Chapitre 20
L’angelot frémissait sans discontinuer. Maître Arkes était installé dans un coin de la salle et son ami l’elfe était avec lui, à ses pieds, mais ils n’interviendraient pas. Il était censé faire face à ce Maître inconnu tout seul.
- Baisse le regard.
Anaël ferma douloureusement les yeux et changea d’appui, cherchant à s’éloigner sans avoir le droit de reculer pour autant. Ne pas fixer le danger était toujours très difficile. Il ne comprenait pas comment Maître Arkes avait pu sélectionner un Dominant aussi inquiétant. Les sorciers n’étaient pas connus pour leurs hautes statures, mais celui-ci était à proprement parlé énorme. Contrairement à Maître Arkes, il ne le félicita pas une seule fois, sans doute parce qu’il ne faisait rien de vraiment bien, finit-il par se dire. Anaël essayait seulement de survivre à la séance. Il n’avait qu’une envie : s’envoler derrière le garçon.
- Apporte-moi le fauteuil.
Anaël hésita face à l’ordre hautement inhabituel, puis lentement, pivota vers le siège et alla le chercher sans vraiment comprendre. Il était lourd et le déplacer fut difficile, mais il l’emmena jusqu’au Maître.
- Ici. Tourne-le encore. Et maintenant à genou.
Sans un mot de plus, le Maître s’assit et posa sa main, énorme, sur sa tête.
- Embrasse mon genou.
Sous sa main, l’angelot trembla, mais lentement, il se pencha pour obéir. Ses lèvres se posèrent sur le tissu soyeux du pantalon. Il eut du mal à serrer les lèvres pour l’embrasser correctement, alors il resta là, contre ce genou, presque collé au tissu. Le Maître ordonna « encore » et il réessaya sans plus de succès, mais la main, sur sa tête, se fit caressante, un peu comme s’il le félicitait. Contrairement à Maître Arkes, ce n’était pas verbal, mais l’idée de plaire le rassura réellement et il se colla un peu plus contre la jambe du sorcier, en quête d’approbation.
- Continue… et descends jusqu’à ma cheville. Je veux que tu te concentres uniquement sur mon plaisir Anaël.
L’angelot frémit, la voix était trop douce pour réellement parler d’une remontrance, mais ça avait claqué dans sa tête exactement comme le plus violent des coups de fouet. Penser uniquement au plaisir du Maître, il y arrivait quand il s’agissait de Maître Arkes… Il devait y arriver avec un autre. Il posa un baiser à peine plus franc à l’angle du genou saillant, et essaya de faire son job correctement.
Au-dessus de lui, le Maître s’adressa à l’autre dominant comme s’il n’était pas en pleine séance, mais il avait donné des ordres et entendait être obéis, quelle que soit son activité.
- Désirez-vous participer Maître Arkes ? J’ai assez peu l’habitude d’avoir des spectateurs, mais d’autres camarades de jeux sont toujours les bienvenus. Que diriez-vous d’une scène en miroir ?
Arkes réfléchit un instant avant d’acquiescer. Il avait décidé de s’imposer uniquement pour qu’Anaël panique moins en la présence de ce nouveau maître.
- Garçon ? Suis les ordres.
- Oui, Maître.
Presque aussitôt, le petit elfe se pencha contre sa jambe et l’embrassa avec dévotion et plaisir. La main dans ses cheveux le fit sourire, c’était si doux de la part de son Maître de jouer ainsi avec ses mèches. Durant presque une heure, les Maîtres donnèrent des ordres anecdotiques, juste pour le plaisir de surprendre l’autre, comme un jeu entre eux, et de voir les jolies soumissions des deux soumis.
Arkes avait choisi le Maître Lucinde exactement pour ça. C’était certes un très grand gabarit, mais il aimait les soumissions douces à base d’obéissances et d’adulations. Anaël n’aurait pas à souffrir et il pourrait simplement se dévouer à son Maître pour le satisfaire. En dehors des séances, il s’annonçait aimer les règles les plus légères qui soit, faisant de lui un profil atypique. La soumission demandée était constante, comme chez beaucoup de Maîtres BDSM, mais si petite qu’elle se faisait discrète, presque oubliée. Avec un tel Maître, Anaël gagnerait énormément de liberté et après en avoir autant bavé lors de sa préparation loupée, Arkes ne doutait pas qu’il apprécie ce type de relation.
Durant toute la séance, il surveilla les deux soumis. Son garçon ne plongeait pas, la multiplicité des ordres le ramenant toujours à l’instant présent, mais il semblait plus joyeux qu’en temps normal, montrant qu’il appréciait réellement la séance malgré tout. Anaël quant à lui avait mis très longtemps avant de commencer seulement à se détendre. La relation de confiance qu’ils avaient construite avec Maître Arkes avait mis un certain temps et elle était passée par une adaptation lente où l’elfe avait beaucoup aidé. Se retrouver brutalement offert aux mains d’un nouveau Maître n’avait rien d’évident ou d’anecdotique pour lui.
- Maître Arkes, est-ce qu’une approche plus… osée vous conviendrez ? proposa tranquillement Lucinde.
- Oui, je vous suis, acquiesça doucement Arkes, laissant l’autre montrer ce qu’il pouvait désirer.
Ce n’était pas évident de se laisser aller dans la dominance d’un autre, mais cela faisait parfois partie du travail et il s’en accommodait sans trop de mal vu la douceur de Lucinde. Certains Dominants aimaient ordonner aux autres, ce qui était d’autant plus difficile à accepter. Cette fois-ci, c’était surtout sa curiosité de voir les petits se soumettre qui lui occupait l’esprit.
