Bons vivants #6
Seth dort.
Déchiré.
Forcément.
C'est mon homme.
Mon "home", comme je l'appelle quand il ne me fait pas chier.
Et il me fait souvent chier.
Grimper dans les tours et crier de plaisir.
Aussi.
C'est mon calvaire personnel, ma grande galère.
Et tout coule, petit à petit.
A côté de nous deux, et surtout entre lui et lui, c'est dépenses et défonce. Alcool, café, coke et benzos. Un peu de sucre, quand il ne boit pas. Ou pas trop. Je me contente d'autres cames, comme sa gueule d'ange et sa caboche ravagée. Des files de cigarettes, aussi, quand j'ai trop de temps. Le reste, ça ne me botte pas.
De dépendance en dépendance, chacun chez soi, on dépend de notre propre déroute.
Je suis moins arrachée, moins écorchée. Mais accrochée.
A lui.
A mort, s'il faut.
Mais je préfère à la vie.
Même s'il me la mène dure.
Tous les deux jours, je me barre en hurlant. Et je dirais bien que je le regarde me courir après mais c'est mon cul qui lui fait de l'oeil. Moi, je reste droite et de dos, à tenter de ne pas me retourner, à m'empêcher de l'empêcher de me rattraper.
Aujourd'hui, encore, j'aurais voulu me barrer.
J'ai foiré.
Alors me revoilà, le coeur dans son odeur et les cuisses trempées.
Le bleu des fumées entoure notre ensemble désaccordé, sans limites et sans règles, sans mythes et sans oseille.
On avance dans le brouillard, à travers ses lendemains de caisse et ses volutes de shit.
Je nous regarde, ma peau nue et son corps à mes côtés ; mon grand amour, étendard-connard, à ne plus savoir quoi faire de lui.
Ou trop quoi faire de moi.
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