Chapitre 22
Étendu de tout son long sur son lit, Arkes caressait distraitement ses deux soumis qui flottaient tout contre lui. Il s’était partiellement dénudé pour profiter de la fraicheur de ces deux corps directement contre la peau chaude de son torse. La main délicate de son petit elfe reposait toujours tout contre son cœur. Elle était si fine et délicate qu’il la sentait à peine. La séance avait été à proprement parlé délicieuse et il avait lui-même atteint un état tout à fait agréable, mais il était vite redescendu sur terre, prit par ses propres soucis.
Depuis qu’Anaël était là, il vivait sur ses fonds propres en devant repousser les dressages qu’il aurait normalement pu effectuer. Ce n’était pas dramatique, mais les clubs devraient trouver d’autres solutions et ainsi, il laissait la place à une certaine concurrence. Il savait la situation temporaire, il allait ressortir et reprendre le travail, il voulait seulement replacer Anaël avant. Il devait s’avouer que l’angelot était assez agréable à vivre, pas parce qu’il atteignait un degré de perfection suffisant, non, il accumulait les petites erreurs anodines à un tempo tout à fait désagréable. Ce qui lui plaisait, c’était de le voir progresser.
Quand Arkes pensait à l’avenir, il repensait au mariage de son ami. Ça avait été une scène magnifique à ses yeux. Arkes espérait qu’il pourrait reprendre normalement son travail, faire des démonstrations avec son garçon et que ce serait alors un spectacle digne de ce nom. La confiance qui était en train de se développer entre eux, sans même réellement se montrer, permettrait peut-être d’en arriver là. Et Anaël ? Il serait magnifique en démonstration aux mains d’un autre et Arkes espérait que comme pour chacun de ses dressages, il n’en ressente pas de la jalousie, mais de la fierté d’avoir largement contribué à une telle avancée.
La veille, il l’avait emmené pour être testé par Maître Unagi. Ça avait été un choix audacieux, bien sûr, mais Arkes pensait sincèrement qu’ils pourraient se plaire sur le long terme. Anaël avait assez envie de bien faire et Unagi désirait avant tout s’adapter à son soumis. Malgré tout, la séance avait été plus que laborieuse…
Arkes se tourna légèrement pour observer Anaël qui flottait contre lui, son joli visage était détendu et il dérivait au milieu d’une confiance absolue… S’il désirait faire venir à lui de jolies petites pinces pour les accrocher à la pointe de ses tétons dans une petite morsure délicate qui viendrait faire rougir sa peau, il pouvait le faire. Unagi n’avait pas beaucoup plus d’ambition si ce n’était qu’il voulait qu’Anaël s’offre à la douleur, qu’il l’encaisse pour lui, qu’il lui fasse le cadeau de la prendre. Seulement Anaël tremblait comme une feuille et il n’avait pas grand-chose à offrir, rien de plus qu’un peu de bonne volonté que la douleur parvenait à éclipser. L’angelot avait peiné durant toute la séance à se plier et finalement, en voyant la suite du programme, juste un peu de cire qui allait s’étaler sur sa peau, il avait crié son code de sécurité juste avant de redresser les ailes dans une attitude si violente que le sorcier avait reculé tout en levant les mains.
- Oh tout doux ! Je n’ai jamais forcé personne, je ne vais pas commencer aujourd’hui ! s’était-il défendu, en vain.
Anaël n’avait pas bougé. Il était magnifique, son torse nu se soulevait au rythme d’une respiration rapide et il était totalement sublimé par les petites pinces accrochées à ses tétons. Un mélange de soumission et de rébellion simplement splendides. Arkes avait dû intervenir, en demandant la confirmation à Unagi que la séance était terminée puisqu’Anaël le demandait. Le Maître avait semblé troublé, mais il avait fini par dire, d’une voix blanche, un peu coupée par le choc.
- Bien sûr qu’elle est terminée… C’est ça… c’est ça qu’on t’a fait ? Je suis un vrai Dominant moi, pas… pas une sombre merde incapable d’écouter quand on lui dit stop. C’est fini. C’est fini par contre, j’aimerais terminer ça proprement. Tu as donné ton code, donc j’arrête la séance et pour l’arrêter, je dois te retirer les bijoux.
Anaël avait cillé et le Maître avait ajouté doucement :
- Tu n’as aucune raison de les porter encore puisque la séance est finie.
