Chapitre 23
Sur la table, il y avait un contrat, un long contrat, un contrat définitif, quoiqu’encore très modulable. Arkes avait pris un long moment pour le rédiger de son mieux, il devait encore être complété et puisque son garçon était en pleine évolution, le contrat devrait permettre qu’ils continuent d’explorer tout cela ensemble.
Il ne savait toujours pas si le garçon serait réellement fonctionnel un jour, mais il pouvait le conduire à sa zone lui offrant le soulagement dont il avait besoin et le garçon parvenait à lui offrir assez pour l’amener, lui aussi, dans sa propre zone de dominance, explorant une douce euphorie qui lui était salutaire. C’était plus que ce que faisait la majorité des soumis pour lui et c’était plus que ce qu’offraient tous les autres Dominants à son garçon. C’était ça qui l’avait finalement décidé.
- Mon garçon ?
- Oui, Maître.
- Veux-tu rester avec moi ou préfères-tu retourner auprès de Maître Loodmeyer ?
- Vous, Maître, répondit l’elfe sans aucune forme d’hésitation.
Arkes hocha la tête, étrangement soulagé bien qu’il n’ait eu aucune raison de douter de sa réponse.
- J’ai préparé un contrat définitif. Il évoluera néanmoins en fonction des pratiques. Y a-t-il des choses que tu aimerais refuser ?
- Non, Maître.
- Es-tu sûr ? Je t’ai déjà dit que cette réponse ne me convenait pas.
- Oui, Maître… Je… suis tout à vous.
Le Maître pinça un peu ses lèvres, mécontent, mais parfaitement conscient des problématiques de son soumis. Comme pour le premier contrat, il le fit signer. Cette fois encore, le garçon n’essaya pas de le lire.
- Aujourd’hui, je voudrais faire deux choses tout à fait particulières avec toi, alors va te laver puis installe-toi en position d’attente, nu.
- Oui, Maître.
Arkes l’observa s’éloigner silencieusement, sans aucune forme d’appréhension. C’était exactement ce qu’il aimait chez lui. En attendant que son garçon soit prêt, Arkes alla donner une série d’ordre à Anaël pour qu’il s’occupe de la maison et qu’il ne s’ennuie pas trop durant cette séance qu’il savait déjà longue. Il avait hésité, pendant un moment, à confier l’angelot à un ami pour la journée, pas que ce soit strictement nécessaire, mais cela se faisait couramment dans ce genre de circonstances. Seulement, Anaël n’était pas encore prêt alors il devrait se faire patient.
Son garçon finit par réapparaître. Sa peau blanche était encore légèrement rougie par l’eau chaude et luisante d’humidité. Il se positionna très sagement, faisant fi de sa propre nudité malgré le regard dévorant de son Maître. L’elfe s’était remplumé et s’il resterait toujours très fin, il devenait bien plus joli au regard. Son corps serait à jamais marqué, mais Arkes commençait à connaitre si bien ses cicatrices qu’il ne les remarquait même plus. À la place, il laissa ses yeux venir caresser son pénis, au repos entre ses cuisses. Il était de petite taille, comme souvent chez les soumis, très fin, et il reposait sur deux bourses tout aussi discrètes. La pilosité des elfes était particulièrement discrète, alors de là où le Maître se tenait, le soumis paraissait totalement imberbe.
Arkes observa la porte de la pièce qu’il avait préparée. Pas une pièce pour rassurer Anaël, non, une pièce pour effectuer une véritable séance. Rien qui ne saurait faire peur à son garçon, il en était certain, mais il avait hâte de le voir à l’intérieur.
- Mon garçon, suis-moi.
Sans un regard pour vérifier qu’il était obéi, avec la froide certitude que c’était le cas, Arkes ouvrit la porte et pénétra dans cette pièce si particulière à ses yeux. Le petit elfe ne sembla pas inquiet en y rentrant à son tour même si la pièce avait changé. Les murs étaient rouge vif et ils semblaient un peu vivants. Ce n’était pas une impression nette, mais des variations dans leurs couleurs et de temps à autre, une flammèche passait, lentement, si lentement qu’il crut d’abord avoir rêvé ce mouvement. Il nota la présence d’un lit immense qui prenait beaucoup de place dans la pièce, pourtant grande.
Arkes attendit silencieusement que son soumis prenne conscience de l’environnement, puis, il s’approcha et glissa ses doigts bouillonnants sur la peau si fraiche de son soumis. Il le caressa doucement comme pour l’explorer, jouant de l’élasticité de sa peau et des frissons qu’il lui tirait notamment en se glissant le long de ses côtes puis le long de son aine. Il ne fit que le toucher en se collant à son dos, lui, immense et tout habillé, savourant tout ce qui les séparait et tout ce que son garçon avait à offrir. Savoir ce qu’il allait se permettre ce jour-là suffisait à le mettre dans un état un peu second, déjà excité rien qu’à l’idée de cette séance et de ce que son garçon allait lui offrir que ce soit en acceptant ou en refusant les choses, s’il y parvenait. Avec un autre, il aurait peut-être été inquiet de ne pas pouvoir aller jusqu’au bout, mais ce soumis qui acceptait tout avait transformé le moindre soupçon d’échec en une chose enviable. Ne pas réussir serait sans doute la plus jolie des victoires.
