Chapitre 6 - Éva
Je regarde mes ongles rongés. Bordel ! J'ai bientôt 22 ans et je me bouffe toujours les doigts quand je suis stressée. J'ai passé la semaine avec Marion. Une semaine à sortir, boire, mater des films. Et là, je suis de nouveau toute seule. Je fais tout pour ne croiser personne au boulot. Je fais tout pour ne pas me rappeler de cette soirée maudite où j'ai vu la queue de mon petit ami au fond de la gorge d'une fille.
Je ne sais pas comment je fais pour venir encore au campus sans avoir envie de me jeter sous un train... Ah oui ! La peur de mourir, ou le peu de fierté qu'il me reste. Je souffle lentement quand je rentre dans mon laboratoire. Elio, le thésard avec qui je partage la salle m'accueille d'un signe de tête. Il est vraiment sympa et plutôt mignon avec ça... Vraiment mignon avec ses cheveux bruns coupés court ses yeux noirs en amande, son teint mâte. Il est grand et assez sportif. Il fait du handball au club du campus.
Je lui fais un sourire et un signe de la main tout en m'installant à ma paillasse. Quelques minutes plus tard, un café brûlant se pose près de mon microscope.
- Un petit remontant pour une jolie princesse ! Moi, je mise toujours tout sur le café, ajoute Elio en souriant, faisant ainsi apparaître une jolie lignée de dents blanches.
- Pareil, réponds-je en prenant le mug brûlant, ce truc est ma meilleure cam'.
Il cale une fesse sur ma paillasse et se penche legèrement vers moi.
- Tu avances sur la fusion des particules ?
J'ai toujours pu parler avec Elio, en particulier parler boulot. Il est assez geek pour comprendre mes questions en jargon scientifique. Ce qui est vraiment bien et qu'on est sur une thèse complètement différente, ce qui nous permet de nous aider mutuellement, sans compétition.
- En partie oui, par contre je suis toujours coincée sur la division des molécules, j'explique avec un soupir.
- Attends, laisse-moi regarder. Il pose son café brûlant et se baisse vers mon microscope. Son odeur de lessive mélangée à son parfum est très agréable. Sa large carrure prend tout l'espace. Il est vraiment pas mal, Elio.
- Je pense savoir de quoi il s'agit, dit-il en se redressant. Je vais te donner la doc, c'est assez théorique mais ça te donnera une idée.
Sur ces mots, il s'éloigne de la paillasse pour récupérer le fameux document enfoui sous une montagne de papiers. Avec regrets, je le vois s'éloigner de moi, mais presque aussitôt, il revient avec ledit document.
- J'espère que ça va t'aider, Éva, dit-il en me tendant la feuille.
Je me saisis de la partie tendue, mais mon collègue de labo ne lache toujours pas la feuille, comme s'il était en attente de quelque chose. Nos deux mains sont à chaque extrémité du papier.
- Merci ? dis-je en haussant un sourcil en sa direction.
Puis finalement Elio soupire et me lance.
- Tu es libre vendredi soir ?
- Tu veux qu'on sorte ensemble ? demandé-je étonnée.
- En copain, bien sûr ! ajoute-t-il rapidement. T'as l'air un peu abattue ces derniers temps, ça te ferait du bien de sortir, te changer les idées. On peut se faire un ciné. Qu'est ce que t'en dit ?
- Ok, réponds-je un peu surprise.
- Super, je passe te prendre à vingt heures chez toi.
- Ca marche.
À peine ai-je prononcé ces mots que Elio a déjà emballé ses affaires pour partir. Je le regarde disparaître par la porte principale. Cette sortie avec lui ne peut pas me faire de mal. Elio est un bon copain, je passerai un bon moment.
Je me remets à travaux et avance considérablement grâce à Elio.
***
Je rentre le soir, épuisée, après une journée à bosser sur des choses beaucoup trop petites pour le commun des mortels... pourquoi j'ai choisi la nanobiologie ? J'arrive plus à réfléchir. Mon cerveau est englué. Je n'ai plus que trois mois pour rendre mon manuscrit, et préparer mon oral.