Il avait néanmoins eu le bon sens de ne pas s’approcher et lentement, Anaël avait baissé ses ailes tout en jetant des coups d’œil frénétique à Maître Arkes qui lui avait fait un signe de tête encourageant. C’était à lui de faire les quelques mètres qui les séparaient pour permettre au sorcier de le délivrer. Il eut l’impression qu’on lui demandait à nouveau une soumission trop importante, mais le regard de Maître Arkes était confiant et Maître Unagi parlait de finir, pas de poursuivre.
S’avancer lui avait demandé tout le courage du monde. Tout en le caressant, allongé à ses côtés, Arkes se souvenait des frissons de pure terreur sur sa peau. Il avait hésité à s’interposer pour retirer lui-même les pinces, mais en matière de dressage, il fallait parfois que le soumis accepte de se dépasser un peu plus encore. C’était des moments pénibles et compliqués, mais nécessaires. Si Anaël y arrivait, alors il prendrait un peu plus confiance dans le pouvoir de son code et dans la bonne foi des Maîtres qu’il lui présentait. De la part d’Unagi, proposer de terminer correctement montrait tout son sérieux et l’inverse l’aurait déçu. Arkes se prit à sourire alors que contre ses doigts, l’angelot tordait son corps à la recherche d’un contact plus complet. Il se tordait dans l’autre sens, prit entre sa propre volonté et sa peur, lorsqu’Unagi avait avancé sa main vers les pinces. Doucement, il avait murmuré :
- Je l’attrape à la base et je vais la desserrer doucement. Le sang va revenir et ça va picoter, mais si tu ne les touches pas, tu n’auras pas mal.
Anaël avait détourné le visage, serré les poings et crispé ses ailes. Il ne vit rien et lorsqu’Unagi avait repris pour annoncer :
- C’est fait.
Il avait sursauté, surprit avant de reculer tout en observant ses propres tétons, durcis et encore tendus vers l’avant suivant le pli exigé par les pinces. Seulement Unagi avait encore parlé, finissant de le choquer.
- Merci de ta confiance. Tu m’as offert tout ce que tu pouvais et j’en suis honoré. J’aurais aimé que tu apprécies la séance et je suis vraiment désolé de t’avoir poussé trop loin, mais je tiens à ce que tu saches que tu t’es bien comporté.
C’était exactement pour ça qu’Arkes l’avait sélectionné et si à présent, il ne doutait pas que ce duo ne fonctionnerait jamais, Anaël était bien trop simple à braquer, il pensait néanmoins que cette séance lui avait fait du bien quelque part. Et effectivement, depuis, Anaël se montrait beaucoup plus détendu. Les scènes qui lui faisaient faire avec son garçon étaient plus simples, plus fluides, plus en confiances aussi. S’il continuait à progresser à ce rythme, d’ici qu’il rencontre le quatrième Maître potentiel, il serait réellement prêt à partir.
Se détournant d’Anaël, Arkes se pencha sur son garçon et posa un baiser doux sur sa peau couturée. Il aimait vraiment le voir flotter. Il avait commencé à préparer sa prochaine scène avec lui sans savoir s’il pourrait réellement la réaliser. Son garçon faisait de grand progrès, mais il n’avait toujours pas de codes dignes de ce nom. Tester des codes était vraiment un mauvais travail, puisqu’en condition réelle il faisait tout pour que son soumis n’ait pas à les employer en temps normal. Arkes embrassa une cicatrice particulièrement profonde sur la peau de son soumis et se prit à sourire contre son épiderme. Oui, il pouvait déjà savourer tout ce que son garçon lui offrait.
Il laissa les deux soumis dans cet état durant plusieurs heures, leur permettant de se ressourcer pleinement. Anaël en avait besoin pour se remettre des séances à l’extérieur et pour se préparer à la suivante également, car il n’avait pas terminé. L’elfe quant à lui allait de mieux en mieux, mais il n’avait pas atteint sa zone pendant si longtemps qu’il peinait à s’en rassasier. En l’emmenant assez loin et assez longtemps, Arkes espérait qu’il parvienne à retrouver une véritable sérénité qui l’aiderait à progresser encore.
Puis, au bout d’un long moment, il fut temps de les faire revenir à eux. Il commença par Anaël, accentuant ses caresses et ses baisers sur la peau frissonnante d’envie du soumis.