Le Maître massa gentiment le corps de son soumis, comme pour détendre ses muscles, mais c’était avant tout une prise de pouvoir. Il tourna autour de lui et se permit de toucher absolument tout son corps, s’arrêtant un instant sur ses pommettes puis, sans transition, saisissait ses testicules et observant son visage alors qu’il les faisait doucement rouler entre ses doigts. Cet endroit en particulier était un peu plus chaud et moite que le reste du corps de son garçon et il se tendit de manière si légère et à peine perceptible qu’il doutait que son soumis en ait conscience.
- Aujourd’hui, nous allons faire une véritable séance. Je ne vais pas t’apprendre des choses, je vais juste profiter de toi.
Il continua à le caresser dans cette zone si sensible en savourant la texture de sa peau. Les poils de l’elfe étaient si fins qu’il les sentait à peine sous ses doigts, mais il le flatta en douceur, puis, sans s’arrêter, il se pencha contre son soumis et lui embrassa le creux du cou. Sa peau douce se recouvrit de frissons délicats. Il remonta à son oreille et lui chuchota :
- Tu vas devoir te dépasser aujourd’hui… Le feras-tu ?
- Oui, Maître, répondit docilement le garçon d’une voix déjà un peu pâteuse qui fit sourire Arkes.
- Oui tu le feras, mon délicat petit soumis… Déshabille-moi. Prends ton temps et fais donc ce qu’il te plait.
Un ordre étrange. Un ordre de liberté. Une demande de participation également. Le garçon frémit, mais il obéit, levant doucement la main vers la chemise de son Maître. Il dégrafa un bouton et attendit, un instant, avec de glisser son doigt sur la peau chaude du torse du Djinn. Il aimait vraiment sa chaleur. Il aimait le contact de sa peau et cette main, impudique, sur sa verge qui ne s’éloignait pas, lui faisait monter le rouge aux joues, le rendant un peu plus téméraire qu’en temps normal. C’était peut-être pour ça qu’il osa poser un baiser sur ce torse offert tout en détachant le bouton suivant. Sous ses lèvres, la peau était vraiment délicieuse.
Arrivant lentement au dernier bouton de la chemise, il en écarta les pans tout en caressant les flans de son Maître et là, il se rapprocha, collant leurs deux corps dans un peau à peau qui lui parut affreusement intime. Plus que tout ce qu’ils avaient pu faire avant cela. Il l’embrassa encore et frémit en sentant un baiser être déposé sur sa tête. N’ayant pas oublié sa mission, il entreprit néanmoins de dégager les épaules de son Maître. Ses doigts sur la peau du Djinn semblaient d’un blanc tout à fait irréaliste. Il contempla silencieusement la différence de leurs teintes, s’en amusant sans savoir pourquoi. Le Maître parvint à lui tirer un gémissement, en acceptant dans une caresse de lâcher sa verge qui était à présent aussi dure que tendue sur son bas-ventre.
Le garçon profita de cette liberté nouvelle pour se laisser tomber à genoux devant son Maître. Il embrassa son ventre, juste en dessus de son nombril et descendit doucement pour venir déboutonner son pantalon. Bientôt, ils seraient aussi nus l’un que l’autre. Avoir le droit de toucher le Dominant selon sa propre fantaisie était étrangement réjouissant. Il inspira tout contre sa peau pour charger son nez de son parfum et l’embrassa encore. Malheureusement, le pantalon ne résista pas longtemps et tomba jusqu’aux chevilles du Maître qui acheva de l’enlever en un seul geste.
Arkes recula d’un pas, droit et glorieux dans sa nudité face à son soumis agenouillé.
- Regarde-moi.
Le garçon leva le visage pour contempler son Maître dans toute sa puissance. Il hoqueta lorsque l’air se troubla et que les mains fortes du Djinn s’enflammèrent. Les flammes léchaient ses doigts, le creux de ses paumes et remontaient sur ses poignets pour danser jusqu’à ses avant-bras. Le feu passa d’un mouvement totalement naturel, à autre chose, en s’éloignant de l’une des mains du Djinn pour venir caresser la joue du garçon. Elles ne le touchèrent pas, il ne recula pas, mais sa peau blanche rougit sous la chaleur et un très léger picotement se fit sentir.
- Quels seront tes mots aujourd’hui ?
Le garçon sembla ciller sous la question. Habituellement, c’était son Maître qui annonçait les codes qu’il devait employer et il n’en changeait jamais. Vert, orange et rouge. Néanmoins, il l’avait vu en scène de dressage avec d’autres soumis et à aucun d’entre eux il n’avait imposé ces mots. Peut-être était-ce un signe de confiance ? Il frémit un peu, désarçonné, pourtant, il avait beaucoup réfléchi à cette question depuis qu’il s’était souvenu d’avoir utilisé le mot « cendre ». Seulement, y réfléchir n’était qu’une étape et c’était une prise de décision qui lui semblait particulièrement osée. Son Maître attendait tranquillement devant lui qu’il prenne la parole et après beaucoup d’hésitation, le garçon se lança.
