Chapitre 21

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Dans le club bondé, chaque Dominant et chaque soumis pouvait passer inaperçu en soi et pourtant, tous avaient remarqué le trio qui s’était installé dans une petite zone pour V.I.P dans un angle sombre de l’immense salle principale. Oh Maître Arkes était certes connu, mais il n’attirait pas autant les regards habituellement. Seulement, le voir au côté d’un angelot - qu’il avait volé d’après les rumeurs- et d’un soumis usagé au possible, ça avait de quoi attirer les curiosités.

Arkes avait hésité avant d’accepter l’invitation de Lead. Le Dakris était un petit club, assez confidentiel malgré la foule présente, qui fêtait son centième anniversaire. Lead y était dresseur depuis un grand nombre d’années déjà et à cette occasion, il allait faire une grande démonstration. Il avait bien entendu invité tous ses amis pour l’occasion, leur réservant une grande table dans la meilleure zone donnant une vue directe sur scène.

Arkes n’était pas le seul à être venu avec un soumis ou plus, la majorité de ses amis en avaient fait autant, mais contrairement à lui, ils laissaient lesdits soumis vagabonder, participant aux festivités en allant à la rencontre d’autres soumis. C’était un immense privilège qu’il aurait pu accorder à son garçon, mais il doutait que celui-ci ait su quoi faire… et pour l’instant Anaël n’était pas très en sécurité loin de lui. Alors, ils étaient les seuls présents à table, sagement agenouillés, l’un contre l’autre, dans une position similaire qui avait été travaillée. C’était vraiment très dur pour Anaël de rester sagement installé alors qu’autant de Maîtres étaient présents autour de lui, mais il n’allait pas faire de scène, Maître Arkes le lui avait affirmé. Il devait seulement rester ici et faire honneur à son Maître. Cela voulait dire rester sagement en place. Aucun Dominant ne le toucherait, son Maître ne le permettrait pas et c’était cette certitude qui l’aidait à tenir. Ça et sentir son ami qui était si proche qu’ils se frôlaient presque.

Du coin de l’œil, il avait reconnu les différents Dominants autour de la table. C’était ceux qui étaient venus le voir, il y avait une petite éternité à présent -il s’était passé tellement de choses depuis-. À l’époque, il avait redressé ses ailes et avait cherché à fuir. Aujourd’hui, ses ailes étaient sagement croisées dans son dos, détendues dans un geste de pure soumission. Aucun d’entre eux ne fit un geste vers lui, l’ignorant parfaitement, mais il se souvenait très bien de ce que lui avait dit Maître Arkes. Chacun de ces Maîtres avait décidé de poser un verdict dans le but de le protéger. Ils s’étaient tous déplacés pour l’évaluer, puis ils avaient parlé et s’étaient mis dans une position pénible simplement pour l’aider, lui, un soumis. Alors il faisait vraiment de son mieux pour rendre fier Maître Arkes, mais également pour leur montrer que ça n’avait pas été vain. Grâce à eux, il était en train de devenir un bon soumis.

À table, les amis discutaient de bon cœur, joyeux de se retrouver dans des circonstances plus festives.

- Vous savez quel soumis il a sélectionné ? demanda Miniha.

- Non, il a totalement refusé de me le dire… soupira Vikar.

- Il n’avait pas parlé d’une perle particulièrement prometteuse la dernière fois ? glissa Nedac.

- Tu crois qu’il oserait le montrer pour la première fois ce soir ? répondit Vikar, surpris.

Nedac haussa des épaules, un peu dramatiquement. Il connaissait assez leur ami pour savoir que c’était tout à fait possible et si c’était le cas, alors la soirée serait d’autant plus croustillante. Lead trouvait toujours des soumis particulièrement délicieux pour les yeux. Artis revint, les coupant involontairement. Il avait l’air un peu renfrogné, comme souvent lors de ce genre de festivité.

- Alors tu as trouvé les petits ? demanda gentiment Hui.

- Oui, ils sont au centre, dans la petite fosse.

- Personne ne les embête ?

- Maintenant, non. Lead avait fait mettre plusieurs Dominants en surveillance, mais vu la foule… Enfin bon. J’ai fait bouger un Surveillant pour qu’il reste à deux pas de là. Ils devraient être tranquilles, rajouta Artis d’une voix posée, tout en s’asseyant, s’attirant quelques rires discrets.

