. Ils s’accumulaient drôlement ces derniers temps. Sans s’occuper davantage de son soumis, toujours blotti contre lui, il se mit à les lire tout en le caressant de temps à autre dans un geste apaisé et apaisant.

Un angelot rebelle devait être littéralement maté en prévision de son mariage. Non merci. Les soumis étaient souvent pris par leurs propres contraintes. Ils n’obéissaient pas et ne se soumettaient pas de gaité de cœur. Cependant, Arkes n’avait jamais forcé personne à faire une séance de dressage avec lui et il ne comptait pas commencer de ci tôt. Il rejeta le dossier, il ne s’en occuperait pas. Le dossier suivant n’était pas vraiment plus intéressant, c’était un petit elfe qui peinait à effectuer certaines tâches sexuelles au sein de son club. Son aide était demandée pour lui apprendre comment y obéir. Il était à peu près certain que cela pourrait être fait par n’importe quel dresseur de bas étage sans réelles compétences, mais disposant d’une belle collection de sex-toys.

Il compila ainsi près de quatorze dossiers. Il sélectionna finalement un petit soumis très obéissant et désireux de bien faire, mais qui avait visiblement une grosse lacune. Arkes observa son propre soumis un instant et se demanda jusqu’à quel point il pourrait l’utiliser pour une séance de ce type.

- Dis-moi, mon garçon, as-tu peur que je te fasse mal ?
- Non, Maître.
- Hum… Tu es vraiment délicieux. Faisons une séance, tu veux bien ?
- Si vous le voulez, Maître.

Arkes lui caressa une nouvelle fois le visage, savourant le contact de sa peau tiède contre sa main chaude. Les elfes étaient toujours très frais comparés à eux.

- Tu m’as montré que tu étais capable de mesurer ta douleur et de dire « rouge » si ça atteignait un certain stade. C’est un excellent travail qui me rend très fier de toi. Il y a d’autres raisons de stopper une séance, par exemple, lorsque tu ressens de la peur. Parfois, elle est à 1, ce n’est qu’une très légère appréhension et parfois, elle a 10, alors tu es en train de paniquer totalement. Comprends-tu ce que je suis en train de t’expliquer ?
- Oui, Maître.
- Et qu’en penses-tu ?
- Un bon esclave ne doit pas ressentir de peur, Maître.
- Tu n’es pas un esclave. Tu es un soumis et mon soumis a le devoir de ressentir des émotions. La peur en fait partie.

Il avait parlé doucement, accentuant à peine le mot « devoir », mais il aurait pu le gifler de toutes ses forces que le soumis n’en aurait pas eu l’air moins surpris.

- Je pense que tu ressens encore des choses et j’en suis vraiment très heureux. D’accord ?
- Oui, Maître.
- J’aimerais que tu fasses le même travail qu’avec la douleur, seulement ce sera pour la peur. Je vais te demander quel est ton chiffre et tu vas me répondre. Est-ce que tu m’obéiras ?

Le garçon se mordilla les lèvres sous l’appréhension et avec un sourire crispé à l’idée de décevoir ce Maître si doux et généreux avec lui il chuchota son accord, car on ne pouvait pas dire « j’essaierai » ou « je ferais de mon mieux » à un Maître. Il n’était question que d’obéissance ou de non-obéissance.

Le maître tendit la main vers son visage et réclama le chiffre.

- 1.

1 à 10 n’incluait pas le zéro qu’il aurait voulu dire. La main du Djinn vint lui gratouiller la tête en douceur, arrangeant les mèches sombres de ses cheveux.

- 1.

Elle se glissa le long de son dos par-dessus le tissu de la tunique lâche qu’il portait. Elle passa en dessous. Le Maître avait les mains douces et chaudes. Elles étaient très agréables sur sa peau. Et puis, le Dominant s’était penché contre lui, très amicalement. Ce n’était pas intrusif. Ce qu’il ressentait était plutôt de l’ordre d’une grande intimité avec ce Maître, ce qui était étrangement nouveau.

- Combien ? demanda Arkes.
- 1, Maître.
- Merci.

Il le massa très lentement, passant sur les cicatrices et les muscles crispés. Il n’y avait que ça d’ailleurs, pas un seul de ses muscles n’arrivait à se détendre. Lentement, il le dénuda et continua à le masser. Pas une fois il n’essaya de lui faire peur, mais régulièrement, il redemanda où le garçon en était. À chaque fois, ce fut « 1 » jusqu’à ce qu’il vienne masser sa nuque raide. Il l’entendit déglutir sans pouvoir se retenir. Il insista un moment avant de demander :

- Combien ?
- 2, Maître.
- Merci.

À chaque fois, il s’appliqua à le remercier. Il ne le félicita pas, car avoir peur n’était pas une chose à encourager, mais il fit de son mieux pour que le petit elfe comprenne que prendre en compte ses émotions était une bonne chose. Une fois qu’il eut massé la totalité de son corps, il sortit différents objets qu’il posa devant le garçon.

- Quel est ton chiffre, si j’utilise cet objet ?

Le petit elfe releva les yeux et les posa sur une longue plume duveteuse. Il avala nerveusement sa salive, les chatouilles avaient rarement été employées contre lui, mais il avait vu des séances qui avaient poussé au bord de la folie d’autres soumis. Combien de temps tiendrait-il sous ces caresses ? Et si jamais son Maître s’appliquait ensuite à lui montrer qu’il aurait dû dire un chiffre plus élevé, qu’une véritable appréhension était attendue de lui ? Il se rabroua mentalement. L’ordre était simple, il devait dire ce qu’il ressentait et simplement ce qu’il ressentait sans anticiper, sans réfléchir, sans penser.

- 3, Maître.

Arkes observa la plume entre ses doigts et la fit tourner lentement. Il s’était attendu à rester sur quelque chose de très froid. Aucune réelle émotion ne semblait traverser le petit elfe, mais s’il les ressentait et en avait conscience, ce serait d’autant plus facile de débloquer les choses avec lui. Il passa à l’objet suivant, une cravache et la réponse « 2 » le surprit bien davantage. Il ne comprenait pas ce chiffre plus important pour la plume, mais il poursuivit d’objet en objet. Les choses les plus intimes comme les sondes, les plugs et autres godemichés aux formes variées ne réussirent qu’à obtenir de « 1 », le fouet qu’il n’utilisait presque jamais monta à un petit « 4 » qui lui sembla bien faible. C’était un long fouet, très lourd, qui sur son corps frêle pourrait le briser et le laisser aux portes de la mort.

- Merci. Je suis très content du travail que tu viens de fournir. Maintenant, je veux que tu te souviennes de cette règle. Pour le moment, si ta douleur ou ta peur atteint 8, 9 ou 10, je veux que tu dises « rouge ». As-tu compris ?
- Oui, Maître.

Arkes lui ébouriffa les cheveux. Il n’appréciait pas du tout cette manière de faire. Normalement, le code de sécurité se basait simplement sur ce que le soumis était capable d’endurer ou non. La plus petite douleur pouvait provoquer l’arrêt de la séance si le soumis n’était pas capable de l’encaisser. Seulement, le garçon ne gérait plus du tout ses propres codes, il ne les invoquait plus, alors il travaillait au fait de mettre en place un code arbitraire qui éviterait au moins les plus gros problèmes.

En se tournant vers les objets, il les observa et revint à la plume. 3… Il avait appris à ne pas craindre le doigt d’un dominant, mais il frémissait devant une plume. C’était une autre chose qu’il allait devoir modifier.

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