L’Adresse de Diogénēs
Il semble qu’on revit le pithos prodigieux dans les rues athéniennes.
Son bronze disparu, effacé par les siècles, elle passait pour inerte.
Au-dedans, ses pouvoirs inouïs demeuraient néanmoins intouchés.
Sa présenc’ dégradant’ persistait à narguer Le Vautour casqué d’or.
Et un jour, Diogèn’ s’en saisit et l’ouvrit. Il semble qu’il trouva
Un dernier bienfait jusqu’alors enfermé, une aubain’ pour Diogène :
Modestie ou cynisme, qu’on appelle canidée : qualité des chiens (1).
On le vit jour et nuit, le Sans-Gêne, habiter la prison du Guerrier.
Il céda tous ses biens et nicha dans la jarre, le Donjon de Diogène.
Ce libre prisonnier accueillait les chiens et chiots qu’Árēs aime.
On dit qu’il dédaigna égal’ment un grand roi bien connu des lecteurs :
Alexandr’ dit Le Grand, adepte du dieu dans l’amphor’ prisonnier,
Que la jarre, sûrement, estima indigne de l’Éden de Diogène (2).
Mais ne point se fâcher : après tout, les dieux gênent, eux aussi, Diogène.
(1) Le cynisme, école philosophique de Diogénēs qui prône l’humilité, la remise en question de la culture et un rapprochement de la nature, dérive en effet du grec « kynikos », « comme un chien », par rapprochement avec leur comportement éhonté.
(2) Sans surprise, Aléxandros o Mégas (Alexandre le Grand) n’était pas apprécié de ses contemporains et adversaires (qui sont nombreux). Il doit sa réputation brillante à son excellent service des relations publiques.
Sources :
Ésope, « Zeus et le Tonneau des Biens » (fable dont l’objet est tantôt traduit par « jarre », tantôt par « tonneau ».)
Hésiode, Catalogue des femmes.
Hésiode, Les Travaux et les Jours.
Homère, L’Iliade.
Homère, L’Odyssée.
Hésiode, Théogonie.
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