Son côté très protecteur amusait beaucoup ses amis, mais il estimait que l’on n’était jamais trop prudent dans ce type de concentration et qu’Arkes avait bien fait de garder ses soumis près de lui en soi. Il aurait bien fait pareil, mais son soumis, Jinhi attendait cette fête depuis des semaines déjà. Lui interdire de rejoindre les autres sous prétexte qu’il était inquiet aurait été particulièrement dur à encaisser. Artis aurait même trouvé ça assez cruel de sa part.

- En tout cas, la fête est réussie. Lead aura de quoi être content, signala tranquillement Arkes.

- Tu veux rire ? Il va nous en rebattre les oreilles pendant des mois ! se plaignit Vikar en riant à moitié.

- Ah ça… c’est sûr ! En même temps, t’as vu cette foule ? Tout le monde est venu pour le voir.

Miniha se tut alors qu’un grand silence s’abattait sur le club tout entier : un soumis venait de grimper sur la scène et la lumière de tout le club avait changé. Ils reconnurent sans mal Silsia. Pour un homme-serpent, même un soumis, il était simplement minuscule. C’était le premier soumis de Lead, il l’avait formé tant et si bien qu’à présent il pouvait lui confier des tâches qu’on n’accordait pas aux soumis normalement. Il toussota et sa voix s’éleva gentiment dans l’air alors qu’il fixait le sol de l’estrade.

- Ce soir, Maître Lead, va vous présenter ses plus jolies réalisations de l’année à travers trois scènes distinctes qui auront lieu en parallèle les unes des autres, puis il vous offrira un spectacle encore plus rare. Durant cette dernière partie, nous vous demanderons un silence complet. Merci.

Silsia recula lentement jusqu’à passer le rideau qui cachait l’arrière de la scène et peu de temps après, ils s’ouvrirent. Lead n’était pas simplement un grand bavard qui disait ce qu’il pensait à voix haute. C’était également un dresseur avec une sensibilité très fine qui aimait les scènes ambitieuses.

Depuis sa place, Arkes tira sur le bras de son soumis pour le redresser et le fit s’installer sur ses genoux. Le garçon s’était remplumé, mais il était toujours beaucoup trop léger à son goût. À l’oreille, il lui murmura de bien regarder cette scène. Son garçon se lova un peu plus contre lui, sans doute inconsciemment, mais il fixa l’estrade comme ordonné.

Il y avait un soumis, debout en position d’attente avec le visage bas. Il portait un peignoir épais qui cachait les courbes de son corps, mais bientôt, Maître Lead glissa jusqu’à lui et le retira dévoilant son jeune corps sans la moindre vergogne. Il était entièrement nu là-dessous et à voir le rougissement de ses joues, même de là où il était, le garçon en conclut que c’était sa première scène devant un tel public. Quelques caresses parvinrent à l’apaiser, étonnamment vite, montrant une réelle complicité entre ce dresseur et son soumis. Ce n’était qu’un détail, mais cela l’ébranla un peu. Le garçon comprenait très bien ce qu’il ressentait, car les doigts de Maître Arkes avaient le même effet sur lui.

Maitre Lead passa un certain temps à le caresser, l’amenant à une légère érection qui sembla gêner d’autant plus le petit soumis. C’était une séance d’humiliation, comprit-il alors, mais Maître Lead restait particulièrement doux et rassurant, offrant un contraste des plus étranges. Il poussa le soumis lentement dans le désir, jusqu’à ce qu’il peine à ne pas se tortiller sur lui-même, ne lui demandant qu’une franche immobilité.

Tout prit à son observation, le garçon sursauta lorsque les doigts de Maître Arkes vinrent caresser l’intérieur de sa cuisse, par-dessus le tissu, un peu distraitement. Dans la salle, le silence s’était installé et tous semblaient se demander jusqu’où Maître Lead allait pousser son soumis. Le ferait-il jouir seulement comme ça avec un peu d’humiliation d’être ainsi exposé et de douces caresses qui évitaient pourtant sa verge de plus en plus tendue ?