Tout ce travail me permet de ne pas penser à Luc et à mes affaires qui sont toujours chez lui. Ça fait plus d'un mois qu'on est séparé et je n'ai toujours pas trouvé le courage de l'affronter. Je n'ai aucune envie de le revoir. S'ajoute à cela la demande de rencard d'Elio, enfin non, la sortie entre copain. Mais sa demande était vraiment bizarre, il avait l'air gêné... comme si c'était un rencard. Je soupire et me masse les tempes. Trop compliqué ma vie.
Je jette mes chaussures à travers le salon et entreprends d'enlever mes habits tout en me dirigeant vers la salle de douche. Je resors quelques minutes plus tard encore plus épuisée, je n'ai même pas le courage de me faire à manger. Après avoir enfilé mon t-shirt pyjama, je me faufile au lit, et m'endors aussitôt.
Un corps chaud se colle contre le mien. Ma main glisse malencontreusement sur un rang d'abdos finement ciselé, puis remonte sur une peau ferme et chaude. Mes paupières sont scellées, mais les sensations de ce rêve sont exquises. Je n'ai aucune envie de me réveiller. Une main ferme m'empoigne les fesses et mon corps se trouve collé contre une montagne de muscles et une érection monstrueuse. Ce n'est que lorsqu'une langue s'engouffre dans ma bouche que je comprends que tout ceci n'est pas un rêve.
Sa langue caresse la mienne, me dompte avec lenteur et je reste pétrifiée par tant de douceur. On ne m'avait jamais embrassé ainsi, comme un fruit dont on se délecte. Ses mains me caressent la poitrine et je suis bien tentée de me laisser faire. Je crois bien que j'en ai vraiment besoin. Une bonne baise. Sauf que si ce n'est pas un rêve, un total inconnu à moitié nu est en train de me peloter dans mon lit. Surement un fou, un pervers (avec un corps à la chaning Tatum, ok ! mais quand meme !) qui essaie d'abuser de moi. Mon rythme cardiaque s'accelère et je ne sais pas si c'est de la peur ou si c'est à cause de ce corps incroyablement chaud et dur qui se colle contre moi. Je tâtonne dans le vide à la recherche de l'interrupteur de la petite lampe de chevet, prête à saisir l'objet pour assommer mon "agresseur, quand enfin je le trouve et l'allume, le faisceau se braque sur lui et il pousse un juron bien senti. Je me saisis de la lampe et me redresse d'un bond. Le câble d'alimentation est beaucoup trop court et dans mon élan je l'ai arraché du mur. Nous voilà donc de nouveau dans le noir. Je lance ma lampe contre l'intru et me précipite vers l'interrupteur du salon pour allumer la pièce.
- Putain ! Mais ça va pas ?
Une chevelure dorée, un corps bronzé des yeux verts tel un améthyste. Qu'est-ce qu'il foutait dans mon lit ?
Jay se prend la tête entre ses mains et plisse les yeux comme s'il essayait de me reconnaître.
- Éva ? annonce-t-il perplexe.
- Tu veux que ce soit qui ? Q m'a prêté son appartement. Mais toi tu fais quoi ici ?
Il se frotte les yeux, encore à moitié éblouie.
- Je pensais que t'étais une copine de Q qui squattait... tu n'es pas sensé être chez... Loïc ? Euhh.. ludo ?
- Il s'apelle Luc... dis-je en soupirant, tu n'as pas répondu à ma question. Qu'est ce que tu fiches ici ? T'as pas des matchs à gagner par hasard ?
- Entorse à la cheville, déclare-t-il avec un soupir. L'équipe doit se débrouiller sans moi.
Je regrette mes remarques cinglantes. Le basket est tout pour Jay. Ne pas pouvoir jouer et devoir se ménager doit être un supplice horrible pour lui.
- Aïe... prononcé-je en faisant une grimace compatissante.
Jay m'envoie ce qu'il adore appeler le smile-jay, c'est à dire un sourire à vous renverser les neurones, et c'est carrément vrai. Je dois faire appel à tout mon self-control pour ne pas craquer, mais ce qu'il dit par la suite me douche litteralement.
- Ne t'inquiètes pas pour moi chérie, je vais me remettre vite sur pied. Tu vas pouvoir venir très vite m'encourager sur les bancs.
Les chevilles des basketteurs sont leur talon d'Achille. Jay ne fait pas exception à la règle, sauf que les siennes sont gonflées de vanité.