- Tu es vraiment un soumis adorable Anaël.
Un très vague sourire lui répondit, le jeune ange flottait trop pour saisir plus que l’idée vague d’un compliment.
- C’était une très bonne séance.
- … encore… Maître ? murmura-t-il d’une voix pâteuse, faisant sourire son Dominant.
La réclamation douce était exquise, mais la descente avait été bien assez longue et il était vraiment temps qu’il reprenne pied.
- Concentre-toi, Anaël. Je veux que tu réfléchisses. Où sont tes mains ?
Aussi ridicule que paraisse la question, pour un soumis aussi profondément enfoncé dans son propre espace qu’il en était totalement déconnecté de son corps, cela demanda effectivement une véritable concentration. Ses mains, c’était quoi déjà des mains ? Il remua le bout des doigts, incertain puis les leva vers Arkes comme pour répondre à la question.
- C’est très bien, reste concentré. Tu as des mains et au-dessus… qu’est-ce qu’il y a ?
Un léger froncement de sourcil accompagna la réflexion, Arkes le trouva simplement adorable, mais il ne l’embrassa pas, le laissant à son problème. Une voix toujours endormie répondit :
- Des poignets… Maître.
- C’est ça, oui. Continue, après les poignets ?
Cela prit du temps, mais lorsqu’ils furent au niveau de son cou, le regard du soumis était déjà plus alerte et ses réponses plus rapides. Arkes put lui donner à boire sans craindre qu’il ne s’étouffe et s’il semblait honnêtement fatigué, il n’était plus en pleine plongée. Anaël fut un peu perturbé de voir son ami, flottant encore profondément auprès de lui. Il l’avait déjà vu dans un état similaire, mais jamais de manière aussi forte ou alors, il ne l’avait pas compris.
- Ça va Anaël ?
Il sursauta et acquiesça doucement. Dans un tel état, n’importe quel Dominant pourrait faire ce qu’il voulait d’un soumis. Savoir qu’il avait plongé de la même manière que l’elfe était un peu angoissant et en même temps le fait que Maître Arkes n’en ait pas abusé ne faisait que le remplir d’une confiance nouvelle.
- Oui, Maître. Je vais bien.
- Parfait, alors. C’était une très bonne séance, je suis content de toi.
- Merci Maître.
Anaël reposa les yeux sur son ami et déglutit, impressionné malgré lui. Maître Arkes se pencha sur elfe et embrassa l’une de ses joues. Elle était un peu fraiche. Il le caressa doucement puis appuya un peu plus ses caresses le long de son corps, juste pour qu’il reprenne un peu conscience avec l’extérieur. Ce ne serait pas suffisant, mais il avait plongé assez loin pour que cette étape ait réellement du sens.
- Allez mon garçon… Il va falloir faire un effort et t’accrocher à ma voix un petit moment.
L’elfe papillonna des yeux et regarda fixement son Maître un moment, sans rien répondre. Une larme s’échappa de l’un de ses yeux sans prévenir. Arkes caressa sa joue pour la chasser et chuchota tranquillement des mots réconfortants. La descente avait visiblement été plus profonde encore qu’il ne l’avait envisagé et remonter pouvait sembler aussi dur que cruel.
- Par pallier mon beau… On va y aller doucement, je vais te donner des ordres et tu vas m’obéir n’est-ce pas ?
Il y eut un long moment de flottement avant que l’elfe ne chuchote :
- Oui… Maître.
- Très bien, très très bien. Tu es parfait. Et comme tu es parfait, tu n’auras aucun mal à t’agenouiller pour moi n’est-ce pas ? Je veux une bonne position, comme tu sais le faire.
Se redresser fut difficile, il tanguait légèrement sur lui-même. La position avait été tellement répétée qu’elle revint toute seule malgré tout.
- Très bien, maintenant écarte les genoux. Exigea-t-il sans aucune raison.
D’ordre en ordre, il parvint à faire remonter son soumis jusqu’à un flottement des plus légers où il put reprendre une remontée plus classique. Si l’absence d’ordre l’aidait à couler, cette multiplicité de demande avait été plutôt efficace. Néanmoins Arkes le garda contre lui, caressant son dos dans un lent geste réconfortant. Il tira l’angelot pour qu’il rejoigne la douce étreinte.
- Vous avez été adorables…
Il embrassa leur tête et s’attela à leur montrer qu’ils étaient en sécurité.
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