Maître Lead abandonna pourtant les caresses sur cette peau douce pour aller chercher un dispositif simple qu’il se régalait à employer. C’était une petite machine très basique, une simple bascule avec un poids visiblement lourd d’un côté et un sexe moulé de l’autre côté. Lead plaça l’appareil de façon à ce que tous puissent suivre sa progression puis il amena le garçon à s’agenouiller devant elle pour prendre la pénétration. Le poids était maintenu en l’air par un impressionnant tas de sable, lui-même restant de place de manière tout à fait magique. Il chuchota quelques ordres au soumis qui poussa un gémissement d’angoisse en observant l’immense sexe sous lui. Il le recevrait bientôt.

Depuis son fauteuil, Arkes posa une main douce sur la tête de l’angelot, s’assurant qu’il tenait le coup dans cet environnement qu’il savait anxiogène. Anaël se comportait très bien en restant sagement immobile et son garçon, aussi léger qu’une plume sur ses genoux, semblait captivé par le spectacle. Lead jouait de l’anticipation et de l’humiliation pour faire sombrer son soumis et ce ne fut qu’une fois qu’il commença à basculer pleinement dans un abandon réel, qu’il commença à lui faire utiliser ses pouvoirs.

Le contrepoids qui maintenait le dispositif loin des fesses du soumis était maintenu par le petit tas de sable. En remuant à peine le bout des doigts, seul signe d’activité, le soumis commença à en faire autre chose. Au début, il n’y avait rien de réellement visible, mais un projecteur habilement orienté vient rapidement dévoiler un éclat étrange au milieu du sable. Un cristal. Maître Lead vérifia plusieurs fois l’état de son soumis avant de s’en éloigner pour faire venir un second soumis, très différent du premier de par une expérience évidente dès le premier coup d’œil. Il avait l’habitude des mises en scène en public et de ce genre d’évènements. Il ne montrait aucun signe de stress, mais une froide assurance comme n’importe quel soumis qui sait à quel point on va lui faire du bien. Il ne tressaillit pas sous la caresse d’une cravache que le Maître maniait habilement, faisant chauffer sa peau de la plus douce des manières et ce fut dans cette douleur aussi diffuse que continue qu’il sombra dans le seul but de lui plaire. Il n’était pas masochiste. Il n’aimait pas les coups ou voir sa peau rougir ou la sentir qui picotait de plus en plus furieusement. Non, ce qu’il aimait lui, c’était le sourire, très léger, mais satisfait, de son Maître.

Avec une obéissance douce, il agita sa propre magie, c’était un jeune sorcier qui parvenait à faire un peu de télékinésie. Cela lui demandait une certaine forme de concentration et d’apaisement qu’il parvenait parfaitement à trouver au sein de sa zone. Il tira patiemment les cristaux créés par le premier soumis, les extirpant du sable et permettant au poids de s’abaisser lentement. Chaque diamant fut ainsi attiré au centre de la scène, pour former un rond au sol. Il les bougeait lentement suivant le rythme de formation du petit élémentaliste qui gémissait au fil de la pénétration.

Sur les genoux de son Maître, le garçon ne manquait rien de leurs deux soumissions. Comme souvent, une petite partie de lui se demanda ce que son Maître voulait qu’il voie, ce qu’il voulait qu’il comprenne. Parfois, il lui posait des questions, mais ce n’était jamais celles que le garçon attendait. Il se demanda soudain si un jour, Maître Arkes l’emmènerait sur scène pour une exhibition. Il serait alors là sur un promontoire, dévoilant son corps, mais surtout son âme pour l’offrir en pâture. Presque aussitôt, le garçon se reprit. Il n’était qu’un soumis usagé, pas l’un de ceux que l’on montre ou que l’on prend plaisir à observer. Anaël pourrait être magnifique une fois que ses ailes iraient mieux, mais le Maître voulait visiblement le céder à un autre. Peut-être prendrait-il un autre soumis alors, quelqu’un de beau et d’obéissant, qui saurait prendre les positions attendues avec la grâce demandée. Quelqu’un dont il pourrait être fier sur scène. Oui, ce serait sans doute ainsi que les choses se passeraient.

Il sentit sous son corps son Maître se redresser un peu, visiblement surpris et intéressé par ce qu’il se passait sur scène, alors le garçon y fit plus attention. Un jeune soumis Djinn venait de rentrer quasiment en flottant. Un manipulateur d’air. Le garçon eut un pauvre sourire, oui, un soumis Djinn… quelqu’un qui se complaise dans le feu et les brûlures, voilà ce qu’il faudrait à son Maître. Tout ce qu’il espérait au fond c’était conserver sa place. Il aimait être avec Maître Arkes. À peine cette pensée l’effleura-t-elle qu’il se figea, surpris. En tant que soumis, il n’avait pas à tenir ce genre de réflexion et pourtant, ça lui semblait être une évidence. Il aimait son Maître.