- J'adorerai continuer à t'écouter, mais j'ai vraiment besoin de dormir. Demain je bosse. On a un seul lit ! Le canapé est pas loin. Bouge tes fesses de là !
- Hé ! pourquoi tu n'irais pas dormir sur le canapé, toi ? Après tout, c'est moi le malade !
- Une entorse à la cheville n'a jamais empêché de dormir sur un canapé et demain quand tu te vautreras dans ta journée à rien faire pendant que moi je bosse, tu pourras squatter le lit.
- Je souffre tu sais, dit-il avec une grimace exagérée.
- Dégage ! Lui dis je en balançant un oreiller.
Son grand corps musclé se soulève du lit. Jay est juste en boxer et je tourne les yeux pour ne pas trop regarder ce corps sculpté par les multiples entraînements de sport.
C'est Jay, merde ! Dragueur et collectionneur de filles... le genre de mec à éviter absolument, surtout de mater à moitié à poil.
Cela fait trop longtemps que je n'ai pas fréquenté de garçons. Luc et moi sommes séparés depuis plus d'un mois et la réaction que j'ai eue ce soir, dans ce lit, avec Jay est criante de vérité. Je m'enroule dans la couverture alors que j'entends les rouages du canapé craquer sous le poids du meilleur ami de mon frère. Il a une entorse à la cheville et je l'envoie sur le canapé. Une pointe de culpabilité m'envahit. Mais quand je pense que c'est Jay, tout remords s'envole. Lui et Q ont passé leur temps à me rendre la vie impossible. C'était leur second hobby après le basket et les filles. Non, je n'ai aucun remords. Je me mets dans ma position préférée et m'endors rapidement.
***
- hé la belle au bois dormant, on lève ses fesses ! Il est 6h00, le jour s'est levé. Ce lit est à moi pour la journée !
Jay...
J'avais presque oublié à quel point il est chiant. Je me retourne sur le ventre faisant l'étoile de mer sur le lit, lui faisant bien comprendre que je n'ai aucune intention de lui laisser la place. J'ai encore droit à quelques minutes de répits.
- Ah oui ? Tu crois vraiment que t'étaler sur le lit va m'empêcher de m'y allonger ? annonce-t-il dans un ricanement.
- Non, tu ne vas pas faire ça ! dis-je en me relevant.
- Je vais me gêner !
Et mêlent le geste à la parole, il se laisse tomber lourdement sur le lit. J'ai juste le temps de rouler sur le côté pour échapper à l'écrasement d'un joueur de basket. Mais le poids de son corps m'attire à lui.
- Toujours collée à moi, mouton.
Je me redresse et lui montre mon majeur.
- Dans tes rêves !
Une claque sur mes fesses me fait sursauter.
- Mais t'es dingue ! hurlé-je.
Je me retourne furieuse et le fusille du regard. Jay est tranquillement installé sur le lit, les bras repliés derrière la tête. Un corps legerement halé, baraqué comme un Dieu. J'ai oublié qu'il était juste en boxer, j'évite de regarder le renflement à cet endroit precis et me met à rougir. Il me met hors de moi !
- Reflex ! Je vois un cul de fille. Je claque.
- Tu le sais que t'es con? Parce que là, ça dépasse tout ! Il faut vite que tu te trouves un autre endroit à squatter. Je peux aussi te rendre la vie impossible, tu sais !
- Arrête, mouton. Les filles adorent avoir mes mains sur leur cul.
- Tu me touches encore une fois et tu dis adieu à tes précieux doigts, je te les passe au mixeur.
- Un crime contre l'humanité. Mes doigts sont des oeuvres d'art...
Jay a toujours le don de tout tourner en dérision. Il faut que j'essaie de lui faire comprendre autrement qu'il faut qu'il parte.
- Tu es en vacances forcées, soupire je en levant les yeux au ciel. Tu ne veux pas faire ta convalescence chez toi ? Dorloté, chouchouté par une Britany, ou une Piper, tu serais tellement bien.
- Tu veux que je me casse ? me demande-t-il.
- Vraiment Jay, dis-je en écartant les bras. On est dans une garçonnière. Il y a de la place pour une unique personne ! alors oui ! je veux que tu te casses d'ici !