- Incendie. Feu. Cendre et… gel, Maître.
- Que signifie incendie ?
- Que je suis dans ma zone, Maître et que tout va bien.
- Feu m’indiquera donc que tout va bien, mais que tu es pleinement présent, c’est ça ?
- Oui, Maître.
- Et cendre ?
- S’il y a un problème…
- Un problème demandant l’arrêt de la séance ?
- Non… une… une modification Maître.
Arkes acquiesça. Il voulait seulement l’entendre de la bouche de son soumis. Il avait repris le code « cendre » qu’il utilisait à l’époque où il avait encore des mots de sécurité, mais les autres n’étaient pas ceux qu’il appliquait alors. Peut-être parce qu’il ne s’en souvenait pas ou peut-être avait-il préféré en changer.
- Que se passera-t-il si tu dis gel ?
- Vous me protègerez, Maître.
La réponse arracha un léger sourire à Arkes qui en fut vraiment satisfait. Il hocha de la tête. C’était la manière la plus jolie qui soit de présenter ce code.
- Où en es-tu maintenant ?
- Au feu, Maître.
Arkes frémit devant ce qui semblait presque être une demande et ses propres flammes n’avaient qu’une envie, venir le lécher amoureusement. Il s’approcha tout contre son oreille et lui murmura doucement :
- On va essayer d’améliorer ça alors…
- Oui Maître.
Arkes l’embrassa encore. Il effleura doucement son soumis, du bout des doigts enflammés, admirant la contraction de ses muscles. Ce n’était pas un soumis Djinn qu’il pouvait soumettre au feu sans aucun problème, mais il ne montrait aucune forme d’appréhension à ce contact alors Arkes intensifia ses flammes et commença à les laisser courir au sol, autour du garçon. Les flammes vives faisaient danser des ombres et des lumières le long de la peau si pâle du soumis. Un spectacle magnifique aux yeux du Djinn qui se prit à sourire et à les bouger seulement pour admirer le spectacle.
- Couche-toi dans les flammes.
Sans aucun doute, le garçon obéit. À chacun de ses mouvements, Arkes retira son pouvoir pour ne surtout jamais le bruler. Cette absolue obéissance qui l’agaçait si souvent, aujourd’hui, il s’en régalait, car elle devenait autre chose. Elle devenait une confiance aveugle. Le soumis remua un peu sous la chaleur résiduelle, mais il n’y avait rien de réellement brulant et très vite, ses muscles se décontractèrent, profitant pleinement de la chaleur de son Maître. Les flammes volaient toujours autour de lui.
Les paupières mi-closes, le regard du garçon se porta un instant sur le visage de son Maître et ce fut ce qui le fit basculer. Maître Arkes avait toujours l’air sévère, mais cette fois-ci, un très léger sourire était venu fleurir sur les commissures de ses lèvres. Ce n’était presque rien, juste une ombre et pourtant, le garçon sut qu’il avait réussi grâce à son obéissance à amener son Dominant dans sa zone. Il se sentit fier et pleinement fonctionnel. Il n’était plus ce soumis défaillant qui ne provoque que des frustrations. Il possédait des mots et commençait à les utiliser réellement. Il avait un Maître à qui il appartenait de par son contrat. Ses pensées se perdirent dans la chaleur et il dériva tout à fait.
Durant près d’une heure, les flammes dansèrent autour de lui, frôlant sa peau par moment, embrassant l’air en crépitant. Tout à son sentiment proche de l’euphorie, Maître Arkes surveilla néanmoins avec attention son soumis. Lorsque sa peau fut si sensible que le moindre geste parvenait à la faire rougir durablement, il dut se résoudre à mettre fin à cette partie de la séance. Son soumis semblait être parti très loin et il n’avait pas besoin de lui demander son code pour s’en assurer, ses pupilles dilatées à souhait étaient un indice bien suffisant.
Il sortit un baume gras qui aiderait la peau de son bel elfe à se remettre et lentement, profitant de ce moment autant que du reste de la séance, il en enduisit son soumis. Sa peau était chaude pour une fois, d’une chaleur fiévreuse, mais elle refroidirait bien vite. Arkes caressa chaque courbe, chaque cicatrice, chaque creux provoqué par un poids insuffisant, chaque zone où ses os affleuraient sous la peau… Il ne négligea absolument aucun endroit, le massant pour faire pénétrer la crème jusqu’à ce que sa peau paraisse saine et hydratée. Ce ne fut qu’à ce moment-là qu’il lui demanda :
- Où en es-tu, mon beau ?
- In… cendie…
Arkes embrassa ses joues avec tendresse devant le ton si paresseux, puis il sourit en entendant ce qui semblait être une supplique.
- Encore Maître… vos flammes…
- Pas aujourd’hui non. Il ne faut pas abuser des bonnes choses. Mais je n’en ai pas fini avec toi pour autant.
Le garçon frémit sous la délicieuse promesse et un sourire vint éclairer son visage.
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