Amphore et Fomoires
Dans la grande bataille des plain’s de Maige Tuired
Le Maître (1) ramena de la mythiqu’ Murias
Un chaudron plus profond que son giron pansu
Inépuisable amphore, d’abondance, pithos
Pour restaurer l’armée des Tuatha Dé Dannan (2).
Doué Lugh demanda au Dagda de filer
Chez les Fomorians fouiner et les freiner
Dans leurs affair’s guerrières. Mais puisque l’on connaît
Son goût pour le porridge, le puissant roi fomoire,
Indech mac De Domnann, prépara un potage
De moutons, chèvres et cochons dedans la seconde amphore,
Celle des bienfaits d’antan aussi changée en chaudron (3).
Et dans un fossé fangeux, le voyou le fit verser
Le Dagda l’engloutit entier devant les Fomoires amadoués (4).
(1) Il s’agit du Dagda, qu’on appelle parfois le Ruad Rofhessa, ou maître du savoir.
(2) Nous avons choisi de nous baser sur la poésie irlandaise ancienne (avant le 8e siècle) qui nous semblait la moins influencée par le latin (malgré l’influence norroise manifeste). Elle repose sur l’allitération rythmique. Quatre syllabes accentuées composent chaque vers, et nous nous sommes donc majoritairement limités à quatre noms, verbes et/ou adjectifs par vers.
Une césure découpe chaque vers en deux parts égales, et chaque moitié de vers termine sur un mot de deux syllabes.
Quelques syllabes accentuées allitèrent sans obligation ni règle précise, et nous avons choisi d’allitérer quelques premières syllabes pour reproduire l’effet. Notons que les règles d’allitération en gaélique irlandais sont plus souples qu’en français, les sons /k/ et /g/, par exemple, allitèrent.
Enfin, dans la poésie du 5e siècle, le dernier mot ou une partie du dernier mot doit reprendre le premier (en entier ou en partie), ce que nous avons signalé par des italiques.
(3) La jarre d’Akratês, dit l’Excessif.
(4) Le récit originel raconte que les Fomorians se gaussent joyeusement de la gloutonnerie du Dagda.
Sources :
Kuno Meyer, A primer of Irish metrics.
Récit du Cath Maige Tuired (« Bataille de Maige Tuired »).
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