- Hors de question que j'aille m'exiler à la campagne, d'ici je peux continuer à participer à la vie de l'équipe, et... dit-il avec un sourire. Une garçonnière s'applique plutôt à un garçon. T'as pas de couilles entre les jambes, mouton ? si ?
- Tu le fais exprès, hein ? Tu sais très bien que je n'ai plus d'appartement. Je l'ai rendu pour habiter avec Luc, et quand cet enfoiré, ce connard de baiseur compulsif à mis sa queue au fond de la gorge de la stagiaire. Bizarrement j'ai décidé de me casser. Vraiment, Jay ! S'il te plaît !
- Ce connard t'a trompé ! gronde-t-il.
Sa réaction réchauffe un truc au fond de moi. Une boule chaude qui grossit au creux de mon ventre. J'adore ce qu'il vient de dire même si je sais qu'il ne doit absolument pas voir Luc pour le tabasser pour moi.
- Un salaud de plus sur ma liste de petit copain merdique. S'il te plait, ce que je voudrai c'est avoir le temps de me retourner pour faire ma thèse et me trouver un appart...
... et reconstituer ma vie..
Je lui fais mes yeux de chat, grand larmoyant. Une petite moue en prime.
- T'es vraiment désespérée mouton pour que tu me sortes un "s'il te plaît" en deux fois et les yeux de biche que tu réserves plutôt à ton père. Mais je ne suis pas ton paternel et j'ai pas envie de m'enterrer à la campagne. Tu sais que Q reste rarement seul quand il est ici ? Habiter à deux est carrément possible, ajoute-t-il avec un petit sourire entendu.
Je souffle d'exaspération. J'avais oublié a quel point il pouvait être chiant et égocentrique !
- Crois-moi, tu vas vite dégager, Jay !
- Calme-toi, mouton. C'est fou comme t'arrives vite à faire virer tes yeux de biches en yeux de tueuse...
- Arrête de m'appeler mouton ! On a plus douze ans ! Et oui, je pense que je vais finir par te tuer si on vit ensemble ! craché-je hors de moi.
- Mouton, je t'ai toujours appelé comme ça. Tu sais que j'adore tes cheveux bouclés, ça te rend si sexy...
- Va te faire foutre ! dis-je pour toute réponse.
- Tes mots me poignardent mon petit mouton frisé chéri, dit-il en secouant la tête, désolé.
Il se retourne sur le ventre et enfonce sa tête dans l'oreiller comme s'il avait l'intention de dormir, alors que je sais qu'il veut juste que je mate la deuxième partie trop bien faite de lui. Un vrai Narcisse ce gars... mais en même temps, allongé sur le lit, torse nu. Jay m'envoie une vision de rêves. Ce mec est parfait jusqu'aux moindres détails, le rebondit de ses fesses le rend terriblement viril, mais sans en faire trop. Ses muscles fermes sont sculptés, une vraie tentation au regard, l'envie d'y passer mes doigts, voir autre chose me traverse fugacement l'esprit. Je suis folle. C'est Jay !
Sinon c'est moi qui vais devoir trouver un appart rapidement ou cohabiter avec lui.
J'ai vécu mon adolescence avec Jay, ça pourrait être possible. Il était tout le temps fourré chez nous. À croire que sa baraque hors de prix, mais désertée ne valait l'ambiance chaleureuse de chez nous. Les après-midis crêpes avec maman où les soirées où ils jouaient aux baskets dans le jardin. Je n'avais pas un mais deux frères, enfin c'est ce que j'ai toujours essayé de me persuader. Jay est passé du petit maigrichon à un athlète admiré et envié du bahut. Un sourire de lui et n'importe quelle fille se pliait à ses moindres désirs, ce qui a fait de lui ce qu'il est aujourd'hui : un gars bordélique, égocentrique et insupportable.
Non, je ne pourrai pas vivre avec lui. Impossible !
***
- Éva, qu'est ce que tu penses de l'article qui a paru sur les conditions des particules ?
- Que le gars qui a pondu cet article ne nous a rien appris qu'on ne savait pas déjà. Si ce gars est payé pour annoncer des évidences pareilles, je vais sérieusement penser à écrire des articles aussi merdique. Il faut absolument que je trouve un appartement, et j'ai besoin d'argent pour ça.
