Chapitre 6
L'humeur du ciel au-dessus de Rain City s'était assombrie. Tout comme mes doutes assombrissaient mes certitudes. Pouvais-je me fier à Stone, pouvais-je me fier à qui que ce soit dans ce maudit cloaque à ciel ouvert ?
L'expérience et la rude loi de Rain City m'avaient appris le contraire. Stone m'avait sauvé la vie dans le Hachoir mais rien ne prouvait qu'elle l'avait fait de manière désintéressée. J'étais cependant déterminé à le découvrir.
Je n'avais rien de mieux à faire, de toute façon.
Le Narrows m'accueillit de son silence sépulcral, comme si tout le quartier continuait de se recueillir après la mort de Cynthia. L'ombre du deuil s’appesantit un peu partout tandis que je garais ma voiture là où tout cette histoire avait commencé.
Là où Cynthia Macelen était morte dans mes bras.
Repose en paix, petite.
Je sortis et claquai la porte derrière moi pour fixer l'endroit où elle avait vécu ses derniers instants. Une fragile bougie de bonté soufflée impitoyablement par la rudesse et l'âpreté du quotidien. Au bout de l'impasse, l'immeuble dans lequel le mystère se cachait, se dressait devant moi comme pour m'envoyer un défi.
Relevons le gant.
Mes doigts se glissèrent dans la poche de mon imper et serrèrent la crosse humide du flingue de Seth. Je le tins contre ma hanche, ôtant le cran de sûreté. Mon assurance vie contre ce qui me guettait droit devant.
Je ressentis un frisson. Ce n'était pas à cause des larmes de Rain City qui coulaient sur moi, s'infiltrant dans les pores de ma peau. Quelque chose de plus glacial s'insinuait en moi et me causait un tremblement nerveux.
La peur.
La terreur instinctive de l'inconnu. Celle d'un rat à visage humain qui reniflait l'odeur du danger dans un endroit qui ne lui était pas familier. La mort pouvait me frapper sans prévenir.. et m'étendre aussi raide en plein milieu de la chaussée. La mort pouvait me libérer de mes fardeaux, de ma culpabilité qui me rongeait.
Mais elle pouvait aussi me priver de Mila. M'empêcher à jamais de humer son parfum dont je voulais me griser.
Mila…
La principale raison qui pourrait me pousser à retourner sur mes pas, à quitter le Narrows et à la retrouver. Pour lui parler. Pourquoi irais-je risquer ma peau pour ce qui pourrait bien être une foutue chimère ? Rien ne m'y obligeait. Rien ne m'obligeait à perdre tout ce en quoi je pouvais encore espérer.
Mais je ne pouvais pas partir comme ça. Si Stone disait vrai, je ne pouvais pas tourner le dos en attendant que Rain City s'écroule sur elle-même et nous entraîne dans sa chute. Si Rain City était menacée, je devais faire mon boulot.
Mila… il fallait protéger Mila.
Ragaillardi, je me présentai devant l'entrée inspirant un grand coup. Puis je défonçai d'un pied énergique la porte rouillée qui vacillait, à peine maintenue par ses gonds. Le hall suintait l'humidité, la crasse et la putréfaction. Sur le marbre terni par l'érosion et le manque de propreté, gisaient des cadavres de rats morts, dévorés par leurs congénères.
Je levai les yeux en direction des escaliers qui se perdaient vers le plafonds. Je ne pris pas la peine de vérifier les ascenseurs vu qu'ils devaient être en rade depuis un moment. Où Cynthia s'était-elle rendue ?
De la part d'une fille intelligente, cela m'étonnait qu'elle ait accepté de faire une passe dans un endroit aussi isolé. Elle n'était pas du genre à risquer sa peau, pour quelques billets. Non, un motif bien précis l'avait amenée jusqu'ici.
Quelque chose de plus important que sa propre vie. Pourquoi es-tu venue ici, Cynthia ?
Le claquement d'une porte me figea instantanément sur place et mon regard se braqua vers le plafonds. Les veines de ma tempe palpitèrent de plus belle, sous le coup de la tension qui me prenait en étau.
Le bruit venait du troisième étage, je l'aurais juré. Brandissant mon flingue comme à l'exercice, je gravis lentement les marches, pestant entre mes dents lorsque mes pas provoquaient un grincement assourdissement au fur et à mesure de ma progression.
