L’Amphore de Pandore

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Née de terre et d’argile, Pandṓra, à l’imag' de Gaîa apparut (1).

Jeune fille humble et belle, la déesse attira l’intérêt d’Olumpos.

Quand le dieu Orageux lui jeta un regard revanchard : une idée.

Il chargea Hēphaistos de corrompre en entier la jolie Chtonienne,

Et de la déchaîner contre l’Homme en sanction du lointain vol du feu (2).

Car nulle âm’ de mortel ne saurait manier les armes des dieux.

Le Clinquant Forgeron, bienveillant, lui donna au lieu l’innocence (3),

Et couronn’ toute d’or, dont la Sage Athēnâ la coiffa : quel éclat !

D’Athēnâ, d’Aphrodite, des Charites et Hōrai, elle reçut mille dons.

Et Zeús La Tempêt' vit le mal dans ses yeux, et d’avance, se réjouit.

Mais l’aimabl’ Gaîa n’eut créé nulle haine, nul fiel en L’Altruiste :

Rien qu’une âme attentive, charitable et curieuse. Et pourtant… Et pourtant…

Ce présent gangrené, les humains ne sauraient pour longtemps l’oublier.

Pour parfair' le vil acte, Le Célèr' fut chargé de l’armer de duperie.

Mais Hermês, lui non plus n’obéit, par amour des chos's belles et habiles.

Il dota Pandṓra d’une jarre, d’où parfois émanait un murmure,

Mais aussi de parole, de chansons et d’histoires (4). Et L’Aigle savoura

L’idée que l’offrande vengeress' tisserait des mensonges aux mortels.

Et enfin le Grand Roi des Dieux présenta un seul don à L’Altruiste :

Un second réceptacle, le jumeau de celui où La Brut' patientait (5).

Le Céleste envoya Le Célère amener sur terre La Chtonienne.

Le Titan Insouciant (6) accepta le présent du Tonnerre ombrageux.

En dépit des conseils de son frère : ne jamais croire aux grâc's de Zeús.

Et ci-bas, pour ses dons, les mortels la nommèrent « Pandṓra Généreuse ».

(1) Certaines versions décrivent la création de Pandṓra par les Olympiens, mais il semble que les plus anciennes la font naître de la terre elle-même. Son nom signifie « La Généreuse » (littéralement : Celle qui donne tout », ou « Celle qui possède tous les dons »). On l’appelle aussi Anêsidốra, ou « Celle qui envoie les présents des profondeurs à la surface ».

(2) Oui, rappelez-vous de Promêtheús. Pour nous ça date déjà alors que ça remonte qu’au poème précédent, mais Zeús est du genre hyper rancunier.

(3) Dans la version d’Hésiode, les Olympiens obéissent à Zeús et font de Pandṓra un cheval de Troie. Il semble toutefois qu’il s’agisse de la réécriture de deux mythes : celui où Pandṓra libère les bienfaits enfermés dans une urne au bénéfice de l’humanité, et celui ou un homme anonyme ouvre une urne contenant tous les maux. Certaines interprétations voient dans la version d’Hésiode la justification du passage à une société patriarcale.

(4) Dans Les Travaux et les jours, Hermês obéit et lui fait don de la parole et de l’art du mensonge.

(5) La version d’Hésiode ne clarifie pas l’origine de la jarre (et non de la boîte : il s’agit d’une traduction erronée). Pandore n’en a d’ailleurs qu’une.

(6) Epimêtheús, ou « l’après-pensée », frère de Promêtheús.

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