- Tu dois libérer l'appart ? Ton frère est revenu ? Me demande Elio en versant du café chaud dans mon mug, puis dans le sien.
- Non, mais son meilleur pote, oui !
- Ah ? me répond-il étonné. Il me semble que tu me disais que l'appartement ne faisait pas plus de vingt mètres carrés. C'est plutôt petit pour deux, à moins que... suggère-t-il en haussant un sourcil.
- Moi et Jay ? Non jamais. Je le connais depuis des années, et ce mec s'aime plus que n'importe qui. C'est d'ailleurs pour ça qu'il faut que je me trouve un appartement rapidement, mais tout est hors de prix !
- Tu sais, dit-il avec un moment d'hésitation, si vraiment tu cherches un endroit temporaire où vivre. Je peux t'héberger. J'ai une chambre supplémentaire, tu serais plus à l'aise qu'avec ce mec.
Je le regarde avec surprise. Je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'il me propose une telle chose.
- Merci Elio, mais je ne veux pas te déranger. Je saurai gérer Jay le temps de trouver un appartement. Et qui sait ? Peut être qu'il ne restera pas, réponds-je dans un soupir.
Je termine la note sur lequel je travaillais. Je ne sais pas comment je vais amener le sujet ce soir avec Jay. Il voit bien qu'on ne peut pas vivre à deux dans un studio de vingt mètres carrés ! J'enchaîne sur les sites de location d'appartements. On a une très bonne connexion à l'Université et ça m'évite de le faire avec Jay dans les jambes. S'il voit que je cherche une location, il s'en ira jamais.
Après deux heures à éplucher toutes les petites annonces, il est clair bien que ça sera difficile pour moi de trouver autre chose. Le précédent appartement que je louais était un bon plan d'une amie du lycée. Son père possédait un studio plein centre qu'il louait peu cher, vraiment peu cher... Car les chiffres qui s'affichent devant moi me semblent exorbitants. Ce n'est pas avec la petite bourse d'étudiante que je vais pouvoir me payer ça. Mes parents pourraient m'aider, mais je me suis toujours débrouillée toute seule. Il faudra pourtant que je me fasse une raison. Quelle abrutie j'ai été de rendre mon appartement pour vivre avec ce connard de Luc !
Quand je pense à lui, j'ai encore mon ventre qui se serre, la rage au fond du cœur. Je lui faisais confiance. J'étais amoureuse de lui. Comment a-t-il pu me faire ça ? Les deux années passées ensemble étaient si belles. Il était si parfait. Trop parfait.
En attendant, je me trouve coincé avec Jay. Lui dans une pièce et on a déjà l'impression qu'il prend tout l'espace avec sa carrure de basketteur d'un mètre quatre-vingt-dix, et si avec tout ça il avait une difformité, mais non il a fallu que le ciel lui procurer un visage d'ange avec des yeux verts et des pommettes qui ont su faire fondre plus d'une.
Il ne m'a jamais regardée comme une fille, enfin une vraie fille. J'ai toujours été là grande sœur de son meilleur pote et même si j'ai du mal à l'accepter, il y a eu une époque où Jay a fait battre mon cœur un peu plus qu'à la normale. Une période révolue quand j'ai vu ce à quoi lui servait les filles. Des jouets à sa disposition. Un briseur de cœur. Hors de question que je tombe dans ses filets. D'autant plus qu'il passait son temps à me faire enrager.
Je ne compte plus le nombre de fois où il m'a balancé dans la piscine, avec l'aide de mon frère bien entendu. Ou les fois où il venait me demander de faire ses devoirs sous menace de divulguer à l'ensemble du lycée mes petits secrets, car il ne se genait pas pour lire dans mon journal intime, ou écouter à ma porte ! Bon, même si je me doutais qu'il ne l'aurait jamais fait. Q l'aurait scalpé s'il m'avait fait du mal... Et surtout cet horrible surnom qu'il me donne "mouton" référence à mes cheveux bouclés tels de minuscules tire-bouchons. Il m'est arrivé une ou deux fois de les lisser, mais j'ai rapidement abandonné devant l'ampleur de la tâche.