Au terme de cette fastidieuse ascension, j'étudiai le couloir sombre qui s'allongeait devant moi comme le chemin d'un cortège funèbre. Le gémissement d'une porte qui coulissait lentement attira mon attention et je surpris une silhouette chétive s'en écarter pour se tapir à l'intérieur de l'appartement.
Impétueusement, je fondis devant l'entrée et écartai brutalement le battant d'un coup de coude. J'entendis un cri de douleur alors que je pénétrai à l'intérieur. Sans hésiter, je menaçai l'homme renversé au sol qui leva les mains, apeuré.
– Ne bougez plus ! Hurlai-je à ce pauvre diable de gringalet.
Ses yeux agrandis par un effroi instinctif me persuadèrent qu'il n'était pas un danger. Je n'arrivais pas à déterminer son âge précis.
– Ne… ne tirez pas…
– Je ne suis pas ici pour vous faire du mal, tentai-je de le rassurer.
Je baissai mon arme puis j'ajoutai.
– J'aimerais seulement vous poser quelques questions.
Il se détendit tout en se relevant lentement.
– Vous vivez seul, ici ? Lui demandai-je.
– Ouais depuis des années. J'ai perdu la notion du temps depuis la mort de ma femme et de mon fils.
Je lui tendis une clope qu'il refusa poliment d'un geste de la main.
– Comment est-ce arrivé ?
Pendant ma carrière à la police, j'avais remarqué que les gens devenaient plus loquaces lorsqu'on faisait mine de s'intéresser à eux. Une façon d'obtenir des informations utiles sans trop de casse.
– Mon fils est mort du choléra, à cause d'un satané charlatan qui se faisait passer pour un médecin. Quant à ma femme, elle a eu la malchance de croiser de mauvaises personnes au mauvais endroit au mauvais moment.
Je hochais la tête, compatissant.
– Mes condoléances. Vous savez ce qui s'est passé ici dernièrement ?
– Je suis au courant pour la fille de joie qui a clamsé. Merde, pauvre gamine.. une overdose de Vipère Jaune. Qu'attend la police pour mettre fin à ce trafic ?
– On se le demande, fis-je d'un ton neutre.
– Rassurez-moi, vous n'êtes pas de la police ?
– Non, je ne fais plus partie de ces tocards. Ils vous ont causé des ennuis ?
Tout à coup mon ami arbora des signes de nervosité, craignant que les murs aient des oreilles. Il se pencha, l'air conspirateur.
– Ils ont bouclé le quartier et sont venus nous voir un par un. Ils nous ont clairement signifié que si l'on parlait un peu trop de cette affaire, nous aurions des ennuis.
– Intéressant.
L'intimidation était la signature de notre chère police. Voici comment elle compensait son incompétence crasse.
– Vous aviez croisé la fille, déjà ?
– Peu avant sa mort, oui. Elle me disait qu'elle avait rendez vous au cinquième étage.
– Un rendez-vous ? Elle n'a pas précisé avec qui ?
– Seulement avec deux amis.
– Et vous les avez vus, ces deux amis ?
Il secoua le menton en signe de dénégation.
– Non, mais je suppose qu'ils étaient arrivés bien avant que je ne mette le pied hors de chez moi. Après si ca vous intéresse, j'ai aussi aperçu un type louche qui suivait la fille.
– Vous pouvez me le décrire ?
Il me donna succinctement au trait près, la bonne vieille bobine de ce sympathique Seth le fou.
– J'ai voulu en parler à la police mais vu qu'ils avaient pas l'air pressés de boucler l’enquête.
– Vous avez bien fait, m'empressai-je de lui dire. Ils vous auraient peut-être fait taire définitivement. Le type louche, vous l'avez vu repasser ?
– Non, m'sieur. Je me demande d'ailleurs comment il a pu en sortir sans se faire remarquer.
Avec l'aide de mon pote Olson, pensais-je pour moi-même.
– Et les deux amis ?
– Non plus.
– Vous avez entendu du bruit ? Des appels à l'aide ou des coups de feu ?
– Non m'sieur. Sauf quelqu'un dévaler l'escalier à toute vitesse.
Certainement Cynthia en train de fuir vainement la mort. C'était davantage que ce que je pouvais espérer. Surtout dans une ville pareille.
– Par hasard, vous pensez que d'autres habitants accepteraient de me parler ?