Lucinde prit une voix un peu plus profonde et gourmande alors qu’il ordonna à son potentiel soumis qui flottait au moins partiellement :
- Offre-moi ta plus belle fellation, sans les mains.
Et tranquillement, Arkes ordonna à son propre soumis d’en faire de même. Doucement, le garçon se lécha les lèvres et se pencha vers son Maître, du bout du nez, il remonta la chemise qui venait cacher la fermeture du pantalon. Il frôla le ventre plat d’Arkes et ne put s’empêcher de le humer, il adorait chaque contact avec lui et pour la première fois, il s’en rendit pleinement compte. Rougissant légèrement sous la gêne de cette révélation, il saisit le pantalon entre ses dents pour déloger le bouton noir et froid qui le maintenait fermé. Pendant un instant, il n’y eut plus que lui, le garçon soumis et sa mission, ce pantalon qui lui résistait, puis, le bouton céda, il repoussa le pan du vêtement avec sa joue et alla chercher du bout de la langue, la braguette discrète pour finalement, la saisir fermement entre ses dents. L’odeur de son Maître se faisait forte et animale par ici, mais il l’apprécia tout autant. Sous le tissu, nul sous-vêtement ne vient complexifier sa tâche. Une aubaine, assurément. Il posa un baiser sur la chaire endormie qui trônait là comme pour l’éveiller et une légère secousse lui répondit.
Le Maître n’avait pas dit « suce », mais de lui offrir une « belle fellation » et cela permettait d’user de bien de techniques. Il continua à poser des baisers délicats sur toute la surface accessible, puis, lentement, il la poussa pour finir de la dégager et la faire sortir de son antre.
Une main lourde et épaisse vient doucement caresser ses cheveux avec une tendresse qui le fit réembrasser la peau douce de son Maître. Et ce fut là, en contemplant son bonheur qu’il se perdit. Il se sentait de plus en plus léger, il souriait même un peu tout en glissant sa langue le long du gland chaud du Djinn. Le suçotant sans y mettre de force, il savourait son gout et explora sa chaire du bout de la langue. Son gland était assez épais et son sexe, à présent en érection, était d’une taille plus qu’honorable qu’il ne parviendrait pas à prendre en entier dans sa bouche même en y étant contraint avec force. En détendant correctement sa mâchoire, en la relaxant et en abaissant une partie de sa langue pour laisser autant de place que possible tout en gardant le bout sagement posé sur ses dents pour rester confortable pour son Maître, il pouvait avaler le premier tiers uniquement. C’était suffisant pour offrir bien du plaisir, mais il aurait aimé pouvoir glisser ses doigts sur le reste de sa peau pour le cajoler complètement. A la place, il se redressa pour embrasser la pointe de son sexe et laissa sa langue caresser la fente douce de son méat, puis la couronne de son gland avant de glisser, le long de son frein et de le reprendre aussi loin que possible dans sa bouche.
Il alternait les techniques, sans y réfléchir, de plus en plus loin dans son esprit. Instinctivement, il frotta son visage sur ce sexe de plus en plus dur et chaud avant de reprendre sous les caresses de son Maître.
À quelques mètres à peine de lui, dans un état similaire, Anaël suçait avec énergie le sexe tout aussi dur du Maître sorcier. Il avait eu un peu de mal à obéir, malgré le flottement apaisant. Cependant, voir son ami se glisser entre les jambes de Maître Arkes avait été étrangement rassurant. En obéissant, il était un peu avec eux également. À son oreille, les ordres continuaient de fleurir. Le sorcier disait : « plus vite », « plus fort », « stop », « recommence », … Cela formait une litanie douce qui l’aidait à se détendre et lorsque finalement, le Maître éjacula dans sa bouche le retenant d’un simple « avale », il flottait totalement. Il avala sagement tout ce que le Maître lui avait offert. Le goût, salé, se répandit dans sa gorge et il continua à téter gentiment le bout de son sexe, absorbant chaque jet avec la même dévotion jusqu’à ce que le Maître le repousse contre sa cuisse. Anaël resta là, essoufflé et les joues rougies par l’effort, à attendre l’ordre suivant.
- Quand il s’abandonne enfin, c’est vraiment un soumis magnifique, entendit-il.
Le compliment lui fit du bien, l’envoyant flotter un peu plus loin encore et la main, caressante sur ses joues chaudes l’amena à sourire paresseusement. De l’autre côté de la pièce, son ami était à présent dans les bras de Maître Arkes qui le berçait tendrement tout en embrassant le creux de son cou par pur plaisir. Il s’était lui aussi offert le plaisir d’éjaculer sur la langue de son soumis, inondant sa gorge et remplissant sa bouche, puis il avait levé un peu son menton pour observer son visage et son garçon avait les yeux si troubles qu’il n’avait pu s’y tromper. Son soumis était profondément parti dans son espace de soumission. Il flottait en douceur. Alors il l’avait soulevé pour le câliner tendrement, heureux de constater que de plus en plus souvent, le garçon trouvait une voie pour se soumettre pleinement.
Les deux soumis ainsi partis dans leurs esprits, les Maîtres se permirent de discuter en toute quiétude. Ils n’évaluèrent pas les soumis devant eux, bien entendu, mais ils parlèrent à mots couverts des attentes du sorcier et de comment Anaël pourrait y correspondre.
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