Tout en ressassant mes souvenirs, je marche en direction de l'appartement. Avec de la chance, Jay aura décidé de faire sa convalescence ailleurs. J'insère la clé dans la serrure, mais la porte est déjà ouverte ce qui signifie qu'il est encore là. J'entre dans le petit studio et pousse un soupir de résignation quand je vois l'ouragan qui est passé par là. Je m'approche du paravent qui sépare le lit de la pièce de vie. Jay est allongé sur le lit, avec toujours juste un boxer le couvrant. Il ne va pas passer sa vie dans cette tenue ! Mon colloc temporaire est occupé à lancer une chips qu'il rattrape avec sa bouche tout en regardant un match de basket à la télévision.
Mes yeux essaient de regarder ailleurs que sa ligne d'abdos, voire plus bas. Une légère rougeur m'envahit et j'ai soudainement très chaud. J'enlève ma veste, mais le fourmillement dans mon ventre, voir plus pas ne me trompe pas. On ne pourra pas cohabiter longtemps. Pour ma défense, n'importe quelle fille se pâmerait devant un tel corps. Oui, même ma grand -mère retrouverai ses hormones devant Jay... C'est juste physique. Rien que physique.
- Arrête de me mater mouton. Tu vas me donner la gaule, me dit-il avec un sourire en coin hyper craquant.
- Habille toi ! Dis je en lui balançant un t-shirt qui trainait par terre,
- Avoue que tu prends du plaisir à me mater, mouton.
- Tu es insupportable. Tu n'as pas changé Jay. Grandi un peu !
Je lui lance un regard exaspéré alors qu'il me toise avec son sourire charmeur. Malgré moi je ne peux m'empêcher de le trouver craquant. Je n'ai jamais eu de chance avec les hommes, mais je sais qu'avec Jay j'irai droit dans le mur. Il est trop immature et moi trop conventionnelle. Je souhaite juste avoir un petit ami qui m'aime et qui soit prêt à s'engager.
- A quoi penses-tu mouton ?
- A rien. Et arrête de m'appeler comme ça, t'es chiant ! et viens plutôt m'aider à ranger.
- C'est moi qui cuisine ce soir, propose-t-il.
- Arrête. Je n'ai pas envie de mourir d'une intoxication alimentaire.
- Franchement tu me blesses ! Je fais des pâtes comme Dieu.
- k, réponds-je dans un soupir, tu fais à manger. Mais avant tu t'habilles!
- T'énerve pas mouton, dit-il en se retournant me montrant ainsi ses fesses musclées moulées dans son boxer.
Je lève les yeux au ciel et reprends ma tâche de récupérer les vêtements et objets abandonnés au sol.
Décemment vêtu, Jay fouille dans les placards et sous un fond de musique électro, il tape le rythme sur le plan de travail tout en s'activant en cuisine. Quel drôle d'idée de faire de la cuisine italienne sur ce genre de musique. Curieuse, je zieute par l'entrebâillement de la porte et le vois occuper à émincer des oignons. Une mèche blonde lui barre le front. Je caresse du regard sa mâchoire carrée, puis ses larges épaules, jusqu'au jean qui moule ses fesses et ses grandes jambes.
Retourne à tes occupations Éva ! Arrête de le mater. Jay a très bien senti mon regard, car il se tourne vers moi et me fait un clin d'œil complice. Honteuse d'avoir été pris en flagrant délit, je retourne à mes tâches.
Quand l'appartement me semble enfin rangé, je profite de quelques moments de répit pour aller prendre une douche.
L'eau chaude détend mes muscles et j'essaie pendant quelques minutes de ne pas penser à tous mes problèmes : mon mémoire à rendre, mes affaires qui sont toujours chez Luc, Jay qui habite chez moi. Je me savonne le corps et les cheveux que je rince avec application, puis je m'habille rapidement d'un pyjama jogging t-shirt. Hors de question de tenter le diable, mon corps doit rester un maximum couvert !
Une délicieuse odeur m'attire à la cuisine. La pièce n'est pas grande, mais Jay a pu installer deux couverts sur le plan de travail prévu pour une personne.
Coucou mes langoustes,
On retrouve Jay... et Eva ! Ca y est l'histoire se met en route, n'hésitez pas à partager vos avis, j'y répondrai avec plaisir :-)
XXXxxx
Lysa Watt
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