Il lâcha un sourire sans joie.
– Ça m'étonnerait, ils risqueront pas leur peau pour vos beaux yeux.
– Ce qui n'est pas votre cas, lui fis-je remarquer avec malice.
Cette fois, il ricana dans sa barbe.
– Il faut bien que quelqu'un fasse quelque chose.
– Pas faux, lui accordai-je.
Ce bougre ne payait pas de mine, mais ces paroles m'apportèrent du baume au coeur. Oui il fallait bien que quelqu'un fasse quelque chose. Je n'avais pas l'intention de laisser la mort me prendre, le cul vissé sur un fauteuil ou bien en allant me crasher contre ce bouclier perpétuel.
Je quittai son domicile après qu'il m'ait souhaité bonne chance.
Je levai les yeux vers le cinquième étage. Là où m'attendaient les réponses ou quelque chose de bien plus dangereux encore.
Allez, c'était pas le moment de se dégonfler. En ces lieux hostiles, je serrai plus durement entre mes doigts la crosse de mon sauf conduit.
Me hissant au cinquième étage, je coulai un regard méfiant à travers le couloir. De nouveau le silence des murs et le craquement du marbre brisé sous mes pas m'oppressaient de leur mutisme de tombeau. Je n'eus pas d'autre choix que de fouiller les appartements vides un à un. Dans cet immeuble en ruines, il ne restait presque plus âme qui vive à part quelques irréductibles forcenés qui n'avaient pas pu se résoudre à déménager pour des taudis un peu moins insalubres.
Résigné à ne pas trouver ce que je cherchais, je poussai avec l’affût de mon pistolet la porte du sixième appartement lentement. La première chose était ce cadavre couché de travers dans le fauteuil, comme si le bonhomme faisait une sieste.
Ses yeux révulsés fixaient le plafonds tandis que je dévisageais plus attentivement ses traits livides qui avaient arboré une teinte grisâtre sous l'effet des débuts de la décomposition. C'était un gaillard qui avait dépassé l'âge de partir à la retraite et cela m'étonna un peu car personne ne faisait de vieux os à Rain City.
La porte ne se s'écarta pas davantage, bloquée par un poids mort. Un autre macchabée allongé face contre terre. Je me penchais pour le tourner à demi, sa figure violacée n'était pas ridée.. un marmiton bien taillé et athlétique. Probablement le garde du corps de l'ancien.
Il avait un joli trou entre les omoplates, que je repérai sans difficultés au niveau de la porte à hauteur d'homme.
Ce jeunot avait été abattu dans le dos par surprise et j'examinai à son tour son aîné. Un élégant trou cramé luisait au milieu du front desséché. Les traces de brûlures autour de la plaie me donnèrent un indice capital sur la distance du tireur. Celui-ci s'était rapproché de sa victime jusqu'à lui tirer dessus à bout portant.
Une exécution…
Seth n'avait pas fait dans la dentelle, si c'était lui qui avait fait le coup. Cynthia devait être présente à ce moment là. Ses derniers instants avaient du être terribles et éprouvants.. elle les avait vus mourir impuissante.
Je tentai de deviner la suite logique des évènements. Seth avait du se tourner vers elle et se persuader que deux cadavres risquaient de susciter des questions gênantes s'il laissait des témoins en état de parler. Il avait dû la menacer de son arme et lui promettre la vie sauve si elle le laissait lui injecter la Vipère Jaune. Une mort plus douce, en quelque sorte.
Je longeai le fauteuil et marchai par inadvertance sur des débris de verre brisé. Une tâche sombre s'était étalée, continuant de dégager une haleine caractéristique. Une fiole contenant de la Vipère Jaune avait été brisée ici.
La petite avait dû se défendre.. elle avait du cran. Elle avait réussi à se dégager hors du piège pour venir clamser dans mes bras. Elle s'était battue vainement pour survivre. Seth l'avait précipitée dans la tombe mais c'était quelqu'un d'autre qui l'avait creusée.
Le Duc.
Je le pressentais dans mes tripes, c'était lui le responsable. Je n'avais pas vu son visage mais cela changera.
Fort de cette certitude, je me mis en quête de d'autres indices probants lorsque mon regard fut attiré par ces mots tracés sur le mur. Ils avaient été écrits avec une encre sombre écarlate séchée de manière anarchique.