Quand il revint à la scène qui se jouait sur l’estrade, le Djinn avait déjà plongé profondément. Son corps s’était paré de mille bijoux qui venaient pincer sa chaire. Maître Arkes n’avait rien raté du spectacle pour sa part, en témoignait une érection importante qui venait former une bosse contre les fesses de son soumis. Faire plonger un Djinn devant un tel public, c’était audacieux, mais il savait parfaitement que son ami ne l’aurait pas tenté s’il n’avait pas été sûr et certain de pouvoir le faire remonter sans difficulté. À lui aussi, il donna des ordres pour qu’il emploie la magie et un vent frais souffla bientôt sur la salle alors qu’un petit tourbillon prenait vie au cœur de l’estrade, balayant et emportant les cristaux, de plus en plus nombreux jusqu’à les faire tournoyer doucement en l’air. Un spectacle ravissant que Maître Lead contempla silencieusement un instant avant de vérifier l’état de chacun des soumis, s’assurant qu’ils étaient toujours profondément enfoncés dans leurs propres espaces.

Puis parce qu’il n’avait pas fini, il se retourna vers le fond de la scène où Silsia attendait, agenouillé, presque invisible, depuis le début des festivités. Si le soumis fut surpris, il ne le montra pas. Il suivit sagement son Maître jusqu’au centre de la scène, juste derrière le tourbillon qu’il observa silencieusement.

- Silsia, tu es mon soumis depuis des années n’est-ce pas ?

- Oui, Maître.

- M’es-tu dévoué ?

- Oui, Maître.

- Te suis-je dévoué ?

- Oui, Maître.

- Alors, avance et place-toi au centre.

Silsia n’hésita pas, se cognant contre plusieurs diamants et rejoignant l’espace au centre de la tempête. Là, le vent était si fort que rapidement il fut soulevé du sol. La sensation inhabituelle l’inquiéta et sa longue queue de serpent se contracta comme s’il cherchait un équilibre. Il n’était pas du tout plongé dans son propre espace, il vivait tout de plein fouet, sans préparation, mais avec une soumission authentique.

Sur les genoux de son Maître, le garçon regardait avec de grands yeux quand Arkes murmura, tout doucement :

- Fermes les yeux, Anaël et vient contre moi.

L’angelot obéit, s’accrochant à la jambe du Maître aussi fermement que possible. Arkes caressa son garçon et lui chuchota :

- Quant à toi, regarde bien.

Maître Lead tournait autour de la spirale, les lumières éclairaient Silsia et rebondissaient sur les diamants créant une scène d’une beauté surréaliste. Le Dominant tourna ainsi un long moment, puis, sans prévenir, sans même que son corps ne semble se contracter, il bondit, fendit l’air, glissa entre les diamants et s’enroula autour de son soumis. Dans le même geste, sa longue queue puissante avait saisi le plus petit dans une prise terrible, ses bras s’étaient saisis de sa tête le forçant à dévoiler sa nuque et il le mordit profondément. Le garçon sursauta, mais parvint à retenir son cri de stupeur. L’attaque semblait mortelle.

Silsia, lui, cria. Un long cri d’agonie. Il se débattit comme un diable dans la prise, mais son Dominant était simplement trop fort. Le venin qui s’engageait dans ses veines en grandes quantités le força à lâcher prise, abandonnant le combat, déjà perdu. Durant plusieurs minutes, Lead continua de le mordre, le lâchant pour mieux renfoncer ses crocs et tirant sur son corps sans la moindre vergogne, même s’il n’y avait plus le moindre répondant. Le soumis était pourtant toujours vivant, mais prit dans un venin trop violent pour son corps.

Arkes posa un baiser sur la tête de son garçon et frotta son nez contre son cou, diablement excité par la scène. Il caressa également l’angelot qui tremblait contre sa jambe, le peu qu’il avait entendu avait suffi à le terroriser. Tout doucement, refusant de briser le silence de plomb qui s’était abattu dans la salle pourtant bondée, Arkes murmura à son soumis :

- C’est comme ça qu’ils se marient…

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