Seth avait imprimé un message après avoir trempé ses doigts dans le sang de ses victimes. Un véritable psychopathe… je le sus immédiatement en sentant le contact poisseux avec la paume de ma main posée contre le mur.
Cette scène macabre avait de quoi faire vomir n'importe qui, sauf moi. J'avais de l'expérience en la matière, j'avais vu des choses bien plus immondes que cela pendant ma carrière. J'en avais suffisamment vu pour savoir ce que Rain City avait fait de nous, ses enfants.
Des rats à visage humain.
Je reculais pour lire le message de Seth.
Les Protecteurs vaincront les Éclairés.
Je me souvins alors des derniers murmures que Cynthia avait soufflés à mon oreille avant qu'elle n'expire dans mes bras.
Méfiez-vous… Protecteurs… Soleil… éclairé…
Je n'avais pas prêté attention à ce charabia. J'avais interprété cela comme un délire du à l'absorption de la Vipère Jaune alors que c'était un avertissement. Une menace pesait sur Rain City elle-même et mes tripes se contractèrent comme si je ressentais ce danger dans ma propre âme.
Sans doute en me voyant, avait-elle regardé au plus profond de mon âme tourmentée. Qu'avait-elle aperçu en moi ?
Cela faisait beaucoup de questions pour peu de réponses. Qui étaient les Protecteurs, qui étaient les Éclairés ? Que représentaient-ils, quelles étaient leurs idées ? Et leurs objectifs ? Comment pouvais-je le savoir et à qui le demander ?
Un craquement au niveau du seuil me fit sursauter et je surpris l'affût d'un joujou dépasser de la porte à moitié ouverte. Mes réflexes prirent le dessus sur la surprise et je me jetai au sol pour éviter d'être refroidi.
La balle siffla au dessus de ma tête avant que je ne dégainai pour répliquer aussi sec. Je pressai la détente et entendit le bruit d'un corps qui s'écroulait comme une masse sans un cri. Quelques secondes, une flaque de sang s'étalait sur le sol sous la porte, preuve que je n'avais pas raté mon coup.
Je me redressai prudemment, les sens aux aguets. S'il y en avait un, il pouvait y en avoir d'autres, je devais m'assurer si c'était le cas. Je surveillais le cadavre que j'approchais prudemment. J'écartai la porte entièrement et apposa un doigt sur la carotide de mon copain imprévu. L'artère ne palpitait plus, il avait eu son compte.
Son visage n'était pas celui d'un enfant de chœur inoffensif. De sacrées balafres couraient de sa tempe jusqu'au menton, un homme de main du Duc probablement.
Au moment où je franchissais le seuil, le ciment vola en éclats lorsqu'un tir fracassa le mur près de ma tête. Je répliquai en panique, aveuglé un instant par la poussière, apercevant un vaurien qui tournait les talons après avoir constaté qu'il avait manqué son coup.
Il avait disparu dans les escaliers juste après que j'aie surmonté ma confusion. Peut-être que ce gus allait me donner les réponses que j'attendais.
Je ne devais pas le laisser s'échapper. Je me précipitais pour me pencher au-dessus de la rampe. Je surpris mon antagoniste dévaler à toute allure les marches. Je visais pour tenter de l'effrayer et de le ralentir.
Mon tir fracassa l'avant dernière marche et il freina pour faire volte face. Je croisai son regard lorsqu'il leva la tête dans ma direction. Sans hésiter, il répliqua et je dus bondir en arrière pour ne pas être atteint.
Alors qu'il se ruait vers la sortie, je lâchai une dernière salve. Cette fois, j'entendis un grognement de douleur. J'avais du le toucher et même sérieusement le blesser. À mon tour, je descendis les marches jusqu'au rez de chaussée.
Je me figeai pour observer la flaque de sang qui se prolongeait par des petites gouttes que les larmes de Rain City s'empressaient d'effacer pour couvrir la fuite de mon agresseur.
De nouveau à l'air libre, je scrutais les environs. Je rejoignis la rue où ma voiture était garée. Je surpris la silhouette de l'autre enfoiré se découper du réverbère derrière lequel il s'était flanqué.
Il pensait sérieusement que je ne le verrais pas ?
– Jette ton pétard et mets les mains sur la tête !
Un nouveau claquement suivi du sifflement d'une balle qui frôla mon oreille. Bon, il ne semblait pas pressé de coopérer. Il ne me laissait pas le choix.
Je visai et vidai la moitié de mon chargeur. Encore une fois, un nouveau gémissement m'indiqua que j'avais fait mouche. J'entendis son arme rebondir sur le sol et le vis tituber avant de s'écrouler sur le flanc.
Je m'approchai avec une excessive méfiance, issue de mes années au sein de la police et acquise lors des patrouilles périlleuses dans les labyrinthes de Rain City. Il rampait sur le ventre puis se tourna sur le flanc tandis que ses yeux me fusillaient.
Il ne me portait pas dans son cœur.
– Qui t'a envoyé ? M'écriai-je tout en continuant de le braquer.
Bon je me doutais un peu de la réponse, en admettant qu'il souhaitait me causer. Pas sûr que ca m'avançait vraiment de le savoir.
Mais je tenais absolument à mettre un nom sur ce qui causait les malheurs des fils et des filles de cette ville perdue. Je voulais qu'il me crache ce nom, un nom qui aimanterait ma quête dans la bonne direction.
Pour Cynthia et pour tant d'autres, j'étais prêt à lui casser des dents.
Je me penchai pour le hisser par le col de sa veste terne et lui hurler en pleine figure:
– Qui t'a envoyé ?!
À son sourire arrogant, je déduis que je ne l'impressionnai pas.
– Tu vivras pas assez longtemps pour le savoir, Selstan.
Il me connaissait, signe que j'étais bien ciblé.
– Tu travailles pour le Duc ?
– Comme beaucoup de monde ici, ne t'étonnes pas si des gens ne souffrent pas de la famine.
– La ferme !
Je le frappai avec la crosse sur le nez, aveuglé par la fureur. Il se coucha sur le dos, en épongeant le sang qui coulait en cascades de ses narines.
– Ne fais pas de gestes stupides, Selstan.
Je me figeais à cette voix moqueuse qui s'élevait dans mon dos, précédée du claquement du cran de sûreté que l'on ôtait.
– Salut Olson, railla-je. Tu m'avais manqué.
– Balance ton flingue vers moi, coupa-t-il sèchement.
J'obtempérai sans discuter. Je le surpris en train de le ramasser lorsqu'il m'autorisa à me retourner.
– Je t'avais pourtant prévenu de ne pas t'en mêler.
– T'avais qu'à faire ton boulot de flic, comme tous les autres abrutis d'ex collègues. J'ai pas oublié mes principes. Si tu t'en étais souvenu rien que pour cette fois, je serais resté au pieux bien au chaud.
– Tu viens avec moi au poste, Spikes veut te causer.
– Ah, il s'est rappelé soudainement mon existence ? Ravi de prendre le café avec lui, me moquais-je royalement.
– C'est pas une invitation courtoise. D'abord, j'ai un petit détail à régler.
Il m'intima de m'écarter de mon chemin d'une inclinaison du menton. Il s'avança vers l'acolyte du Duc qui leva la main pour se protéger lorsque Olson le mit en joue.
– Eh mec ! Qu'est-ce que tu fous ? Je dois parler au Duc ! Glapit le blessé.
– Personne n'a besoin de t'entendre, pauvre incapable.
Il l'étala pour de bon d'une balle dans la tête. Je surmontais le choc de cette exécution sommaire pour l'interpeller.
– C'était vraiment nécessaire ?
– Ce n'est pas moi qui ai laissé traîner des cadavres au Hachoir, me rétorqua-t-il.
– Qu'est-ce que ça peut te faire ? Tu étais le petit ami de Seth le fou ?
Une étincelle de colère s'alluma dans son regard.
– Toujours aussi grande gueule, mais ça ne va pas durer. T'as contrarié ceux qu'il ne fallait pas contrarier.
– Tu m'en vois désolé, ricanai-je.
Deux silhouettes de flic se découpèrent derrière Olson et je grimaçais en reconnaissant les sourires de mes copains de classe. Un rouquin vicieux et un abruti de catcheur… ces bons vieux Stan et Elvis.
Ils se placèrent de part et d'autre de moi, pour m'encadrer.
– Allez avance, me grogna Olson. On a pas toute la journée.
J'avais fait à peine deux pas, que quelque chose de dur me frappa à la base du crâne, à l'arrière. Ce monde déjà bien merdique s'écroula au fonds de l'abîme.
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